Re: BON PREMIER Trois-mâts barque SGTM
Publié : mar. févr. 10, 2009 2:49 pm
Bonjour à tous,
BON PREMIER
Trois-mâts barque
1256 tx JB
Ce voilier était l’ex-Allemand FRIEDA MAHN, capturé en Août 1914 par la croisière française à l’entrée de la Manche. Comme tous les voiliers de cette époque, il était dépourvu de radio et donc, ignorait la déclaration de guerre.
Acheté aux enchères le 29 Mars 1915 par la Compagnie Française de Marine et Commerce, de Paris, il fut rebaptisé BON PREMIER et placé sous le commandement du CLC Louis BRE.
Le 7 Octobre 1916, il faisait l’objet d’un compromis de vente en faveur de la SGTM, sous réserve d’une visite en cale sèche à Marseille.
Or le 12 Octobre 1916, allant d’Iquique à Sète avec une cargaison de salpêtre, il s’échouait à la pointe d’Alboassa à 10 milles dans l’est de Tanger.
Renfloué deux jours plus tard, le navire entrait en cale sèche à Cadix. Et par avenant du 21 Décembre, il fut stipulé que le voilier serait remis à la SGTM après réparations.
BON PREMIER devint donc le 5 Mars 1917 le seul et unique voilier jamais armé par la SGTM (Société Générale de Transport Maritime à vapeur), de Marseille.
La perte de BON PREMIER
Le navire est armé en Juin pour un voyage aux Antilles et appareille de Fort de France le 27 Août à 09h30 avec un chargement de rhum et de bois de campêche à destination de Bordeaux et Marseille.
La composition de l’équipage est la suivante :
Nom Fonction Quartier d’inscription
BRE Louis Capitaine Paimpol
GROUHEL Cassius Second cap.Auray Rescapé du brick-goélette MARIE (Cdt) coulé le 04/05/17
EGAULT Henri Lieutenant Dinan Rescapé de BERENGERE coulé le 10/05/17
LE BUHIT Pierre Mtre équip. Auray Rescapé de BERENGERE
DUBOIS Pierre Cuisinier Saint Nazaire
GOURIER Léon Charpentier Paimpol
TILLY François Matelot Auray
Thomas Eugène Matelot Belle Ile
MICHEL Adolphe Matelot Auray
BONNEAU Eugène Matelot Noirmoutier
CREMENT Louis Matelot Le Croisic
LE CARDUNER Henri Matelot Paimpol
LE GRAND JacquesMatelot Concarneau Rescapé de BERENGERE
SAMSON Paul Matelot Basse Terre
SAMSON ThéodoreMatelot Basse Terre
LE BLAY Pierre Mlot léger Auray
LACOUR Paul Mlot léger Fort de France
LUHARN Louis Novice Vannes Rescapé du chalutier COLOMBIE coulé le 03/01/17
ARDEVEN François Novice Lorient Rescapé du trois-mâts BAYONNE coulé le 13/03/17
JOLIVET François Novice Saint Nazaire
BOTHEREL Jean Mousse Morlaix
GERMOUTE Eloi Mousse Fort de France
Rapport du capitaine BRE
« Après avoir établi toute la voilure et fait route au plus près dans les alizés de NE, passant sous le vent de La Dominique, La Guadeloupe et La Barbade, j’ai fait route par jolie brise jusqu’au 4 Septembre, jusqu’au point 33°26 N 70°18 W.
Le vent hale au N/ENE jusqu’au 7 Septembre, avec grosse houle fatiguant le navire.
Aperçu Flores et Corvo (Açores) par temps orageux le 12 Septembre.
Aperçu ce jour un navire avec lequel j’ai communiqué par signaux dans un moment d’éclaircie (nota : il s’agissait du trois-mâts barque NEUILLY – voir fiche de ce navire)
Les jours suivants, vent variant du N au NE avec ciel couvert et embrumé.
Communiqué avec un navire le 27 Septembre, puis à nouveau le 29 au matin, avec vents variables de N-NE. (nota : il s’agissait cette fois du trois-mâts barque EUGENIE FAUTREL qui sera coulé ce même jour par le même sous-marin)
Je navigue sous perroquets volants avec brise fraîche.
A 18h44 le timonier me signale quelque chose que je reconnais être un sous-marin, quoique l’horizon soit toujours brumeux.
Aussitôt, je fais appeler la bordée de quart en bas et fait prévenir l’équipage d’être prêt à toute éventualité. J’ordonne à la bordée de quart de carguer les perroquets et de brasser le grand phare sur le mât. A 19h00 nous essuyons le premier coup de canon dont l’obus tombe à 30 m sur bâbord. Ainsi fixé sur la nationalité de l’ennemi, je fais mettre les embarcations de sauvetage à la mer.
L’ennemi tire six coups en dix minutes et coupe les garants de la baleinière n° 2 sur bâbord. Aussitôt j’ordonne à l’équipage de se reporter sur la baleinière n° 1 promptement mise à la mer et j’y fais embarquer tout l’équipage dans l'ordre légal. Je cours à l’arrière pour sauver les papiers du bord, tandis que l’ennemi continue à bombarder, mais sans résultat à cause de la grande houle qui lui cause un fort roulis.
Comme le navire marchait très lentement, nous nous sommes écartés pour sauver la vie de mes hommes et suivre la destruction du navire par le pirate.
Nous étant écartés de 25 m, le sous-marin, qui se tenait sur la hanche bâbord arrière a encore tiré deux obus, mais sans nous atteindre.
L’un des obus a atteint l’arrière bâbord au dessus de la flottaison. Le sous-marin s’est approché du navire qui avait pris feu sur l’arrière. Le feu s’est propagé à tout le navire.
Le sous-marin nous a accosté et le commandant m’a demandé le nom du navire, la nature du chargement, la provenance et la destination. Puis il est retourné le long du bord et, à nouveau, a tiré à bout portant sur le côté tribord. Puis il a fait route à l’ouest à très petite vitesse, laissant le BON PREMIER se consumer. 43 obus avaient été tirés par les artilleurs.
Le BON PREMIER a coulé subitement à 20h55.
Quand le sous-marin s’est trouvé hors de vue, nous avons établi la voilure et avons fait route au plus près, par vent d’est, grosse brise et grosse houle les 29 et 30 Septembre, puis calme plat les 1er et 2 Octobre.
Nous avons alors ramé pour atteindre le port de La Corogne où nous sommes arrivés au complet le 2 Octobre vers 16h30.
Fait sous réserve d’amplification à La Corogne le 2 Octobre 1917. Affirmé avec audition de l’équipage. »
Ce rapport est un modèle du genre, écrit avec beaucoup de simplicité, de modestie et de clarté. Mais on imagine l’odyssée de ces hommes, au milieu de l’Atlantique, à plus de 300 milles du cap Finisterre, dans une petite baleinière et par mauvais temps…
La commission d’enquête conclut :
« Surpris au large le 29 Septembre dernier, le BON PREMIER ne pouvait rien contre un adversaire marchant bien et armé de 2 canons. A la tombée de la nuit, il a cherché à échapper au sous-marin en laissant porter pour changer de route une fois la nuit arrivée. Mais pareille manœuvre restait vaine à l’heure à laquelle la rencontre s’est produite.
La commission estime que le capitaine a bien agi en ne songeant qu’au salut de son équipage et a fait preuve en la circonstance de beaucoup de calme. »
Des témoignages officiels de satisfaction seront décernés à :
- BRE Louis Capitaine, pour le sang froid et l’énergie qu’il a montré dans le sauvetage de son équipage.
- GROUHEL Cassius Second capitaine rescapé du navire qu’il commandait, le brick-goélette
MARIE coulé le 04/05/17 à 30 milles dans le sud de Waterford.
- EGAULT Henri Lieutenant rescapé du trois-mâts BERENGERE coulé le 10/05/17 à 150 milles
dans l’ouest de Queenstown
- LE BUHIT Pierre Maître d’équipage également rescapé du BERENGERE
- LE GRAND Jacques Matelot également rescapé du BERENGERE
A noter que ces trois hommes n’avaient reçu aucune indemnité de la compagnie à laquelle appartenait le BERANGERE.
- LUHARN Louis Novice rescapé du chalutier COLOMBIE coulé le 03/01/17 à hauteur de
Chassiron
- ARDEVIN François Novice rescapé du trois-mâts BAYONNE coulé le 03/03/17 à 23 milles de
Start Point
A noter que ce dernier novice avait du rester trois semaines à l’hôpital de Southampton et n’avait reçu aucune indemnité de sa compagnie.
Le sous-marin attaquant
C'était l’U 60 du KL Karl Georg Schuster. La position du naufrage est
46°06’ N 11°25’ W
Cdlt
Olivier
BON PREMIER
Trois-mâts barque
1256 tx JB
Ce voilier était l’ex-Allemand FRIEDA MAHN, capturé en Août 1914 par la croisière française à l’entrée de la Manche. Comme tous les voiliers de cette époque, il était dépourvu de radio et donc, ignorait la déclaration de guerre.
Acheté aux enchères le 29 Mars 1915 par la Compagnie Française de Marine et Commerce, de Paris, il fut rebaptisé BON PREMIER et placé sous le commandement du CLC Louis BRE.
Le 7 Octobre 1916, il faisait l’objet d’un compromis de vente en faveur de la SGTM, sous réserve d’une visite en cale sèche à Marseille.
Or le 12 Octobre 1916, allant d’Iquique à Sète avec une cargaison de salpêtre, il s’échouait à la pointe d’Alboassa à 10 milles dans l’est de Tanger.
Renfloué deux jours plus tard, le navire entrait en cale sèche à Cadix. Et par avenant du 21 Décembre, il fut stipulé que le voilier serait remis à la SGTM après réparations.
BON PREMIER devint donc le 5 Mars 1917 le seul et unique voilier jamais armé par la SGTM (Société Générale de Transport Maritime à vapeur), de Marseille.
La perte de BON PREMIER
Le navire est armé en Juin pour un voyage aux Antilles et appareille de Fort de France le 27 Août à 09h30 avec un chargement de rhum et de bois de campêche à destination de Bordeaux et Marseille.
La composition de l’équipage est la suivante :
Nom Fonction Quartier d’inscription
BRE Louis Capitaine Paimpol
GROUHEL Cassius Second cap.Auray Rescapé du brick-goélette MARIE (Cdt) coulé le 04/05/17
EGAULT Henri Lieutenant Dinan Rescapé de BERENGERE coulé le 10/05/17
LE BUHIT Pierre Mtre équip. Auray Rescapé de BERENGERE
DUBOIS Pierre Cuisinier Saint Nazaire
GOURIER Léon Charpentier Paimpol
TILLY François Matelot Auray
Thomas Eugène Matelot Belle Ile
MICHEL Adolphe Matelot Auray
BONNEAU Eugène Matelot Noirmoutier
CREMENT Louis Matelot Le Croisic
LE CARDUNER Henri Matelot Paimpol
LE GRAND JacquesMatelot Concarneau Rescapé de BERENGERE
SAMSON Paul Matelot Basse Terre
SAMSON ThéodoreMatelot Basse Terre
LE BLAY Pierre Mlot léger Auray
LACOUR Paul Mlot léger Fort de France
LUHARN Louis Novice Vannes Rescapé du chalutier COLOMBIE coulé le 03/01/17
ARDEVEN François Novice Lorient Rescapé du trois-mâts BAYONNE coulé le 13/03/17
JOLIVET François Novice Saint Nazaire
BOTHEREL Jean Mousse Morlaix
GERMOUTE Eloi Mousse Fort de France
Rapport du capitaine BRE
« Après avoir établi toute la voilure et fait route au plus près dans les alizés de NE, passant sous le vent de La Dominique, La Guadeloupe et La Barbade, j’ai fait route par jolie brise jusqu’au 4 Septembre, jusqu’au point 33°26 N 70°18 W.
Le vent hale au N/ENE jusqu’au 7 Septembre, avec grosse houle fatiguant le navire.
Aperçu Flores et Corvo (Açores) par temps orageux le 12 Septembre.
Aperçu ce jour un navire avec lequel j’ai communiqué par signaux dans un moment d’éclaircie (nota : il s’agissait du trois-mâts barque NEUILLY – voir fiche de ce navire)
Les jours suivants, vent variant du N au NE avec ciel couvert et embrumé.
Communiqué avec un navire le 27 Septembre, puis à nouveau le 29 au matin, avec vents variables de N-NE. (nota : il s’agissait cette fois du trois-mâts barque EUGENIE FAUTREL qui sera coulé ce même jour par le même sous-marin)
Je navigue sous perroquets volants avec brise fraîche.
A 18h44 le timonier me signale quelque chose que je reconnais être un sous-marin, quoique l’horizon soit toujours brumeux.
Aussitôt, je fais appeler la bordée de quart en bas et fait prévenir l’équipage d’être prêt à toute éventualité. J’ordonne à la bordée de quart de carguer les perroquets et de brasser le grand phare sur le mât. A 19h00 nous essuyons le premier coup de canon dont l’obus tombe à 30 m sur bâbord. Ainsi fixé sur la nationalité de l’ennemi, je fais mettre les embarcations de sauvetage à la mer.
L’ennemi tire six coups en dix minutes et coupe les garants de la baleinière n° 2 sur bâbord. Aussitôt j’ordonne à l’équipage de se reporter sur la baleinière n° 1 promptement mise à la mer et j’y fais embarquer tout l’équipage dans l'ordre légal. Je cours à l’arrière pour sauver les papiers du bord, tandis que l’ennemi continue à bombarder, mais sans résultat à cause de la grande houle qui lui cause un fort roulis.
Comme le navire marchait très lentement, nous nous sommes écartés pour sauver la vie de mes hommes et suivre la destruction du navire par le pirate.
Nous étant écartés de 25 m, le sous-marin, qui se tenait sur la hanche bâbord arrière a encore tiré deux obus, mais sans nous atteindre.
L’un des obus a atteint l’arrière bâbord au dessus de la flottaison. Le sous-marin s’est approché du navire qui avait pris feu sur l’arrière. Le feu s’est propagé à tout le navire.
Le sous-marin nous a accosté et le commandant m’a demandé le nom du navire, la nature du chargement, la provenance et la destination. Puis il est retourné le long du bord et, à nouveau, a tiré à bout portant sur le côté tribord. Puis il a fait route à l’ouest à très petite vitesse, laissant le BON PREMIER se consumer. 43 obus avaient été tirés par les artilleurs.
Le BON PREMIER a coulé subitement à 20h55.
Quand le sous-marin s’est trouvé hors de vue, nous avons établi la voilure et avons fait route au plus près, par vent d’est, grosse brise et grosse houle les 29 et 30 Septembre, puis calme plat les 1er et 2 Octobre.
Nous avons alors ramé pour atteindre le port de La Corogne où nous sommes arrivés au complet le 2 Octobre vers 16h30.
Fait sous réserve d’amplification à La Corogne le 2 Octobre 1917. Affirmé avec audition de l’équipage. »
Ce rapport est un modèle du genre, écrit avec beaucoup de simplicité, de modestie et de clarté. Mais on imagine l’odyssée de ces hommes, au milieu de l’Atlantique, à plus de 300 milles du cap Finisterre, dans une petite baleinière et par mauvais temps…
La commission d’enquête conclut :
« Surpris au large le 29 Septembre dernier, le BON PREMIER ne pouvait rien contre un adversaire marchant bien et armé de 2 canons. A la tombée de la nuit, il a cherché à échapper au sous-marin en laissant porter pour changer de route une fois la nuit arrivée. Mais pareille manœuvre restait vaine à l’heure à laquelle la rencontre s’est produite.
La commission estime que le capitaine a bien agi en ne songeant qu’au salut de son équipage et a fait preuve en la circonstance de beaucoup de calme. »
Des témoignages officiels de satisfaction seront décernés à :
- BRE Louis Capitaine, pour le sang froid et l’énergie qu’il a montré dans le sauvetage de son équipage.
- GROUHEL Cassius Second capitaine rescapé du navire qu’il commandait, le brick-goélette
MARIE coulé le 04/05/17 à 30 milles dans le sud de Waterford.
- EGAULT Henri Lieutenant rescapé du trois-mâts BERENGERE coulé le 10/05/17 à 150 milles
dans l’ouest de Queenstown
- LE BUHIT Pierre Maître d’équipage également rescapé du BERENGERE
- LE GRAND Jacques Matelot également rescapé du BERENGERE
A noter que ces trois hommes n’avaient reçu aucune indemnité de la compagnie à laquelle appartenait le BERANGERE.
- LUHARN Louis Novice rescapé du chalutier COLOMBIE coulé le 03/01/17 à hauteur de
Chassiron
- ARDEVIN François Novice rescapé du trois-mâts BAYONNE coulé le 03/03/17 à 23 milles de
Start Point
A noter que ce dernier novice avait du rester trois semaines à l’hôpital de Southampton et n’avait reçu aucune indemnité de sa compagnie.
Le sous-marin attaquant
C'était l’U 60 du KL Karl Georg Schuster. La position du naufrage est
46°06’ N 11°25’ W
Cdlt
Olivier