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Re: Réinsertion combattants après-guerre
Publié : dim. août 31, 2008 12:41 pm
par Jean RIOTTE
Bonjour à toutes et à tous,
Merci Jérôme d'avoir initié un sujet très intéressant.
Le GP maternel de mon épouse a eu le bras droit fracassé par une balle. Mal soigné il n'en a jamais retrouvé l'usage. Il a obtenu un emploi réservé de facteur (comme on disait à l'époque) aux PTT, dans sa région d'origine: l'Ain (Peyrieu). Il commença avec un vélo, puis passa sur moto !! Je suppose que lui aussi a du s'offrir quelques gadins.
Ni mon épouse ni moi nous souvenons qu'il ait "souffert" de son état. Il est vrai que c'était un bon vivant, un homme très gai, aimant la plaisanterie et prenant la vie du bon côté. Lui aussi ne parlait jamais de sa guerre si ce n'est pour en rappeler les bons moments de camaraderie... et les farces faites aux sous-officiers , voire aux officiers !!
Mon GP maternel, militaire de carrière, a été grièvement blessé aux jambes et fit un long séjour en hôpital (Houlgate et Amélie-les-Bains). Il réintégra l'Armée qu'il quitta en 1927 pour acheter un lot de colonisation au Maroc, lot qu'il défricha, bâtit sa ferme, les bâtiments d'exploitation (écuries - magasins - chai - abreuvoirs - poulailler...), amena l'eau courante etc...
Et ce en dépit de blessures mal soignées et de graves séquelles (jambe gauche plus courte de 7 cm et 27 éclats d'obus restés dans le corps !!).
Quant à mon GP paternel, que je n'ai jamais connu, il obtint un emploi réservé dans les Eaux et Forêts.
Le GP paternel de mon épouse a été tué 2 semaines avant l'Armistice.
Cordialement.
Jean RIOTTE.
Re: Réinsertion combattants après-guerre
Publié : lun. sept. 01, 2008 1:11 pm
par saintchamond
Bonjour à tous,
Et merci de vos réponses et de votre intérêt. Je n'ai pas lu le livre de Cabanes, et je découvre le travail de Prost lentement. En ce qui concerne, la migration démographique des "paysans", pour le peu de recherche que j'ai effectuée (et notamment avec la somme de Georges Duby), celle-si semblait bien engagée des campagnes vers les villes avant-guerre. Le conflit ne semble avoir été qu'un accélérateur.
Bonne journée,
Jérôme
Re: Réinsertion combattants après-guerre
Publié : lun. sept. 01, 2008 3:49 pm
par f.vaudour
Bonjour à tous,
Dans le language médical, je crois que la maladie dont a souffert bon nombre d'anciens combattants se nomme Le syndrome de stress post-traumatique. Il s'agit d’une sorte de retour permanent de l’événement traumatisant (Guerre, accident, attentat, viol), sous forme de cauchemars, ou d’envahissement de la conscience chez le sujet éveillé, de souvenirs fréquents.
Ces troubles s’accompagnent souvent d’insomnies, de dépression, d’irritabilité, parfois de violences ou de conduites pathologiques (alcoolisme…). ils peuvent entraîner une totale désadaptation sociale (Alain Gerbault et sa navigation solitaire) et pousser jusqu'au suicide. Prés de nous, Les américains ont connu le phénomène avec la guerre du vietnam et les anglais avec la guerre des Malouines malgré le caractère professionnel de leur armée. Je vous laisse donc imaginé l'état de nos pauvres poilus aprés quatre ans d'horreurs continues.
Bonne journée,
François
Re: Réinsertion combattants après-guerre
Publié : mar. sept. 02, 2008 2:30 am
par david149
Bonjours à tous!
En esperant ne pas être trop hors-sujet, voici la fin du film américain "
Chercheuses d'Or 1933". La chanson raconte le retour des soldats américains, plein de gloire à leur départ, et maintenant oubliés et desoeuvrés après la crise de 1929. Avec la longue file d'anciens combattants attendant qu'on leur donne à manger. Le tout dans le plus pur style des années 30.
"
Remember my forgotten men" ("
Rappelez-vous mon homme oublié")
[flash=425,344]
Re: Réinsertion combattants après-guerre
Publié : mar. sept. 09, 2008 11:04 pm
par geojeff
Bonsoir,
Voici le cas d’un ancien poilu rapporté dans un article du numéro 15 (juin 2007) de la revue
STRADE, recherches et documents Corse et Méditerranée. Il s’agit d’une communication présentée en 2006 au colloque de Lama (Haute-Corse) dont le thème était la « Mémoire des Hommes » :
Lama, un village pendant la Grande Guerre, Simon BACCELLI
« François-Antoine Massiani […] avait reçu un éclat d’obus dans la boîte crânienne et subi, lui aussi, une trépanation, à la suite de quoi on le ramena au village. Il portait, sur la partie du crâne que l’on avait ouverte, une plaque en argent recouverte d’une petite calotte en cuir.
Il paraissait tellement vieux, quand il marchait en traînant les pieds, les bras ballants et le visage triste, qu’on l’appela prématurément Ziu Totto.
Fréquemment, il était pris de convulsions, s’écroulait sur le sol comme une masse et restait quelques minutes inanimé. On disait qu’il avait u malcadutu (l’épilepsie). Comme il y avait toujours un œil qui le surveillait, on criait aussitôt :
- corrite, corrite, Ziu Totto hè cascatu (Courez, Courez, Ziu Totto est tombé)
[…] On faisait porter en permanence à Ziu Totto une sorte de spatule (l’abaisse-langue pour employer le terme médical) au bout d’une cordelette pendue à son cou. Quand, pris de convulsions, il s’écroulait sur le sol, le premier arrivé devait le plus rapidement possible introduire la spatule entre ses dents et lui plaquer la langue sur le plancher de la bouche.
La dernière crise d’épilepsie du pauvre Ziu Totto se produisit sur la placette du Puntapede. Il s’écroula brusquement sur le sol. On attendit vainement qu’il reprenne connaissance. On finit par comprendre. On le transporta chez lui et on l’étendit sur son lit. Pour l’Etat Civil, on le déclara mort vers 4 heures du matin. C’était le 16 juin 1924. Il avait 30 ans.
[…] En 1920, comme dans la quasi-totalité des communes de France, on décida d’ériger un monument commémoratif à la mémoire des enfants de la commune morts pour la patrie. Un comité chargé de conduire cette opération fut désigné par le conseil municipal. Il se composait de :
- COSTA François Marie, Président
- SANTINI Noël, trésorier
- MASSIANI Antoine, Secrétaire
- CIAVALDINI Paul François, membre
- MASSIANI François Antoine, membre
François Antoine c’était Ziu Totto qui, souvenez-vous, avait été trépané et tombait souvent dans le village. Ziu Totto, le frère du lieutenant Antoine Massiani tué le 31 octobre 1914. On l’avait mis dans ce comité, non pas pour les services qu’il pouvait y rendre, le pauvre, car il n’avait plus la tête à ça, mais parce qu’il était une mémoire vivante de toute l’atrocité de cette guerre. »
Amicalement
Jean-François
Re: Réinsertion combattants après-guerre
Publié : mer. sept. 10, 2008 1:05 pm
par Jean RIOTTE
Bonjour à toutes et à tous,
Merci Jean-François pour ce témoignage.
Oui..." la mémoire vivante de toute l'atrocité de cette guerre"...
Cordialement.
Jean RIOTTE.
Re: Réinsertion combattants après-guerre
Publié : ven. sept. 12, 2008 5:45 am
par joelle
Oserais je aprés ce dramatique témoignage en donner 2 : la soeur de mon GP qui a perdu son fiancé à la G est restée "vieille fille" disait on; par contre le frére de mon GP a connu sa future épouse lors d'un repos à Ecueil prés de Reims et de là est née une lignée de viticulteurs champenois, mes cousins!........... cordialement joelle
Re: Réinsertion combattants après-guerre
Publié : ven. sept. 12, 2008 11:16 am
par armand
Oserais je aprés ce dramatique témoignage en donner 2 : la soeur de mon GP qui a perdu son fiancé à la G est restée "vieille fille" disait on; par contre le frére de mon GP a connu sa future épouse lors d'un repos à Ecueil prés de Reims et de là est née une lignée de viticulteurs champenois, mes cousins!........... cordialement joelle
Bonjour Joélle
Moi aussi
Mon GP dont je faisais était plus haut rencontre sa future épouse lors d'un tournée de theatre amateur à Ecueil immédiatement apres la PGM. Ma GM quitte la vigne pour la ville. C'etait une promotion sociale (à l'epoque).
Mes cousines sont toujours "viticultrices" à Ecueil
Cdt
Armand
Re: Réinsertion combattants après-guerre
Publié : lun. oct. 13, 2008 3:14 pm
par mireille salvini
bonjour à toutes et à tous,
tout d'abord je remercie vivement David pour son extrait de cinéphile "
chercheuses d'or"
j'ai vraiment beaucoup aimé,il y a beaucoup de symboles à dénicher en le visionnant
notamment à la 3ème minute et 24 secondes:quand l'homme vautré par terre est relevé sans ménagement par le policier,la jeune femme blonde écarte la veste et que voit-on ?...une superbe croix de guerre (française,bien sûr) avec palme...qui force le respect,même du policier...
comme quoi,en 1933,la croix de guerre avait un statut et un prestige à nulle autre pareille,puisqu'elle prévalait entre toutes,même pour un ancien soldat américain.
il y a d'autres choses aussi à voir qui font réfléchir...tous ces anciens combattants à la soupe populaire,la douleur des femmes qui ne les reconnaissent plus...
bref,j'ai adoré
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par ailleurs,j'ai un document de près de 500 pages concernant les emplois réservés aux anciens militaires et marins,blessés de guerre (
réformés n°1):
autre aspect (essentiel) de la réinsertion des anciens combattants qui se voyaient là proposer toute une série d'emplois fonctionnaires,en fonction de leurs infirmités (quotas des emplois) et de leurs capacités (examens de passage aux modalités détaillées dans ce livre)
voici quelques pages scannées pour s'en faire une idée
certains détails sont typiquement administratifs
(si besoin,un clic sur l'image pour l'agrandir)
Texte de loi
types de blessures et classement officiel (liste exhaustive qui laisse songeur)
exemples d'emploi réservé
exemples d'emploi avec conditions d'examen,traitements (salaires)...
amicalement,
Mireille