Bonjour à tous,
MOÏSE
Ce paquebot était le premier d’une série de 12 commandée par la Compagnie Générale Transatlantique pour les lignes d’Afrique du Nord. Il inaugura le 30 Juin 1880 la première ligne transat en Méditerranée, reliant Marseille à Alger.
En 1880, il s’échoua à Port Vendres, subissant des avaries à la coque. En 1891, il fut refondu à Penhoët et la vieille machine compound fut remplacée par une machine à triple expansion. On installa aussi des chaudières neuves.
Le 5 Novembre 1899, il aborda et coula devant Bône le bateau de pêche SANTA CANDIDA. En 1903, il s’échoua, sans avaries devant Djidjelli.
Le 18 Juin 1916, il fut attaqué par un sous-marin lors d’une traversée Marseille – Philippeville. Cinq obus encadrèrent le navire qui parvint à s’échapper.
Le 16 Février 1917, il rencontra un autre sous-marin, mais parvint encore à s’échapper. (Récit ci-dessous)
Voici une photo du MOÏSE
Rencontre du 16 Février 1917
Capitaine Charles DOULIEU, Capitaine au Long Cours, inscrit à Agde
Navire équipé de deux canons
- un 75 mm à l’arrière
- Un 47 mm à l’avant
Equipage AMBC
- BESCOND Yves Quartier maître fusilier 2e dépôt
- GALIENNE Joseph Fusilier breveté 1er dépôt
- KERARHO Désiré Fusilier auxiliaire
63 hommes d’équipage dont
- 52 Français
- 1 Suisse
- 1 Italien
- 1 Espagnol
- 2 Russes
- 1 Anglais
- 5 Indiens
407 Passagers presque tous militaires
Le 16 Février 1917 à 17h15, MOÏSE se trouve par 38°28 N et 00°14 W (nota : face à l’ilot de Benidorm) faisant route au S58W à 12 nœuds.
Beau temps clair, mer légèrement clapoteuse, vent d’ouest.
Un sous-marin est aperçu stoppé près d’un grand cargo qu’il est en train de couler. A 9 milles dans le SW on aperçoit un 2e sous-marin et un autre cargo également en train de couler.
Continué au même cap et à la même vitesse pendant 20 minutes afin de se rendre compte de ce qui se passait sur le premier cargo. Puis viré sur tribord et pris chasse en réduisant la vitesse à 4 nœuds pendant 25 minutes. Cette manœuvre est effectuée par le capitaine afin d’obliger le sous-marin à l’attaquer dans les eaux territoriales espagnoles. De plus, la proximité de la côte permettra éventuellement de sauver le navire, son équipage et ses passagers.
Signalé en l’air la position du sous-marin. Réponses de Aïn el Tara et Saintes Marie de la mer.
L’équipage a exécuté avec célérité les ordres du capitaine qui a mis aux postes de combat et d’évacuation. Les passagers, tous militaires, étaient encadrés par les gradés désignés par le commandant d’armes et sont restés groupés sans aucun désordre. Le sous-marin a finalement pris le MOÏSE en chasse, mais a été rapidement perdu de vue à cause de l’obscurité.
Vu la grande distance, le sous-marin, qui possédait un kiosque central tronc cônique ne peut être décrit en détail.
Observation de l’officier enquêteur
La manœuvre du capitaine prenant chasse à vitesse réduite constitue une imprudence. Il la justifie en disant que vu l’heure avancée, le sous-marin avait peu de chances de pouvoir l’attaquer avant la tombée de la nuit. En revanche, il aurait pu lui-même se mettre en bonne position pour le canonner et peut-être le couler. De plus, la proximité de la côte aurait permis de sauver plus facilement équipage et passagers.
Le sous- marin attaquant
N’a pas été identifié, mais il s’agit très certainement du célèbre U 35 du KL Lothar von ARNAUD DE LA PERIERE.
Ce jour-là il a successivement coulé
- PRUDENZA vapeur italien de 3307 t qui allait de Buenos Aires à Livourne avec un chargement de maïs, à 06h00 du matin
- ORIANA vapeur italien de 3132 t qui allait de Gênes à Montevideo avec un chargement de divers, à 14h30
PRUDENZA a été coulé au large d’Alicante selon uboat.net. Sans doute suite à une petite confusion dans les noms, ORIANA est signalé comme coulé à 15 milles de Prudenza. Il s’agit en fait du nom du navire coulé tôt le matin. En réalité, l’ensemble de ces navires était dans l’Est de l’îlot de Benidorm, aux positions indiquées par le capitaine de MOÏSE.
PRUDENZA a sans doute mis plusieurs heures avant de disparaître et l’on peut supposer que le 2e sous-marin que les hommes de MOÏSE ont cru voir à 9 milles de distance, près de ce vapeur, était en réalité une embarcation de sauvetage.
On peut d’ailleurs penser que MOÏSE a eu beaucoup de chance d’arriver sur les lieux à la tombée de la nuit. Arrivé plus tôt, il aurait bien pu être la 3e victime de ce redoutable sous-marinier qu’était Arnauld de la Perrière.
Signalons aussi que dans la nuit du 14 au 15 Février U 35 avait immergé en un point précis de la côte espagnole 40 sacs de matériel secret et débarqué sur cette côte l’EV Kallen, chargé de leur récupération.
(Voir lien suivant
http://www.histomar.net/arnauld/htm/14-18.htm )
Cdlt