Après 3 semaines de mise au vert loin de toutes connexion au réseau, j'ai, entre deux visites et découvertes eu le temps de retranscrire les articles de l'almanach du combattant que m'a confié Stéphan.
cordialement
Un almanach du combattant se doit de faire une place aux infirmières. Presque tous les combattants ont été blessés ou malades. Ils savent, par expérience personnelle, quels grands cœurs battaient sous les petites croix rouges. Dévouement, courage, oubli de soi esprit de sacrifice, les infirmières pratiquèrent éminemment ces éminentes vertus. Elle firent plus : elles donnèrent aux rescapés d front le réconfort de leur grâce et l’aumône de leur beauté.
Et puis ne furent elles pas, elles aussi, des combattante ? La médailles des épidémies ne comporte-t-elle pas autant d’honneur que la croix au ruban rouge ? Le service dans les hôpitaux bombardés ne vaut’il pas un séjour aux tranchées ?
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Nos infirmières aux armées
(1914-1918)
Il a été beaucoup dit sur nos infirmières tant sur celles de l’arrière, _que sur celle de l’avant. Il a été fort peu écrit à leur sujet. C’est pourquoi je voudrais ici exposer en quelques lignes, très brèves mais précises, le rôle qu’elles ont joué à l’armée.
Chef, pendant plus d’un an, d’une des plus importantes « Équipes » de la Société de secours aux blessés militaires, j’ai eu l’occasion de voir à l’œuvre, chaque jour, ces fidèles et précieuses collaboratrices. C’est donc tout d’observation que sera le tableau que je vais rapidement brosser ; partant, tout de vérité.
Le 21 janvier 1916 par ordre du médecin inspecteur du 36 cops d’armée (Armée Hély d’Oissel) je prenais la chefferie de l’un de nos plus beaux hôpitaux de campagne d’alors Bourbourg !
Hiver lugubre ! C’est dans un désert de neige glaciale que je trouve les trente six baraques Adrian de la formation. Dans l’une d’elles, le cantonnement de mes 12 infirmières. A leur tête, la vénérable Mme P… veuve de notre plus illustre professeur d’ophtalmologie.
Dès ce moment et jusqu ’au mois d’avril 1917, ce sera la besogne, la triste et douloureuse et combien précieuse besogne ! Tous les matins, les pansements d’une fraction de nos chers deux cents cinquante blessés ; tous les matins, une ou deux ou trois opérations. Puis, tout l’après midi la surveillance des salles. Et enfin, la journée achevée, ce sera la longue monotonie des longs soirs d’hiver, ce sera la chaleur étouffante des mois d’été, dans ces pauvres modestes baraques aussi incapables de protéger contre les chaleurs que contre les morsures du froid. A cette œuvre sacrée, jamais une défaillance, jai le devoir de l’écrire. Mieux : une générosité, un dévouement, un courage superbe sans cesse !
Je ne veux pas citer de noms, car elles étaient toutes pareilles, nos infirmières du front, et celles-là m’en voudraient en outre, j’en suis sur, dont j’offenserais la modestie en les désignant. Donc simplement quelques récits, quelques anecdotes, naturellement vécus, et qui prouveront, mieux que tout, dans quelle douce atmosphère vécurent nos chers blessés, avec quelle simplicité les plus grands noms de France et d’Angleterre se penchèrent sur leurs chevets.
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Dans l’une de nos salles, depuis plus de 6 mois, un grand blessé, gavroche parisien. Il est navré d’habiter depuis 6 mois ce « sale patelin » et d’être à la veille de le quitter sans avoir vu seulement le toit d’une de ses maisons. Il sen ouvre à son infirmière. Qua cela ne tienne, répond celle-ci, j’irai demander à M. le Médecin–chef la permission de faire atteler le « cabriolet » de la formation. Et quelques jours plus tard chacun put admirer la princesse M… véhiculant à travers les rues du villages, _en quel attelage grands dieux, _ mais avec quand même une joie non dissimulée, et faite toute de la joie &exubérante de son glorieux « amoché, notre excellent COLLOT qui si ces lignes lui tombent jamais sous les yeux, me pardonnera, j’en suis sur, de ne lui avoir point gardé l’anonymat.
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Nous voici à l’avant vieille du 14 juillet 1916.
Une de nos infirmières, Lady St.., sœur du général anglais, entre dans mon cabinet : - Monsieur le Médecin chef, me dit elle, vous allez, parait-il célébrer pour nos blessés la fête nationale, après demain. Je voudrais que vus leur donniez un petit souvenir à tous.
Y songez-vous, Lady St…, mais il me faudrait dépenser au moins 1.000 fr pour cela et je n’ai pas le droit de les prélever sur notre caisse !
Oh j’entends bien, mais les voici, Monsieur le Médecin-chef, les voici avec mes remerciements pour les bien vouloir accepter.
Et , ce disant, elle me tend aussitôt le beau billet bleu me priant d’aller à la ville voisine, Dunkerque, acheter les petits souvenirs.
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Après la simplicité, et la générosité, le courage.
21 juillet 1916 : une détonation formidable a ébranlé l’air : le camp anglais de munitions d’Audruicq vient de sauter, incendié par un avion boche. J’organise aussitôt un départ de secours. Toutes mes infirmières veulent en être. Au hasard, trois d’entre elles sont acceptées. Nous voilà arrivés. De tous cotés les obus sifflent, éclatent, tombent. Impassibles, magnifiques, elles ne bronchent pas. Et je les verrais toujours, aussi longtemps que je vivrai, se profilant sur et horizon de feu, aussi sublimes que modestes prêtes à courir au secours de nos chers poilus, toujours et partout, images vivantes de toutes leurs vaillantes sœurs du front devant qui, aujourd’hui comme jadis, je m’incline très respectueusement, moi qui eus l’insigne honneur d’être leur chef.
Dr Amédée Peyroux.
Bonne lecture