Re: Service automobile de l'Aéronautique
Publié : jeu. juin 09, 2011 12:37 am
Bonsoir à tous,
Comme le service automobile bénéficie maintenant d'une rubrique spécifique, je transfère aujourd'hui ce fil posté il y a un peu moins de deux mois sur le forum "Aviation" qui n'a pas trouvé de réponse jusque là. Il s’agit bien sûr du service automobile de l’Aéronautique.
Je n’ai pas trouvé jusque là beaucoup d’informations sur le sujet. Par exemple Albert-J. Navarre, dont l’ouvrage paru en 1919 est d’habitude une référence, n’y consacre qu’un paragraphe pour dire que le service automobile de l’Aéronautique a toujours bénéficié d’une large indépendance. Plus récemment, Rémy Porte décrit en deux pages comment les exigences dudit service en matière de véhicules de tourisme et de main d’œuvre, appuyées par les plus hautes autorités militaires, devaient être satisfaites sans discussion par la Direction des Services Automobiles du G.Q.G. Je rappelle à ce stade que c’était cette D.S.A. qui assurait la gestion de la totalité des véhicules engagés aux armées, si l’on excepte les chars.
Mais gestion ne veut pas dire propriété. Quant la comptabilité-matières des véhicules aux armées est instituée à l’été 1915, avec la mise en place de registres qui reflètent la propriété de la D.S.A. sur ses véhicules, il est bien précisé que ces registres ne devront pas contenir de véhicules "appartenant à d’autres services, principalement artillerie, génie, aéronautique, etc.". Mais il est aussi confirmé que tous les véhicules en service continueront d’être immatriculés dans la série militaire tenue par la D.S.A.. Il s’agit bien sûr de la série numérique bien connue.
C’est là que le bât blesse, voilà pourquoi : l’Aéronautique, via son service des Fabrications, à Meudon, a été jusqu’à avril 1917 fort consommateur d’immatriculations civiles, en étant de très loin le plus gros propriétaire de véhicules à moteur de Seine-et-Oise, avec des cartes grises délivrées par la préfecture de Versailles.
Je ne comprends pas comment le parc automobile de l’Aéronautique, identifié tout à fait régulièrement à ce niveau, aurait dû prendre juste après une immatriculations militaire. Il eût été plus rapide et moins coûteux de faire l’économie des cartes grises et de prendre tout de suite le livret matricule militaire, d’autant que, on l’a vu plus haut, immatriculation militaire ne valait pas propriété portée au compte de la D.S.A.
Je vois une explication que l’on pourrait m’opposer et que je réfute : comme les immatriculations numériques ne servaient qu’aux armées, l’Aéronautique aurait utilisé l’immatriculation militaire pour ses véhicules engagés au front, et continué de prendre des cartes grises civiles pour ceux en service dans ses nombreux établissements situés à l’Intérieur, comme Meudon. Le problème est que Meudon a mis en service une quarantaine de tracteurs Brasier, Clément-Bayard et Renault en novembre 14, encore 90 tracteurs Renault en décembre 14, 89 tracteurs Brasier en janvier 15, puis 100 en décembre 15, plus des Panhard K14 en grand nombre, plus, plus… Le tout représente un ensemble dont on peut penser qu’il était destiné au front… Donc je ne sais pas.
Après avril 1917, il n’y a plus rien dans les registres civils, les immatriculations de fin 1916 et début 1917 ne concernent que des livraisons de véhicules de tourisme (Ariès S-5-3 et Rouillé Alba R1), sans doute pour solder les marchés correspondants.
J’arrête là mes observations et supputations… Pour me faire progresser (à moins qu’un forumeur n’ait toutes les explications), existe-t-il un livre qui rentrerait plus dans les détails d’organisation, ou une liste avec la ventilation des livraisons faites au service automobile de l’Aéronautique, pour que je puisse travailler par différence, par rapport à mon relevé ? Et aussi : pour que cette comparaison soit pertinente – qu’il n’y ait pas trop de trous que je ne pourrai jamais expliquer – l’Aéronautique disposait-elle d’établissements susceptibles d’assurer l’approvisionnement de son service automobile sur une large échelle, en plus de celui de Meudon ?
Toute information plus générale, sur le fond, sera aussi la bienvenue. Ceux qui m’ont posé des questions sur le sujet, via d’autres fils ou qui ont déjà apporté des informations peuvent continuer…
Merci à l’avance,
Thierry
P.S. Je peux envoyer à qui le désire mon relevé des véhicules mis en service à Meudon de 1914 à 1917. Il est lacunaire mais montre les grandes masses, avec la plupart des marques et des modèles.
Comme le service automobile bénéficie maintenant d'une rubrique spécifique, je transfère aujourd'hui ce fil posté il y a un peu moins de deux mois sur le forum "Aviation" qui n'a pas trouvé de réponse jusque là. Il s’agit bien sûr du service automobile de l’Aéronautique.
Je n’ai pas trouvé jusque là beaucoup d’informations sur le sujet. Par exemple Albert-J. Navarre, dont l’ouvrage paru en 1919 est d’habitude une référence, n’y consacre qu’un paragraphe pour dire que le service automobile de l’Aéronautique a toujours bénéficié d’une large indépendance. Plus récemment, Rémy Porte décrit en deux pages comment les exigences dudit service en matière de véhicules de tourisme et de main d’œuvre, appuyées par les plus hautes autorités militaires, devaient être satisfaites sans discussion par la Direction des Services Automobiles du G.Q.G. Je rappelle à ce stade que c’était cette D.S.A. qui assurait la gestion de la totalité des véhicules engagés aux armées, si l’on excepte les chars.
Mais gestion ne veut pas dire propriété. Quant la comptabilité-matières des véhicules aux armées est instituée à l’été 1915, avec la mise en place de registres qui reflètent la propriété de la D.S.A. sur ses véhicules, il est bien précisé que ces registres ne devront pas contenir de véhicules "appartenant à d’autres services, principalement artillerie, génie, aéronautique, etc.". Mais il est aussi confirmé que tous les véhicules en service continueront d’être immatriculés dans la série militaire tenue par la D.S.A.. Il s’agit bien sûr de la série numérique bien connue.
C’est là que le bât blesse, voilà pourquoi : l’Aéronautique, via son service des Fabrications, à Meudon, a été jusqu’à avril 1917 fort consommateur d’immatriculations civiles, en étant de très loin le plus gros propriétaire de véhicules à moteur de Seine-et-Oise, avec des cartes grises délivrées par la préfecture de Versailles.
Je ne comprends pas comment le parc automobile de l’Aéronautique, identifié tout à fait régulièrement à ce niveau, aurait dû prendre juste après une immatriculations militaire. Il eût été plus rapide et moins coûteux de faire l’économie des cartes grises et de prendre tout de suite le livret matricule militaire, d’autant que, on l’a vu plus haut, immatriculation militaire ne valait pas propriété portée au compte de la D.S.A.
Je vois une explication que l’on pourrait m’opposer et que je réfute : comme les immatriculations numériques ne servaient qu’aux armées, l’Aéronautique aurait utilisé l’immatriculation militaire pour ses véhicules engagés au front, et continué de prendre des cartes grises civiles pour ceux en service dans ses nombreux établissements situés à l’Intérieur, comme Meudon. Le problème est que Meudon a mis en service une quarantaine de tracteurs Brasier, Clément-Bayard et Renault en novembre 14, encore 90 tracteurs Renault en décembre 14, 89 tracteurs Brasier en janvier 15, puis 100 en décembre 15, plus des Panhard K14 en grand nombre, plus, plus… Le tout représente un ensemble dont on peut penser qu’il était destiné au front… Donc je ne sais pas.
Après avril 1917, il n’y a plus rien dans les registres civils, les immatriculations de fin 1916 et début 1917 ne concernent que des livraisons de véhicules de tourisme (Ariès S-5-3 et Rouillé Alba R1), sans doute pour solder les marchés correspondants.
J’arrête là mes observations et supputations… Pour me faire progresser (à moins qu’un forumeur n’ait toutes les explications), existe-t-il un livre qui rentrerait plus dans les détails d’organisation, ou une liste avec la ventilation des livraisons faites au service automobile de l’Aéronautique, pour que je puisse travailler par différence, par rapport à mon relevé ? Et aussi : pour que cette comparaison soit pertinente – qu’il n’y ait pas trop de trous que je ne pourrai jamais expliquer – l’Aéronautique disposait-elle d’établissements susceptibles d’assurer l’approvisionnement de son service automobile sur une large échelle, en plus de celui de Meudon ?
Toute information plus générale, sur le fond, sera aussi la bienvenue. Ceux qui m’ont posé des questions sur le sujet, via d’autres fils ou qui ont déjà apporté des informations peuvent continuer…
Merci à l’avance,
Thierry
P.S. Je peux envoyer à qui le désire mon relevé des véhicules mis en service à Meudon de 1914 à 1917. Il est lacunaire mais montre les grandes masses, avec la plupart des marques et des modèles.