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Re: Nettoyeurs de tranchées ?

Publié : mer. nov. 16, 2005 3:31 pm
par FX Bernard
bonjour,

Les nettoyeurs nettoyaient avec tout ce que le mot sous entend...ils " faisaient le ménage" et éliminaient ceux qui -je cite- : " faisaient semblant de se rendre" , mais ils étaient aussi les seuls à avoir le droit de "s'attarder" pendant une attaque...ils visitaient donc les abris, les sapes allemandes et s'y attardaient tellement pour se remplir les poches en vidant celles des allemands morts que l'on finit par veiller à ce qu'il ne s'attardent pas définitivement....Pétain dans un rapport fameux sur l'attaque en Champagne de sept 15 dit explicitement : "on veillera à ce que les nettoyeurs de tranchées ne restent pas dans les tranchées conquises". Cordialement CC
bonjour Claude,

comme je suis en train de travailler sur un article sur le sujet (en passant, je suis intéressé par tous les documents que les amis du forum pourraient trouver), pourriez-vous me citer vos sources exactes ? Merci d'avance,

f-xavier

Re: Nettoyeurs de tranchées ?

Publié : jeu. nov. 17, 2005 12:17 am
par FX Bernard
Merci Claude !

f-xavier

Re: Nettoyeurs de tranchées ?

Publié : dim. déc. 18, 2005 8:30 am
par patrick mestdag
Bonjour

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Douaumont: nettoyeurs de tranchées

Du site
http://perso.wanadoo.fr/kah/index.htm

@+
patrick

Re: Nettoyeurs de tranchées ?

Publié : dim. déc. 18, 2005 11:25 am
par Eric Mansuy
Bonjour à tous,
Une vision particulière portée sur un Groupe Franc, tirée d'Anecdotes et Paysages de guerre du commandant du Bourg [152e R.I.]. Bonne lecture !

Bien cordialement
Eric Mansuy

Un coup de main dans le Schönholz, 21 janvier 1917

- « Cette fois-ci, pour votre nouveau coup de main, me dit le colonel de Combarieu, qui commande notre infanterie divisionnaire, je vous interdis, de la façon la plus formelle, de dépasser, de votre personne, nos lignes avancées. Votre mission n’est pas de faire le paladin. Vous êtes le cerveau de l’opération…etc., etc… »
Le pauvre « cerveau » s’en va, l’oreille basse, par cette matinée pailletée de neige, vers les brèches par lesquelles au crépuscule, s’élanceront deux de ses groupes francs. Déjà, depuis plusieurs nuits, nous avons patrouillé dans « l’inter-lignes » et en sommes devenus les clients familiers. Mais, au dernier moment, le coup d’œil du maître n’est pas superflu pour contrôler la minutie des détails ; car à la guerre un détail infime peut parfois prendre la valeur d’une conception géniale et, comme elle, déterminer de grandes réalisations : les lignes téléphoniques sont déroulées ; les échelles de franchissement se dressent contre les talus ; des réserves de grenades, dans la nuit dernière, ont été dissimulées sous le nez des boches, en marge de leur réseau ; les brèches de nos lignes sont ingénieusement camouflées – un ruban de fil blanc s’étire dans le labyrinthe de nos tranchées pour servir de fil d’Ariane à notre retour dans les ténèbres ; nos cagoules sont là pour nous métamorphoser en pénitents blancs et pour nous diluer dans la symphonie neigeuse du paysage…
Bref, mon inspection me laisserait satisfait si, du choix plus ou moins judicieux du plan d’attaque, ne dépendait le sort même de ma troupe d’élite. Depuis que j’élabore ce plan, le sentiment de ma responsabilité morale énerve mes journées et mes nuits. A mesure que l’échéance approche, mes appels se font plus désespérés à ma logique, à la leçon des précédentes expériences et il ne résulte qu’une plus grande courbature de mon âme.
Maintenant, le sort en est jeté… A la grâce de Dieu !…
En avant de nos lignes, qui festonnent la forêt de Carspach, une bande de bois rectangulaire rejoint les lignes boches.
Sous le couvert mystérieux de ses arbres, à 150 mètres, se dissimule l’organisation ennemie qui nous est assignée : nous devons y détruire les moyens de défense, y recueillir des indices, y faire des prisonniers.
Cette organisation ennemie est flanquée, du côté montueux et boisé, par l’ouvrage boche du Schönholz, où, tout dernièrement nous sommes allés rendre visite et, du côté bas et dénudé, par un poste de mitrailleuses dont on distingue les créneaux à l’œil nu.

C’est par la lisière du bois rectangulaire qu’au pas de course se ruera le groupe franc du 334e, tandis que plus sournoisement le groupe franc du 152e s’infiltrera sous la futaie.
Quelques heures encore me restent : je vais déjeuner avec Thiéry dont le bataillon occupe le secteur devant lequel nous allons opérer. A la table hospitalière, je retrouve les deux acteurs du prochain drame, mes lieutenants Guillaume et Charpin. On mange comme des enfants, on boit comme des hommes, puis on s’équipe comme des apaches : poignards, pistolets, grenades-citrons, grenades incendiaires, grenades asphyxiantes, fusils, cisailles... il ne manque plus que la « pince-monseigneur » !…

Trois heures moins un quart. Notre artillerie commence sa préparation. Sa tâche est complexe : ouvrir une brèche, bouleverser les abris ennemis, neutraliser les flanquements divers et enfin encadrer notre assaut d’un barrage roulant. Le tir adopte bientôt le rythme furieux des grandes offensives. Nous voyons, avec satisfaction et ironie, s’élever, à une centaine de mètres, de splendides gerbes qui projettent dans les airs, des arbres, de la terre, des tranches entières du réseau ennemi. A mes côtés, le lieutenant d’artillerie Maréchal, technicien éprouvé et indomptable soldat, lance par le téléphone, les indications qui doivent éclairer ses batteries et éloigner de nos têtes les obus qui s’obstineraient à tomber trop près…
La riposte boche ne boude pas : nous sommes copieusement arrosés et, sur de nombreux points, nos tranchées commencent à se niveler... à plein gosier « la chanson des Groupes Francs du Bourg », composée par un de nos poilus. Je me la fais chanter avec une curiosité amusée ; ils me promettent une copie…
Puis, je me dirige vers mon poste d’observation et mon téléphone. Soudain une bousculade assourdissante m’aplatit comme une limande sous une charge qui écrase ma respiration et ma gesticulation. Ma tête pourtant peut encore osciller sous l’entrecroisement de pièces de bois qui la protège. Par des efforts congestionnés et haletants, je parviens, peu à peu, à dégager mes membres de cette étreinte suffocante et de cette posture ridicule ; mais dans quel état minable et lacéré ! Je tâte mes membres : aucun ne manque à l’appel. Alors, ma mésaventure m’est expliquée : un malicieux 150 a fait effondrer sur mon dos la superstructure d’une tranchée couverte.
4 heures moins un quart. Nos regards et nos cœurs suivent anxieusement un de nos hommes qui, grâce au déplacement convenu de notre tir, se glisse vers les lignes boches nous contrôler l’ouverture de la brèche et l’efficacité de notre canonnade. Son corps se distingue à peine des troncs d’arbres abattus, entre lesquels il rampe avec souplesse. Interminables minutes d’angoisse ! Mais le voici enfin de retour, sans une balle, sans un éclat d’obus, enchanté… et documenté : la précaution n’était pas inutile, car derrière le premier réseau déchiqueté se trouve, insoupçonné et littéralement vierge, un deuxième réseau. Pendant la demi-heure qui reste, notre artillerie va le déflorer…
Maintenant mes volontaires francs sont à mes côtés au pied des échelles de franchissement, l’œil resplendissant de volonté, le cœur balancé par l’impérieuse cadence des explosions qui s’accélère jusqu’au lyrisme final, l’attention attirée par les différentes pièces de leur armement qu’ils disposent bien à portée de leur main. Au dernier moment, j’ai renoncé aux cagoules blanches, car le marmitage a volatilisé la neige et rendu au sol sa teinte sombre. On échange des « galéjades », on serre des mains…
Cinq heures moins un quart : mes hommes ont devancé la dernière seconde. Les voilà, en avant de nos fils de fer, galopant vers la position ennemie. Dans la tranchée qui m’emprisonne, mon cœur est sûrement plus haletant que leurs cœurs en pleine course ! Les Boches vont-ils les apercevoir ? Heureusement, notre tir qui s’allonge voile de fumée la galopade des groupes francs ; l’obscurité, du reste, commence à diluer les détails du bois rectangulaire et de sa lisière... Deux minutes : encore rien !… Trois minutes : appel frénétique de multiples fusées boches qui donnent l’alarme et réclament le barrage. Trop tard ! car mes hommes sont déjà dans la position ennemie et fouillent les abris. Et, tandis que le barrage tardif tombe sur nos lignes, mes volontaires y déferlent à leur tour avec la joyeuse rafle de trois Boches.
Il fait maintenant nuit noire. Comment nous orienter dans le labyrinthe de nos tranchées « catastrophées » et sous la rageuse déconvenue d’obus de tout calibre ? Leurs explosions sont nos seuls becs de gaz. Heureusement, mon ruban de fil blanc, qui, de loin en loin, émerge des décombres, dirige tant bien que mal notre marche dans les ténèbres et la dévastation. Au passage, un obus enterre et blesse quatre de mes hommes. On les retire à tâtons et l’on va savourer goulûment un repos bien gagné.

P.S. Si quelqu'un(e) parmi vous possède le texte de la chanson des Groupes Francs du Bourg,... à vot' bon coeur ! :wink:

Re: Nettoyeurs de tranchées ?

Publié : dim. mars 05, 2006 2:17 am
par clem
Bonsoir,
pour information, le livre de Cendrars "la main coupée" possède la description d'un coup de main des nettoyeurs de tranchées.
On a vu que les soldats qui n'étaient pas "réduits au silence" pouvaient tirer dans le dos des assaillants. La notion du nettoyage des tranchées prend alors tout son sens et apparaît comme normal par rapport au caractère inédit de cette guerre. D'ailleurs, un nettoyeur de tranchée est plus une bête sautant sur tout ce qui bouges qu'un soldat comme un autre. Même les plus faibles, les plus timides (pour cela lire les textes) semblaient se transformer à la vue du sang, des êtres humains hurlants. Il n'est pas rare de retrouver des témoignages décrivant des scènes commes celles-ci. Coups de couteau, de pelle, de pioche, etc... de plus les assauts pouvaient dégenéré en corps à corps. A mon humble avis, un corps à corps ressemble plus à une tuerie confuse ou l'on s'étrangle, se mord.
Le "nettoyage de tranchée" devait être vital dans la mesure ou l'on creusait les premières tranchées.
Cordialement,
Clément