Re: Artillerie Spéciale - Un St Chamond de l'AS 38 à la BAKP de Charleroi
Publié : lun. avr. 20, 2009 12:09 am
Bonsoir,
Le 11 Juin 1918, pendant la bataille de Méry, le Saint Chamond n° 62668 du groupe AS 38, était capturé, presque intact, par les Allemands, dans le village de Lataule.
Il existe plusieurs photos de ce char, prises par les allemands, dont une est généralement baptisée : "FRANZ.TANK BEI MARRHIENNE-AU-PONT, 12.09.1918". Le nom donné à cette photo est intéressant car il propose une date et un lieu.
La date :
La date, 12 Septembre 1918, soit trois mois après sa capture, s'explique probablement assez bien. Il est vraisemblable que le char a d'abord du être présenté à un certain nombre d'autorités puis être étudié par les spécialistes allemands du Renseignement. Ne possédant alors que ce seul char St Chamond, le commandement ne pouvait guère en faire autre chose qu'un objet d'étude pour ses spécialistes et pour l'instruction "menace char" de ses unités d'infanterie.
Il est évident que le BAKP 20 avait sous la main tous les experts susceptibles de faire les réparations nécessaires permettant une étude plus approfondie du char. Le char était tombé en panne en franchissant assez brutalement le mur du cimetière de Lataule, il fallait donc le réparer pour le tester complétement.
A titre de comparaison, avec Elfriede, les Alliés avaient eu la chance de disposer d'un engin en parfait état de fonctionnement en moins de 15 jours.
Il est intéressant de noter que la durant la première semaine d'août 18, les allemands réussir à récupérer un autre Saint Chamond devant le village de St Maur (source : Lt Cheyron du 7° Régiment de Chasseurs). Cette récupération, faite de nuit pendant que les français récupéraient, à peu de distance, un 77 allemand . . . . , a peut-être été décidée pour disposer des pièces nécessaires à une remise en état de leur premier Saint Chamond capturé.
Les photos du Saint Chamond n° 62668 prises à Lataule montrent bien que le char a du être remorqué pour quitter le village. Il n'était donc plus en état de marche.
Le lieu :
Quand au lieu qui est non pas "Marrhienne-au-Pont", mais "Marchienne-au-Pont", il est très significatif car il s'agissait de l'agglomération située à l'Est de Charleroi. . . . . .
Entre Charleroi et Marchienne-au-Pont, s'étend une des principale zone industrielle du secteur avec la gare et le triage de Charleroi, et la Sambre. Ce site était, déjà à l'époque, une pépinière de mines, forges et usines métallurgiques.
Le nom donné à cette photo peut donc laisser penser que ce Saint-Chamond y a été envoyé. De fait, la photo semble bien avoir été prise, comme les autres à Lataule, et il ne pourrait s'agir que d'une erreur d'appellation donnée par quelqu'un qui savait que le char avait été envoyé à Marchienne-au-Pont à cette date.
Il existait en effet sur le secteur de Charleroi, un organisme allemand chargé de la remise en état des chars Britanniques capturés. Cet organisme le BAKP 20 (Bayerischer Armee Kraftwagen Park) est généralement donné comme étant basé dans Charleroi. Il est donc probable que ce ne soit pas réellement Charleroi mais bien Marchienne-au-Pont.
l'Usine :
Il reste a tenter de déterminer ou se trouvait l'usine utilisée par le BAPK 20.
Une usine pourrait bien correspondre à ce qu'avaient du chercher les Allemands pour installer leur base. Il s'agit de "l'Auto-Métallurgique S.A." installée rue du Châtelet à Marchienne-au-Pont. Cette rue est en plein dans le secteur industriel séparant Charleroi de Marchienne-au-Pont.
La société Métallurgique, créé en 1898, a d'abord fabriqué des locomotives et du matériel roulant pour chemins de fer et tramways. Elle a ensuite, dans son usine de Marchienne-au-Pont, construit des voitures. En 1903, l’ingénieur allemand Ernst Lehmann prend la direction technique de la marque de voiture "Métallurgique". Cet ingénieur avait auparavant travaillé chez Mercedes et Daimler. Les moteurs utilisés sur ces voitures étaient des moteurs allemands produits par les ateliers Bergmann de Berlin.
En 1910, la société était devenue une entreprise internationale à capitaux belges, anglais et allemands qui avait des accords de fabrication sous licence en Allemagne avec les ateliers Bergmann. Ces voitures seront d'ailleurs produites de 1910 à 1922 sous l'appellation Bergmann-Métallurgique.
Avec la guerre, les Allemands déménageront en Allemagne les machines outils de l'usine de la rue du Châtelet. Ce site pourrait bien être le lieu choisi par les allemands pour y réparer les Mark britanniques. Il avait probablement toute l'infra nécessaire à un atelier char. Elle était au coeur d'un site métallurgique et placé sur un noeuf ferroviaire et une voie naviguable importante. De plus, l'usine était "quasiment allemande" et dirigée par un ingénieur allemand.
Tout ceci reste une hypothèse à vérifier. Il serait intéressant de retrouver des photos de l'usine Métallurgique d'avant guerre pour les comparer à celles connues de la BAKP 20.
Quelle a été la carrière de l’ingénieur allemand Ernst Lehmann pendant la guerre ? Pourrait-il être resté à diriger cette usine ? Etait-il présent sur le site lors de l'installation de la BAKP 20, et a-t-il participé à son travail sur les chars ?
Bien entendu, il peut s'agir aussi d'une autre usine du secteur de Marchienne-au-Pont. L'hypothèse reste séduisante car cette zone est bien une part importante de la zone industrielle de Charleroi.
Un dernier point reste à déterminer, que sont devenus les deux saint Chamond capturés lors de la Bataille de Méry ?
Bonne recherche, en espérant que les lecteurs belges du forum auront des réponses à quelques unes de ces questions.
Michel
Le 11 Juin 1918, pendant la bataille de Méry, le Saint Chamond n° 62668 du groupe AS 38, était capturé, presque intact, par les Allemands, dans le village de Lataule.
Il existe plusieurs photos de ce char, prises par les allemands, dont une est généralement baptisée : "FRANZ.TANK BEI MARRHIENNE-AU-PONT, 12.09.1918". Le nom donné à cette photo est intéressant car il propose une date et un lieu.
La date :
La date, 12 Septembre 1918, soit trois mois après sa capture, s'explique probablement assez bien. Il est vraisemblable que le char a d'abord du être présenté à un certain nombre d'autorités puis être étudié par les spécialistes allemands du Renseignement. Ne possédant alors que ce seul char St Chamond, le commandement ne pouvait guère en faire autre chose qu'un objet d'étude pour ses spécialistes et pour l'instruction "menace char" de ses unités d'infanterie.
Il est évident que le BAKP 20 avait sous la main tous les experts susceptibles de faire les réparations nécessaires permettant une étude plus approfondie du char. Le char était tombé en panne en franchissant assez brutalement le mur du cimetière de Lataule, il fallait donc le réparer pour le tester complétement.
A titre de comparaison, avec Elfriede, les Alliés avaient eu la chance de disposer d'un engin en parfait état de fonctionnement en moins de 15 jours.
Il est intéressant de noter que la durant la première semaine d'août 18, les allemands réussir à récupérer un autre Saint Chamond devant le village de St Maur (source : Lt Cheyron du 7° Régiment de Chasseurs). Cette récupération, faite de nuit pendant que les français récupéraient, à peu de distance, un 77 allemand . . . . , a peut-être été décidée pour disposer des pièces nécessaires à une remise en état de leur premier Saint Chamond capturé.
Les photos du Saint Chamond n° 62668 prises à Lataule montrent bien que le char a du être remorqué pour quitter le village. Il n'était donc plus en état de marche.
Le lieu :
Quand au lieu qui est non pas "Marrhienne-au-Pont", mais "Marchienne-au-Pont", il est très significatif car il s'agissait de l'agglomération située à l'Est de Charleroi. . . . . .
Entre Charleroi et Marchienne-au-Pont, s'étend une des principale zone industrielle du secteur avec la gare et le triage de Charleroi, et la Sambre. Ce site était, déjà à l'époque, une pépinière de mines, forges et usines métallurgiques.
Le nom donné à cette photo peut donc laisser penser que ce Saint-Chamond y a été envoyé. De fait, la photo semble bien avoir été prise, comme les autres à Lataule, et il ne pourrait s'agir que d'une erreur d'appellation donnée par quelqu'un qui savait que le char avait été envoyé à Marchienne-au-Pont à cette date.
Il existait en effet sur le secteur de Charleroi, un organisme allemand chargé de la remise en état des chars Britanniques capturés. Cet organisme le BAKP 20 (Bayerischer Armee Kraftwagen Park) est généralement donné comme étant basé dans Charleroi. Il est donc probable que ce ne soit pas réellement Charleroi mais bien Marchienne-au-Pont.
l'Usine :
Il reste a tenter de déterminer ou se trouvait l'usine utilisée par le BAPK 20.
Une usine pourrait bien correspondre à ce qu'avaient du chercher les Allemands pour installer leur base. Il s'agit de "l'Auto-Métallurgique S.A." installée rue du Châtelet à Marchienne-au-Pont. Cette rue est en plein dans le secteur industriel séparant Charleroi de Marchienne-au-Pont.
La société Métallurgique, créé en 1898, a d'abord fabriqué des locomotives et du matériel roulant pour chemins de fer et tramways. Elle a ensuite, dans son usine de Marchienne-au-Pont, construit des voitures. En 1903, l’ingénieur allemand Ernst Lehmann prend la direction technique de la marque de voiture "Métallurgique". Cet ingénieur avait auparavant travaillé chez Mercedes et Daimler. Les moteurs utilisés sur ces voitures étaient des moteurs allemands produits par les ateliers Bergmann de Berlin.
En 1910, la société était devenue une entreprise internationale à capitaux belges, anglais et allemands qui avait des accords de fabrication sous licence en Allemagne avec les ateliers Bergmann. Ces voitures seront d'ailleurs produites de 1910 à 1922 sous l'appellation Bergmann-Métallurgique.
Avec la guerre, les Allemands déménageront en Allemagne les machines outils de l'usine de la rue du Châtelet. Ce site pourrait bien être le lieu choisi par les allemands pour y réparer les Mark britanniques. Il avait probablement toute l'infra nécessaire à un atelier char. Elle était au coeur d'un site métallurgique et placé sur un noeuf ferroviaire et une voie naviguable importante. De plus, l'usine était "quasiment allemande" et dirigée par un ingénieur allemand.
Tout ceci reste une hypothèse à vérifier. Il serait intéressant de retrouver des photos de l'usine Métallurgique d'avant guerre pour les comparer à celles connues de la BAKP 20.
Quelle a été la carrière de l’ingénieur allemand Ernst Lehmann pendant la guerre ? Pourrait-il être resté à diriger cette usine ? Etait-il présent sur le site lors de l'installation de la BAKP 20, et a-t-il participé à son travail sur les chars ?
Bien entendu, il peut s'agir aussi d'une autre usine du secteur de Marchienne-au-Pont. L'hypothèse reste séduisante car cette zone est bien une part importante de la zone industrielle de Charleroi.
Un dernier point reste à déterminer, que sont devenus les deux saint Chamond capturés lors de la Bataille de Méry ?
Bonne recherche, en espérant que les lecteurs belges du forum auront des réponses à quelques unes de ces questions.
Michel