Re: La mort d' un compagnon d'armes.
Publié : mar. juil. 25, 2006 12:23 am
( suite )
"......Léon a pu avoir quelques détails sur la mort d'Abel, il les donne debout sur la porte de l'étable, sans commentaires, tout simplement. Au point du jour Abel est sorti de sa tranchée avec " un de Sainte-Foi " pour aller relever un bléssé qui avait gémi la nuit entière et qui était un copain, mais avant d'avoir fait trois pas Abel est tombé sans un cri, sans un mot, les deux tempes trouées par une balle. Léonie écoute les deux mains posées sur ses hanches. Pauvre petit Abel si jeune et qui trouvait un si bon goût à la vie. Comme il dansait le soir d'été au pied des gerbiers pendant que celui du Bastié ( le Caillou ) jouait de l'accordéon. Comme il filait à Mirepoix sur sa bicyclette en se cachant un peu avec des mines d'amoureux sournois, et comme il a quitté tristement Malaquit la dernière fois. La brume d'automne remplissait les chemins et lui s'en allait avec l'air de mourir un peu à chaque pas.
..........On rapporte de Mirepoix une caisse en bois. Ce sont les derniers menus objets ayant appartenu à Abel, des riens auxquels il devait tenir beaucoup et qui reviennent de très loin. On pleure autour de la caisse comme devant un cercueil, ces pauvres choses qu'on prend une à une donnent tellement l'impression qu'il est mort. On trouve un miroir de poche, un paquet de tabac, un beau mouchoir rose tendre brodé ( par Elise sans doute ), un porte-monnaie qui contient encore quelques sous, la fortune d'Abel, des photographies, des lettres, ses secrets d'amoureux cachottier. Ce sera dans ces riens que son souvenir vivra le plus longtemps. On l'y retrouvera en exhumant de loin en loin un puéril trésor, puis ces reliques mourront elles aussi au fond de leur boîte et le pauvre petit Abel descendra alors très vite dans cet oubli immense d'après la tombe."
Cordialement.
Jean RIOTTE.
"......Léon a pu avoir quelques détails sur la mort d'Abel, il les donne debout sur la porte de l'étable, sans commentaires, tout simplement. Au point du jour Abel est sorti de sa tranchée avec " un de Sainte-Foi " pour aller relever un bléssé qui avait gémi la nuit entière et qui était un copain, mais avant d'avoir fait trois pas Abel est tombé sans un cri, sans un mot, les deux tempes trouées par une balle. Léonie écoute les deux mains posées sur ses hanches. Pauvre petit Abel si jeune et qui trouvait un si bon goût à la vie. Comme il dansait le soir d'été au pied des gerbiers pendant que celui du Bastié ( le Caillou ) jouait de l'accordéon. Comme il filait à Mirepoix sur sa bicyclette en se cachant un peu avec des mines d'amoureux sournois, et comme il a quitté tristement Malaquit la dernière fois. La brume d'automne remplissait les chemins et lui s'en allait avec l'air de mourir un peu à chaque pas.
..........On rapporte de Mirepoix une caisse en bois. Ce sont les derniers menus objets ayant appartenu à Abel, des riens auxquels il devait tenir beaucoup et qui reviennent de très loin. On pleure autour de la caisse comme devant un cercueil, ces pauvres choses qu'on prend une à une donnent tellement l'impression qu'il est mort. On trouve un miroir de poche, un paquet de tabac, un beau mouchoir rose tendre brodé ( par Elise sans doute ), un porte-monnaie qui contient encore quelques sous, la fortune d'Abel, des photographies, des lettres, ses secrets d'amoureux cachottier. Ce sera dans ces riens que son souvenir vivra le plus longtemps. On l'y retrouvera en exhumant de loin en loin un puéril trésor, puis ces reliques mourront elles aussi au fond de leur boîte et le pauvre petit Abel descendra alors très vite dans cet oubli immense d'après la tombe."
Cordialement.
Jean RIOTTE.