PORTUGAL Navire-hôpital (1915 – 1916)
30.03.1916 : torpillé au mouillage de Batoum (Mer Noire) par le sous-marin allemand U 33.
Bonjour à tous,
Les circonstances du torpillage du navire-hôpital
Portugal furent relatées de la sorte par
Le Figaro n° 93 du Dimanche 2 avril 1916, pages 1 et 2 :
"Le torpillage du Portugal. -
Le chambellan Golouboff, délégué général de la Croix-Rouge auprès de l'armée du Caucase, a adressé à l'administration générale le télégramme suivant [1] :
Le 30 mars, à 8 h 1/2, près de Pathie, le navire-hôpital français Portugal, mis au service de la Russie, était au mouillage lorqu'il fut touché par un sous-marin ennemi, qui lui lança deux torpilles à faible distance.
La seconde torpille atteignit les machines et le navire coula en moins d'une minute.
Quatre canots de sauvetage d'un chalutier et un torpilleur, qui suivaient le Portugal, sauvèrent onze soeurs de charité sur les vingt-six appartenant au navire. Trois commandants, dont le commandant français Duvent, furent aussi sauvés, ainsi que deux médecins, un prêtre, cent-vingt-six matelots-infirmiers et treize hommes russes d'équipage français.
Le comte Tatischeff, délégué de la Croix-Rouge, un médecin, la doyenne des Soeurs de charité, la baronne Meyendorff, ainsi que quatorze soeurs de charité manquent à l'appel. On signale également la disparition de cinquante matelots-infirmiers russes et de vingt-neuf hommes d'équipage français.
D'après les dires du commandant du Portugal, le navire portait à son bord 273 personnes, dont 158 ont été sauvées.
Dès la réception de la nouvelle de ce méfait, le chambellan Golouboff se rendit sur les lieux du naufrage et fit transporter les victimes dans l'hôpital de la Croix-Rouge.
Le télégramme confirme que le Portugal arborait tous les signes distinctifs de la Croix-Rouge et portait son pavillon réglementaire.
Le paquebot Portugal, qui appartenait à la Compagnie des Messageries maritimes, se trouvait dans la mer Noire au moment où les Turc ouvrirent subitement les hostillités. On se souvient que le 20 [sic] octobre 1914, sans motif et sans que rien ait pu faire prévoir cet événement, trois torpilleurs turcs se sont présentés à l'improviste devant Odessa. Ils ont coulé dans ce port la canonnière Donetz et canonné le Portugal, à bord duquel deux personnes furent tuées.
Le Portugal, ne pouvant plus franchir les détroits, devait rester dans la mer Noire et une entente est intervenue entre la Compagnie propriétaire et le Gouvernement russe pour sa transformation en navire-hôpital. L'état-major et l'équipage, sinon en totalité du moins en partie, restèrent à bord ; c'est ce qui explique le nombre important de marins français disparus dans la catastrophe.
Le Portugal jaugeait [llisible] tonnes et pouvait recevoir environ 800 blessés. Il était peint en blanc avec d'énormes croix rouges à la proue et aux flancs. Depuis la chute d'Erzeroum, il explorait de temps en temps le littoral, où il recueillait les blessés.
Le marquis de Vogüe, président du Comité central de la Croix-Rouge française, a reçu ce matin du président du Comité central de la Croix-Rouge russe la dépêche suivante :
" Le 17 mars, à 8 h 30 du matin, le bâtiment-hôpital
Portugal, appartenant à notre Société, fut attaqué en rade de la mer Noire par un sous-marin ennemi et coulé avec 115 personnes de son personnel sanitaire. Vu que le nom du bâtiment-hôpital
Portugal avait été officiellement notifié aux puissances adverses et avait été muni des signes extérieurs exigés par l'article 5 de la Convention de La Haye de 1907, toute méprise est exclue. La Société russe de la Croix-Rouge proteste avec toute l'énergie possible contre cet acte épouvantable formant une grande infraction à la Convention de La Haye de 1907. "
Le marquis de Vogüe a répondu [2]:
" Comité central de la Croix-Rouge russe, Pétrograd,
Apprenons avec une vive indignation la criminelle destruction du
Portugal. Protestons contre cette violation barbare non seulement des lois de l'humanité, mais des plus solennels engagements internationaux et rendons hommage ému aux membres disparus de l'admirable personnel de la Croix-Rouge russe."
La nouvelle du torpillage du Portugal a produit une vive émotion à Marseille, port d'attache du paquebot, où beaucoup de membres de l'équipage ont leur famille. "
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[1] : Même télégramme publié dans
La Croix, n° 10.144, du Dimanche 2 avril 1916, p. 1 & 2.
[2] : Même télégramme publié dans
La Croix, n° 10.145, du Mardi 2 avril 1916, p. 7. Il est en outre précisé dans cette livraison que le nombre de victimes est de 125.
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Bien à vous,
Daniel.