Bonjour,
De 1912 à 1917, Madeleine a appartenu à Georges Faustin, la compagnie d'Orbigny existant déjà et n'a pas été armateur de ce navire comme signalé ci-dessus.
"L'année 1929, voit le début de l'exploitation des bancs du Groenland, le premier cordier français qui fréquente les parages est le voilier Zazpiakbat de la Société la morue française. ces bancs sont très poissonneux mais, pour les navires qui les fréquentent, se pose le problème de la route, les voiliers sont trop lents et les chalutiers, qui presquent tous chauffent au charbon, n'ont pas suffisamment d'autonomie pour rejoindre les bancs et assurer la pêche. De plus, les fonds sont mal connus et les chalutiers perdent beaucoup de matériel.
C'est sans doute ce qui va pousser deux armateurs de la place de Fécamp à choisir un type de navire dont le besoin ne s'était pas encore fait sentir, le vapeur cordier. M. Léon Poret achète le cargo Madeleine, la Morue française transforme son cargo Mulhouse et le renomme Gure Herria.
Madeleine est un fort cargo de 1133 tonneaux, ce qui doit lui permettre d'avoir une plus grande autonomie en vivres et en charbon. Les transformations sont effectuées à Fécamp par les entreprises locales. Elles consistent principalement à augmenter le nombre des logements pour les 65 hommes d'équipage et à installer une chambre froide permettant d'embarquer une provision de hareng congelé devant servir de boëtte. La silhouette du cargo sera modifiée par l'adjonction de deux postes d'équipage ; un à l'avant construit par les Ateliers normands, rue Félix Faure à Fécamp ; le second à l'arrière par les Constructeurs fécampois, rue de l'Inondation à Fécamp. La pêche se fera comme sur les voiliers, l'importance du navire devant lui permettre d'effectuer des campagnes de six ou sept mois avec tout de même un ravitaillement de charbon en mer.
Madeleine quitte Fécamp pour le Groenland le 13 juin 1930 et est de retour au port le 7 novembre avec 335 000 morues pour 557 tonnes. Le poisson (1,7 kg de moyenne) est plus beau que celui ramené par les chalutiers ayant fréquenté d'autres lieux de pêche. Le voyage inaugural semble donc rentable et le navire repart l'année suivante.
Trois campagnes de pêche au Groenland, c'est tout ce qu'effectuera Madeleine. Voici les circonstances de son naufrage.
Le navire quitte Boulogne sur Mer le 21 mars 1933 pour se rendre à Aalesund afin d'y faire provision de hareng congelé. Le 22 mars, vers 13 heures 30, alors qu'il fait route vers la Norvège, une partie de l'équipage se rend dans la chambre froide pour la préparer et se rend compte qu'elle est emplie d'eau. Aussitôt, le capitaine Fernando fait mettre toutes les pompes en route, car, ayant traversé une zone recouverte d'épaves, il est persuadé que l'une d'entre-elles à heurté la coque et qu'une voie d'eau s'est déclarée. Les marins tiennent les pompes en action jusqu'à 19 heures 30 sans jamais pouvoir étaler et le navire commence à prendre de la gîte. Le capitaine, après en avoir discuté avec les officiers du bord, décide de faire route sur la Hollande. Un S.O.S. est lancé. Il est capté par le remorqueur Holland. A 20 heures 30, Madeleine commence à piquer du nez et le capitaine décide de mettre les embacations de sauvetage ainsi que les doris à la mer, et de faire évacuer son bâtiment. A l'aube, Madeleine, son étrave presque verticale, s'enfonce dans la mer. Toute la nuit, l'équipage attendra du secours. Vers 5 heures, le Holland est en vue. Il embarque tous les naufragés et fait route sur Westterschelling. Ce naufrage s'est déroulé à 70 milles au nord-ouest de l'île de Terschelling. Les hommes d'équipage seront rapatriés le 27 mars, via Harlingen et Rotterdam."
Roger Vercel a été en étroite collaboration avec le capitaine Fernando, originaire de Pleslin, (Côtes d'Armor), et il s'est inspiré de Madeleine, rebaptisé Ténax et Gure Herria, rebaptisé Boréa,74 pour son livre : "Au large de l'Eden".
La photo de Madeleine ci-dessous est prise à Caen, premier port d'attache. La photo du message ci-dessus, à propos de l'évènement de mer de 1925, date de sa transformation en cordier, comme on peut le voir par la présence des doris sur le gaillard d'arrière. On peut supposer qu'elle a été donnée au capitaine Malbert, par Vercel, lors de la préparation du roman "Remorques". Tous les deux ont connu le même navire, dans des circonstances différentes.
Source : Jack Daussy, Les chalutiers morutiers fécampois, L. Durand & Fils, Fécamp, 1991, photo coll. de l'auteur.
Erwan Lefilleul, Roger Vercel, écrivain maritime, chasse-marée n° 142, avril 2003, photo page 28, crédit coll. particulière.
Cordialement.

