Bonjour Albin, Bonjour Bruno, Bonjour Hervé, Bonjour à tous
Pour alimenter la rubrique "Avion Canon" si bien illustrée par Hervé, voici le rapport du
Capitaine Faure du 22 mai 1915 concernant l'essai par
Frantz de l'avion "capitaine Faure" le
20 mai 1915, essai aucours duquel il eut un engagement contre un aviatik.
Bonne lecture
Rapport du Capitaine FAURE Commandant le 3ème Groupe de Bombardement
3ème Groupe de bombardement, Bruay le 22 mai 1915 N° 171, Avions canons.
Le 20 mai l'avion canon "capitaine Jean Faure" a eu pour la première fois un engagement avec un avion allemand du type Aviatik.
Il part à 16h. malgré un temps nuageux pour aller exécuter un vol de barrage sur le front de la 10ème armée et attaquer les drachen ennemis qu'il pourrait y voir.
L'avion était piloté par le Sergent Frantz et emmenait comme pointeur le fusiller marin breveté Fralin. Il emportait 16 obus à balles.
Il prenait sa hauteur au dessus d'ARRAS lorsqu'arrivé à 1800 m. il aperçut un avion allemand plus haut que lui dans la direction de l'Est. Frantz se dirige vers l'ennemi en continuant à monter et fait ouvrir le feu à environ 500 ou 600 m.; l'avion riposte par un tir à la mitrailleuse tout en manœuvrant pour avoir l'avion français derrière lui, en dessous et à sa gauche; c'est dans cette position qu'il tire par rafales d'une trentaine de cartouches; il tire environ 5 rafales. Pendant ce temps l'avion français manoeuvre pour parer à la manoeuvre de l'ennemi et lui faire face; il tire 8 obus mais dans des conditions très défavorables parce que l'allemand est très sensiblement plus haut que lui et sort de son champ de tir; Frantz cabre très fort son avion, Fralin en profite pour pointer et tirer, mais l'avion perdant sa vitesse fait une abatée, le tir doit être interrompu; l'avion reprend sa vitesse et le pilote recommence la manoeuvre: Frantz cherche également à de placer de façon que ses projectiles ne reviennent pas vers nos lignes. Pendant cette première phase de l'engagement l'avion "Capitaine Jean Faure" a reçu plusieurs balles: 2 balles très voisines traversant le plan supérieur et arrachant une partie du longeron antérieur qui est sectionné au tiers; 1 balle, vraisemblablement une des 2 précédentes, tombe sur le genou de Fralin sans le blesser. Une autre balle frappe le blindage latéral du capot, le bossèle sans le crever.
Une 4è balle perce le blindage tout à coté de l'empreinte précédente, fait un trou dans une cartouche, y rentre et reste dedans. Fralin qui ne s'en est pas aperçu tire cette cartouche sans qu'aucun incident se produise.
Pendant tout ce temps Frantz qui a été un peu gêné par le tir des canons français qui tiraient sur l'avion allemand, avait leurs éclatement à hauteur de l'avion français et près de lui.
Au bout d'environ 10 minutes, l'avion allemand s'éloigne dans ses lignes et disparait.
Frantz qui n'a pas encore atteint 1000m. au-dessus d'Arras, il estime que les balles de (???) constate que les atteintes n'ont pas compromis la bonne marche de son avion, et il continue à monter: il lui rest encore 8 obus.
Au bout de quelques minutes il arrivait à 2000m, il aperçoit alors à nouveau un avion allemand qu'il pense être le même arrivant vers lui de l'Est au-dessus d'un nuage, il est encore plus haut que lui. Frantz se dirige droit vers l'allemand, cabre son appareil et fait ouvrir le feu. Ce deuxième engagement se présente à peu près comme le précédent mais est plus court, au bout d'environ 4 à 5 minutes l'avion allemand s'éloigne nettement vers ses lignes, il a tiré environ 5 raffales d'une vingtaines de coups, Frantz le poursuit, tire son dernier projectile; l'avion allemand disparait dans les nuages. Frantz qui n'a plus d'obus rentre dans nos lignes et revient atterrir à 18 heures. Des renseignements fournis par l'Etat -major du 21è C.A. ont fait connaître que l'avion allemand avait fait dans ses lignes une descente extrêmement piquée et très irrégulière: Il y a tout leiu de croire qu'il a été touché plus ou moins grièvement.
Le tir a été exécuté dans des conditions de difficultés spéciales parce que l'objectif était sensiblement plus haut que l'avion et que le montage actuel du canon ne permet pas un très grand angle de tir.
Les seuls renseignements tirés de cette première action sont donc les suivants:
1.) Le canon convient parfaitement et il n'y a lieu de chercher à le modifier qu'en vue de l'alléger résultat qui peut être obtenu en remplaçant le frein en bronze par un frein en acier; en allégeant la crosse de manoeuvre et en diminuant l'épaisseur du tube ainsi qu'il a été dit dans mon rapport N°153 du 17 mai.
2.) Le support du canon sera légèrement modifié de façon à permettre un champ de tir plus étendu vers le haut. (Il suffit de relever le support de 3 ou 4 centimètres, modification très facile à réaliser).
3.) La hausse avait été placée pour donner une ligne de mire de 1000 mètres, l'engagement se produisant aux environ de 450m c'est précisément au point où la flèche de la trajectoire atteint son maximum même en visant au bas de l'objectif, les projectiles ont pu passer au-dessus. Il faut donc modifier le réglage de la ligne de mire et la régler à 500 m.. Cette modification, très facile à faire, en raison de la disposition de la hausse, a déjà été réalisée sur place. La flèche maxima n'aura plus que 70 centimètres.
4) L'emploi d'obus traceurs permettrait vraisemblablement une sorte de réglage, Il y a lieu de l'essayer. L'adaptation aux obus de 37 des traceurs de nuit demandés dans mon rapport N°153 du 17 mai pourrait servir à la fois à rendre les projectile incendiaire et à permettre une sorte de réglage.
Bruay le 22 mai.
Faure
Claude
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