Bonjour à tous,
aujourd'hui, direction le lunévillois, plus précisément en avant de la trouée de Charmes, à 15 kms de la frontière, visitez le fort de Manonviller.
Bien des légendes ont été écrites sur le fort, notamment celle qui a un petit peu embrumé les esprits, que le fort de Manonviller était le plus puissant de France, rien n'est plus faux!
ce fort construit en maçonnerie de 1879 à 1882, sétend sur une superficie de 7 hectares, c'est un beau bébé!
la garnison pouvait montée jusqu'à 916 hommes, en 1914 au plus fort de la bataille, celle-ci est de 750 hommes, il est puissamment armé avec ses 52 pièces. Après la crise de l'obus torpille, le fort va subir des modernisations, tous d'abords de 1892 à 1895 avec le béton spécial et l'implantation de cuirassements, puis en 1913, on renforcera avec du béton armé certaines parties du fort. en 1914, le fort est armé de 2 tourelles en fonte dure Mougin pour deux canons de 155L, 2 tourelles à eclipse Galopin pour 2 155L, 2 tourelles à eclipse Bussières pour 2 canons de 57, 2 tourelles de projecteur, 1 tourelle à eclipse pour 1 mitrailleuse Gatling, 9 observatoires cuirassés. son gouverneur est le chef de bataillon Rocolle.
A la déclaration de guerre le fort est mis en état de défense, il est chargé de détruire un viaduc pas très loin de là et surtout la ligne ferroviaire en direction de Avricourt. Il doit par ses feux retardé le plus possible l'ennemi qui tenterait une attaque par la trouée de Charmes. A la déclaration de guerre, le fort est prêt, il va intervenir régulièrement sur des troupes ennemies, des patrouilles jusqu'au moment de l'attaque c'est à dire le 25 août 1914. le bombardement du fort commence à 9h20 du matin, avec du petit calibre, mais surtout du 15cm, du 21cm, du 30,5cm, le 26 août à 4h30 du matin le premier obus de 42cm tombe sur le fort, le bombardement se poursuivra jusqu'au 27 août à 16h00, heure à laquelle le fort se rendra. 54h40 de combat, dans les pires conditions, sous un déluge de feu, le fort aura reçu plusierus milliers d'obus de petit calibre, 976 obus de 15, 4596 obus de 21, 134 obus de 30,5, 158 obus de 42. la reddition du fort décidé par Rocolle et ses officiers va avoir des conséquences très grave sur la suite de la guerre avec le maintien ou non des forts, il passera devant un conseil de guerre, il sera dégagé de toutes responsabilités. à la reddition, le fort a encore une tourelle de 57 en état, la tourelle de mitrailleuse et celle de projecteur, les communications souterraines avec Toul sont coupées, le poste de télégraphie optique est détruit, reste le pigeonnier avec ses 25 pigeons. la garnison compte 9 tués et 20 blessés, mais une bonne partie est en mauvais état du fait de l'intoxication due à l'usine électrique ayant sa cheminée bouchée a renvoyée des gaz dans l'ouvrage, les ventilateurs fonctionnant parfaitement aspiraient de l'air du dehors, mais fortement remplie de monxyde de carbone, l'air était irrespirable, la garnison a pu tenir tous ce temps, car elle possédait des bouteilles d'oxygène ce qui a permit de prolonger les hommes, il était impossible de sortir dehors, un vrai déluge!
Le fort a bien tenté de riposter mais sans grand succès, surtout que les pièces allemandes étaient hors de portée du fort, ses tourelles ne dépassant pas 7500m, les 420 étaient à la gare d'Avricourt à 14 kms de là!
les 420 ont tirés du 26 août (4h30) au 27 (15h30).
le fort fut donc récupéré par les allemands, mais ceux-ci s'en servirent pour leur propagande, après une visite du roi de Bavières, il rassemblèrent toutes les munitions du fort, formèrent 18 fourneaux, qu'ils arrosèrent avec 40 000 litres d'essence, la mise à feu se fit à la gare de Laneuveville aux Bois. l'explosion fut terrible!
les allemands prirent des photos sous tous les angles et s'empressèrent de les envoyer à notre état-major qui s'émeut du sort de Manonviller. Ce qui infuença largement à la fameuse note d'août 1915 prévoyant le désarmement des forts et leur destruction. les allemands l'abandonnèrent quelques temps après, les français le récupérant, s'en servir d'abris et d'hôpital, lors de la visite, vous pourrez voir certains aménagements dans les galeries, ils ont bouchés ce qu'ils pouvaient, créé des chicanes avec meurtrière dans les gaines comme celles que l'on trouvent à verdun dans les forts.
En 1924, une commission se réunit afin de décider du devenir de Manonviller, il fut vendu en 1935 à un particulier, M. Fleurent. le fort possédant encore toutes sa ferraille en 1940, fut ferraillé par l'occupant.
Dans les années 60, le fort servit de champignonnières.
Voilà Manonviller en quelques lignes, alors lire "le béton paie t'il" de Rocolle et faire une visite après sur les lieux, c'est quelque chose que l'on oublie pas. Le fort aujourd'hui laisse encore apparaître sa masse sombre à l'horizon, ouvrage blessé à mort, mais qui lors de sa visite nous réserve quelques surprises, à voir absolument!
le fort est toujours propriété privé et interdit d'accès
maintenant place aux photos!
Vues aériennes du fort et du village du même nom
Vues aériennes indiquant la gare de Laneuveville aux Bois à 1km, là où fut placée la mise à feu des fourneaux
Voici une des photos de propagande allemande, notez que l'on aperçoit nettement le casernement non renforcé qui s'est effondré, on voit également que les coffres sont détruit, naturellement les cuirassements sont déchiquetés, j'ai indiqué par des flèches leur emplacement
lorsque vous arrivez à hauteur du bois, juste au bord de la route, vous apercevrez une stèle installée là par les rescapés du fort
la gorge de l'ouvrage, le pont a bien entendu disparu
le fossé de gorge de gauche était défendu par un coffre flanquant, vue extérieure et intérieure