Re: les femmes pendant la Grande Guerre (en p 1: accès au sommaire)
Publié : mar. déc. 16, 2014 6:55 pm
*
Bonjour à tous,
4 ème et dernier épisode
en forme d'hommage à Marie Curie...
je conseille la lecture du dossier PDF transmis par Mr Ben El Mehli (un texte qui date de 1915) : http://tsovorp.org/histoire/DocPdf/VoitRXMassiot.pdf
Voici ce que j'ai pu lire (toujours dans l'ouvrage de Janine Trotereau, déjà cité):
"Marie ne tarde pas à prendre conscience que l’utilisation des appareils à rayons X peut être d’une utilité cruciale.
Elle a donné quelques cours à la Sorbonne mais les rayons X ne sont pas sa spécialité. Elle n’a aucune notion en matière d’examen radiologique. Elle s’adresse au plus grand spécialiste de la question, le Docteur Antoine Béclère qui a compris l’intérêt des rayons X et doté, à ses frais, son service hospitalier d’appareils de radioscopie.
Elle acquiert les rudiments de cet art, auprès de ce médecin qui va se retrouver, tout au long du conflit, à la tête du service radiologique des armées. Marie se rend compte qu’il faut posséder des postes de radiologie sur place, près du front, afin de sauver de nombreuses vies. C’est en effet là que l’on tente d’extraire les balles des corps des blessés, en fouillant au hasard dans leurs plaies ouvertes. Avec sa ténacité habituelle, elle prend son bâton de pèlerin. Elle dresse la liste des appareils Rönteng disponibles. Elle fait ensuite le siège des ministères pour être officiellement chargée de mettre sur pied un service radiologique ambulant digne de ce nom, ce qui implique une grande mobilité afin d’éviter au maximum le transport des blessés.
Elle écrit : « j’ai eu la bonne fortune de trouver des moyens d’action auprès du Patronage national des blessés…j’ai pu, avec l’aide libérale de cette oeuvre, créer un service de radiologie auxiliaire du Service de santé militaire »…
Il faut d’abord des voitures. Marie en fait la quête auprès des femmes riches : nombreuses sont celles qui font don de leur véhicule à moteur. Marie déniche aussi des carrossiers capables de transformer les limousines. Il faut équiper les véhicules, Marie trouve de l’aide auprès de la Croix Rouge, auprès de l’Union des femmes.
En plus de l’équipement radiologique, il faut aussi un groupe électrogène, l’électricité à proximité des champs de bataille étant la chose la moins bien partagée du monde…
Le plus dur reste à faire : convaincre les chirurgiens. Ils sont nombreux à n’avoir jamais vu pratiquer la technique des rayons X. Nombre d’entre eux sont même hostiles. Béclère lui-même s’est entendu dire par des confrères qu’il déshonorait le corps médical en devenant « photographe »
En outre, Marie est une femme, elle doit s’imposer dans un monde d’hommes.
Il est plus rapide d’amputer une jambe que de chercher des éclats d’obus pour les extraire, d’autant que les blessés arrivent en masse. Il faut qu’elle parvienne à convaincre des médecins qui travaillent dans des conditions extrêmes, d’autant que la lecture des radios ne se fait pas en direct et qu’il faut des rudiments de géométrie.
Il faut donc former des manipulateurs qui doivent avoir également des notions en anatomie et en électricité.
Les hommes sont au front, certes, quelques médecins sont formés mais,c’est aux femmes qu’on fait appel et Marie intervient à nouveau : « J’offris au service de Santé de créer, à l’Institut du Radium, une école de manipulatrices, choisies parmi les jeunes filles ou jeunes femmes, reconnues aptes à assurer ce service après avoir reçu une instruction convenable."
Ses actions n’ont pas été récompensées. Comme le note sa seconde fille Ève dans sa biographie : "Beaucoup de dames reçurent des décorations, des rosettes… Ma mère n’eut rien".
Bien à vous ,
Si vous avez des éléments complémentaires, faites en part sur le Forum, j'en serai ravie
Brigitte
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Bonjour à tous,
4 ème et dernier épisode
en forme d'hommage à Marie Curie...
je conseille la lecture du dossier PDF transmis par Mr Ben El Mehli (un texte qui date de 1915) : http://tsovorp.org/histoire/DocPdf/VoitRXMassiot.pdf
Voici ce que j'ai pu lire (toujours dans l'ouvrage de Janine Trotereau, déjà cité):
"Marie ne tarde pas à prendre conscience que l’utilisation des appareils à rayons X peut être d’une utilité cruciale.
Elle a donné quelques cours à la Sorbonne mais les rayons X ne sont pas sa spécialité. Elle n’a aucune notion en matière d’examen radiologique. Elle s’adresse au plus grand spécialiste de la question, le Docteur Antoine Béclère qui a compris l’intérêt des rayons X et doté, à ses frais, son service hospitalier d’appareils de radioscopie.
Elle acquiert les rudiments de cet art, auprès de ce médecin qui va se retrouver, tout au long du conflit, à la tête du service radiologique des armées. Marie se rend compte qu’il faut posséder des postes de radiologie sur place, près du front, afin de sauver de nombreuses vies. C’est en effet là que l’on tente d’extraire les balles des corps des blessés, en fouillant au hasard dans leurs plaies ouvertes. Avec sa ténacité habituelle, elle prend son bâton de pèlerin. Elle dresse la liste des appareils Rönteng disponibles. Elle fait ensuite le siège des ministères pour être officiellement chargée de mettre sur pied un service radiologique ambulant digne de ce nom, ce qui implique une grande mobilité afin d’éviter au maximum le transport des blessés.
Elle écrit : « j’ai eu la bonne fortune de trouver des moyens d’action auprès du Patronage national des blessés…j’ai pu, avec l’aide libérale de cette oeuvre, créer un service de radiologie auxiliaire du Service de santé militaire »…
Il faut d’abord des voitures. Marie en fait la quête auprès des femmes riches : nombreuses sont celles qui font don de leur véhicule à moteur. Marie déniche aussi des carrossiers capables de transformer les limousines. Il faut équiper les véhicules, Marie trouve de l’aide auprès de la Croix Rouge, auprès de l’Union des femmes.
En plus de l’équipement radiologique, il faut aussi un groupe électrogène, l’électricité à proximité des champs de bataille étant la chose la moins bien partagée du monde…
Le plus dur reste à faire : convaincre les chirurgiens. Ils sont nombreux à n’avoir jamais vu pratiquer la technique des rayons X. Nombre d’entre eux sont même hostiles. Béclère lui-même s’est entendu dire par des confrères qu’il déshonorait le corps médical en devenant « photographe »
En outre, Marie est une femme, elle doit s’imposer dans un monde d’hommes.
Il est plus rapide d’amputer une jambe que de chercher des éclats d’obus pour les extraire, d’autant que les blessés arrivent en masse. Il faut qu’elle parvienne à convaincre des médecins qui travaillent dans des conditions extrêmes, d’autant que la lecture des radios ne se fait pas en direct et qu’il faut des rudiments de géométrie.
Il faut donc former des manipulateurs qui doivent avoir également des notions en anatomie et en électricité.
Les hommes sont au front, certes, quelques médecins sont formés mais,c’est aux femmes qu’on fait appel et Marie intervient à nouveau : « J’offris au service de Santé de créer, à l’Institut du Radium, une école de manipulatrices, choisies parmi les jeunes filles ou jeunes femmes, reconnues aptes à assurer ce service après avoir reçu une instruction convenable."
Ses actions n’ont pas été récompensées. Comme le note sa seconde fille Ève dans sa biographie : "Beaucoup de dames reçurent des décorations, des rosettes… Ma mère n’eut rien".
Bien à vous ,
Si vous avez des éléments complémentaires, faites en part sur le Forum, j'en serai ravie
Brigitte
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