Re: mort ou pas?
Publié : dim. janv. 02, 2005 8:40 pm
Bonsoir,
Au risque de passer pour un vieux con -à 37 ans, je serais précoce- je me dois tout de même d'apporter une réflexion qui m'est venue à la lecture de votre message et me taraude quelque peu...
Il ne s'agit pas du message à proprement parler, mais de la toute fin du post-scriptum : "je ne pardonnerai jamais cela aux allemands".
Il me semble sain de s'émouvoir devant le spectacle des tombes de jeunes Français dont certains sont morts à l'âge que vous avez. Vous pourriez cependant verser les mêmes larmes dans un cimetière allemand (ou américain, anglais, belge, autrichien, etc.). Je vais vous dire pourquoi. Pas d'inquiétude, ce sera bref.
Lorsque j'avais votre âge, je ne voyais pas les choses avec autant de bienveillance que je les vois à présent. Puis mes parents m'ont rappelé que si deux de mes ancêtres étaient dans l'armée française en 1914, un autre, alsacien, était dans l'armée allemande (c'est lui, là, à gauche). Ensuite j'ai découvert que mon arrière-grand-père tué en octobre 1914 dans la Meuse, père de quatre enfants, avait été achevé par les Allemands. Et pourtant, aujourd'hui, l'un de mes meilleurs amis est allemand. Et ce pour une bonne raison que je vous laisse méditer :
George Santayana a écrit : "Ceux qui ignorent l'histoire sont condamnés à la répéter."
Je vous laisse y réfléchir, en jetant aussi, à l'occasion, un coup d'oeil à la très belle sculpture, Les Parents Affligés, de Käthe Kollwitz à Langemark. Ces parents-là étaient certes allemands, mais la perte d'un enfant est irréparable dans tous les pays du monde. Quand vous en aurez, c'est tout le mal que je vous souhaite, vous comprendrez mieux mon message, je l'espère.
Bien cordialement et pacifiquement
Eric Mansuy
Au risque de passer pour un vieux con -à 37 ans, je serais précoce- je me dois tout de même d'apporter une réflexion qui m'est venue à la lecture de votre message et me taraude quelque peu...
Il ne s'agit pas du message à proprement parler, mais de la toute fin du post-scriptum : "je ne pardonnerai jamais cela aux allemands".
Il me semble sain de s'émouvoir devant le spectacle des tombes de jeunes Français dont certains sont morts à l'âge que vous avez. Vous pourriez cependant verser les mêmes larmes dans un cimetière allemand (ou américain, anglais, belge, autrichien, etc.). Je vais vous dire pourquoi. Pas d'inquiétude, ce sera bref.
Lorsque j'avais votre âge, je ne voyais pas les choses avec autant de bienveillance que je les vois à présent. Puis mes parents m'ont rappelé que si deux de mes ancêtres étaient dans l'armée française en 1914, un autre, alsacien, était dans l'armée allemande (c'est lui, là, à gauche). Ensuite j'ai découvert que mon arrière-grand-père tué en octobre 1914 dans la Meuse, père de quatre enfants, avait été achevé par les Allemands. Et pourtant, aujourd'hui, l'un de mes meilleurs amis est allemand. Et ce pour une bonne raison que je vous laisse méditer :
George Santayana a écrit : "Ceux qui ignorent l'histoire sont condamnés à la répéter."
Je vous laisse y réfléchir, en jetant aussi, à l'occasion, un coup d'oeil à la très belle sculpture, Les Parents Affligés, de Käthe Kollwitz à Langemark. Ces parents-là étaient certes allemands, mais la perte d'un enfant est irréparable dans tous les pays du monde. Quand vous en aurez, c'est tout le mal que je vous souhaite, vous comprendrez mieux mon message, je l'espère.
Bien cordialement et pacifiquement
Eric Mansuy