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Re: Eclatement au repos d'un obus...
Publié : dim. mai 05, 2013 6:49 pm
par air339
Bonjour,
Quelques photos supplémentaires d'éclats, qui illustrent la diversité de leur aspects :
De longs éclats de parois, le plus imposant mesure 54 cm pour un poids supérieur à 2kg.
Des éclats de culot : autour d'210, à midi, un fond de 77, puis 120, 155, 220, 105, 90, 75.
Quelques 75 incomplètement morcelés, qui indiquent un point de rupture au tiers supérieur, peut-être en lien avec l'effet du détonateur ?

Je note la grande plasticité de cet acier, qui - sous la chaleur de l'explosion ? - peut se cintrer fortement vers l'intérieur. J'ai déjà remarqué des éclats de 75 dont les extrémités se rejoignaient en ce sens, effet que je remarque pas sur d'autres calibres.
Bien cordialement,
Régis
Re: Eclatement au repos d'un obus...
Publié : dim. mai 05, 2013 7:05 pm
par TURPINITE
Bonsoir,
Le faible éclatement de projectiles est dû également au fait que le chargement est toxique avec une faible quantité d'explosifs.
Ici le but n'est pas de projeter des éclats mais d'éventrer l'obus afin que le chargement s'échappe.
L'acier qui se replie vers l'intérieur est en partie dû à la poussée de l'explosif sur le centre et à l'impact sur quelque chose de "dur" (sol, roche, etc).
Amicalement
Florian
Re: Eclatement au repos d'un obus...
Publié : dim. mai 05, 2013 8:55 pm
par joanbettylee
Bonsoir,
Merci pour ces nouvelles photos Régis!
En parlant de gros éclats, est-ce que quelqu'un connaitrait le poids minimum à partir duquel on peut parler d'un "gros éclat"? voire d'un très "gros éclats"?
Si on se réfère à un document (tableau) cité par Guy dans ce sujet, les gros fragments d'obus recensés sont compris entre 100 à 350 grammes (ici pour le cas d'un obus explosif de semi-rupture en acier de 100 mm pesant 14,5kg et chargé de 450 grammes d'explosif).
Existe-t-il des données chiffrées qui détermineraient ces valeurs?
cordialement,
élodie
Re: Eclatement au repos d'un obus...
Publié : mar. mai 07, 2013 7:33 pm
par Arnaud Lejaille
Bonjour à tous,
Merci pour ces précisions fort intéressantes !
La dernière photo d’air339, comme Turpinite l’a précisé, est vraiment représentative des munitions chimiques.
L’éclatement du projectile, dans le cas des munitions de 75mm toxiques, est simplement obtenue par la gaine et ses 25g de mélinite.
Voici un extrait de la page de La Guerre des gaz :
Pour réaliser rapidement la production des munitions chimiques, on ne put envisager la fabrication d’enveloppes appropriées. On du se résoudre à utiliser les enveloppes existantes, en les modifiant pour les adapter à cet usage et en sélectionnant celles qui s’y prêtait le mieux. Par la suite, des études théoriques puis des expériences de tir devaient permettre d’obtenir les meilleurs résultats. L’amorçage se révéla un point essentiel et fut l’objet d’études méticuleuses. Trop fort, le toxique était dissocié et dégradé par la violence de l’explosion. Trop faible, la dispersion était quasiment nulle.
Dans un premier temps, on calculait l’énergie nécessaire à la vaporisation du toxique (par exemple, pour l’obus de 75 mm n°4, 67 calories) a laquelle on ajoutait l’énergie nécessaire à la détente brutale puis à la diffusion du toxique (dans notre exemple, de 500 ml à 16 m3). Les 25 g de mélinite de l’amorçage du 75 mm dégageaient ainsi 95 calories. Les expériences de tir réels montrèrent qu’il était nécessaire de diminuer légèrement la charge par rapport au calcul théorique ; ils démontrèrent également que les forces mécaniques dont le projectile était animé (une grande vitesse de translation et de rotation) avaient également une grande influence. Il existait ainsi une limite en dessous de laquelle le liquide n’était plus projeté vers l’arrière de l’obus, mais entraîné avec le culot dans le sol. D’autres études, météorologiques évidemment, mais balistiques aussi, comme l’angle de chute, la cadence du tir, le calibre du projectile, l’utilisation simultanée d’obus chimiques et d’obus classiques, furent réalisée pour ne rien laisser au hasard. Les essais allemands étaient bien différents et comportaient surtout des tests de toxicité ou d’agressivité de l’agent chimique ; les tests de tir n’étant réalisés que succinctement. Après la déconvenue liée à l’introduction des obus n°1 en Champagne en septembre 1915, les chimistes français tirèrent toutes les leçons de cet échec pour ne plus y être confronté.
http://www.guerredesgaz.fr/Agression/ar ... itions.htm
Bien cordialement
Re: Eclatement au repos d'un obus...
Publié : mar. mai 07, 2013 8:16 pm
par ALVF
Bonsoir,
Il n'y a pas de limite pour la grosseur des gros éclats d'obus explosifs.
Voici à titre d'exemple, un culot provenant d'un obus explosif de 35 cm allemand de 600 kg dont la détonation a été pourtant complète avec une charge de 56,865 kg d'explosif de bonne qualité (Tolite).Le poids de l'éclat approche les 100 kg.
Projectile tiré par un canon de 35 cm provenant du tubage en 35-cm d'un canon de 38-cm de Marine le
35/38-cm SKL/45 "König Luitpold", employé lors de la bataille de la Somme depuis la position de la Ferme Vaucelette:

Eclat d'obus explosif de 35-cm tiré par le 35/38-cm SKL/45 "König Luitpold".
Cordialement,
Guy François.
Re: Eclatement au repos d'un obus...
Publié : mar. mai 07, 2013 10:33 pm
par joanbettylee
Bonsoir,
Merci Guy pour cet exemple impressionnant de TRES gros éclat! Je n'imaginais pas qu'un projectile de 600 kilos bien armé en charge explosive pouvait produire un éclat d'une centaine de kilos...
Encore une manifestation de la démesure effrayante atteint par l'arsenal mécanique de 1914-1918...
cordialement,
JBL
Re: Eclatement au repos d'un obus...
Publié : mer. mai 08, 2013 10:58 pm
par air339
Bonsoir,
J'ai repris différents ouvrages médicaux ou chirurgicaux : la classification des éclats en "minuscules", "petits", ""gros , etc, reste à l'appréciation de chaque observateur. Les minuscules sont de la taille d'un écharde, pour certains auteurs les petits commencent au volume d'un centimètre cube... Bref, pas de classification à ma connaissance.
Cordialement,
Régis
Re: Eclatement au repos d'un obus...
Publié : jeu. mai 09, 2013 2:29 pm
par TURPINITE
Bonjour,
Le fait de déterminer un petit d'un gros éclat réside dans le visuel et dans la nature de l'objet.
Ilmaginez-vous trouvant une pépite ne dépassant pas le millimètre et une autre atteignant le centimètre, vous direz que la deuxième est une grosse pépite.
Même rapport avec un éclat d'obus, là par contre, vous ne le classerez pas dans la catégorie gros.
A notre niveau, je pense que lorsque l'on parle de petits éclats, cela se situe dans le centimétrique jusqu'à 2 ou 3 centimètres.
Après, l'éclat moyen va se situer dans une échelle de 5 à 10 cm.
Au-delà, on pourra commencer à parler de gros éclats.
Amicalement
Florian
Re: Eclatement au repos d'un obus...
Publié : jeu. mai 09, 2013 3:37 pm
par TURPINITE
Voici une photo d'un culot de 28 cm de diamètre, provenant du fort du Camp des Romains.
Le bébé pèse 10,350 kg.
Amicalement
Florian
Re: Eclatement au repos d'un obus...
Publié : dim. mai 12, 2013 2:45 pm
par joanbettylee
Bonjour,
Un grand merci pour l'ensemble de vos post ! j'ai enfin bouclé la partie technique et théorique de mon mémoire et cela en grande partie grâce à toutes les précisions, documents et photographies que vous m'avez soumis au fil de ce sujet...
Encore merci à vous,
bien cordialement,
JBL