Re: STELLA Trois-mâts goélette terre-neuvier
Publié : lun. juil. 05, 2010 2:46 pm
Bonjour à tous,
STELLA
Trois-mâts goélette construit en 1909 à La Richardais pour l’armateur Jean-Marie PERRIGAULT.
Immatriculé à Saint Malo n° 3727
218 tx JB 167 tx JN 350 tpl
Armé pour la pêche à la morue sur la zone de Terre-Neuve, sans sécherie.
Capitaine en 1914 : François MICHEL de Plerin, inscrit à Saint Brieuc.

La perte de STELLA
Quitte Saint Malo le 7 Avril 1917 avec un équipage de 27 hommes en tout, sous les ordres du capitaine au cabotage Joseph POILPRE.

Relâche à Lisbonne pour embarquer le sel nécessaire et appareille de ce port le 22 Avril. Arrive sur le banc de Saint Pierre le 13 Mai. Pêche jusqu’au 1er Août , puis se rend à Saint Pierre où il débarque 1320 quintaux de morues.
Retourne sur le banc le 12 Août pour compléter sa cargaison.
Appareille du grand banc le 16 Septembre avec 3600 quintaux de morues à destination de Belle Ile où il doit recevoir les ordres pour le port de débarquement.
Pas d’armement et pas de TSF.
A 13h30 le 3 Octobre, se trouve par 47°27 N et 09°10 W. Jolie brise d’WNW avec tendance à fraîchir. Route vent AR toutes voiles dessus à 6 nœuds. Depuis le lever du jour, aperçoit à 3 ou 4 milles sur l’avant le morutier SAINT ANTOINE faisant même route.
A ce moment, entend un coup de canon tiré par un sous-marin qu’il aperçoit juste à côté du SAINT ANTOINE. Puis second coup dirigé sur le STELLA. Le sous-marin fait évacuer le SAINT ANTOINE et le canonne, puis fait route sur le STELLA.
Le capitaine fait prendre les dispositions d’abandon. Les doris n’avaient pas été disposés pour un abandon et il n’existait pas de rôle d’abandon. Le capitaine a quitté le voilier le dernier, avec les papiers du bord.
Toutefois, selon les naufragés arrivés à Saint Nazaire, leurs deux doris disposaient d’eau, de voiles et d’un compas. Ils ignorent ce qu’il en était pour les 4 autres.
A 14h30, le sous-marin s’approcha du doris du second et prit trois hommes (nota : il s’agit d’hommes du STELLA et non du SAINT ANTOINE comme suggéré dans le récit de ce dernier navire). Parmi eux le novice Fenouillet qui est interrogé par le commandant du sous-marin.
Puis il envoie deux coups de canon à la flottaison et le STELLA coule en 20 minutes.
Quand il eut coulé, le commandant du sous-marin voulut remettre les trois otages dans leur doris, mais au cours de la manœuvre, la houle fit monter le doris sur le sous-marin et il chavira, précipitant tous les hommes à l’eau. Les marins allemands leur lancèrent des bouts et repêchèrent alors les hommes tombés à la mer. Ils appelèrent les autres doris et les répartirent dans les 5 autres doris. Les doris étaient très chargés, avec 5 hommes dans trois doris et 6 dans les deux autres.
Le sous-marin retourna alors auprès du SAINT ANTOINE qui était encore à flot, le canonna à nouveau et le coula vers 16h00. Puis il fit route vers le sud et plongea.
La nuit suivante, la brise a forcé et le temps est devenu mauvais. Tous les doris se sont perdus de vue. Il a fallu affaler les voiles et mouiller des ancres flottantes, puis même filer de l’huile.
Le 4 au matin, les deux doris récupérés n’avaient plus rien en vue et, bien que proches l’un de l’autre, ne se voyaient pas réciproquement. Vers 16h00, ils ont été recueillis presque en même temps, ainsi qu’un doris du SAINT ANTOINE, par le trois-mâts goélette ETOILE POLAIRE, allant de Pointe à Pitre à Saint Nazaire où ils ont été débarqués le 6 Octobre à 10H00. Ils étaient en tout 11 hommes du STELLA ; parmi eux figuraient le patron de doris Leclerc et le novice Fenouillet qui avaient été pris sur le sous-marin, puis étaient tombés à la mer lors du chavirage et avaient été mis dans ces doris récupérés.
Dans la nuit du 3 au 4, le doris du capitaine Poilpre et celui où se trouvait le second capitaine Cleret, se sont retrouvés. Ils ont réussi à naviguer de conserve jusqu’au 8 Octobre au soir. C’est alors qu’une grosse lame a retourné le doris du capitaine. Malgré tous ses efforts pour sauver ses camarades, le second a vu disparaître les 5 hommes qui montaient ce doris, dont le mousse.
Il a continué alors seul sa route et est arrivé à Groix le 9 Octobre à midi.
Conclusions de l’officier enquêteur
Le capitaine du STELLA aurait du chercher à s’éloigner en lofant quand il a vu le SAINT ANTOINE attaqué. Toutefois, cette manœuvre n’aurait sans doute pas retardé sensiblement la perte de son navire.
Les deux doris dont les occupants ont débarqué à Saint Nazaire étaient munis d’eau, de biscuits, d’une voile et d’un compas. Toutefois, il semble que les dispositions d’évacuation n’étaient pas prises très complètement et avec beaucoup de soins. Le capitaine a quitté son navire avec les papiers du bord. Il est certain que sur le moment il a fait son possible pour sauver son équipage.
On ne peut rien lui reprocher car il n’avait aucun moyen de défense et aucun espoir de pouvoir fuir.
(Nota : le récit des marins du STELLA résout l’histoire des trois marins pris par le submersible)
Description du sous-marin
Grande dimension, au moins 80 m de long.
1 blockhaus surmonté d’une passerelle
Pas d’avant surélevé, mais plutôt rond comme le type UB 18
Deux tube lance-torpilles à l’avant de chaque bord, tirant dans l’axe.
Deux canons d’environ 100 ou 88 mm sur l’AV et l’AR du blockhaus
Semble avoir des antennes TSF
Peinture gris clair, usagée. Pas de numéro.
Le capitaine était âgé d’environ 30 ans et avait deux galons. Il a interrogé le novice Fenouillet en français, lui demandant nom, cargaison et destination du bateau. Il lui a dit que s’il avait trouvé un canon sur le voilier, il aurait tué tout l’équipage…
Un autre officier, plus jeune, avait 1 galon et demi.
Il y avait aussi cinq ou six marins qui portaient des bonnets sur lesquels était inscrite la mention « L.L KAISER ». Ils avaient tous des bottes. Un des marins avait une casquette de jockey.
Le sous-marin marchait en surface, à vitesse modérée. Il s’est immergé en 2 ou 3 minutes.
Voici sa silhouette

Le sous-marin attaquant
C’était l’U 60 du KL Karl Georg SCHUSTER
Cdlt
STELLA
Trois-mâts goélette construit en 1909 à La Richardais pour l’armateur Jean-Marie PERRIGAULT.
Immatriculé à Saint Malo n° 3727
218 tx JB 167 tx JN 350 tpl
Armé pour la pêche à la morue sur la zone de Terre-Neuve, sans sécherie.
Capitaine en 1914 : François MICHEL de Plerin, inscrit à Saint Brieuc.

La perte de STELLA
Quitte Saint Malo le 7 Avril 1917 avec un équipage de 27 hommes en tout, sous les ordres du capitaine au cabotage Joseph POILPRE.

Relâche à Lisbonne pour embarquer le sel nécessaire et appareille de ce port le 22 Avril. Arrive sur le banc de Saint Pierre le 13 Mai. Pêche jusqu’au 1er Août , puis se rend à Saint Pierre où il débarque 1320 quintaux de morues.
Retourne sur le banc le 12 Août pour compléter sa cargaison.
Appareille du grand banc le 16 Septembre avec 3600 quintaux de morues à destination de Belle Ile où il doit recevoir les ordres pour le port de débarquement.
Pas d’armement et pas de TSF.
A 13h30 le 3 Octobre, se trouve par 47°27 N et 09°10 W. Jolie brise d’WNW avec tendance à fraîchir. Route vent AR toutes voiles dessus à 6 nœuds. Depuis le lever du jour, aperçoit à 3 ou 4 milles sur l’avant le morutier SAINT ANTOINE faisant même route.
A ce moment, entend un coup de canon tiré par un sous-marin qu’il aperçoit juste à côté du SAINT ANTOINE. Puis second coup dirigé sur le STELLA. Le sous-marin fait évacuer le SAINT ANTOINE et le canonne, puis fait route sur le STELLA.
Le capitaine fait prendre les dispositions d’abandon. Les doris n’avaient pas été disposés pour un abandon et il n’existait pas de rôle d’abandon. Le capitaine a quitté le voilier le dernier, avec les papiers du bord.
Toutefois, selon les naufragés arrivés à Saint Nazaire, leurs deux doris disposaient d’eau, de voiles et d’un compas. Ils ignorent ce qu’il en était pour les 4 autres.
A 14h30, le sous-marin s’approcha du doris du second et prit trois hommes (nota : il s’agit d’hommes du STELLA et non du SAINT ANTOINE comme suggéré dans le récit de ce dernier navire). Parmi eux le novice Fenouillet qui est interrogé par le commandant du sous-marin.
Puis il envoie deux coups de canon à la flottaison et le STELLA coule en 20 minutes.
Quand il eut coulé, le commandant du sous-marin voulut remettre les trois otages dans leur doris, mais au cours de la manœuvre, la houle fit monter le doris sur le sous-marin et il chavira, précipitant tous les hommes à l’eau. Les marins allemands leur lancèrent des bouts et repêchèrent alors les hommes tombés à la mer. Ils appelèrent les autres doris et les répartirent dans les 5 autres doris. Les doris étaient très chargés, avec 5 hommes dans trois doris et 6 dans les deux autres.
Le sous-marin retourna alors auprès du SAINT ANTOINE qui était encore à flot, le canonna à nouveau et le coula vers 16h00. Puis il fit route vers le sud et plongea.
La nuit suivante, la brise a forcé et le temps est devenu mauvais. Tous les doris se sont perdus de vue. Il a fallu affaler les voiles et mouiller des ancres flottantes, puis même filer de l’huile.
Le 4 au matin, les deux doris récupérés n’avaient plus rien en vue et, bien que proches l’un de l’autre, ne se voyaient pas réciproquement. Vers 16h00, ils ont été recueillis presque en même temps, ainsi qu’un doris du SAINT ANTOINE, par le trois-mâts goélette ETOILE POLAIRE, allant de Pointe à Pitre à Saint Nazaire où ils ont été débarqués le 6 Octobre à 10H00. Ils étaient en tout 11 hommes du STELLA ; parmi eux figuraient le patron de doris Leclerc et le novice Fenouillet qui avaient été pris sur le sous-marin, puis étaient tombés à la mer lors du chavirage et avaient été mis dans ces doris récupérés.
Dans la nuit du 3 au 4, le doris du capitaine Poilpre et celui où se trouvait le second capitaine Cleret, se sont retrouvés. Ils ont réussi à naviguer de conserve jusqu’au 8 Octobre au soir. C’est alors qu’une grosse lame a retourné le doris du capitaine. Malgré tous ses efforts pour sauver ses camarades, le second a vu disparaître les 5 hommes qui montaient ce doris, dont le mousse.
Il a continué alors seul sa route et est arrivé à Groix le 9 Octobre à midi.
Conclusions de l’officier enquêteur
Le capitaine du STELLA aurait du chercher à s’éloigner en lofant quand il a vu le SAINT ANTOINE attaqué. Toutefois, cette manœuvre n’aurait sans doute pas retardé sensiblement la perte de son navire.
Les deux doris dont les occupants ont débarqué à Saint Nazaire étaient munis d’eau, de biscuits, d’une voile et d’un compas. Toutefois, il semble que les dispositions d’évacuation n’étaient pas prises très complètement et avec beaucoup de soins. Le capitaine a quitté son navire avec les papiers du bord. Il est certain que sur le moment il a fait son possible pour sauver son équipage.
On ne peut rien lui reprocher car il n’avait aucun moyen de défense et aucun espoir de pouvoir fuir.
(Nota : le récit des marins du STELLA résout l’histoire des trois marins pris par le submersible)
Description du sous-marin
Grande dimension, au moins 80 m de long.
1 blockhaus surmonté d’une passerelle
Pas d’avant surélevé, mais plutôt rond comme le type UB 18
Deux tube lance-torpilles à l’avant de chaque bord, tirant dans l’axe.
Deux canons d’environ 100 ou 88 mm sur l’AV et l’AR du blockhaus
Semble avoir des antennes TSF
Peinture gris clair, usagée. Pas de numéro.
Le capitaine était âgé d’environ 30 ans et avait deux galons. Il a interrogé le novice Fenouillet en français, lui demandant nom, cargaison et destination du bateau. Il lui a dit que s’il avait trouvé un canon sur le voilier, il aurait tué tout l’équipage…
Un autre officier, plus jeune, avait 1 galon et demi.
Il y avait aussi cinq ou six marins qui portaient des bonnets sur lesquels était inscrite la mention « L.L KAISER ». Ils avaient tous des bottes. Un des marins avait une casquette de jockey.
Le sous-marin marchait en surface, à vitesse modérée. Il s’est immergé en 2 ou 3 minutes.
Voici sa silhouette

Le sous-marin attaquant
C’était l’U 60 du KL Karl Georg SCHUSTER
Cdlt