Re: Felix Pallier, jeune breton de 18 ans
Publié : ven. juil. 04, 2014 10:29 pm
Bonjour a tous
L'Histoire avec un grand H se fait par de petites histoires, avec des petits h.
Voici celle de Felix Pallier, mort a Rossignol le 22 aout 1914.
Felix est le cadet de 3 enfants. Sa maman est veuve et peine a joindre les 2 bouts. Sa grande soeur est mariee a Paris (mon arriere grand mere) et son frere est bossu. Pour alleger la charge financiere de sa mere, il decide de s'engager volontaire en 1914, l'annee de ses 18 ans. Il habite Lambezellec, village pres de Brest, ca sera donc le 2 eme regiment d'infanterie coloniale.
La guerre le ceuille et il recoit avec son regiment l'ordre de depart. La soeur ainee de ma grand mere, nee au debut du siecle, se rappellera toute sa vie sa derniere visite a sa famille. Assit a table, il vide un verre de cidre avant de lacher "nous partons demain, que Dieu nous garde !"
La journee du 22 Aout le trouve a Rossignol en Belgique, au coeur des combats des frontieres. Montant a l'assaut des positions allemandes, il est blessé par un obus qui le laisse a terre mais conscient.
Un compagnon d'arme ecrira cette lettre au frere de Felix en 1918 :
"Paris, le 26 Janvier 1918
Cher Monsieur
Je viens a l'instant de recevoir votre lettre qui a fait beaucoup de chemin avant de me trouver car je suis reforme temporairement depuis 2 mois. Je dois de nouveau passer une visite vers la fin de Fevrier et d'apres le resultat, je rejoindrais mon depot a Brest ou resterai definitevement chez moi.
Comme vous me demandez de nouveau renseignements au sujet de votre frere, pour lequel j'avais beaucoup d'estime car c'etait un brave et bon soldat et dont les traits me resterons graves dans la memoire. Et bien voici les faits : pour moi, votre frere aurait vecu a sa blessure, il devait avoir une ou deux cotes de cassees, car sa premiere parole a ete pour me demander s'il n'etait pas coupe en deux. Je lui ai repondu que non, et lui ai dit de me suivre quelques metres plus loin pour etre a l'abris, chose qu'il n'a pas pu faire car il souffrait beaucoup. Il est reste dans le champs d'avoine et ne fut pas apercu par la premiere vague d'assaut qui n'ont fait aucun quartier des blesses. Ce n'est que vers 2 ou 3 heures de l'apres midi qu'il criait "il n'y a personne ?". Je l'ai appele pour qu'il vienne aupres de moi et c'est a ce moment qu'une patrouille qui passait a proximite pour ramasser leurs blesses l'ont appercu et l'ont acheve de deux balles dans la tete. Moi j'ai fait le mort et n'ai du mon salut que d'un fil. Il n'a prononce aucune parole car il a ete tue net sur le coup. Voila exactement ce qui s'est passe. Si je viens a Brest, je vous raconterai l'histoire de vive voix. Si ces quelques rensignements peut soulager votre chagrin, c'est mon devoir de vous les transmettre mais evitez de les faire voir a votre mere de facon a ne pas faire renaitre les peines qu'elle a eu de la disparition de son enfant."
De Felix, il reste 3 photos dont une au sein de son equipe de football, une tombe a Rossignol et sa plaque matricule, probablement ramassee par mon arriere grand mere sur la croix de sa tombe
Vincent
L'Histoire avec un grand H se fait par de petites histoires, avec des petits h.
Voici celle de Felix Pallier, mort a Rossignol le 22 aout 1914.
Felix est le cadet de 3 enfants. Sa maman est veuve et peine a joindre les 2 bouts. Sa grande soeur est mariee a Paris (mon arriere grand mere) et son frere est bossu. Pour alleger la charge financiere de sa mere, il decide de s'engager volontaire en 1914, l'annee de ses 18 ans. Il habite Lambezellec, village pres de Brest, ca sera donc le 2 eme regiment d'infanterie coloniale.
La guerre le ceuille et il recoit avec son regiment l'ordre de depart. La soeur ainee de ma grand mere, nee au debut du siecle, se rappellera toute sa vie sa derniere visite a sa famille. Assit a table, il vide un verre de cidre avant de lacher "nous partons demain, que Dieu nous garde !"
La journee du 22 Aout le trouve a Rossignol en Belgique, au coeur des combats des frontieres. Montant a l'assaut des positions allemandes, il est blessé par un obus qui le laisse a terre mais conscient.
Un compagnon d'arme ecrira cette lettre au frere de Felix en 1918 :
"Paris, le 26 Janvier 1918
Cher Monsieur
Je viens a l'instant de recevoir votre lettre qui a fait beaucoup de chemin avant de me trouver car je suis reforme temporairement depuis 2 mois. Je dois de nouveau passer une visite vers la fin de Fevrier et d'apres le resultat, je rejoindrais mon depot a Brest ou resterai definitevement chez moi.
Comme vous me demandez de nouveau renseignements au sujet de votre frere, pour lequel j'avais beaucoup d'estime car c'etait un brave et bon soldat et dont les traits me resterons graves dans la memoire. Et bien voici les faits : pour moi, votre frere aurait vecu a sa blessure, il devait avoir une ou deux cotes de cassees, car sa premiere parole a ete pour me demander s'il n'etait pas coupe en deux. Je lui ai repondu que non, et lui ai dit de me suivre quelques metres plus loin pour etre a l'abris, chose qu'il n'a pas pu faire car il souffrait beaucoup. Il est reste dans le champs d'avoine et ne fut pas apercu par la premiere vague d'assaut qui n'ont fait aucun quartier des blesses. Ce n'est que vers 2 ou 3 heures de l'apres midi qu'il criait "il n'y a personne ?". Je l'ai appele pour qu'il vienne aupres de moi et c'est a ce moment qu'une patrouille qui passait a proximite pour ramasser leurs blesses l'ont appercu et l'ont acheve de deux balles dans la tete. Moi j'ai fait le mort et n'ai du mon salut que d'un fil. Il n'a prononce aucune parole car il a ete tue net sur le coup. Voila exactement ce qui s'est passe. Si je viens a Brest, je vous raconterai l'histoire de vive voix. Si ces quelques rensignements peut soulager votre chagrin, c'est mon devoir de vous les transmettre mais evitez de les faire voir a votre mere de facon a ne pas faire renaitre les peines qu'elle a eu de la disparition de son enfant."
De Felix, il reste 3 photos dont une au sein de son equipe de football, une tombe a Rossignol et sa plaque matricule, probablement ramassee par mon arriere grand mere sur la croix de sa tombe
Vincent