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Re: Canons de 120 C et 155 C Mle 1890 Baquet
Publié : sam. oct. 02, 2010 11:40 pm
par ALVF
Bonsoir,
Dans le numéro 94 de la revue "GBM "d'octobre-novembre-décembre 2010, je signale deux articles:
-une étude sur les 120 C et 155 C Mle 1890 Baquet, des canons peu connus qui sont pourtant les premiers matériels ayant comporté un lien élastique entre l'affût et le tube.Le 120 C apparaît constamment dans les pièces des procès du capitaine Dreyfus de 1894 à 1906, dans le "bordereau", bien sûr, mais aussi dans de nombreuses pièces du dossier secret.Ces matériels seront employés juqu'en 1918, notamment à l'Armée d'Orient.
-une très grosse étude sur les camions militaires français de 1906 à 1918 par François Vauvillier.
Cordialement,
Guy François.
Re: Canons de 120 C et 155 C Mle 1890 Baquet
Publié : dim. févr. 08, 2015 11:25 am
par bernard berthion
Bonjour Guy François,
en continuant mes recherches sur août 1914 dans les Ardennes, je vois que sur les 5 régiments d'artillerie lourde 3 y passèrent : 1er RAL et 4ème RAL ( 2ème groupe ) suivant la 5ème Armée et le 2ème RAL ( 2ème groupe ) suivant la 4ème Armée pour soutenir 17ème Corps, le Corps Colonial, le 12ème Corps .
Dommage que les JMO soient incomplets et ne concernent qu'un groupe, une batterie, une colonne légère, une section de munitions . Donc pas facile de suivre sauf par recoupement .
Si je comprends bien, les sections de munitions vont chercher et transportent les munitions, puis les passent aux colonnes légères qui ravitaillent les batteries . La lecture des JMO fait ressortir les poids excessif des chargement entraînant des enlisements de chariots et la fatigue des chevaux surtout lors de montées à franchir .
Pour une artillerie lourde soit le 120 C Baquet ou le 155 CTR Rimailho, la portée me semble assez faible et non compétitive avec l'artillerie lourde allemande ..... Une artillerie lourde identique à celle des Allemands aurait changé le cours de l'Histoire ..... ?
Dans ces 5 régiments d'artillerie lourde de 1914, en plus des 120 C et 155 Rimailho, y avait-il aussi le 155 Baquet ? Je lis aussi que, pour la stabilité du tir, le 120 C pouvait être à roues lisses mais à plateforme ( donc lenteur à installer? ) ou à roues Cingoli ( donc lenteur à circuler? ) . Les munitions de 155 Baquet ou Rimailho étaient-elles identiques ?
Je vais rechercher vos articles dans GBM de 2010 .
Cordialement BB
Re: Canons de 120 C et 155 C Mle 1890 Baquet
Publié : dim. févr. 08, 2015 6:20 pm
par ALVF
Bonsoir,
Le 2e Groupe du 2e R.A.L est le seul groupe d'artillerie lourde de la IVe Armée!
Armé du 155 CTR Rimailho, il a été peu employé dans les Ardennes mais le sera beaucoup lors de la bataille de la Marne. C'est le Groupe de mon Grand-Père, malheureusement le général Hucher qui commandait ce groupe en 1914 comme chef d'escadron n'a rédigé son historique du Groupe, assez détaillé, que pour la période de la bataille de la Marne.
Le 155 CTR modèle 1904 ne pouvait pas rendre de grands services dans les Ardennes et une pièce plus puissante n'aurait été que de peu d'utilité dans les forêts des Ardennes. Le 155 CTR tirait vite mais sa portée avait été limitée par les contraintes imposées au C.E Rimailho lors de sa réalisation. Il avait par contre une supériorité marquée par la puissance de son obus allongé explosif (qui contient deux fois plus de poids d'explosif que ses homologues allemands de 15 cm s.F.H).
Le 120 C modèle 1890 Baquet était dépassé en 1914 mais lui aussi disposait d'un excellent obus explosif. Ce canon court, véritable obusier, a été révolutionnaire en son temps car c'était la seule pièce lourde ayant la mobilité de l'artillerie de campagne en service dans les Armées mondiales des années 1890 et il tirait trois fois plus vite que les obusiers allemands très lourds de l'époque (tout changera au début du 20e siècle). Le 120 C a été un des éléments de la doctrine offensive des années 1890 qui prévoyait l'emploi de Corps de Réserve aux côtés des Corps de l'Armée active et une artillerie lourde pour détruire la fortification du champ de bataille (pas mal pour un Etat-Major issu des "Jésuitières" qui sera décapité dix années plus tard!).
D'ailleurs si vous lisez le "bordereau" de l'affaire Dreyfus, vous constaterez que toutes les pièces ont un rapport avec le 120 C Baquet (y compris la pièce de Madagascar!) ce qui montre que les pièces énumérées dans le "Bordereau" avait un intérêt pour les allemands (quelque soit le véritable rédacteur du "Bordereau"!).
Par contre, si le 120 C Baquet peut tirer sur une plateforme, mais pas obligatoirement car il repose sur une "servante", il ne nécessite pas de cingoli pour ses déplacements (c'est le 120 L de Bange qui emploie les cingoli).
Concernant le 155 C Baquet modèle 1890, il n'était pas employé dans l'artillerie lourde de campagne de 1914 et était relégué à l'artillerie à pied. Toutefois, dès la fin de 1914, il sera employé en nombre sur le front.
Enfin, les obus de 155 employés dans le 155 CTR Rimailho sont utilisables dans les 155 C modèles 1881, 1881-1912 Filloux et 1890 Baquet. Les charges sont identiques mais le Rimailho emploie une charge contenue dans une douille afin de pouvoir effectuer le "tir rapide". En effet, les manœuvres d'ouverture, de fermeture de la culasse et de chargement du Rimailho sont semi-automatiques car le Rimailho est une "merveille" de mécanique mais un peu délicate et nécessitant des servants et des spécialistes mécaniciens "à la hauteur" ce qui était le cas en 1914.
Cordialement,
Guy François.
Re: Canons de 120 C et 155 C Mle 1890 Baquet
Publié : dim. févr. 08, 2015 10:45 pm
par bernard berthion
Bonsoir Guy François,
je vous remercie beaucoup de ces très claires explications tant sur les pièces d'artillerie que sur le technique. Je commence à mieux comprendre .
Mon père racontait l'Affaire Dreyfus comme vous . Sans occulter ses conséquences sur une génération d'officiers .
J'avais remarqué que seul le 2ème Groupe du 2éme RAL était à la 4ème Armée dans les Ardennes . Mais le 1er RAL débarquant vers Rethel et le 2è Groupe du 4ème RAL débarquant à Autry et Challerange avant de se rejoindre et remonter à l'Ouest vers la Belgique .
Il est certain que les forêts ardennaises n'étaient pas idéales pour l'emploi de cette artillerie lourde et l'on lit bien dans le JMO que le Groupe ne dépassa pas Florenville et se replia sur Yoncq. Mais à l'approche de l'Aisne, on entre dans une région moins boisée qui annonce la Champagne crayeuse, alors .....Mais on ne refait pas l'Histoire .
En lisant les JMO quand on les trouve, on ne croise que rarement l'emploi de cette AL entre le 24/08 et le 3/09 lors du repli dans les Ardennes . Des tirs eurent lieu au Sud de l'Aisne sur Semuy .
Une lectrice de mes recherches sur le Forum pensait que son aïeul pouvait avoir été dans le 2ème Groupe du 4ème RAL. Hélas, je ne le pense pas car elle me parle des 41ème, 42ème Batterie et 21éme SMA qui allaient devenir groupe du 107ème RAL .
Cordialement BB
Re: Canons de 120 C et 155 C Mle 1890 Baquet
Publié : lun. févr. 09, 2015 12:05 am
par Skellbraz .
Une lectrice de mes recherches sur le Forum pensait que son aïeul pouvait avoir été dans le 2ème Groupe du 4ème RAL. Hélas, je ne le pense pas car elle me parle des 41ème, 42ème Batterie et 21éme SMA qui allaient devenir groupe du 107ème RAL
Bonsoir à toutes et tous,
Merci à vous Bernard et encore une fois, merci à vous Guy,
En effet, à la lecture des textes de Bernard, j'ai réalisé que, par confusion, j'avais attribué, pour mon GP, le 2 ème groupe 4è RAL, alors qu'il s'agissait du 2ème groupe 107ème RAL. Mes recherches portent maintenant sur la 41ème batterie du 4ème RAL (pour elle j'ai trouvé un JMO dans "mémoire des hommes") par contre, pour le moment, rien au sujet de la 42 batt. ni la 21è SMA.
Ceci étant dit, à la lecture de l'exposé de Guy, je commence à moins confondre les différents canons.
Bien à vous
Brigitte
Re: Canons de 120 C et 155 C Mle 1890 Baquet
Publié : lun. févr. 09, 2015 3:43 pm
par bernard berthion
Bonjour,
ce qui est aussi intéressant dans la lecture des JMO des 1er, 2ème, 3ème, 4ème, 5ème RAL en aout 1914, c'est de voir l'utilisation de l'aviation d'observation au profit de cet artillerie lourde .
C'est la première fois que je voyais citer l'aviation en août 1914 et cela m'incite à en savoir plus .
De nombreux JMO de régiments français parlaient d'avions allemands d'observation, de tirs d'infanterie contre ces avions mais je ne voyais parler d'aucun avion français et pourtant ils devaient aussi être présents et aussi se faire tirer dessus et peut-être certains furent ils touchés et abattus ?
Cordialement BB
Re: Canons de 120 C et 155 C Mle 1890 Baquet
Publié : mar. févr. 10, 2015 4:24 pm
par Skellbraz .
De nombreux JMO de régiments français parlaient d'avions allemands d'observation, de tirs d'infanterie contre ces avions mais je ne voyais parler d'aucun avion français et pourtant ils devaient aussi être présents et aussi se faire tirer dessus et peut-être certains furent ils touchés et abattus ?
Bonjour à toutes et tous
Bonjour Bernard.
Dans le JMO de la 41è batt. 4 è RAL,(positionnée près de Belleu / Soissons, en nov 14) il est aussi question d'avions. Au 13 nov 14, l'activité d'un avion est signalée, il est question de réglages.Des tirs « d’efficacité » sont parfois effectués ensuite. Je suppose qu’il s’agit de tirs de vérification des réglages et non de tirs commandés pour détruire une position ennemie qui a été repérée?
Par la suite, le JMO fait souvent mention d’avions et, plus tard, de ballons également.
Bien à vous
Brigitte B.
Re: Canons de 120 C et 155 C Mle 1890 Baquet
Publié : mer. févr. 11, 2015 9:49 am
par Skellbraz .
(c'est le 120 L de Bange qui emploie les cingoli).
Bonjour à toutes et tous
Dans le JMO de la 41 è batt. 4èRAL, une pièce de la batterie doit être déplacée, je lis ceci "
les singoli de la pièce enlevés", je lis aussi qu'il s’agit "
d’enlever la pièce de sa plateforme".
Avec cette mention de cingoli, puis-je en déduire que nous avons affaire à un 120L de Bange? Je n'ai pas trouvé d'éléments sur les canons utilisés par cette batterie (seulement le nombre de tirs et les cibles à atteindre).
La plate forme restait-elle sur place? (il était peut-être aisé d'en reconstituer une autre, sur le nouveau site d'implantation) Dans le texte qui est détaillé, il n'est pas fait description de son déplacement.
Bien à vous
Brigitte
PS : en voyage pour quelques temps et sans internet, je vous remercie par avance.
Re: Canons de 120 C et 155 C Mle 1890 Baquet
Publié : mer. févr. 11, 2015 6:42 pm
par ALVF
Bonsoir,
La 41e batterie du 4e R.A.L est bien armée de 120 L modèle 1878 de Bange "sur ceintures de roues" dès sa création en octobre 1914, autrement dit de "cingoli".
Les ceintures de roues ont été expérimentées en Italie dès 1893 par le capitaine Bonagente. Les italiens appellent ce dispositif "rotaia a cingoli" (roue à ceintures). L'Armée française observe l'utilisation par les italiens de ce dispositif pour hisser en montagne des canons lourds dans des terrains détrempés lors de manœuvres alpines en 1897 et 1898.
Après diverses études, l'artillerie française adopte les roues à cingoli après les manœuvres de 1913 qui ont vu l'emploi des ceintures de roues sur des canons de 120 L remorqués par tracteurs Châtillon-Panhard.
Les ceintures de roues (cingoli) ont un triple avantage:
-elles facilitent les déplacements des pièces d'artillerie très lourdes sur des terrains humides, boueux et même marécageux.
-elles autorisent le tir sans plateforme grâce à leur surface portante et à l'emploi de coins de recul pour les pièces anciennes ne disposant pas de frein hydropneumatique.
-elles se prêtent bien à la traction mécanique à allure modérée sans défoncer les routes.
L'emploi d'une plateforme est donc facultatif mais, sur le front stabilisé, il est d'usage de construire une plateforme en bois permettant des tirs prolongés sans abîmer le sol meuble. Ces plateformes sont souvent laissées sur place sur les emplacements de batterie.
Voici une photographie d'un 120 L modèle 1878 montrant tous les accessoires ci-dessus énumérés:
-les ceintures de roues (cingoli) sur les roues.
-les coins de recul en forme de plan incliné: au moment du tir la pièce reculera sèchement, malgré les cingoli, et s’élèvera sur les coins de recul avant de redescendre par gravité. Gare à la secousse! Les pièces de Bange ont une précision excellente mais n'ont pas de frein, leur tir est donc lent.
-on distingue la plateforme en bois construite à base de madriers de chêne.

120 L modèle 1878 avec ceintures de roues (cingoli).
Enfin, pour rester au sein du 4e R.A.L, voici une carte porte-bonheur envoyée à son mari par une parisienne:

Texte original: "Que ce chat noir te protège jusqu'à la fin de cette maudite guerre!".
Cordialement,
Guy François.
Re: Canons de 120 C et 155 C Mle 1890 Baquet
Publié : mer. févr. 11, 2015 6:49 pm
par marpie
Bonjour Guy François , Bonjour à tous ,
Pour compléter le sujet , un petit film sur le maniement :
(A partir de la 2 ème minute , environ)
http://www.europeana1914-1918.eu/fr/eur ... tyPhoto/0/
Bien amicalement
Marpie