Bonjour à tous,
Voici les circonstances du torpillage du COLBERT
Le COLBERT, 8000t, armateur Groszos et Fils, avait quitté Marseille le 28 Avril 1917, en convoi avec l’HIMALAYA, transportant des troupes à destination de Salonique .
Capitaine COMMELIN de LAVOLE Lieutenant de Vaisseau auxiliaire immatriculé à Saint Nazaire
Second ROUILLE Frédéric Capitaine au long cours immatriculé à Saint Malo
Lieutenant LE DAMANY Louis CLC immatriculé à Dinan
Lieutenant GAUTIER Elie CLC immatriculé à Granville
Armé d’un canon servi par
GERMAIN Marius QM canonnier
DEVOS Jules Mlot canonnier
SALABERT Noël Mlot canonnier
KERISIT Yves Mlot fusilier
TADDEI Louis Canonnier auxiliaire
Autres militaires embarqués à l’équipage
GILBERT René Timonier
PEYROT Albert Boulanger coq
VACANCE Auguste Boulanger coq
DENOUAL Emile TSF
Total équipage 48
Total passagers 152
Le 30 Avril à 10h00, le convoi se trouve par 37°12N et 08°25 E (NW du cap Rose) route au N75E en ligne de file, HIMALAYA en tête et COLBERT en seconde position à 800m.
Beau temps, mer peu houleuse, bonne visibilité.
Soudain, le canonnier Salabert voit à 60m sur tribord le sillage d’une torpille. Il sonne la cloche de brume. L’officier de quart, le 2e lieutenant Gautier, met la barre toute à droite, mais il est trop tard. La torpille frappe le navire entre les cales 3 et 4, à 4m sous la flottaison. L’eau envahit immédiatement les machines par le tunnel, avec une telle rapidité que mécaniciens et chauffeurs ne songent qu’à se sauver, laissant les machines en marche.
L’officier de quart fait tinter la cloche pour appeler aux postes d’abandon. Il tente de diriger les opérations de sauvetage, mais doit quitter la passerelle, le navire s’enfonçant rapidement. L’eau sortait déjà par les manches du château une minute après l’explosion.
Officiers et équipage sont à leur poste et tentent de rassurer les passagers et de déborder embarcations et radeaux. Mais le sauvetage est difficile en raison de la frayeur des passagers et de la rapidité avec laquelle le navire s’enfonce. L’ordre de stopper n’ayant pas été donné, les embarcations chavirent et les radeaux s’éloignent de ceux qui se jettent à la mer pour les rejoindre. Sur 4 embarcations, une seule put être utilisée.
En fait, équipage et passagers durent surtout leur salut aux ceintures de sauvetage et aux divers engins flottants, bottes de paille, planches, auxquels ils s’accrochèrent.
Le COLBERT disparut à 10h05, cinq minutes seulement après l’explosion de la torpille.
A 10h30, le sous-marin émergea et accosta l’embarcation. Il y avait deux hommes sur le kiosque dont un officier, sans doute le commandant, imberbe et qui parlait français. Il demanda le nom du navire. On lui répondit « le COLBERT ». Le sous-marin, gris clair, long d’environ 70m, avait un canon de 90 ou 100mm sur l’avant du kiosque.
Le sous-marin resta en surface une dizaine de minutes, au milieu des épaves. Puis il s’éloigna vers l’Ouest, en surface, à 10h40. C’est alors qu’un chalutier arrivant de l’Est ouvrit le feu et trois obus tombèrent entre 10 et 30m du sous-marin. Celui-ci plongea aussitôt, en moins de deux minutes.
Ce chalutier, l’ALCYON recueillit les naufragés qui étaient restés entre deux heures et deux heures trente dans l’eau.
10 hommes du COLBERT, dont le commandant, et 48 passagers avaient disparu.
Tous, hommes d’équipage comme passagers témoignent de leur reconnaissance au commandant de l’ALCYON et à tout son équipage pour les soins qui leur ont été donnés à bord.
Ils louent aussi le sang-froid, le courage et le dévouement des officiers et marins du COLBERT pendant les opérations de sauvetage jusqu’à l’arrivée du chalutier.
Se sont particulièrement signalés :
GAUTIER Elie CLC 2e lieutenant Granville
GERMAIN Marius QM canonnier
DUCHENE Claude Maître charpentier Marseille
ARTIE Achille 1er chauffeur Bayonne
DUPRAT Blaise Chauffeur Bayonne
qui se sont jetés à la mer pour sauver des militaires au moment où ils coulaient, et les ont ramenés sur les radeaux.
Le lieutenant Gautier a quitté le bord le dernier après avoir dirigé dans de bonnes conditions la mise à l’eau d’une embarcation et d’un radeau chargés de militaires. Il s’est jeté à l’eau muni de sa seule ceinture de sauvetage au moment où le navire se dressait verticalement. Il a aussitôt gagné un radeau qui flottait à 20m et sur lequel se trouvaient 10 hommes. Il leur a recommandé de s’allonger sur le radeau et de s’y cramponner pour ne pas être entraînés par les remous. Bien que submergés à deux reprises pendant que le navire coulait, les hommes, encouragés par le lieutenant Gautier y restèrent cramponnés sauf deux qui faillirent couler. Le lieutenant Gautier se jeta à nouveau à la mer et parvint à les ramener sur le radeau.
L’ALCYON est arrivé à Bône à 17h00. L’équipage fut dirigé sur la caserne où il fut habillé et nourri.
L’enquête est dirigée par le CF Wolf.
Liste des marins rescapés du COLBERT
ROUILLE Frédéric Saint Malo
LE DAMANY Louis Dinan
GAUTIER Elie Granville
LESCOP Charles Le Havre
PERSON Victor Le Havre
SAVIDAN Charles Le Havre
GACHET Thomas Vannes
MATTEFI Antoine Marseille
TOCHE François La Ciotat
CORSO Léonard Alger
HALGAND Jean Saint Nazaire
ANDREU Charles Nantes
BONNIEUL Ernest Saint Pierre et Miquelon
CREPIN Gaston Marseille
HERJEAN Yves Camaret
HAMON François Saint Brieuc
DUCHENE Claude Marseille
ASTIE Achille Narbonne
HENAFF Jean Brest
TOULLIEF François Quimper
GORON Ernest La Rochelle
DUPRAT Blaise Bayonne
RAZER Vincent Lorient
DESCAMPS Jean-Baptiste Boulogne
RIERE Vincent Port Vendres
CATONI Joseph Bastia
POLON Joseph Oran
RICHAUD René
COTARD Jean-Baptiste Saint Brieuc
ROBERT Victor
Militaires appartenant à l’équipage
GERMAIN Marius
KERISIT Yves Audierne
SALABERT Noël Cette
DEVOS Jules
GILBERT René
VACANCE Auguste
PEYROT Albert
DENOUAL Emile
Soit 38 rescapés sur 48 hommes d’équipage.
Récompenses
L’officier enquêteur signale que le sauvetage a été très difficile, l’eau ayant envahi les machines et celles-ci n’ayant pu être stoppées. Cela a entraîné de nombreuses disparitions, dont celle du capitaine Commelin. Celui-ci s’était distingué quelques jours auparavant en manoeuvrant adroitement pour éviter une torpille.
Sont cités à l’ordre de l’armée
COMMELIN François LV auxiliaire Commandant le COLBERT
« A fait preuve au cours de plusieurs rencontres avec des sous-marins des plus belles qualités de sang-froid et de courage. A disparu le 30 Avril 17 avec son bâtiment torpillé. Déjà cité à l’ordre de l’armée et décoré pour faits de guerre. »
ROUILLE Frédéric CLC Second capitaine du COLBERT
« Officier particulièrement énergique. S’est signalé lors du torpillage de son bâtiment dont il a assuré l’évacuation avec le plus grand sang-froid. Déjà cité et décoré pour fait de guerre »
Sont cités à l’ordre de la Division
GAUTIER Elie CLC Lieutenant
GERMAIN Marius QM canonnier
DUCHENE Claude Mtre charpentier
ASTIE Achille 1er chauffeur
DUPRAT Blaise Chauffeur
HENAFF Jean Chauffeur
« Pour l’énergie et le dévouement dont ils ont fait preuve lors du torpillage de leur bâtiment par un sous-marin »
Le sous- marin attaquant
C’était donc l’UC 37 de l’OL Otto LAUNBURG
La description faite du commandant du sous-marin est intéressante car c’est la 3e fois qu’il est signalé comme étant francophone. Les témoignages des rescapés du SAINT SIMON et de l’ERNEST SIMONS, torpillés par lui le 3 Avril précédent rapportaient le même fait. (voir fiches de ces navires)
Grâce à Yves, voici deux clichés d’Otto Launburg
L’un (publié en Octobre 2008 dans « Navires et Marine Marchande » et figurant sur le site histomar.net) le montre alors qu’il était sur l’U 35 d’Arnauld de la Périère dont il fut le second pendant quelques mois
Et l’autre alors qu’il faisait du tourisme en 1916 à Castel Nuovo (aujourd’hui Herceg Novi) visitant l’église grecque.
Launburg est de face à droite et l’officier de dos est l’ingénieur mécanicien Fechter, de l’U 35.
Et voici cette église (monastère de Savina ) telle qu’elle est aujourd’hui…
Derrière l'église on a une vue superbe sur le fjord de Kotor (ancienne Cattaro) où venait mouiller le bâtiment base GÄA et se réfugier les sous-marins de la flottille Pola-Mittelmeer
Cdlt