Bonjour à tous,
Voici un bref résumé de la fin du GAULOIS
(Extraits de l'Illustration du 3 Février 1917)
Dans la matinée du 27 Décembre 1916, le GAULOIS, commandé par le capitaine de vaisseau Morache, faisait route de Corfou, qu'il avait quitté l'avant veille, sur Salonique afin de rejoindre la force navale à laquelle il était affecté.
Beau temps, mer plate, escorté par le torpilleur d'escadre DARD.
Canons armés, bordée aux postes de combat, vigies dans la mâture et à la passerelle, "scrutant la surface unie de la mer que le souffle léger de la brise matinale marbrait comme un frisson courant à fleur de peau" (le journaliste est un poète...)
A 08h35, à 300 m par tribord on aperçoit la trajectoire pointillée formée par l'air s'échappant de l'arbre creux d'une torpille arrivant à toute vitesse. Malgré une tentative de manoeuvre le navire est frappé et l'explosion déchire la coque. Le cuirassé vibre, s'enfonce par l'arrière et s'incline sur tribord. Il s'était écoulé vingt secondes depuis l'apparition de la torpille.
Le signal SOS est immédiatement lancé par les deux postes de radiotélégraphie.
Le périscope du sous-marin perce la surface de la mer et l'artillerie du cuirassé se déchaine tandis que le torpilleur passe de bâbord à tribord et décrit des cercles pour empêcher le sous-marin, qui a plongé, de remonter.
Dans les fonds, la secousse a été d'une extrême violence, mais les chaudières sont maintenues en pression. Cependant, la gite devenant trop importante et la vapeur commençant à fuser des canalisations cisaillées, il faut évacuer.
L'eau monte en bouillonnant dans la batterie. Comprenant que le navire est perdu, le commandant ordonne l'évacuation.
On commence par embarquer dans les canots débordés les blessés, puis les 33 soldats passagers et leurs officiers et 5 Grecs vénizélistes qui rejoignaient l'armée d'Orient.
Au cours de ces opérations, la baleinière n° 1 reste malheureusement pendue par son garant de l'avant et tous ses occupants sont précipités à la mer. L'un d'eux, blessé dans sa chute, disparait et se noie.
Deux chalutiers patrouilleurs, MARIE-ROSE et ROCHEBONNE, rejoignent le cuirassé en perdition et l'accostent sans la moindre hésitation.
Voici un dessin de Sandy Hook montrant le chalutier ROCHEBONNE accosté à bâbord du GAULOIS qui est sur le point de chavirer.
Le navire s'inclinant de plus en plus et la situation devenant dangereuse, le MARIE-ROSE, accosté à tribord, s'écarte. Les officiers évacuent en dernier, prenant place sur le ROCHEBONNE. Le commandant Morache quitte le navire en dernier, emmené de vive force par ses officiers.
Le ROCHEBONNE largue alors son amarre et fait arrière toute. A peine s'est-il éloigné d'une centaine de mètres, que le GAULOIS chavire brusquement. Les canons pivotent sur leurs affûts dans un bruit sinistre et pointent leurs volées vers le ciel. La grande carène, peinte en vert, apparait toute entière. Voici le GAULOIS en train de chavirer. On voit le ROCHEBONNE au premier plan, ainsi que le MARIE-ROSE et le torpilleur DARD.
"Comme un gigantesque cétacé, le grand cuirassé descend lentement sous la nappe bleue de la mer Egée qui le recouvre comme un linceul"...
L'agonie a duré 25 minutes. La position est 36°15 N et 23°42 E.
Les naufragés sont débarqués à Milo où se trouve le cuirassé HENRI IV.
Sur les 640 hommes embarqués sur le GAULOIS, 4 seulement manquent à l'appel, dont les quartiers-maitres mécanicien et électricien Elouet et Arzel, tués à leur poste par l'explosion de la torpille, et deux qui se sont noyés, l'un en tombant du canot n°1 et l'autre en se jetant trop tôt à la mer.
(nota : il faut reconnaitre que cette évacuation de 640 hommes en moins de 25 minutes, même par mer calme, est un exploit qui dénote un professionnalisme et un entrainement extrêmes)
Le sous- marin attaquant était l'UB 47 commandé par l'OL Wolfgang Steinbauer. Steinbauer avait longtemps été le second du sous-marin U 35, d'abord sous les ordres du KL Waldemar Kophamel, puis du KL Lothar von Arnauld de la Perière. Il avait quitté l'U 35 en Avril 1916, remplacé par l'OL Otto Launburg, et pris le commandement de l'UB 47. C'était donc un sous-marinier particulièrement bien entrainé. Il survivra à la guerre.
La position donnée par le KTB diffère un peu : 36°21N 23°42 E
Cdlt
Olivier