Bonjour à toutes et tous
Je sens une odeur de muguet et d'impatience....
Alors voilà, c'est un peu long:
Le 3 mars 1918, un traité de paix, séparée des Alliés, est signé à Brest-Litovsk entre l’Allemagne et la Russie des bolcheviks. L’Allemagne va aligner 192 divisions, soit 20 de plus que les Alliés pour ses offensives de printemps.
Aussi les alliés envoient des unités pour faire pression sur les bolcheviks en aidant les russes blancs et ainsi menacer l’Allemagne d’une offensive venant de Russie, l’obligeant à conserver ses forces sur le front d’Est. Pour la France, seule une petite unité est formée: le “Bataillon Colonial Français de Sibérie” (B.C.S.). Il est issue du 9° Régiment d’Infanterie Colonial, cantonné dans le citadelle de Hanoi, capitale du Tonkin.
Il est ainsi composé: à l’État-major du B.C.S. le Chef de bataillon Mallet a comme adjoint le capitaine Dunant, un officier adjoint le lieutenant Tosse, puis les médecins-major Jouvelet et Guerneray. Formé de 2 compagnies de combats du 2/9° R.I.C., le B.C.S. se compose de la 6° compagnie, forte de 228 (229?) marsouins, commandé par le lieutenant Deseille et la 8° compagnie, forte de 226 (228?) marsouins, commandé par le capitaine Schill qui a pour adjoint le lieutenant Rivette, à ces deux compagnies s’ajoutent les 2 sections de mitrailleuses. Parmi les marsouins, on compte 277 tirailleurs tonkinois. Le B.C.S. embarque sur le vapeur “André Lebon” le 24 juillet 1918 à Haîphong.
Il fait escale à Tongku dans le golfe de Petchili pour prendre le détachement de Chine.
En effet, sont incorporé 2 compagnies de combats du 16° R.I.C., la 8° compagnie, forte de 230 marsouins, commandé par le capitaine Feneurstein, qui a pour adjoints les lieutenants Fumk et Brauenstein et la 11° compagnie, forte de 230 marsouins, commandé par le capitaine de Vaux, avec pour adjoints les lieutenants Basail et Seguinel.
Enfin, le 5° Zouaves fournit sa 5° compagnie, forte de 202 zouaves, commandée par le capitaine Pauzon qui a pour adjoints les lieutenants Gadars et Bies et le sous-lieutenant Jeffrey.
Le “André Lebon” arrive à Vladivostok le 9 août 1918 à 6 heures du matin.
Le lendemain 10 août à 22 heures il part en opérations au Nord de Vladivostok recevant l’ordre de rejoindre le front de l’Oussourik (Oussouri?) à Kraïevsky, où sont déjà positionné des éléments alliés et Blancs de Sibérie.
Le commandant Mallet divise ses troupes en deux groupes:
=> le premier aux ordres du capitaine Schill avec les 2 compagnies du 9° R.I.C. et les deux sections de mitrailleuses,
=> le second aux ordres du capitaine Feneurstein avec les deux compagnie du 16° R.I.C. et celle du 3° Zouaves.
Il compte au total, encadrement compris, 1 140 hommes, dont 277 tirailleurs tonkinois.
Après l’opération aux environs de Vladivostok nous le retrouvons en octobre à Harbin (Karbine), à Mandchouria, à Tchita. Il se dirige vers l’ouest, destination le front de l’Oural. A Harbin, en raison du froid qui a déjà fait son apparition, le Bataillon perd ses tirailleurs tonkinois qui sont dirigé sur Tientsin.
Durant l’hiver 1918/19, les températures descendent à - 37°, parfois - 56°, les pieds gelés sont nombreux. Malgré cet ennemi mortel, supplémentaire et incontournable, le bataillon français remplit cependant toutes les missions qui lui sont dévolu avec un grand courage et sans défaillance aucune.
Avec les 800 européens qui lui restent, le B.C.S. poursuit sa progression. En novembre, il est successivement à Irkoutsk, à Krasnoyarsk et à Omsk où la garnison composée de tchèques, de polonais et de russes offre un banquet à la troupe et aux officiers. C’est là que le Bataillon apprend la signature de l’armistice sur le front occidental.
Le “Bataillon Colonial de Sibérie”, qui maintient son nom, par ordre du ministre de la guerre en date du 30 avril 1919 obtient une Citation à l’Ordre de l’Armée.
Sept semaines après son attribution, la citation du “Bataillon Colonial de Sibérie” est insérée au J.O.R.F. le 24 juin 1919. Le fanion du Bataillon Colonial de Sibérie porte désormais les dates de cette campagne en Extrême-Orient issue de la Grande Guerre: “1914-1919”.
La situation militaire se dégrade de plus en plus rapidement en Sibérie à partir de juillet. Les Rouges ont réoccupé tout l’Oural et les armées blanches sibériennes donnent des signes de désagrégation de plus en plus évidents.
Afin d’éviter de tomber sur des forces très importantes et ne pouvant compter sur les armées blanches, le Bataillon Colonial de Sibérie reçoit l’ordre de se replier sur Vladivostok le 15 juillet. Après plusieurs semaines d’un long voyage, la ville de Vladivostok est enfin atteinte le 14 septembre. Ils abandonnent ces immenses terres où la misère et la mort, plus que la vie, règnent en maître en ces temps troublés.
Le bilan de l’intervention des forces françaises s’est soldé par: 2 tués, 15 blessés, 4 disparus, 11 morts de maladie ou par suite de blessures, 29 pieds gelés.
Fin du “Bataillon Colonial de Sibérie”
Après quelques semaines de voyage, à l’aube du 4 mars 1920, le vapeur atteint le port chinois de Tientsin et où il se met à quai. Les éléments de ce qui reste du bataillons débarquent dans cette ville d’Extrême-Orient.
Aussitôt installés, les marsouins et bigors sont appelés et réunis dans la cour. Là, étonnés, ils apprennent que par décision administrative le bataillon est dissous le jour même.
Ainsi disparaît de l’ordre de bataille, le “Bataillon Colonial de Sibérie” dont les officiers, sous-officiers, marsouins, bigors, zouaves et tirailleurs tonkinois ont vaillamment remplies avec courage, abnégation et sans faiblir, toutes les missions qui lui ont été confiées et ont été remplies dans des conditions de guerre effroyable, de politiques extrêmement délicate et difficile, et dans des climats très rude pour tous, hommes et bêtes.
Le 5 mars 1920 au matin, les rescapés de la campagne de Sibérie de 1918 à 1920 sont réunis une dernière fois au centre du cantonnement. Pour eux, la guerre est bien finie. Après un dernier appel, les anciens du “Bataillon Colonial de Sibérie” sont détachés de leurs unités respectives: 9° R.I.C., 3° Zouaves, 4° et 5° R.A.C., puis ils sont rattachés au 16° Régiment d’Infanterie Colonial.
En Asie, la guerre a finie en 1919, comme certaines contrées de l'Est européens. Mais comme dit la citation du B.C.S., 1919 est une date officielle pour le bataillon. Comme celui-ci était sous commandement du 9° R.I.C., jusqu'à sa dissolution, il est normal de trouver "1915-1919" sur certains documents.
Ne pas oublier que l'Allemagne avait des comptoirs, des concessions et même des colonies en Afrique, en Asie et dans le Pacifique, où cela incita les japonais a déclarer la guerre à l’Allemagne. Mais une course se fit entre japonais et américains pour la possession et le contrôle du Pacifique.
Mais cela est une autre histoire....
Ce texte est tiré d'une conférence que j'ai faites sur ce bataillon.
A bientôt
Fernand, ancien du 9° R.I.Ma