Bonjour à tous,
Un petit complément sur BAYONNAISE
Vapeur de 2425 tx JB et 1510 tx JN
Armateur : Compagnie des Chargeurs Français. Plisson et Cie. Bayonne
Affrété par la Marine Nationale
Liste d’équipage
La perte de BAYONNAISE. Rapport du capitaine
Quitté Bizerte le 3 Juin 1918 à destination de Corfou avec un chargement de 3000 tonnes de charbon. Le convoi est formé des vapeurs anglais VISIGOTH, CANADIAN, du vapeur italien AFFINITA et de BAYONNAISE, escorté par les chalutiers armés MARGUERITE II, ANEMONE, GLOIRE DE MARIE et par le torpilleur 355.
Le 5 Juin, arrivés à l’entrée nord du détroit de Messine, reçu l’ordre d’aller relâcher à Milazzo (côte nord de Sicile). Entré dans le port de Milazzo à 12h00.
Appareillé le 6 Juin de Milazzo pour Messine. Franchi le détroit sans incident et amarré à Messine à 08h45.
Appareillé à minuit avec CANADIAN (sur notre bâbord), les chalutiers HIVER et MARGUERITE II (sur l’arrière) et le torpilleur 355 sur l’avant. (Nota pour Oliver : il ne semble pas que FRIPONNE ait été le 2e escorteur si l'on en croit ce rapport)
Le 7 Juin à 03h35, le second capitaine, de quart, et le matelot veilleur Laroque aperçoivent le sillage d’une torpille sur tribord à 400 ou 500 m. Le 2e capitaine donne l’ordre au timonier Lévèque de mettre la barre à droite toute. Quelques secondes plus tard, la torpille explose à 3 m sous la flottaison, aux deux tiers de la longueur du navire, à hauteur de la cale 3. Le navire est alors par 37°51 N et 16°31 E et fait route au N64E à 7 nds. Une colonne d’eau et de débris s’élève à 40m. Il y a une déchirure de 5 à 6 m de long au niveau de la cale 3 à tribord. Rapidement, le navire s’incline sur tribord et le pont arrière est sous l’eau. Donné plusieurs coups de sifflet bref pour déclencher l’alerte.
Le chef mécanicien et le chauffeur Arbiza ferment la porte étanche du tunnel. Mais l’eau fait irruption dans la machine car la cloison entre machine et cale 3 a cédé. Le chef mécanicien stoppe la machine en fermant la soupape d’arrêt.
L’appareil TSF est endommagé et tout est sans dessus dessous dans le poste radio. Il n’y a pas de blessés. Seul le 2e mécanicien Poizat a été légèrement contusionné.
Le navire s’enfonçant, je donne l’ordre d’évacuer avec les deux baleinières et le youyou. Je demande si tout le monde est embarqué et à 03h50, sur la réponse affirmative, j’embarque le dernier dans la baleinière tribord et donne l’ordre de laisser aller l’embarcation. C’est alors que j’aperçois l’aide canonnier Prigent qui était resté sur le gaillard. J’envoie le youyou le long du bord et il parvient à rejoindre l’embarcation.
Le navire disparaît à 04h40. Nous sommes recueillis par le chalutier MARGUERITE II qui nous dépose à Corfou.
Très bonne tenue de l’équipage. L’évacuation s’est faite dans l’ordre et avec le plus grand sang froid.
Rapport de l’officier enquêteur
Reprend quasiment dans les mêmes termes le rapport du capitaine. Il signale que le sous-marin n’a jamais été aperçu.
Le sous-marin attaquant
C’était donc l’ UC 53 de l’OL Adolf EHRENSBERGER. En Septembre 1918 ce sous-marin coulera aussi le vapeur français CARAÏBES à l’entrée du détroit de Messine. Enfin, c’est une mine larguée par lui qui provoquera le naufrage du CHAOUIA en Janvier 1919, toujours à l’entrée du détroit de Messine.
Le capitaine Alphonse KERVEGAN
Ce Capitaine au Long Cours, originaire du Morbihan mais domicilié à Trentemoult, était un ancien capitaine de grand voilier cap-hornier.
En Novembre 1906, il commandait le trois-mâts barque MONTEBELLO, 2284 t, de l’armement nantais Guillon et Fleury. Allant de Melbourne à Adélaïde, il était arrivé de nuit au large du golfe Spencer et avait décidé d’attendre le jour pour s’approcher, en raison du mauvais temps.
Mais un violent coup de vent d’ouest avait fait dériver le voilier qui était venu talonner sur les récifs de la côte sud de Kangaroo Island, à peu près entre le cap Du Couëdic et le cap Bouguer. En très mauvaise position sur ces récifs battus par la houle et les déferlantes, l’équipage risquait de périr. Le bosco tenta de gagner la côte avec une ligne, mais n’y parvint pas. C’est finalement un jeune matelot qui parvint à tirer une touline jusqu’au rivage. Un va et vient fut installé et tous les hommes purent atteindre une plage avant que le navire ne soit totalement détruit.
L’endroit était désert et le capitaine Kervegan partit chercher du secours avec un autre homme à travers cette contrée peu hospitalière. Il découvrirent une cabane de chasseur, et plus tard rencontrèrent un cavalier qui put prévenir les autorités à Kingscote, dans le NW de l’île. Un navire récupéra finalement les naufragés dans les environs de la baie Vivonne.
BAYONNAISE était donc son second naufrage, heureusement terminé puisque tout l’équipage fut encore une fois sauvé.
Le capitaine Kervégan, qui fut président de la Société des roquios (navires traversant la Loire) est décédé à Nantes après la seconde guerre mondiale, en 1963.
Cdlt