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Publié : ven. mai 10, 2013 10:43 pm
par Rutilius
[Message supprimé]

Re: VAUCLUSE - Compagnie Générale Transatlantique

Publié : mer. avr. 16, 2014 11:38 pm
par Rutilius

Bonsoir à tous,


■ Le commandant du cargo Vaucluse lors de l’engagement du 14 juin 1917.


— SYLVESTRE Adolphe, né le 29 juillet 1882 à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure – aujourd’hui Loire-Atlantique –) et décédé le ... à ... (...). Nommé capitaine au long-cours par brevet supérieur du 25 janvier 1907 ; inscrit à Saint-Nazaire, n° 275 ; enseigne de vaisseau auxiliaire. Cesse son activité le 28 mai 1954 ; alors subrécargue à bord du Norcita depuis le 12 décembre 1952.

Après le Vaucluse, commande les cargos Ardèche (7 août 1917 ~ 27 juin 1920), puis Michigan (29 juin 1920 ~21 nov. 1925), appartenant tous deux à la flotte de la Compagnie générale transatlantique.

Fils de Victor SYLVESTRE et de Stéphanie MARIE. Célibataire en 1921.

(Archives départementales de Loire-Atlantique – Registres de matricules des gens de mer du quartier de Saint-Nazaire – Capitaines et maîtres au cabotage – Matricules de 1865 : Cote 7 R 3/357, f° et n° 273).


Par un arrêté du Ministre de la marine en date du 19 juin 1921 (J.O., 20 juin 1921, p. 171), inscrit au tableau spécial de la Légion d’honneur pour le grade de chevalier dans les termes suivants :

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Par décret du 27 juillet 1935 (J.O., 31 juill. 1935, p. 8.324), promu officier du Mérite maritime.

Par décret du 15 janvier 1947 (J.O., 17 janv. 1947, p. 662), promu commandeur du Mérite maritime.


Nota. : Avant l’engagement du 14 juin 1917, le cargo Vaucluse avait été armé au long-cours à Bordeaux, le 7 août 1917 (n° d’armement, 497). Et après, il fut immobilisé dans ce port du 12 juillet au 24 septembre 1917 (Source précitée).

Re: VAUCLUSE - Compagnie Générale Transatlantique

Publié : dim. oct. 11, 2015 2:02 pm
par olivier 12
Bonjour à tous,

VAUCLUSE

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Equipe spéciale

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Attaque du 14 Juin 1917. Rapport du capitaine

Quitté Le Verdon le 10 Juin à destination de Gibraltar et de l’Algérie. L’Enseigne de Vaisseau Benoit remplit à bord les fonctions de Commissaire du Gouvernement.

Le 14 Juin à 09h30, à 11 milles dans le SW du cap Saint Vincent, par jolie brise de NNE et mer clapoteuse, aperçu à 4 milles de nous un petit voilier qui nous paraît suspect. Un instant plus tard, nous apercevons en avant de la voile un avant relevé qui émerge à chaque lame. Pas de doute possible, c’est un grand sous-marin. Appelé aux postes de combat et envoyé « Allo » par TSF. Le sous-marin se dirige sur notre arrière et sa silhouette se précise. Nous distinguons un très grand kiosque sur l’arrière du milieu ainsi que ses canons. Il rentre sa voile. Nous prenons chasse au Sud. A 09h50, il nous envoie son premier coup de canon et l’obus tombe à 30 m sur l’arrière. Le 2e coup frappe la mer à 50 m sur tribord avant. Le 3e érafle l’échelle de passerelle et éclate sur l’avant du spardeck, sous la passerelle. Cinq hommes sont blessés dont 3 grièvement : le maître d’équipage, le cuisinier et le mousse de cuisine.
Le tir de l’ennemi est continu et extrêmement précis. Un obus traverse le pavois de la passerelle et éclate à un mètre au dessus du parc à munitions dans la pontée de futs vides près du mât de misaine. Il coupe l’étai de flèche. Un autre coupe le cartahu de tête et la drisse de pavillon. Un autre éclate dans la coursive bâbord et brise un hublot. Nous sommes complètement encadrés.

Notre pièce arrière riposte, mais son tir est lent suite à l’encrassement fréquent d la culasse. Mis en route les appareils fumigènes Verdier et lancé à la mer 6 flotteurs Berger. Sur les 6, 4 fonctionnent bien et forment un rideau de fumée qui nous abrite et déroute le tir de l’ennemi. Désorienté, le sous-marin cesse le feu un instant, puis tire par intervalles. Peut-être voit-il notre mâture au dessus du nuage. Son tir n’est plus le même et les points de chute sont éloignés.

Mais la brise est fraîche et le rideau de fumée se dissipe peu à peu. Venu à gauche toute au NE pour nous rapprocher du sous-marin. Nous le prenons par 45° bâbord et nos deux pièces de 75 entrent en jeu. L’ennemi recommence un tir continu. Les coups sont un peu longs et les obus passent au dessus de la passerelle pour venir tomber de l’autre bord à 50 m du navire. Un projectile passe si près de l’étrave que la gerbe d’eau retombe sur la passerelle. Notre tir se précise et encadre le sous-marin à 4600 m. Un d nos obus a du le toucher car la fumée de l’explosion apparaît noirâtre au lieu des gerbes blanches ordinaires. Mais la distance ne permet pas de l’affirmer.

A 10h35, le sous-marin plonge brusquement en deux minutes. Le combat a duré 40 minutes.
D’après les éclats tombés à bord le canon du sous-marin était de calibre 105 mm. Il a tiré une cinquantaine de coups et de notre côté 16 coups et les pièces de 75, 32 coups. Repris notre route sur Gibraltar.

Blessés

BOBE Honoré, maître d’équipage, a reçu des éclats d’obus à la cuisse droite, au mollet gauche et au maxillaire supérieur droit.
HECQUET Paul, cuisinier, a été blessé à la cuisse droite (fracture compliquée) et au pied gauche.
NOURRY Marcel, garçon de cuisine, pied droit cassé et blessure légère à la jambe gauche (plaie en séton)
GUILLEMIN Raymond, mousse, blessé à la cuisse et à la jambe gauche (plaie en séton à chaque jambe).
ROCHE Martial, matelot, blessé légèrement à la tête.

Dès l’arrivée à Gibraltar ils ont été transportés à l’hôpital et leur état est satisfaisant. Aucun n’a la vie en danger.

Avaries du navire superficielles mais importantes. Treuil n° 1 hors service, un cylindre et tuyautage crevé, dents des roues d’engrenage cassées. Le mât a souffert et le pont en fer est crevé. Apparaux de chargement au pied du mât ont été mis en miettes. Partie avant du spardeck défoncée. Cabine du capitaine endommagée. Manche à ait déchiquetée. Caisse à eau tribord crevée. Compas magnétique démoli. Servo-moteur de barre indemne, mais affaissé.

Sous un feu terrible, l’équipage a fait preuve du plus grand sang froid et est resté plein d’entrain à son poste jusqu’au bout.

Belle tenue au feu du 2e capitaine Mr. NICOL commandant très bien sa pièce manœuvrée avec impassibilité par le vaillant quartier maître fusilier Pierre LOLLICHON.

Le lieutenant LAFFON a assuré la liaison passerelle-arrière dans les meilleures conditions et a apporté dans les soins donnés aux blessés un dévouement digne des plus grands éloges et une habileté qui lui a valu les félicitations du médecin de Gibraltar.

Le chef mécanicien DEJEAN et le second mécanicien PENEAU ont maintenu par leur exemple le calme et la confiance parmi leur personnel.

Le 3e mécanicien HALGAND, chargé des fumigènes s’est parfaitement acquitté de sa tâche.

Le TSF RETUREAU très calme à son poste malgré une avarie de sa magnéto, a été projeté à terre par l’explosion du 1er obus contre la cloison avant. Mais il a pu envoyer immédiatement les premiers radios réglementaires.

Enfin, les blessés, malgré leurs souffrances, ont montré le plus grand courage et je citerai particulièrement le maître d’équipage BOBE, exemple d’énergie, qui gravement blessé n’a accepté de quitter son poste qu’à la fin du combat et le garçon de cuisine NOURRY, 17 ans, qui son pauvre pied droit cassé et pendant lamentablement n’a cessé de répéter pendant le combat : « Faut pas s’en faire les gars, on les aura ! »
Le cuisinier HECQUET (17 ans lui aussi) avait déjà été attaqué par des sous-marins sur EUROPE et GARD.

Je rends aussi hommage à l’Enseigne de Vaisseau BENOIT qui par son tir méthodique et précis et sa façon de conduire le combat a obligé, par force peut-être, le sous-marin à abandonner la lutte.

Précisions supplémentaires du capitaine sur le combat

- Le sous-marin s’est tenu à une distance où ses excellents appareils de télémétrie et de pointage et la portée de ses pièces lui donnaient une supériorité manifeste sur notre armement, en courant le minimum de risques.
- En tirant son 1er coup dans notre sillage, prenant ainsi en enfilade notre mâture, le sous-marin a cherché manifestement à désemparer avant tout notre TSF.
- Les appareils fumigènes à flotteur Berger nous ont rendu de précieux services. Il est à souhaiter que tous les ports en soient abondamment pourvus car nous n’avons pu en trouver dans les ports d’Algérie.

En conclusion, j’estime que pour lutter victorieusement il serait nécessaire d’avoir à bord au moins deux pièces d’une portée égale à celle de l’ennemi, et surtout à tir rapide, n’employant ni gargousses ni étoupilles, causes de retard désolants par encrassement et ratés. En outre, ces pièces doivent avoir un grand champ de tir et posséder une lunette de pointage. Ces conditions réunies, les 2 canons pouvant tirer ensemble à 45° de l’avant ou de l’arrière, un navire attaqué peut imposer sa façon de combattre au sous-marin.

Rapport de l’EV1 BENOIT au CV Commandant Supérieur à Gibraltar


Ce rapport est identique à celui du capitaine en ce qui concerne le déroulement du combat.

L’EV1 Benoit apporte toutefois quelques précisions :

- VAUCLUSE est un navire assez récent, de 854 tx JN, dont la vitesse est d’environ 8,5 nœuds.
- Voici la silhouette du sous-marin.
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Son tir était réglé coup après coup et singulièrement précis.
- Le tir de la pièce défensive arrière était dispersé mais surtout excessivement lent en raison de l’encrassement rapide de la cis culasse.
- Un obus a explosé à 1 m à peine du parc à munitions de 75 mm.
- Deux cylindres à fumée avaient été endommagés par le tir de l’ennemi. Mais les cylindres non endommagés ont permis de dérégler le tir de l’ennemi.
- Nos 12 derniers coups de la pièce de 75 ont été très encadrant. Mais rien ne permet d’’affirmer que le sous-marin ait subi des avaries majeures. Quoi qu’il en soit, il a cessé le feu et a plonger une minute et demie après.

Il tient à citer tout particulièrement :
Le CLC Sylvestre, capitaine du VAUCLUSE, qui a su communiquer à tout son équipage confiance et énergie
Le CLC Nicol, 2e capitaine qui a dirigé avec habileté et sang froid le tir de la pièce arrière
Le CLC Laffon qui s’est trouvé partout où la présence d’un officier était utile et a su prodiguer les soins aux blessés
Le chef mécanicien Dejean et le second mécanicien Penneau qui ont maintenu une discipline parfaite dans les machine et en ont obtenu le rendement maximum
Le QM TSF Retureau qui a su monter un dispositif de fortune pour envoyer le signal de détresse et a fait preuve d’un magnifique sang froid au feu.
Le second maître fusilier SOULIMANT gradé énergique et courageux qui a eu une très belle attitude au feu

Le maître d’équipage Bobe, blessé à plusieurs reprises, qui est resté à son poste et a encouragé ses hommes de la voix
Le garçon Nourry, 17 ans, qui les jambes brisées a fait preuve d’un courage et d’une abnégation remarquables en réconfortant ses camarades blessés, ainsi que le mousse Guillemin, 15 ans, blessé aux deux jambes et qui a lui aussi fait preuve d’un courage remarquable.
Le cuisinier Hecquet qui, grièvement blessé, a fait preuve d’une grande force morale et le matelot Roche qui est resté à son poste malgré ses blessures.

Conclusions de la commission d’enquête


Celle-ci note que pour une raison inconnue (peut-être tout simplement une mauvaise veille) le sous-marin a laissé VAUCLUSE le croiser et le dépasser sans engager le combat. Il n’a engagé le combat qu’une fois sur l’arrière du vapeur alors qu’il pouvait supposer que VAUCLUSE était mieux armé sur l’arrière que sur l’avant…
Elle regrette que le virement de bord n’ait pas rapproché davantage les deux adversaires car VAUCLUSE aurait alors eu des chances sérieuses de détruire le sous-marin. Benoit pense que le sous-marin a du stopper, faisant preuve d’une prudence imprévue. Quoi qu’il en soit, il a compris qu’il était dangereux pour lui de prolonger le combat et a plongé.
La commission reproche toutefois à l’EV1 Benoit, étant donné l’armement qu’il avait et la mission qu’on lui avait confiée, de ne pas avoir attaqué le premier en mettant tout se suite le cap sur le sous-marin. Celui-ci étant sur l’avant de son travers, il avait des chances de le surprendre. De plus, après le combat, il y aurait eu intérêt à ce qu’il donnât quelques renseignements aux bâtiments de guerre français dans les parages. Certes, VAUCLUSE, n’était pas au courant de la croisière française, c’est entendu. Mais si son opérateur avait écouté, il aurait entendu LAVOISIER, qui était à Gibraltar et avait reçu le SOS. Il a passé tout l’après midi à attaquer VAUCLUSE pour avoir des renseignements et n’a jamais reçu de réponse. LAVOISIER a fait répéter son radiogramme par Tanger jusqu’à 22h00 à forte puissance. Or la TSF de VAUCLUSE fonctionnait normalement puis qu’il a pu, le lendemain, prévenir Gibraltar de son arrivée.
DUPUY DE LOME, qui était justement en plongée dans les parages, a aperçu le sous-marin ennemi deux heures après l’action. D’ailleurs, l’Allemand a du l’apercevoir aussi puisqu’il a plongé immédiatement.

La commission note que l’attitude de l’équipage de VAUCLUSE a été très bonne. Elle retient toutes les propositions de récompenses demandées.
Toutefois, il n’y aura aucune proposition de récompense pour le TSF Retureau car la commission estime inadmissible que ce quartier maître n’ait pu recevoir aucun des signaux du LAVOISIER et de Tanger tout l’après midi du 14 Juin et le matin du 15. Il y a eu certainement manque de vigilance.

(Nota : la décision est surprenante lorsqu’on lit les éloges du capitaine et de l’EV1 sur le QM TSF. Manifestement, la commission ne semble pas avoir compris que l’installation TSF avait été gravement endommagée et qu’il a fallu sans doute du temps pour la remettre en état.)

Lettre du 13 Juillet 1917 du capitaine Sylvestre au CV commandant la Marine à Bordeaux

… Je vous demande, Commandant, de bien vouloir attirer la bienveillante attention de Monsieur le Ministre sur nos blessés et particulièrement sur le garçon NOURRY Marcel. J’ai eu l’occasion de le revoir à mon retour à Alger. Il a du être amputé de la jambe droite à hauteur du genou. Ce grand blessé de 17 ans est aussi admirable sur son lit de souffrance que pendant le combat.
Je demande pour lui, en dehors de la pension de guerre, une récompense exemplaire qui ne pourrait être mieux décernée.

Le maître d’équipage BOBE en plus de plusieurs blessures graves, a dans la tête un petit éclat d’obus qui n’a pu être extrait.

Le cuisinier Hecquet atteint de trois éclats dans la cuisse droite a eu l’os brisé. Mais on espère lui conserver la jambe.

Le mousse Guillemin est en bonne voie de guérison et le matelot Roche semble guéri.

En vous remerciant d’avance de ce que vous pourrez faire pour eux, veuillez agréer, Commandant, l’assurance de mes sentiments respectueux.

Récompenses

Croix de guerre et médaille militaire

NOURRY Marcel Matelot aide de cuisine Saint Nazaire 1653

Lors de l’attaque de son navire par un sous-marin, a été très grièvement blessé à son poste de combat. A donné le plus bel exemple de courage et d’énergie.

Citation à l’Ordre de l’Armée

Sylvestre Adolphe EV auxiliaire Saint Nazaire 275

Pour l’énergie et le courage dont il a donné l’exemple à son équipage en défendant son navire contre un sous-marin

BOBE Honoré Maître d’équipage Vannes 1

Plusieurs fois blessé lors d’une attaque de sous-marin a fait preuve de beaucoup d’énergie en continuant à encourager son personnel

HECQUET Paul Matelot cuisinier Bordeaux 1878
GUILLEMIN Raymond Mousse Saint Nazaire 1503

Grièvement blessés en défendant leur navire contre un sous-marin ont fait preuve, malgré leur jeune âge de beaucoup de courage et d’énergie.

Citation à l’Ordre de la Division

NICOL Pierre CLC 2e capitaine Paimpol 318

Pour son sang froid et son habileté à diriger le tir en défendant son navire contre un sous-marin

LAFFON Antoine CLC Lieutenant Saint Malo 135

Pour l’énergie et les qualités militaires dont il a fait preuve lors de l’attaque de soin navire contre un sous-marin.

DEJEAN Augustin Chef mécanicien Pauillac 560

Pour l’énergie et les qualités militaires dont il a fait preuve lors de l’attaque de son navire aar un sous-marin.

ROCHE Martial Matelot Lannion 10160

Blessé à son poste de combat a continué à coopérer à la défense de son navire contre un sous-marin.

PENNEAU Aimé Second mécanicien Saint Nazaire 3192

A fait preuve de sang froid et d’énergie lors de l’attaque de son navire par un sous-marin.

Témoignage Officiel de Satisfaction du Ministre

Vapeur VAUCLUSE

Pour l’attitude très courageuse de son équipage lors de l’attaque de ce vapeur par un sous-marin le 14 Juin 1917.

Cdlt