Re: Obus Chimiques
Publié : jeu. févr. 17, 2011 4:58 pm
Bonjour à tous,
Voici quelques précisions sur cet épisode.
L’utilisation des « gaz de combat » en réponse à l’initiative allemande fut envisagée dans les jours qui suivent le 22 avril 1915 et l’épisode de la bataille d’Ypres. Toutes les voies possibles furent explorées et les militaires souhaitaient disposer de munitions chimiques dans les plus brefs délais. Seulement, en France, la production industrielle des usines chimiques était extrêmement peu importante et complètement insuffisante pour envisager une riposte immédiate. Le chargement en différents produits toxiques fut programmé, mais dans l’attente de ces derniers, Joffre souhaitait disposer de grandes quantités de munitions chimiques pour les offensives de septembre.
Le professeur Urbain proposa l’utilisation du tétrachlorosulfure de carbone, qui ne nécessitait comme matière première que du chlore gazeux et du sulfure de carbone, matières que l’on possédait. Cet agressif fut étudié par Bertrand et Delépine à partir du mois de juin 1915 ; les projectiles furent baptisés des initiales des deux chercheurs : BD1. De nombreuses expérimentations sont alors menées. A la fin du mois de juillet, des essais réels pratiqués sur des animaux et des hommes munis de tampons protecteurs donnèrent des résultats assez décevants. En dépit du bon sens, au mois d’août, Joffre ordonna la production d’une première dotation de 50 000 obus spéciaux chargés de tetrachlorosulfure de carbone, baptisé clairsite. Il poussa également au maximum la production des autres obus spéciaux, dont on ne possédait pas encore la composition adéquate pour certains ! Malgré les efforts de Delépine et de Grignard, tous les mélanges essayés donnaient des atmosphères peu stables. Aucun autre chargement n’étant disponible pour d’autres obus chimiques, il fut décidé de produire une quantité énorme d’obus au tetrachlorosulfure (427 000), appelés désormais obus n°1, pour répondre aux demandes des armées. Dans l’urgence, un mélange de tétrachlorosulfure de carbone et de chlorure de soufre, baptisé Lacrymite, fut adopté et chargé dans des munitions de 75 mm, malgré les protestations de Bertrand qui ne prêtait aucune agressivité au mélange, en regard de sa volatilité (Le professeur Bertrand était considéré comme un scientifique spécialiste des produits agressifs et lacrymogènes. Il avait participé a plusieurs commissions sur l’étude de ces produits, dès 1912). Ces obus furent tirés lors de la phase préparatoire de l’offensive de Champagne, les 23, 24 et 25 septembre 1915 et dans les jours suivants. Comme prévu, les munitions se révélèrent effectivement complètement inefficaces et la Lacrymite fut définitivement abandonnée.
Bien cordialement
Voici quelques précisions sur cet épisode.
L’utilisation des « gaz de combat » en réponse à l’initiative allemande fut envisagée dans les jours qui suivent le 22 avril 1915 et l’épisode de la bataille d’Ypres. Toutes les voies possibles furent explorées et les militaires souhaitaient disposer de munitions chimiques dans les plus brefs délais. Seulement, en France, la production industrielle des usines chimiques était extrêmement peu importante et complètement insuffisante pour envisager une riposte immédiate. Le chargement en différents produits toxiques fut programmé, mais dans l’attente de ces derniers, Joffre souhaitait disposer de grandes quantités de munitions chimiques pour les offensives de septembre.
Le professeur Urbain proposa l’utilisation du tétrachlorosulfure de carbone, qui ne nécessitait comme matière première que du chlore gazeux et du sulfure de carbone, matières que l’on possédait. Cet agressif fut étudié par Bertrand et Delépine à partir du mois de juin 1915 ; les projectiles furent baptisés des initiales des deux chercheurs : BD1. De nombreuses expérimentations sont alors menées. A la fin du mois de juillet, des essais réels pratiqués sur des animaux et des hommes munis de tampons protecteurs donnèrent des résultats assez décevants. En dépit du bon sens, au mois d’août, Joffre ordonna la production d’une première dotation de 50 000 obus spéciaux chargés de tetrachlorosulfure de carbone, baptisé clairsite. Il poussa également au maximum la production des autres obus spéciaux, dont on ne possédait pas encore la composition adéquate pour certains ! Malgré les efforts de Delépine et de Grignard, tous les mélanges essayés donnaient des atmosphères peu stables. Aucun autre chargement n’étant disponible pour d’autres obus chimiques, il fut décidé de produire une quantité énorme d’obus au tetrachlorosulfure (427 000), appelés désormais obus n°1, pour répondre aux demandes des armées. Dans l’urgence, un mélange de tétrachlorosulfure de carbone et de chlorure de soufre, baptisé Lacrymite, fut adopté et chargé dans des munitions de 75 mm, malgré les protestations de Bertrand qui ne prêtait aucune agressivité au mélange, en regard de sa volatilité (Le professeur Bertrand était considéré comme un scientifique spécialiste des produits agressifs et lacrymogènes. Il avait participé a plusieurs commissions sur l’étude de ces produits, dès 1912). Ces obus furent tirés lors de la phase préparatoire de l’offensive de Champagne, les 23, 24 et 25 septembre 1915 et dans les jours suivants. Comme prévu, les munitions se révélèrent effectivement complètement inefficaces et la Lacrymite fut définitivement abandonnée.
Bien cordialement