Bonsoir à toutes & tous
L’attaque nocturne à la baïonnette des troupes de Von Hausen à Lenharrée le 8 septembre est également évoquée : dans le livre de Robert VILLATE : « Foch à la Marne » éditions Charles-Lavauzelle (1933)
Extraits du livre précité :
LE COMMANDEMENT ALLEMAND LE 7 SEPTEMBRE 1914 AU SOIR.
Les deux journées du 6 et du 7 septembre ont été dures pour les troupes allemandes opposées à la 9e armée française.
Les objectifs, que, par un bel optimisme, Bülow et Hausen ont donnés à leurs unités, sont loin d'être atteints. Les pertes sont sérieuses, les comptes rendus des commandants de division signalent la fatigue des hommes harassés par la marche ininterrompue depuis le 20 août et par les combats sans trêve, en même temps qu'ils insistent sur les ravages provoqués par notre artillerie.
A ces nouvelles du combat, nouvelles tactiques si nous pouvons dire, s'ajoutent, dans l'esprit des deux commandants d'armée, de graves préoccupations stratégiques.
(….) Dans la matinée du 7, von Bülow a signalé à von Hausen que son aile droite est fortement engagée contre un ennemi renforcé, qui paraît supérieur en nombre, et que son aile gauche doit continuer son mouvement offensif auquel la IIIe armée est priée de prêter tout son appui.
Dans la journée (…) la XXIIIe division de réserve a été poussée en avant, mais les progrès sont nuls. La résistance française est très forte et, si les feux d'infanterie, bien que violents, ne sont pas infranchissables, les tirs d'artillerie sont, sur tout le front de la Somme, considérés comme particulièrement dangereux.
(…) Il faut pourtant agir. Les combats de toute la journée ont montré que l'ordre du général Joffre s'exécute, que les plans du haut commandement allemand sont contrecarrés. (….) Or, il est impossible d'obtenir la supériorité du feu d'artillerie avant de passer à l'attaque proprement dite.
(…) Hausen conclut que, seule, une attaque, vigoureuse de l'aile gauche de la IIe armée, de l'aile droite de la IVe armée et de la IIIe armée permettrait de connaître le point faible de l'ennemi et provoquerait la décision. Une telle action percerait le front français et paralyserait l'offensive des troupes françaises, supérieures en nombre, dirigée contre l'aile droite allemande.
Pour réaliser la surprise et pour éviter le plus possible les tirs de l'artillerie française,
Hausen envisage une attaque de nuit, sans préparation d'artillerie, à la baïonnette, l'assaut étant poussé sans arrêt jusqu'aux positions des batteries ennemies.
Pour obtenir l'adhésion de von Bülow et du duc de Würtemberg, Hausen envoie des officiers de liaison. Il demande au commandant de la IIe armée de faire attaquer la Garde en même temps que les Saxons et de mettre la division la plus proche de la IIIe armée aux ordres du général von Kirchbach.
(…) Le général von Bülow acquiesce à cette demande ;
(…) A 22 heures, le XIIe corps de réserve reçoit l'ordre en vue de l'attaque très matinale du lendemain, et un quart d'heure plus tard, le général von Hausen rend compte au grand quartier général allemand :
«
Attaque à la baïonnette le 8 au point du jour, avec toutes les troupes disponibles. Les ailes voisines des IIe et IVe armées attaquent avec nous. »
Il fallait que le 8 septembre apporte la victoire aux armées allemandes.
Le 7, à 17 heures, le général von Hausen envoie son ordre en vue de l'attaque au petit jour qu'il a décidé de faire :
«
L'ennemi a attaqué sur tout le front devant l'armée allemande. Les forces françaises sont supérieures devant l'aile droite allemande. L'ennemi ne peut pas être fort et supérieur partout sur tout le front. Seule, une attaque énergique, renouvelée dans notre secteur, petit éclaircir la situation de l'ennemi, percer son front et parer à l'offensive supérieure des Français contre l'aile droite allemande. Pour soustraire l'attaque d'infanterie à l'action possible de l'artillerie française, l'assaut sera lancé à la pointe du jour, il sera mené à la baïonnette jusque sur les positions de l'artillerie ennemie. Je charge le général commandant le XIIe corps de réserve de l'attaque simultanée des XXXIIe division et XXIIIe division de réserve , le général commandant le XIIe corps actif de la conduite de l'attaque des XIXe corps et XXIIIe division. Les IIe et IVe armées ont été priées de se joindre à notre mouvement offensif. Elles acceptent. Tout le monde se portera en avant pour l'attaque. La marche, en avant de la XXIVe division de réserve , de bonne heure, sera commandée par le général commandant le XIIe corps de réserve » Général Von Hausen
(…)
La XXXIIe division attaque à 3 heures. Sans bruit, fusils déchargés, dans certaines unités même la culasse a été enlevée, baïonnette au canon, les bataillons saxons s'ébranlent en lignes denses de tirailleurs.
Le point de direction pour le centre de la division est Lenharrée :
le 103e régiment, en liaison avec un bataillon des grenadiers de la Reine-Augusta, est face au milieu de la route de Normée et Lenharrée, le 102e à sa gauche, puis le 178e contre la sortie nord-ouest de Lenharrée et le 177e contre les lisières est de cette localité.
Tous ces régiments ont pour mission de s'emparer des hauteurs entre Vaurefroy et Montepreux. Les avant-postes français, installés au nord de la Somme, sont complètement surpris, mais leur ébauche de résistance alerte les unités plus à l'arrière. Si les Saxons, aux cris des hourrahs, parviennent jusqu'à la rivière, ils se heurtent à une résistance acharnée en certains points; c'est ainsi que de violents combats, homme à homme, se livrent vers l'église de Lenharrée. Ce n'est que vers 5 h. 30 que le village est entre les mains des unités de la XXXIIe division ; il a fallu près de deux heures et demie pour progresser de 2 kilomètres au plus et s'emparer d'un village en flammes.
Cordialement
Jean-Louis
PS : mon GP (62è RI ; 2ème bataillon ; 5ème Cie) était à Lenharrée le 8 sept. 14 –il fût grièvement blessé ce jour là-