Re: Que sont devenus ces héros après guerre ?
Publié : ven. mai 30, 2014 6:47 pm
Bonjour à toutes et tous.
Denis Delavois dans son magnifique blog sur le 149e RI a parlé du sergent Jean Baptiste Goudon, natif de la Haute Loire et habitant Givors dans le Rhône, combattant émérite, sans peur, doté d’une maitrise sur ses hommes qui fixait leur admiration. Il a été cité 5 fois et aurait mérité d’être promu à la Légion d’honneur, ce que tous ses collègues sous-officiers espéraient pour lui, ce que nous laisse entendre Albert Marquand, qui dans son courrier nous le cite plusieurs fois et avait une grande admiration pour lui ainsi que tout le corps des autres sous-officiers. On se demande pourquoi un garçon de cette trempe n’est pas devenu officier à l’image de ce qui se produisait dans l’armée Napoléonienne et dans celle de l’indépendance américaine.
Comme Denis, au cours de la transcription des lettres de Marquand, je me suis souvent interrogé sur ce qu’il était devenu après la guerre. Denis Delavois, opiniâtre chercheur, a retrouvé la fiche matricule de Goudon et son extrait de naissance. Quelle ne fut pas sa stupéfaction et la mienne ensuite !
Le héros du 149e, maintes fois cité et décoré, fut blessé en mars 1918. Au cours de son hospitalisation on avait dépisté, selon la formule, la terrible maladie contractée en service, (Bacillose pulmonaire ouverte), la tuberculose, qui ne laissait pas un long sursis à l’époque ou les grands antibiotiques n’avaient pas encore été trouvés.
En septembre 1918, Goudon est proposé pour la réforme Ce sursis de vie, d’une maladie qui progressait sans cesse était de 2 à 3 ans. Réformé n° 1, définitivement le 9 mars 1918, Jean Baptiste Goudon décèdera en avril 1920.
Combien de ces soldats et pour beaucoup, des héros, qui auraient mérités la Légion d'honneur comme Goudon, sont morts très jeunes après la guerre. Parmi eux ceux que je connais, Goudon, était âgé de 26 ans, mais aussi le cousin germain de mon père le sergent Louis Martin de Villeneuve de Berg, mort en 1920 à 25 ans de problèmes pulmonaires, ainsi qu’Albert Marquand qui lui aussi décèdera jeune à 43 ans et qui écrivait le 18 juin 1917 : " J’ai dégueulé tripes et boyaux et souffert de l’oppression car j’avais mis mon masque trop tard. J’ai vu des types se rouler par terre et mourir dans d’atroces convulsions."
Les conditions de vie épouvantables, l’humidité permanente, le froid, la malnutrition, les blessures très légères pas soignées, la promiscuité, ainsi que la respiration des gaz, ont contribué à la multiplication des maladies pulmonaires dont la plus grave était bien la tuberculose. Elle tuera aussi l’officier Adrien Bertrand, auteur de L’Appel du sol, Prix Goncourt 1914 décerné en 1916. Hospitalisé fin 1914, Bertrand décèdera en 1917 en période de guerre, et sera donc reconnu comme victime.
Mais les soldats, morts après guerre, ne figurent pas sur les listes de Mémoire des Hommes, ni sur les listes de victimes des JMO des unités, ni dans les transcriptions. Quelquefois leur nom est inscrit sur le monument aux morts de leur lieu de naissance ou de résidence.
A-t-on évalué le nombre de ces morts post- conflit, décédés des suites de maladie, de blessures, contractées en service ? Je pense que ce nombre doit s'écrire avec 5 voire 6 chiffres. Travail immense !
J’espère que, comme les fusillés pour l’exemple, les morts à retardement ne seront pas oubliés dans le centenaire de la commémoration du plus grand conflit du 20e siècle, qui a réuni sous des uniformes divers environ 70.000.000 soldats.
Cordialement à tous.
Francis.
Denis Delavois dans son magnifique blog sur le 149e RI a parlé du sergent Jean Baptiste Goudon, natif de la Haute Loire et habitant Givors dans le Rhône, combattant émérite, sans peur, doté d’une maitrise sur ses hommes qui fixait leur admiration. Il a été cité 5 fois et aurait mérité d’être promu à la Légion d’honneur, ce que tous ses collègues sous-officiers espéraient pour lui, ce que nous laisse entendre Albert Marquand, qui dans son courrier nous le cite plusieurs fois et avait une grande admiration pour lui ainsi que tout le corps des autres sous-officiers. On se demande pourquoi un garçon de cette trempe n’est pas devenu officier à l’image de ce qui se produisait dans l’armée Napoléonienne et dans celle de l’indépendance américaine.
Comme Denis, au cours de la transcription des lettres de Marquand, je me suis souvent interrogé sur ce qu’il était devenu après la guerre. Denis Delavois, opiniâtre chercheur, a retrouvé la fiche matricule de Goudon et son extrait de naissance. Quelle ne fut pas sa stupéfaction et la mienne ensuite !
Le héros du 149e, maintes fois cité et décoré, fut blessé en mars 1918. Au cours de son hospitalisation on avait dépisté, selon la formule, la terrible maladie contractée en service, (Bacillose pulmonaire ouverte), la tuberculose, qui ne laissait pas un long sursis à l’époque ou les grands antibiotiques n’avaient pas encore été trouvés.
En septembre 1918, Goudon est proposé pour la réforme Ce sursis de vie, d’une maladie qui progressait sans cesse était de 2 à 3 ans. Réformé n° 1, définitivement le 9 mars 1918, Jean Baptiste Goudon décèdera en avril 1920.
Combien de ces soldats et pour beaucoup, des héros, qui auraient mérités la Légion d'honneur comme Goudon, sont morts très jeunes après la guerre. Parmi eux ceux que je connais, Goudon, était âgé de 26 ans, mais aussi le cousin germain de mon père le sergent Louis Martin de Villeneuve de Berg, mort en 1920 à 25 ans de problèmes pulmonaires, ainsi qu’Albert Marquand qui lui aussi décèdera jeune à 43 ans et qui écrivait le 18 juin 1917 : " J’ai dégueulé tripes et boyaux et souffert de l’oppression car j’avais mis mon masque trop tard. J’ai vu des types se rouler par terre et mourir dans d’atroces convulsions."
Les conditions de vie épouvantables, l’humidité permanente, le froid, la malnutrition, les blessures très légères pas soignées, la promiscuité, ainsi que la respiration des gaz, ont contribué à la multiplication des maladies pulmonaires dont la plus grave était bien la tuberculose. Elle tuera aussi l’officier Adrien Bertrand, auteur de L’Appel du sol, Prix Goncourt 1914 décerné en 1916. Hospitalisé fin 1914, Bertrand décèdera en 1917 en période de guerre, et sera donc reconnu comme victime.
Mais les soldats, morts après guerre, ne figurent pas sur les listes de Mémoire des Hommes, ni sur les listes de victimes des JMO des unités, ni dans les transcriptions. Quelquefois leur nom est inscrit sur le monument aux morts de leur lieu de naissance ou de résidence.
A-t-on évalué le nombre de ces morts post- conflit, décédés des suites de maladie, de blessures, contractées en service ? Je pense que ce nombre doit s'écrire avec 5 voire 6 chiffres. Travail immense !
J’espère que, comme les fusillés pour l’exemple, les morts à retardement ne seront pas oubliés dans le centenaire de la commémoration du plus grand conflit du 20e siècle, qui a réuni sous des uniformes divers environ 70.000.000 soldats.
Cordialement à tous.
Francis.