Bonjour,
Mon arrière-grand-oncle était mousse à bord de l'Armorique en 1917 :
Roger Massias né le 13 mars 1902 à Brie-sous-Mortagne (Charente-Inférieure), décédé le en juillet 1968 à Royan. Voici son portrait d'époque :
Exemples de cartes écrites :
Bord le 29 Mars
Cher Frère
Je profite d'un petit moment pour te donner de mes nouvelles, lesquelles qui sont très bonnes. Je pars lundi soir par le train de quinze heures et demis et j'arriverai à Paris Mardi matin vers 6 heures du matin. Je crois que Papa et maman seront à la gare pour m'attendre, et toi tu seras chez nous à garder le magasin avec le petit Pierre et la pauvre vieille grand-mère. Ce soir nous avons eu école et gymnastique et demain nous allons à terre pour faire encore la gymnastique. Je pourrais pas aller à Brie avant le mois de Septembre. Je vois plus grand chose à te dire pour le moment. Reçois cher Guy mille baisers d'un frère qui pense à toi.
Roger
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Bord, le 18 Octobre 1917
Chère Maman
Hier soir j'ai reçu ta lettre laquelle m'a fait beaucoup de plaisir mais tu ne donnes pas l'adresse de papa et je n'ai pas pu lui écrire depuis que je suis rentré, qu'est-ce qu'il doit en penser.
Ici à bord on est de plus en plus mal. L'autre jour on m'avait volé une tablette de chocolat dans mon sac et ce midi on m'a volé une petite boîte que j'avais dans mon sac. Dedans j'avais un paquet de cigarettes tout neuf et une courroie de montre(ou moudré?) et on m'a tout pris. Je vais rouspéter et on me dit c'est l'homme de garde qui est punissable et voilà tout ce qu'on m'a dit, et tu te figures que je veux rester ici, aussitôt que j'aurai l'adresse de papa je lui écrirai et je lui en parlerai et s'il me dit de partir, je t'assure que je ne resterai pas ici, pour payer jusqu'à temps que j'aie 21 ans alors j'ai le temps d'en gagner d'ici là. Aujourd'hui il y a 46 nouveaux qui viennent d'arriver. Il y en a un qui veut me vendre une paire de soulier fins, c'est à dire des souliers de ville et des souliers presque tout neufs et justement des souliers presque tous neufs, et justement c'est des souliers bas il veut me les vendre 4 F, alors je lui ai dit : attend un peu que j'en parle à mes parents, et si je dois partir je te les achèterais. Alors suivant ce que tu me diras je lui achèterai, mais je t'assure que c'est une bonne occasion, car ils sont presque tout neuf et ils sont de bonnes pointures. J'ai 2 de mes copains qui vont partir, un de Tonnay-Charente et l'autre de Belfort, et celui-là de Jarnac veut partir lui aussi, mais en ce moment il est à l'infirmerie car il est malade. Mon doigt va presque tout à fait mieux, il ne me fait plus mal. Mais ici on ne me l'a pas soigné, ça a guéri tout seul. J'oubliai de te dire que depuis Gémozac jusqu'à Brest je n'ai pas payer un sou, alors il me reste encore 16 F et si je pars tu auras pas besoin de m'en envoyer. Grand-Mère doit être en colère de ne pas pouvoir apporter ses pommes. Je vois plus grand-chose à te dire pour le moment. Reçois donc cher maman ainsi que Pierre et Grand-Mère mille baisers de votre marin qui ne vous oublie pas. Roger
n'oublie pas l'adresse de papa
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Bord, le 10 décembre 1916
Chère Mère
Je profite d'un petit moment pour t'écrire. Tout à l'heure j'ai été à la Messe. Là on nous a appris une triste nouvelle que tu dois savoir je pense. C'est la disparition du Sufren que l'on croit perdu et tout l'équipage. Il se pourrait que c'est un sous-marin boche qui l'a torpillé mais le sous-marin a coulé lui aussi. Et puis un grand voilier un trois mâts carrés que l'on appris(?) était Edouard Taille il s'en allait à Buenos-Aires, il était chargé de munition et il a été torpillé mais ces cochons de boches l'ont fait stopper, ont pris tous les vivres, on fait monté l'équipage dans une chaloupe et ont torpillé le voilier. Plus grand chose de nouveau à te dire pour le moment. Envoie moi la permission pour Noël. J'ajoute quelques cartes pour Pierre. Ton fils qui t'aime Roger
Cartes postales faisant partie d'un lot d'une quarantaine de cartes postées en fin 1916 et courant 1917
Le père de Roger Massias, la quarantaine, était alors dans le Génie (chemin de fer) près du front ou dans la région parisienne. Sa mère Marie et son plus jeune frère Pierre s'occupaient du magasin à Brie sous Mortagne (Charente Inférieure), et son frère Guy était au pensionnaire au lycée de Pons.
Bien cordialement
Vincent
Edit : à droite du Mytho, ce doit être le Magellan