Bonsoir à toutes et à tous,
Tout d'abord en préambule, un grand Bravo à Joël Huret pour ce
"nouveau ancien forum" Merci à lui, pour sa persévérance.
Jérôme, bravo à toi aussi pour le travail réalisé et pour cette superbe carte. Je sais que ce sujet est un sujet un peu sensible, mais je ne peux rester en dehors de cette réflexion. Je n'y arrive pas, c'est plus fort que moi... et surtout j'adore... Je me permets donc de donner quelques idées ici ou là, à prendre pour ce quelles sont, de simples hypothèses dans la tête de quelqu'un qui a derrière lui une bonne journée de boulot...
Je me lance...
Sur la forme : trois indicateurs sont pris en compte
- le recensement de la population de 1911 par département.
- Pour le premier paramètre (les fiches des MPLF) je n'ai rien à ajouter. Je pense que malgrè quelques oublis ici ou là, ces fiches sont une très bonne base de travail. Les registres matricules pourraient également en être une, mais là il faudrait, après moult dérogation toute une vie (et encore) pour dépouiller l'ensemble des registres déposés dans nos si beaux centres d'archives départementales. Conclusion : pour les fiches je dis
OUI
- Pour les lieux de naissance, il sagit d'un paramètre intéressant qui peut être pris au sérieux. En effet, comme j'ai pu le lire ici ou là, lorsque l'on fait des recherches sur les MPLF d'une commune, d'un canton, d'un arrondissement, d'un département ou de la France entière plusieurs paramètres peuvent être pris en compte : Les
noms inscrits sur les monuments aux morts (de la commune au département, après bonjour l'angoisse...), les
actes de décès (de la commune au département, après bonjour le boulot...!!! toute une vie n'y suffirait pas), les
registres matricules (de la commune au département - subdivisions militaires - classes) ou les fameux
lieux de naissance de la base de MDH (département et national)
°
noms inscrits sur les monuments aux morts : je ne reviendrai pas sur les diverses erreurs, les doublons, les
"triplons", les oublis, les MPLF non MPLF etc... Parfois les communes faisaient un peu n'importe quoi... mais c'est un paramètre comme un autre qui peut être pris en compte après un gros travail de recherches à l'échelle de la commune et au mieux d'un département.
°
actes de décès : en effet, ce serait un des paramètres les plus pertinents, mais comme je l'ai dit plus haut, bonjour le boulot...!!! N'oublions pas que l'acte de décès était retranscrit dans la commune de résidence du MPLF au moment de son départ aux armées, lors de sa moblisation.
°
registres matricules : sur une commune, un canton, un arrondissement c'est possible (Jules Maurin l'a démontré dans sa thèse sur les soldats languedociens) mais au niveau national... Cette source permettrait en effet de s'approcher au mieux de la réalité, en permettant de faire un inventaire du nombre de personnes mobilisés, réformés... et MPLF bien entendu. Mais, petit bémol, la fiche matricule est réalisé l'année des vingt ans du futur soldat. Donc, certains hommes issus des classes anciennes ont pu migré vers d'autres communes, cantons, départements avant que la guerre ne soit déclarée...
°
lieux de naissance des MPLF : C'est une source très intéressante, mais qui doit être comme on pu le dire certains, nuancée. La période entre la naissance et le jour du décès étant encore plus importante que pour les registres matricules. Il y a donc encore un peu plus de chance que le soldat en question ait été l'objet d'une migration...
Mais derrière toutes ces considérations une question simple me vient à l'esprit : Est-ce le lieux de naissance, le lieux de résidence à vingt ans ou à la mobilisation qui doit déterminer l'
appartenance à une commune, un canton et donc un département pour ce qui nous interpelle ici ? Pour être clair,

le soldat Tartempion, né dans une commune
X, ayant été recensé dans une commune
Y lors des ses vingt ans (migration de ses parents) et inscrit dans les listes d'enrolement d'une unité lors de sa mobilisation comme résidant dans la commune
Z (migration du à un mariage par exemple) est-il de la commune
X,
Y ou
Z ? Si les trois communes sont dans trois départements différents (rare je pense mais possible) bonjour le dilemne...
Donc pour moi, le lieux de naissance de la base MDH est une source très fiable mais à prendre pour ce qu'elle est. Je dis donc :
OUI
- le recensement de 1911. Là, je dis
OUI tout de suite. Il me semble à mon avis incontournable et ne peut souffrir d'aucune contestation, il s'agit d'une photographie de la population française à une date donnée. Il s'agit du dernier avant la guerre, donc, je ne comprends pas trop le raisonnement de certains. Les migrations, je suis d'accord, mais comme dit Jérôme, elles ne peuvent être prises en compte que comme une "donnée de l'équation".
Sur le fonds : Je vais essayer de partir de la superbe carte réalisée par Jérôme.
Comme toute carte faisant références à des statistiques, la lecture se fait par les
plus et les
moins (ici les foncés et les clairs) Le rapport population 1911 / lieux de décès des MPLF de la base de MDH semble donc faire ressortir deux zones qu'il serait bon d'analyser sans esprit de polémique.
- les
"plus" : région de Bretagne en gros, Massif-Central, département des Landes
- les
"moins" : le pourtour méditérranéen (et surtout les départements des Bouches-du-Rhône, du Var et des Alpes-Maritimes) la région parisienne, le département du Rhône, celui de la Gironde.
Bien entendu, certains ou certaines d'entre vous, avec un esprit plus ou moins chauvin pourront voir même dans ces différentes zones des disparités... mais il faut raison garder... Je m'y efforce. Même si je sais, que le sujet risque de fâcher certains.
A mon avis, il n'y a pas une explication à ces disparités, mais toute une batterie de raisons diverses et variées qui s'entremêlent je pourrais cité "en vrac", les rapports entre populations rurales et urbaines, les régions politiques sous la Troisième République, le sentiment religieux, le niveau de l'encadrement militaire, les lieux de combats des différentes unités régionales dans un premier temps, plus variées dans un deuxième, les fronts occupés (l'exemple du front d'Orient), le hasard, etc.... et j'en oublie sûrement. Pourquoi les Landes ? Mystère !
Bref, à vous d'y voir tout ce qu'il vous semble juste. Je n'ai pas la prétention d'avoir la Vérité, mais j'avoue que cette carte me fait bien réfléchir.
Je précise, pour celles et ceux qui ne le sauraient pas, je suis un méridional parisien depuis 9 ans ! Cela permet de prendre un peu de recul... J'ai commencé à réalisé un peu le même inventaire mais pour le département du Gard, en faisant une carte par canton, en utilisant le rapport noms inscrits sur les monuments aux morts / population de 1911. J'arrive à de fortes disparités entre les cantons cévenols (nord et nord-est du département) et les cantons des "garrigues". Mais là, j'ai une explication : beaucoup de cévenols ont été enrolés dans les chasseurs alpins, beaucoup y ont laissé leur vie...
Ah, j'oubliais, je suis d'origine cévenole...
En espérant, ne pas trop vous avoir ennuyé avec mon blablablabla...
Bien cordialement
Guilhem LAURENT
ps : Merci Jérôme de m'avoir fait travailler les méninges ce soir... je vais être beau demain !
