Bonjour à tous,
VILLE DE BÔNE
Rencontre avec un sous-marin le 29 Août 1916
Vapeur français de 1682 tx
Navire armé d’un canon de 65 mm modèle 1902 sur affût à berceau
Rapport du capitaine
Le sous-marin a été aperçu à 09h35 par 40°10 N et 02°30 E. La chasse a été levée par 40°10 N et 02°40 E.
Nous faisions route au S25W à 9 nœuds. Très beau temps. Un vapeur a été aperçu qui faisait route opposée et vint brusquement sur tribord quand le sous-marin a commencé à le canonner. Après être passé sur l’avant du vapeur qui coulait, le sous-marin s’est dirigé sur nous et a ouvert le feu de 8000 m environ. Il a tiré 3 coups de canon à intervalles de 2 minutes, dont le premier est tombé à 600 m sur l’arrière et les deux suivants furent courts de 200 à 300 m. A 10h05, nous avons riposté et tiré avec une hausse de 7000 m six coups qui parurent longs.
Le sous-marin a alors abandonné la poursuite.
Description du sous-marin
90 à100 m de longueur
2canons près du kiosque, sur l’avant et sur l’arrière
Couleur toile mouillée.
Voici sa silhouette
Lettre du capitaine BONELLI à son chef d’armement. 10 Septembre 1916
Je suis parti de Cette à 11h00 du matin le 28 Août 1916 à une vitesse de 11 nœuds. Mais dans la nuit du 28 au 29, suite à une avarie de chaudière, la vitesse a été réduite ce qui m’a obligé à passer la 2e zone de jour, c’est-à-dire à 09h35 le 29.
Veuillez agréer, Monsieur le Chef d’Armement, l’assurance de mes sentiments respectueux et dévoués.
Proposition de récompense
Citation à l’Ordre de la Division
BONELLI André CLC Capitaine Bastia 231
Fait preuve d’intelligence, d’énergie et de sang froid lors d’une attaque de son bâtiment par un sous-marin le 29 Août 1916.
Lettre de Jules CHARLES-ROUX, Président de la Transat, au Ministre. 28 Septembre 1916
J’ai l’honneur de porter à votre connaissance les incidents de voyage survenus au paquebot VILLE DE BONE durant sa traversée de Cette à Oran.
Le 29 Août dernier VILLE DE BÔNE rencontra un sous-marin qui commença aussitôt à le canonner. A la vue du sous-marin, les officiers et l’équipage se portèrent à leur poste, les canonniers à leur pièce, et l’opérateur fit les signaux d’appel réglementaires.
Le sous-marin, se dirigeant sur le navire, tira 3 coups de canon dont les projectiles tombèrent entre 600 et 300 m du bord. Le commandant ordonna de tirer et après le 3e coup de VILLE DE BÔNE, le sous-marin, cessa le feu, abandonna la poursuite et disparut.
Je tiens à vous signaler la conduite digne d’éloges, le courage et le sang froid que tous, commandant, officiers, matelots, chauffeurs et canonniers ont su montrer en cette circonstance et je vous serais très reconnaissant si vous vouliez bien examiner la possibilité d’accorder une récompense à tout le personnel de VILLE DE BÔNE.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, les assurances de ma haute considération.
Réponse de l’Amiral LACAZE. 8 Octobre 1916
Par votre lettre du 28 Septembre, vous m’avez fait connaître votre désir de voir attribuer une récompense au commandant et au personnel de VILLE DE BÔNE à l’occasion de la rencontre d’un sous-marin le 29 Août dernier.
Le rapport de cette rencontre s’exprime ainsi :
« Le sous-marin a abandonné la poursuite après avoir tiré 3 coups de canon seulement sur VILLE DE BÔNE. Les projectiles tombèrent assez loin du bâtiment. »
Ce sont d’ailleurs à peu près les termes de votre lettre.
Vous estimerez sans doute avec moi que VILLE DE BÔNE n’a pas supporté une épreuve bien rude et bien prolongée.
A la vérité, le capitaine Bonelli a exécuté correctement la manœuvre qu’il avait à faire. Son équipage a montré le calme désirable. L’un et l’autre méritent d’en être félicités.
Lettre de l’Amiral LACAZE au préfet Maritime de la 5e région. 8 Octobre 1916
Le vapeur VILLE DE BÔNE, de la Cie Générale Transatlantique, a échappé le 29 Août dernier à une attaque de sous-marin qui le canonnait de très loin.
Je vous prie de vouloir bien féliciter de ma part son commandant, le capitaine André Bonelli, Bastia 231, pour la manière dont il a manœuvré et pour avoir su maintenir dans son équipage le calme et le sang froid désirable.
(Il n’y a donc pas eu de Citation à l’Ordre de la Division pour le capitaine Bonelli.)
Le sous-marin rencontré
C’était donc l’U 38 du Kptlt Max VALENTINER
Le vapeur que les hommes de VILLE DE BÔNE ont vu couler était le belge ANTIGOON (ex B.T. ROBINSON) qui allait de Cardiff à Gênes avec un chargement de charbon.
Cdlt