Re: Cumières le mort homme il y a 100ans
Publié : jeu. mai 12, 2016 6:03 pm
Bonjour à toutes et à tous,
Je voudrai vous faire partager les derniers jours d'un brave du 154RI tombé le 29 mai. Mon texte est tiré du jmo du même régiment.
le 24 mai, le 154Ri retrouve les premières lignes. La traversée du bois bourru se fait sous un déluge de feu.
Le premier bataillon se trouve face au Mort-Homme, dans les "tranchées de Marne"
Des compagnies de Zouaves sont postées dans les "tranchées de Foix er Périguord"
Le second bataillon se trouve dans les "tranchées Guibotat et Corse"
Une compagnie est stationnée au "Bois des Caurettes"
La circulation est impossible, les tranchées et boyaux sont nivelés par les bombardements. Même la nuit, les travailleurs ne peuvent rien faire faute de ravitaillement en matériel.
Le 26 mai, les hommes doivent faire face à un furieux bombardement avec du gros calibre. Les armes, les équipements, les outils, les effets, les abris sont détruits. Quant aux
tranchées, elles n'existent plus. Sous ce feu roulant,il est impossible de ravitailler, ni d'évacuer les blessés. d'ailleurs, beaucoup meurent sans avoir reçu de soins.
Loin de s'arrêter, le pilonnage intensif se poursuit. Le 27 mai, la situation du bataillon Eyrand est effroyable. Les hommes n'ont ni eau, ni vivre et sont contamment sous les obus de 210 et les mines.
Le 28 mai, l'aviation ennemie survole les lignes sans être inquiétée et transmet des informations précieuses à l'artillerie. Celle-ci s'acharne sur le secteur. Le bataillon Lauzon ne peut effectuer complétement a relève du bataillon Eyrand. seule une compagnie y parvient, les autres sont containtes à se replier sur la deuxième position, au nord de Chattencourt.
Le 29 mai, à 5h, sur ordre de la brigade, le 1er bataillon fait allumer des feux de bengale pour jalonner sa ligne et ainsi renseigner l'artillerie. De son côté, l'artillerie allemande en profite pour bombarder à outrance. A 7h30, les hommes du secteur apprennent que la"tranchée Corse" est prise. A 10h30, 11h30, 13h15, 14h30, la brigade envoie des messages téléphoniques et des plis pour avoir des nouvelles de cette tranchée.
Dans le "bois des Caurettes", les compagnies doivent recevoir l'ordre de contre-attaquer à la grenade pour rallier le bataillon Voiturier. Quoiqu'il arrive,le secteur doit être tenu.
Mais, encore faut-il que les messagers parviennent jusqu'à eux. Or, tous les coureurs envoyés sont tués.
Ces pauvres gars sont enviés par leurs camaradesqui, les voyant à l'abri près des officiers, ne s'imaginent pas ce qu'ils endurent lorsqu'il leur faut, sous un déluge d'artillerie, porter en première ligneles derniers ordres, "toujours urgents". Combien ont été tués dans le dédale de boyaux et de trous d'obus pour mener aux troupes de l'avant un pli parfois bien anodin?
La situation empire. Les tirs de barrage sont toujours plus terrbles et la fumée d'explosion couvre le secteur, empêchant toute observation.
A 15h, le commandant signale qu'un obus à la seconde s'abat sur ses tranchées. La circulation en sécurité étant impossible, la relève est ajournée.
Vers 18h30, le déclenchement de la poussée germanique est si forte qu'elle submerge et isole les défenseurs des "tranchées Corse, Guiborat,et des Caurettes".
On est sans nouvelle des troupes voisines, mais les chefs d'escadron d'artillerie Coulin et Pujo affirment que, jusqu'à 23h, ils ont pu voir de leur observatoire des fusées monter de leurs lignes.
Le lendemain , un prisonnier allemand confirme que le bataillon résiste encore, mais aucune nouvelle des deux autres.
Les ordres de la brigade autorisant leur retraite tardent trop à venir et les tentatives pour tenter de renouer la jonction s'avèrent infructueuses. De ce fait, les "tranchées de la Marne et du bois des Caurettes" sont finalement reprises par l'ennemi.
comment survivre dans un tel enfer? sans abri, sans vivre, sans eau, mais néanmoins avec une pluie d'obus sur la tête et la chaleur qui rend le tout encore plus insupportable. dans ces conditions, un officier racontera même qu'il a vu ses hommes boire leur urine. Mourir pouvait être alors une délivrance.
Emporté par le tourbillon de la guerre, Edouard a-t-il eut le temps de s'imaginer libéré pour toujours de cet enfer?
Il disparait le 29 mai. son corps ne sera jamais retrouvé sur cette terre boulversée, retournée, qui absorbe tout ce qui la touche.
En deux jours de combats, le 154 Ri perd l'équivalent de 3 officiers, 54 hommes, sans compter les 178 blessés. D'autre part, 21 officiers et 649 hommes sont portés disparus. Des bataillons comme le 2eme et le 3eme perdent leurs chefs et voient leurs effectifs être complétement décimés.
Edouard, comme taznt de ses camarades d'infortune, laisse une famille meurtrie. Celle-ci ne pourra pas faire son deuil, ni malgré moult recherches, se recueillir sur une sépulture. elle recevra, pour solde de tout compte, la médaille militaire attribuée à titre posthume au jeune soldat.
Disparus à jamais, les restes d'Edoaurd Regnault,s'ils ne subsistent dans la terre bouleversée de Verdun, reposent peut-être dans un des caveaux de l'ossuaire de Douaumont
Trois des jeunes de notre village tués durant le conflit appartenaient au 154RI, deux ne furent jamais retrouvés.
Voilà, j'espère que ces quelques minutes de lecture auront permis à tous ces braves de sortir quelques instants de l'oubli.
Merci de votre attention
Cordialement
Patrick.
Je suis preneur de toutes infos sur ces jours de combats
Je voudrai vous faire partager les derniers jours d'un brave du 154RI tombé le 29 mai. Mon texte est tiré du jmo du même régiment.
le 24 mai, le 154Ri retrouve les premières lignes. La traversée du bois bourru se fait sous un déluge de feu.
Le premier bataillon se trouve face au Mort-Homme, dans les "tranchées de Marne"
Des compagnies de Zouaves sont postées dans les "tranchées de Foix er Périguord"
Le second bataillon se trouve dans les "tranchées Guibotat et Corse"
Une compagnie est stationnée au "Bois des Caurettes"
La circulation est impossible, les tranchées et boyaux sont nivelés par les bombardements. Même la nuit, les travailleurs ne peuvent rien faire faute de ravitaillement en matériel.
Le 26 mai, les hommes doivent faire face à un furieux bombardement avec du gros calibre. Les armes, les équipements, les outils, les effets, les abris sont détruits. Quant aux
tranchées, elles n'existent plus. Sous ce feu roulant,il est impossible de ravitailler, ni d'évacuer les blessés. d'ailleurs, beaucoup meurent sans avoir reçu de soins.
Loin de s'arrêter, le pilonnage intensif se poursuit. Le 27 mai, la situation du bataillon Eyrand est effroyable. Les hommes n'ont ni eau, ni vivre et sont contamment sous les obus de 210 et les mines.
Le 28 mai, l'aviation ennemie survole les lignes sans être inquiétée et transmet des informations précieuses à l'artillerie. Celle-ci s'acharne sur le secteur. Le bataillon Lauzon ne peut effectuer complétement a relève du bataillon Eyrand. seule une compagnie y parvient, les autres sont containtes à se replier sur la deuxième position, au nord de Chattencourt.
Le 29 mai, à 5h, sur ordre de la brigade, le 1er bataillon fait allumer des feux de bengale pour jalonner sa ligne et ainsi renseigner l'artillerie. De son côté, l'artillerie allemande en profite pour bombarder à outrance. A 7h30, les hommes du secteur apprennent que la"tranchée Corse" est prise. A 10h30, 11h30, 13h15, 14h30, la brigade envoie des messages téléphoniques et des plis pour avoir des nouvelles de cette tranchée.
Dans le "bois des Caurettes", les compagnies doivent recevoir l'ordre de contre-attaquer à la grenade pour rallier le bataillon Voiturier. Quoiqu'il arrive,le secteur doit être tenu.
Mais, encore faut-il que les messagers parviennent jusqu'à eux. Or, tous les coureurs envoyés sont tués.
Ces pauvres gars sont enviés par leurs camaradesqui, les voyant à l'abri près des officiers, ne s'imaginent pas ce qu'ils endurent lorsqu'il leur faut, sous un déluge d'artillerie, porter en première ligneles derniers ordres, "toujours urgents". Combien ont été tués dans le dédale de boyaux et de trous d'obus pour mener aux troupes de l'avant un pli parfois bien anodin?
La situation empire. Les tirs de barrage sont toujours plus terrbles et la fumée d'explosion couvre le secteur, empêchant toute observation.
A 15h, le commandant signale qu'un obus à la seconde s'abat sur ses tranchées. La circulation en sécurité étant impossible, la relève est ajournée.
Vers 18h30, le déclenchement de la poussée germanique est si forte qu'elle submerge et isole les défenseurs des "tranchées Corse, Guiborat,et des Caurettes".
On est sans nouvelle des troupes voisines, mais les chefs d'escadron d'artillerie Coulin et Pujo affirment que, jusqu'à 23h, ils ont pu voir de leur observatoire des fusées monter de leurs lignes.
Le lendemain , un prisonnier allemand confirme que le bataillon résiste encore, mais aucune nouvelle des deux autres.
Les ordres de la brigade autorisant leur retraite tardent trop à venir et les tentatives pour tenter de renouer la jonction s'avèrent infructueuses. De ce fait, les "tranchées de la Marne et du bois des Caurettes" sont finalement reprises par l'ennemi.
comment survivre dans un tel enfer? sans abri, sans vivre, sans eau, mais néanmoins avec une pluie d'obus sur la tête et la chaleur qui rend le tout encore plus insupportable. dans ces conditions, un officier racontera même qu'il a vu ses hommes boire leur urine. Mourir pouvait être alors une délivrance.
Emporté par le tourbillon de la guerre, Edouard a-t-il eut le temps de s'imaginer libéré pour toujours de cet enfer?
Il disparait le 29 mai. son corps ne sera jamais retrouvé sur cette terre boulversée, retournée, qui absorbe tout ce qui la touche.
En deux jours de combats, le 154 Ri perd l'équivalent de 3 officiers, 54 hommes, sans compter les 178 blessés. D'autre part, 21 officiers et 649 hommes sont portés disparus. Des bataillons comme le 2eme et le 3eme perdent leurs chefs et voient leurs effectifs être complétement décimés.
Edouard, comme taznt de ses camarades d'infortune, laisse une famille meurtrie. Celle-ci ne pourra pas faire son deuil, ni malgré moult recherches, se recueillir sur une sépulture. elle recevra, pour solde de tout compte, la médaille militaire attribuée à titre posthume au jeune soldat.
Disparus à jamais, les restes d'Edoaurd Regnault,s'ils ne subsistent dans la terre bouleversée de Verdun, reposent peut-être dans un des caveaux de l'ossuaire de Douaumont
Trois des jeunes de notre village tués durant le conflit appartenaient au 154RI, deux ne furent jamais retrouvés.
Voilà, j'espère que ces quelques minutes de lecture auront permis à tous ces braves de sortir quelques instants de l'oubli.
Merci de votre attention
Cordialement
Patrick.
Je suis preneur de toutes infos sur ces jours de combats