Bonsoir à Tous,
et un grand merci pour tous ces témoignages et vos expériences personnelles.
On imagine mieux les "clans" formés par les "pays" de l'Ouest,du Nord ou du Sud, heureux de "baraguiner" entre eux.
Par contre au combat, le langage commun " le Français " devait rassembler tout le monde.
Cordialement,
Florent
PS/ A Yann :
"Mon AGP avait pourtant effectué son service avant guerre au 106e RI à Chalon ???
à Chalon , c'était le 56ème, le 106è était à Chalons !
bonjour à tous
Une petite contribution concernant la connaissance ou l'ignorance de la langue française par les bretons de la guerre 14 18.
J'ai connu ma GMp, née en 1886, elle est décédée en 1975: elle ne fut pas scolarisée (malgré les lois " en vigueur" concernant l'instruction obligatoire). Je sais pertinemment qu'elle ne parlait que breton et qu'elle ne savait ni lire ni écrire.
Son époux, mon GPp, était né la même année (classe 1906) je ne l'ai pas connu. Je pense que s'il parlait français, ce devait être très rudimentaire et ceci, malgré.... sa présence sur le front (de 1914 à 1918). Son fils, mon père (né en 1920) m'a toujours dit que "personne à la maison" ne pouvait l'aider en français pendant sa scolarité. Lui-même a appris le français en 3 ans d'école puis l'allemand pendant ses 5 années de prisonnier de guerre. Il a ainsi pu m'aider quand j'ai choisi "allemand 2nde langue" en 4ème.
Mes deux familles font partie du même canton (Le Faouët) leurs villages respectifs sont situés à 7km de distance. Concernant la période qui précède la Guerre 14 18, toute ma famille maternelle a obtenu le certificat d'études, y compris les filles.
Ce n'est pas la géographie qui a fait la différence entre ces deux familles :
Dans ma famille maternelle, le "pater familias", mon arrière GPm, était un meunier qui savait lui-même très bien écrire en français,
j'ai par devers moi, une lettre qu'il a écrite à l'un de ses fils, lequel l'a rapportée du front.
Cet ancêtre meunier était notoirement ce qu'on appelait à l'époque un "rouge"= pas de souci pour lui d'inscrire ses 3 fils et ses 4 filles à l'école laïque.
Ma famille paternelle qui était bien plus pauvre (mon GPp était journalier) était aussi "de la calotte"... Il fallait donc mettre les enfants à l'école des "frères" ou à l'école des "soeurs" ce qui avait un coût. J'imagine que ma GMp a écopé de la peur de "l'école du Diable", de ce fait, faute de moyens financiers, elle ne fut pas scolarisée du tout.
Je sais aussi que ma famille a toujours seriné ce leitmotiv aux enfants de ma génération :
"si tu parles breton, tu n'auras pas ton BAC"
je confirme "bara" = pain, gwin = vin, d'où le verbe : "baraguiner" et non "barguiner".
très cordialement
Brigitte B.