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Re: Fantassins Français et Allemands ?

Publié : ven. oct. 28, 2005 5:49 pm
par Leo91
Bonjour à tous,

Suite à mon précédent fil "Doctrine d'emploi et instruction du fantassin" qui m'a complètement échappé, dérivant au gré des réponses dans un passionné débat au sujet des principes fondamentaux du canon de 75, je voudrais recentrer le débat :wink:

Donc pour en revenir à ma question originelle, j'aimerai connaitre, dans les grandes lignes, les spécificités des instructions inhérentes aux fantassins des deux camps ? Leurs avantages ? Leurs inconvénients ? Leurs applications concrêtes sur le terrain ?

Comme fil conducteur, je me permet de rajouter les questions qui étaient, de fait, passées complètement inaperçues dans le flot de mon précédent fil :

_Il me semble que l'armée Allemande conduisait des assauts plus diffus, basés sur l'effet de surprise et l'infiltration des lignes adverses plutôt que la charge frontale et forcenée menée par les Français ?

_Dans certaines lectures, il m'a même paru que le fantassin Allemand était plus à même de livré combat en milieu "urbain" que son homologue Français qui semblait n'y être peu ou pas préparé ?

_En revanche, il semblerait que le soldat Français était plus à l'aise dans les manoeuvres en rase campagne ?

_Toujours de manière générale, de nombreuses fois j'ai cru comprendre que le fantassin Allemand était mieux formé au tir tandis que le Français était plus entraîné au maniement de la baïonnette ?

_Concernant l'artillerie, il me semble que l'armée Allemande combinait artillerie et infanterie dés le début du conflit alors que les Français utilisaient leurs 75 pour des tirs de dissuasion entre deux assauts et finalement très peu en appui direct de l'infanterie ?

Je suis peut-être un peu candide dans mes raisonnements mais pouvez-vous les confirmer où les infirmer ?!!!

Par avance, je vous remercie pour votre inestimable contribution !!!

Amic@lement !!!

Lionel

Re: Fantassins Français et Allemands ?

Publié : sam. oct. 29, 2005 11:43 pm
par Patrick ROCHET
Bonsoir.

L'infanterie Française de 1914 n'est pas manoeuvrière : Tel est son défaut dominant. Il est dû à la doctrine simpliste de l'offensive panacée et à l'insuffisance numérique des cadres. Il lui manque initialement 1000 lieutenants de l'active, ce qui correspond aux pertes de plusieurs batailles.
Ayant surtout foi dans l'usage de la baïonnette, elle tire très médiocrement et elle est peu familiarisée avec l'outil.
Elle déboite des routes en ligne de section par quatre, et effectue ainsi l'approche. Cette formation, suffisamment mobile, est prévue pour parer aux effets des shrapnels (intervalles entre les sections supérieurs à la zone battue par un projectile, arrêt en "carapace", les hommes couchés et serrés sous les sacs). Mais elle est très vulnérable aux effets des rafales de mitrailleuses et du tir au fusil.
L'unité normale de combat est la section de 50 hommes : L'insuffisance des cadres éprouvés ne permet pas de la fractionner. Déployée en tirailleurs sur une largeur de 100 à 200 mètres, par groupes de 2 camarades de combat placés côte à côte, avec quelques pas d'intervalle d'un groupe à l'autre, c'est un organe lourd à commander. Il est très peu apte à utiliser les cheminements que peut offrir le terrain pour manoeuvrer et il est difficile d'en conduire le tir. Il est en outre très vulnérable tant en raison des intervalles trop faibles entre les hommes qu'à cause des couleurs de leurs effets : Le bleu foncé de la capote tranche vigoureusement sur le fond et découpe remarquablement la silhouette de l'homme ; le rouge du pantalon est la couleur adoptée par les chemins de fer pour les signaux destinés à être aperçus le plus loin possible.
La défensive n'étant admise que dans des cas exceptionnels, l'offensive est le mode d'emploi normal de l'infanterie.
Le règlement du 2 décembre 1913 n'admet pas de nuance dans la façon d'attaquer et il la définit ainsi : "Pour les exécutants, toutes les attaques sont poussées à fond, avec la ferme résolution d'aborder l'ennemi pour le détruire. Il n'y a plus qu'une seule manière d'attaquer, c'est celle-là".
On admet en France que l'artillerie légère suffit à tout dans la guerre de mouvement. Elle a pour mission principale l'appui des attaques d'infanterie (l'Artillerie ne prépare pas les attaques, elle les appuie - Règlement de 1913) tout en étant parcimonieuse - dotation de 1300 coups par pièce.
Chez les Allemands (règlement de 1906), quelque soit l'unité considérée, la manoeuvre de prédilection, la forme de combat recommandée est l'envelopppement (le succès durable n'est assuré que si l'on réussit à barrer la retraite de l'adversaire ou à le couper complètement de ses communications). Souvent il faudra recourir au morcellement en petites unités et à l'emploi de formation d'ordre ouvert. Mais on doit songer que ce "mal" est à éviter chaque fois que cela est possible. L'offensive consiste à transporter le feu vers l'ennemi, au besoin jusqu'à proximité immédiate ; l'assaut à la baïonnette confirme la victoire.
Sources : Histoire de la Première Guerre Mondiale/Gal Gambiez et Cel Suire 1968. L'évolution des Idées Tactiques en France et en Allemagne/Cel Lucas 1932. La Défense de la France du Nord-Est/Cel de Liocourt 1940.

Patrick

Re: Fantassins Français et Allemands ?

Publié : mer. nov. 09, 2005 8:32 pm
par Leo91
Tout d'abord un grand merci à Patrick :D

Et pour tous ceux à qui mon fil aurait échappé, je me permets de le relancer par le présent message... Je suis têtu moi :wink:

Par avance merci à tous !!!

Amic@lement !!!

Lionel