Re: CATHERINE-II, ex-EMPRESS-EKATERINA II ― Paquebot ― État français.
Publié : jeu. janv. 05, 2017 11:22 am
Bonjour à tous,
Un complément sur Otto Launburg et l’affaire de Bergen le 20 Avril 1944
Ce matin là, Otto Launburg, qui devait avoir une conférence avec le personnel du port, était en retard et marchait sur les quais à quelque distance du bergenhus qui abritait les bâtiments de la direction du port quand le VORBOODE explosa. Ce chalutier hollandais, réquisitionné par la Kriegsmarine, transportait 100 tonnes de poudre et 80000 amorces. Jeté à terre par le souffle, Launburg fut blessé. Mais autour de lui, ce n’était que désolation et des incendies ravageaient les habitations proches. Le bilan était lourd et tout le personnel allemand du bergenhus avait péri.
Voici Bergen juste après l’explosion.
Le haut commandement allemand attribua l’explosion un attentat de la résistance norvégienne et à l’action de saboteurs. Le commandant Launburg fut accusé de négligence, de n’avoir pas organisé une garde suffisante autour du navire et fut traduit devant un tribunal militaire qui le condamna à 4 mois d’arrêt de forteresse. En réalité, il fut muté dans le petit port de Molde, au Nord de Bergen, où il fut fait prisonnier lors de la capitulation allemande le 8 Mai 1945.
Hasard de l’histoire, il se trouve que Molde avait été sa première escale à l’étranger en Avril 1909, alors qu’il était tout jeune cadet de la Marine Impériale sur le croiseur école HERTHA. C’est donc dans ce même port que prit fin sa carrière maritime 36 ans plus tard.
Mais après la capitulation, on s’aperçut que la résistance norvégienne n’était pour rien dans l’explosion du VORBOODE. La seule cause était une combustion spontanée des poudres et Launburg ne pouvait en être tenu pour responsable. En Septembre 1945, les officiers de marine allemands présents avec lui dans le camp de prisonniers lui établir alors un certificat le lavant de tout soupçon de responsabilité dans cette affaire et lui rendant son honneur.
Voici ce document :
Et sa traduction (approximative)
« A propos du recours en grâce du Capitaine de Corvette Otto Launburg, chef de services de la Marine en Norvège, avec disposition du 2 Septembre 1945
Je déclare que le Capitaine de Corvette Otto Launburg est blanchi de sa condamnation du 19 Mai 1944 à 4 mois d’arrêts par la justice de l’Amiral commandant la côte occidentale norvégienne. A sa requête, cette condamnation est retirée de son casier judiciaire qui ne concerne que les affaires civiles.
Arrêt de justice par l’Officier de Marine le plus âgé du camp de Trondheim. »
C’est un document assez extraordinaire, établi par des officiers de marine allemands, prisonniers dans un camp norvégien. On note qu’ils ont conservé les tampons de la Kriegsmarine, mais ont retiré la croix gammée qui figurait auparavant sous l’aigle.
Un autre complément concernant le fils de son épouse, Hans Jurgen Lauterbach.
Le voici vers l’âge de 20 ans (à droite) en compagnie de Felix von Lückner, le célèbre capitaine corsaire du SEEADLER.
Et une autre photo, pas très bonne, parue dans un journal de Brême à la même époque.
Il faut dire que le père biologique de Hans Jürgen, le capitaine de corvette Julius Lauterbach-Emden, décédé en 1937, avait lui aussi été capitaine corsaire, dernier commandant du MOEWE, où il avait succédé à Zu Dohna Schlodien. D’ailleurs, un livre entier ne suffirait pas à raconter toutes ses aventures, dont on peut trouver la trace en tapant son nom sur internet.
Le voici enfin, commandant du sous-marin U 539, à l’âge de 23 ans.
Il ne coula qu’un seul navire, le danois JONNA au large de Porto Rico, et parvint, difficilement car poursuivi par l’aviation américaine, à rentrer à sa base de Flensburg. En Avril 1945, sur les conseils de son beau-père auquel il avait téléphoné à Molde, il décida de s’échapper de Flensburg avec son sous-marin pour ne pas être pris par les Russes car l’armée rouge approchait, et de gagner la Norvège. Il parvint à franchir le détroit du Kattegat entre Suède et Danemark, pourtant surveillé, et arriva à Bergen vers le 5 Mai 1945. Il fit sa reddition aux Norvégiens lors de la capitulation allemande, quelques jours plus tard, avec tout son équipage sain et sauf. Il est décédé en 1996.
Sa demi-sœur, Ilse Renate, parfaitement francophone, vit dans la région de Munich.
Cdlt
Un complément sur Otto Launburg et l’affaire de Bergen le 20 Avril 1944
Ce matin là, Otto Launburg, qui devait avoir une conférence avec le personnel du port, était en retard et marchait sur les quais à quelque distance du bergenhus qui abritait les bâtiments de la direction du port quand le VORBOODE explosa. Ce chalutier hollandais, réquisitionné par la Kriegsmarine, transportait 100 tonnes de poudre et 80000 amorces. Jeté à terre par le souffle, Launburg fut blessé. Mais autour de lui, ce n’était que désolation et des incendies ravageaient les habitations proches. Le bilan était lourd et tout le personnel allemand du bergenhus avait péri.
Voici Bergen juste après l’explosion.
Le haut commandement allemand attribua l’explosion un attentat de la résistance norvégienne et à l’action de saboteurs. Le commandant Launburg fut accusé de négligence, de n’avoir pas organisé une garde suffisante autour du navire et fut traduit devant un tribunal militaire qui le condamna à 4 mois d’arrêt de forteresse. En réalité, il fut muté dans le petit port de Molde, au Nord de Bergen, où il fut fait prisonnier lors de la capitulation allemande le 8 Mai 1945.
Hasard de l’histoire, il se trouve que Molde avait été sa première escale à l’étranger en Avril 1909, alors qu’il était tout jeune cadet de la Marine Impériale sur le croiseur école HERTHA. C’est donc dans ce même port que prit fin sa carrière maritime 36 ans plus tard.
Mais après la capitulation, on s’aperçut que la résistance norvégienne n’était pour rien dans l’explosion du VORBOODE. La seule cause était une combustion spontanée des poudres et Launburg ne pouvait en être tenu pour responsable. En Septembre 1945, les officiers de marine allemands présents avec lui dans le camp de prisonniers lui établir alors un certificat le lavant de tout soupçon de responsabilité dans cette affaire et lui rendant son honneur.
Voici ce document :
Et sa traduction (approximative)
« A propos du recours en grâce du Capitaine de Corvette Otto Launburg, chef de services de la Marine en Norvège, avec disposition du 2 Septembre 1945
Je déclare que le Capitaine de Corvette Otto Launburg est blanchi de sa condamnation du 19 Mai 1944 à 4 mois d’arrêts par la justice de l’Amiral commandant la côte occidentale norvégienne. A sa requête, cette condamnation est retirée de son casier judiciaire qui ne concerne que les affaires civiles.
Arrêt de justice par l’Officier de Marine le plus âgé du camp de Trondheim. »
C’est un document assez extraordinaire, établi par des officiers de marine allemands, prisonniers dans un camp norvégien. On note qu’ils ont conservé les tampons de la Kriegsmarine, mais ont retiré la croix gammée qui figurait auparavant sous l’aigle.
Un autre complément concernant le fils de son épouse, Hans Jurgen Lauterbach.
Le voici vers l’âge de 20 ans (à droite) en compagnie de Felix von Lückner, le célèbre capitaine corsaire du SEEADLER.
Et une autre photo, pas très bonne, parue dans un journal de Brême à la même époque.
Il faut dire que le père biologique de Hans Jürgen, le capitaine de corvette Julius Lauterbach-Emden, décédé en 1937, avait lui aussi été capitaine corsaire, dernier commandant du MOEWE, où il avait succédé à Zu Dohna Schlodien. D’ailleurs, un livre entier ne suffirait pas à raconter toutes ses aventures, dont on peut trouver la trace en tapant son nom sur internet.
Le voici enfin, commandant du sous-marin U 539, à l’âge de 23 ans.
Il ne coula qu’un seul navire, le danois JONNA au large de Porto Rico, et parvint, difficilement car poursuivi par l’aviation américaine, à rentrer à sa base de Flensburg. En Avril 1945, sur les conseils de son beau-père auquel il avait téléphoné à Molde, il décida de s’échapper de Flensburg avec son sous-marin pour ne pas être pris par les Russes car l’armée rouge approchait, et de gagner la Norvège. Il parvint à franchir le détroit du Kattegat entre Suède et Danemark, pourtant surveillé, et arriva à Bergen vers le 5 Mai 1945. Il fit sa reddition aux Norvégiens lors de la capitulation allemande, quelques jours plus tard, avec tout son équipage sain et sauf. Il est décédé en 1996.
Sa demi-sœur, Ilse Renate, parfaitement francophone, vit dans la région de Munich.
Cdlt