Re: La 5eme colonne
Publié : mar. avr. 01, 2008 2:01 pm
Bonjour
D'apres Yann Prouillet, membre de notre forum et Membre du CRID14-18 - bibliographe :
Kub est à la ville ce que les aiguilles de clochers sont à la campagne. On trouve de nombreuses références dans les ouvrages parus au début de la guerre et ces "manifestations patriotiques" s'inscrivent dans la littérature de bourrage de crâne. Quelques pioches bibliographiques...
A Epinal : "Que disait-on encore ? Des affiches de réclame du bouillon Kub, servant d'indications et indiquant des points de repère, favorables à l'ennemi, avaient été lacérées ; l'arrestation du directeur des potages Maggi, qui cherchait à s'enfuir avec quarante millions d'or, s'était effectuée et sa maison avait été saccagée. Il y avait du choix parmi ces multiples racontars." (in page 62 de BAROS Léon (docteur) Souvenirs de mobilisation et de dépôt. Imprimerie Humblot et Cie (Nancy), 1924, 147 pages).
En Avignon : "...arrachement violent par la foule des plaques en émail, réclames du bouillon Kub, produit soi disant allemand..." (in page 13 de GEORGE Henry Quand ça bardait... Visions et souvenirs de guerre. 1914-1918. éd. de la Méditerranée, 1968, 156 pages).
A Caen : "Nous étions dans un réseau d'espionnage très bien organisé et qui a été déjoué magnifiquement. Tu te rappelles combien je faisais la guerre aux KUB. Vous avez dû apprendre que toutes ces plaques émaillées qui se trouvaient à la porte des épiciers étaient des signaux, à l'intérieur desquels se trouvaient des renseignements. La gendarmerie les enlève et badigeonne toutes les affiches réclames Kub qui étaient justement collées sur tous les ponts, tunnels, qui devaient être détruits par les Allemands." (in page 17 de BENARD Henri (Cdt) De la mort, de la boue, du sang. Lettres de guerre d'un fantassin de 14-18. Grancher, 1999, 247 pages).
Les exemples se multiplient ainsi dans chacune des villes de France et je ne suis pas sûr que la frénésie soit proportionnelle à la distance qui sépare les publicités de la frontière... Mais d'où cela vient-il ? Assurément, le télégramme du Ministère de l'Intérieur, repris par quelques journaux dès le 4 août 1914 et qui précise... :
"Extrême urgence. Intérieur Sûreté à Préfets. Prière faire détruire complètement affiches du Bouillon Kub placées le long des voies ferrées et particulièrement aux abords des ouvrages d'art importants, viaducs, bifurcations, etc..." (AD88 - cote 1 M 64). ... y est pour quelque chose. A noter que cette affaire alimentera les conseils de guerre dès le 17 août, qui jugeront "quelques pillards qui s'étaient emparés de provisions dans les laiteries Maggi saccagées le premier jour de la guerre. L'Action Française prétendait qu'il s'agissait d'une entreprise allemande et que les gérants avaient reçu l'ordre d'empoisonner le lait. Les peines prononcées vont de 8 jours avec sursis à un an de prison". (article cité page 28 de ROSSEL André, Histoire de france à travers les journaux du temps passé : 14-18, avènement du monde occidental. L'Arbre Verdoyant, 1983, 319 pages).
Vous l'avez compris, nous sommes dans la frénésie de l'espionnite dont vous trouverez de nombreux autres exemples dans les écrits de Marc Bloch (Ecrits de guerre. Réflexions d'un historien sur les fausses nouvelles.) ou de Lucien Graux (Les fausses nouvelles de la Grande Guerre. Tomes I à VII).
Cdt
Armand
J'ai juste recopié Maitre Yann
D'apres Yann Prouillet, membre de notre forum et Membre du CRID14-18 - bibliographe :
Kub est à la ville ce que les aiguilles de clochers sont à la campagne. On trouve de nombreuses références dans les ouvrages parus au début de la guerre et ces "manifestations patriotiques" s'inscrivent dans la littérature de bourrage de crâne. Quelques pioches bibliographiques...
A Epinal : "Que disait-on encore ? Des affiches de réclame du bouillon Kub, servant d'indications et indiquant des points de repère, favorables à l'ennemi, avaient été lacérées ; l'arrestation du directeur des potages Maggi, qui cherchait à s'enfuir avec quarante millions d'or, s'était effectuée et sa maison avait été saccagée. Il y avait du choix parmi ces multiples racontars." (in page 62 de BAROS Léon (docteur) Souvenirs de mobilisation et de dépôt. Imprimerie Humblot et Cie (Nancy), 1924, 147 pages).
En Avignon : "...arrachement violent par la foule des plaques en émail, réclames du bouillon Kub, produit soi disant allemand..." (in page 13 de GEORGE Henry Quand ça bardait... Visions et souvenirs de guerre. 1914-1918. éd. de la Méditerranée, 1968, 156 pages).
A Caen : "Nous étions dans un réseau d'espionnage très bien organisé et qui a été déjoué magnifiquement. Tu te rappelles combien je faisais la guerre aux KUB. Vous avez dû apprendre que toutes ces plaques émaillées qui se trouvaient à la porte des épiciers étaient des signaux, à l'intérieur desquels se trouvaient des renseignements. La gendarmerie les enlève et badigeonne toutes les affiches réclames Kub qui étaient justement collées sur tous les ponts, tunnels, qui devaient être détruits par les Allemands." (in page 17 de BENARD Henri (Cdt) De la mort, de la boue, du sang. Lettres de guerre d'un fantassin de 14-18. Grancher, 1999, 247 pages).
Les exemples se multiplient ainsi dans chacune des villes de France et je ne suis pas sûr que la frénésie soit proportionnelle à la distance qui sépare les publicités de la frontière... Mais d'où cela vient-il ? Assurément, le télégramme du Ministère de l'Intérieur, repris par quelques journaux dès le 4 août 1914 et qui précise... :
"Extrême urgence. Intérieur Sûreté à Préfets. Prière faire détruire complètement affiches du Bouillon Kub placées le long des voies ferrées et particulièrement aux abords des ouvrages d'art importants, viaducs, bifurcations, etc..." (AD88 - cote 1 M 64). ... y est pour quelque chose. A noter que cette affaire alimentera les conseils de guerre dès le 17 août, qui jugeront "quelques pillards qui s'étaient emparés de provisions dans les laiteries Maggi saccagées le premier jour de la guerre. L'Action Française prétendait qu'il s'agissait d'une entreprise allemande et que les gérants avaient reçu l'ordre d'empoisonner le lait. Les peines prononcées vont de 8 jours avec sursis à un an de prison". (article cité page 28 de ROSSEL André, Histoire de france à travers les journaux du temps passé : 14-18, avènement du monde occidental. L'Arbre Verdoyant, 1983, 319 pages).
Vous l'avez compris, nous sommes dans la frénésie de l'espionnite dont vous trouverez de nombreux autres exemples dans les écrits de Marc Bloch (Ecrits de guerre. Réflexions d'un historien sur les fausses nouvelles.) ou de Lucien Graux (Les fausses nouvelles de la Grande Guerre. Tomes I à VII).
Cdt
Armand
J'ai juste recopié Maitre Yann