Forum PAGES 14-18

par intérêt psychologique, j'entendais un effet sur la combativité de la nation visée et non sur sa capacité
à alimenter les conversations, effet bien réel celui-là mais pas vraiment recherché par l'OHL

par ce qui est de l'intérêt technologique, la performance a bien été (laborieusement) égalée par l'armée
française à la fin des années 20 dans le cadre du programme TLP (très longue portée) en s'inspirant
très largement de l'expérience allemande.
les français mettront plus de dix ans avant de reconnaitre qu'il s'agissait d'une impasse...
les recherches de G. Bull (projet Harp) obéissaient à une problématique très différente et ne visaient
absolument pas la précision balistique mais à satelliser à moindre coût des charges diverses (façon Jules Verne...). ses solutions étaient d'ailleurs très éloignées de l'artillerie traditionnelle (projectile sous-calibré,
tube lisse). il a en revanche contribué à un net progrès de l'artillerie à partir des années 70 avec son GC-45
mais c'est un autre débat (et un autre forum)

intérêt scientifique : la variation de densité de l'air avec l'altitude est une découverte du milieu du 17ème
siècle (Descartes, Pascal etc...)

pour l'effet Doppler(Fizeau), je ne vois pas

cordialement,
spi

Bonjour
Concernant l'effet Doppler, il est connu avant 1914 et concernant l'artillerie des études sont faites pendant la guerre notamment par Ernest ESCLANGON dont on peut lire les études dans les bulletins de renseignement de l'artillerie de 1918 (mars avril) et 1919 mars avril visibles sur gallica articles intitules "Ondes balistiques, ondes de bouche, ondes de chute. Sifflement" donc ces phénomènes étaient déja étudiés par Esclangon notamment lors d'experimentation au polygone de Gavres avant que la mal nommée "grosse berta" n'entre en action, m^me si il a pu tenir compte de ces tirs pour continuer ses études.
Cordialement
Pierre

Bonsoir,

Au sujet de "l'intérêt psychologique" du bombardement de Paris par canons, il ne faut pas négliger les évacuations de personnes civiles et leurs conséquences qui ont concerné:
-dès mars-avril 1918 un grand nombre de personnes appartenant surtout aux "classes aisées" se réfugient en Province. Ces évacuations touchent quelques dizaines de milliers de personnes et de nombreux témoignages en font foi dans la littérature de l'époque.
-plus précis, les évacuations organisées d'enfants scolarisés des communes de Paris et de la banlieue. Dans leur livre "La Croix de Guerre de la Ville de Paris", pages 456 à 460, Weiss, Kling et Florentin (ces deux derniers membres éminents du "laboratoire municipal", ancêtre des laboratoires de police scientifique) indiquent que les Services officiels des villes de Paris et de la banlieue ont organisé à partir d'avril 1918, sur leurs ressources propres, l'évacuation de longue durée d'environ 40.000 enfants, envoyés en Province de mai à septembre 1918, "sans compter ceux que leur famille purent placer ou emmener en Province par leurs propres moyens".

Les évacuations seront plus nombreuses en juin 1918 et toucheront même certains établissements militaires, services techniques et industries de guerre mais là c'est bien la menace créée par l'avance vers Paris des Armées allemandes consécutive à l'offensive du 27 mai 1918 (avec persistance néanmoins du bombardement par canons) qui explique ces mesures exceptionnelles.

Autre point, concernant l'augmentation de la portée de l'artillerie du fait du trajet d'un projectile dans les couches hautes de l'atmosphère, ce sont bien les travaux de balistique extérieure d'avant-guerre de l'ingénieur-général de l'artillerie navale Charbonnier qui ont relevé précisément cette loi avec toute la rigueur scientifique nécessaire. Un fait que, curieusement, les allemands ne découvriront que tardivement lors des expériences de Meppen de l'automne 1914 en employant le canon expérimental de 35,5 cm L/52,5.
Cordialement,
Guy François.

Les positions des canons sont indiquées en rouge. Du 23 mars au 1er mai 1918, ils étaient dans la forêt de Saint-Gobain à 113 km de Paris (1) et tirèrent 185 obus, du 27 mai au 11 juin, déplacés à Beaumont-en-Beine à 109 km de Paris (2) ils tirèrent 104 obus et du 15 juillet au 9 août, déplacés au nord de Château-Thierry à 91 km de Paris (3), ils tirèrent 77 obus.