LABORIEUX - Remorqueur

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GENEAMAR
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Re: LABORIEUX - Remorqueur

Message par GENEAMAR »

Bonjour à tous...

sesouvenir a écrit : " Il y a encore quelques zones d'ombre, par exemple : selon le cahier le Laborieux était commandé en temps normal par un officier marinier, l'EV Phérivong n'en prenant le commandement <<seul maître à bord après Dieu>> que lors des missions. Je n'ai pas de culture marine mais ce point me parait curieux. "

Je vais "tenter" de faire simple... De nombreux bâtiments participèrent au conflit, venant de tous les horizons, de la pêche, du Commerce, jusqu'à certains bâtiments de "loisirs" (voiliers, yacht). Certains réquisitionnés, d'autres venus spontanément rejoindre la Flotte... Leur affectation était selon leurs possibilités, armés, transformés pour une fonction, transport, hôpitaux, dragueurs, lutte anti-sous-marine, dragueur, bâtiment de service, etc...,
Beaucoup d'hommes venus de la pêche, du commerce, etc servaient sur ces bâtiments, Capitaine au long cours, Patron pilote, patrons pêcheurs, matelots; volontaires, appelés ...

Le remorqueur "LABORIEUX", était un bâtiment de service dont l'importance stratégique n'était pas celle des navires de guerre, et n'exigeait pas la présence d'un Officier de la Marine Nationale en fonction, ou d'un Officier de réserve, pour l'accomplissement de tâches hors des missions de guerre...
C'est pourquoi, en tant ordinaire, le commandement était confié à un Officier marinier (= Sous-Officier tel Maître, Second Maître...)... Pour des missions de guerre le commandement était confié à un Officier. De le cas du "LABORIEUX", si j'en crois mes archives et votre annotation, c'est l'Enseigne de vaisseau de 2ème classe de réserve (= Aspirant) Marcel Clair PHÉRIVONG qui était affecté à ces missions. Celui-ci n'appartenait apparemmment pas à la Marine Nationale, il avait été promu le 12 février 1917. Il était né le 19 juillet 1891 à Le HAVRE, son port matriculaire et d'attache CHERBOURG...

Pour l'anecdote, et hors sujet, cet Officier commandera l' "AUSTRAL" de la Société des pêches australes des frères BOSSIÈRE. Il arrivera aux KERGUELEN le 12 novembre 1928 pour sa première campagne.


Cordialement Malou.



Cordialement. Malou
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Ar Brav
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Re: LABORIEUX - Remorqueur

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

Voici comment Paul Chack relate le sauvetage de l’unique rescapé de l’Amiral Charner par le Laborieux.

L'unique survivant.

Sous-marin à un quart par tribord, à 4 000 mètres, crie la vigie du Laborieux.
Venez dessus. Hissez le triangle 1, répond le lieutenant de vaisseau Jacotin.
La scène se passe le dimanche 13 février [1916], à 7 heures du matin, à quelque 75 kilomètres dans l'ouest sud-ouest de Beyrouth. Le Laborieux montre le triangle 1 pour avertir le Paris-II, en vue, de la présence de l'ennemi par tribord. Ce que voyant, Paponnet, lui aussi, fonce joyeusement avec son chalutier. Jacotin a mis sa machine à toute vitesse et rappelé aux postes de combat.
Le sous-marin est à peine émergé. Qu'attend-il pour disparaître ? Il agirait sagement en plongeant tout de suite, car ce matin, il a affaire aux deux navires que la 3e escadre entière appelle les bateaux-pirates, ceux qu'on charge des missions extraordinaires, à terre ou au large... et qui s'en tirent toujours. Et, depuis l'affaire de Solloum, le Paris-II a reçu une pièce de 10 et brûle de s'en servir. Cependant, le sous-marin ne se hâte guère de s'éclipser. Comme tout à l'heure, son pont est au ras de l'eau et il y a un homme dessus. Chose étrange, un pavillon est attaché au périscope. Et le bateau est stoppé. Manoeuvre incompréhensible. Pourtant, sûr et certain, il a vu les deux Français qui chargent, et font cuiller avec leurs étraves dans la houle du sud-ouest. Après tout, c'est peut-être un allié.
Ne chargez pas les pièces, ordonne le commandant du Laborieux. Cinq minutes s'écoulent. Le remorqueur n'est plus qu'à 2 000 mètres du sous-marin toujours stoppé.
Rompez des postes de combat. Disposez la baleinière prête à armer.
Ainsi commande Jacotin, qui vient de reconnaître à la place du sous-marin, une épave avec un homme debout.
Pour rappeler à la vie les gens évanouis, il est d'usage de leur asperger la figure. Pour Cariou, étendu sans connaissance depuis deux heures du matin, c'est la houle, levée avec le jour, qui s'est chargée de ce soin. La tête du naufragé pend hors du radeau et les coups de tangage, qui l'immergent jusqu'au cou, finissent par le réveiller. Le voici debout. Par quel miracle d'énergie ? Comme chaque matin, comme chaque soir, il fait face à l'est. A l'est, où sont les deux patrouilleurs. De même que l'avant-veille, Cariou mâte un aviron, puis se dévêt et arbore ses hardes. Toujours debout, il attend. Ses lèvres remuent sans bruit. Cette fois, on l'a vu.

La baleinière du Laborieux a ramené l'homme retombé en faiblesse. Il est étendu sur la couchette du commandant. Quelques gouttes de thé léger, chauffées d'une larme de rhum. Il ouvre les yeux. Tout doucement, Jacotin questionne :
Te voilà paré, mon pauvre vieux. D'où sors-tu ? Quel est ton nom ? Avec une peine infinie, par mots hachés, la réponse arrive :
Cariou... quartier-maître canonnier... de l'Amiral-Charner... coulé à sept heures... mardi matin... quatorze sur le radeau... les autres... morts... tous...
Les yeux se sont refermés. Respiration calme. Dans la chaleur des couvertures entassées, le sommeil est venu. Jacotin va s'éloigner, mais l'homme prostré sursaute :
Commandant, prévenez... ma femme... elle va avoir... un enfant... pour qu'elle n'ait pas... trop de peine...
Tout de suite, mon petit, à quel endroit ?
Port-Clet... par Clohars-Carnoet... près de Lorient.
Entendu, dors vite.

Déjà, à huit heures trois, l'amiral Moreau a reçu ce message "Paris-II à amiral Jeanne-d'Arc. Position 33° 48' N., 32° 26' E. Laborieux en vue signale épave avec marin, trouvons également des épaves."
Paponnet avait en effet ramassé des bailles à lavage, un grand flotteur en liège et un collet de sauvetage.
Voici maintenant le sans-fil de Jacotin : "8 h 54. Laborieux à amiral Jeanne-d'Arc. Trouvé environ 35 milles ouest Beyrouth un radeau avec un naufragé de l'Amiral-Charner. Il en portait quatorze, mais treize sont morts."

Les nouvelles affluent. Dix-sept minutes plus tard, la tour Eiffel attaque la Jeanne-d'Arc et reproduit un télégramme de Nordeich, le grand poste allemand : "Un sous-marin a torpillé le 8 février dans le sud de Beyrouth un cuirassé qui a coulé en deux minutes."
Berlin a aussi envoyé, mais en chiffres, un solide blâme à l'adresse du commandant du sous-marin en question : pour avoir quitté la route Malte-Port-Saïd où il devait opérer et avoir gaspillé une torpille contre un navire de guerre... Le commandant de l'U-21, capitaine de corvette Hersing, est d'ailleurs persuadé que sa victime est le Suffren. Pas encore, mais c'est partie remise. Le 26 novembre 1916 à la nuit tombante, au large des côtes du Portugal, le Suffren périra, torpillé par grosse mer et temps bouché. Mais pas un homme du Suffren n'en reviendra...
Le navigateur qui, suivant la côte sud de Chypre, se rend du port de Larnaka à celui de Famagouste, bien déchu de son antique et vénitienne splendeur, doit doubler un promontoire bas prolongeant une falaise étrange qui, de loin, a l'aspect d'une forteresse en ruine. Ce promontoire est le cap Greco. Dans la nuit qui suit la découverte du radeau, la Jeanne-d'Arc, toutes lumières masquées, croise à vitesse réduite devant le cap. Visiblement elle attend quelqu'un. Vers une heure du matin se montrent dans le sud des éclats longs et brefs qui semblent répondre au clignotement lumineux du phare de Greco. D'un fanal discret, la Jeanne-d'Arc se fait reconnaître, puis tout s'éteint. Bientôt s'approche une ombre basse qui stoppe près du grand croiseur. C'est le Laborieux et son précieux fardeau.

Un quart d'heure plus tard, une baleinière accoste la coupée de la Jeanne-d'Arc. Le médecin d'escadre est allé lui-même chercher Cariou. L'amiral Moreau, son état-major et tous les officiers sont là. Ils saluent l'unique survivant, qui compte bien des amis sur la Jeanne-d'Arc où il était embarqué depuis la mobilisation lorsqu'il l'a quittée, le 16 janvier, pour mettre son sac sur l'Amiral-Charner, vingt-trois jours tout juste avant le torpillage.
Amiral, déclare le médecin, le rescapé est en aussi bon état que possible. Il a fait preuve d'une résistance prodigieuse, surhumaine, mais sa faiblesse est trop grande pour qu'on puisse l'interroger tout de suite.
Puis le docteur transmet la requête qu'avait adressée Cariou à Jacotin. Aussitôt un message s'envole vers Paris. Demain, à Port-Clet, la femme du survivant sera prévenue.

Le lendemain matin, 14 février, sur une mer splendide, sous un ciel éblouissant, la Jeanne-d'Arc passe à 9 h 30, par 33°35' N., 31°5' E., à l'endroit supposé où l'Amiral-Charner a péri. Sur la plage arrière, à bâbord, face à la côte de Syrie, sont rangés, en grande tenue, l'état-major et l'équipage du bâtiment. Plus imposant que jamais, l'amiral monte sur la passerelle arrière. Près de lui se tient le père Jaussen, le dominicain à silhouette de patriarche que j'ai montré à l'œuvre au moment où les Turcs descendaient vers l'Egypte. Les clairons sonnent le "garde-à-vous" Aussitôt, le grand pavillon des jours de fête et de bataille et la marque de vice-amiral sont amenés à mi-mât, en berne. D'une voix grave et bien scandée, qui porte loin et remue les entrailles, l'amiral annonce la perte du croiseur cuirassé Amiral-Charner et de 426 braves qui l'armaient. Seul a survécu le quartier-maître canonnier Cariou. L'amiral lit ensuite le message reçu du commandant en chef à quatre heures du matin : "L'armée navale, unie dans un sentiment de douleur et de fierté, envoie ses adieux au vaillant Amiral-Charner glorieusement frappé à son poste d'avant-garde. Vive la France !" "Vive la France !" répond l'équipage de la Jeanne-d'Arc. Le père Jaussen donne l'absoute et, les suprêmes prières dites, fait, sur la grande tombe bleue, un lent signe de croix que ponctuent trois coups de canon, tandis que les clairons sonnent "aux champs" Enfin, lorsque tous les sifflets du bord ont roulé leurs trilles comme pour rendre les honneurs à un amiral de France, on entend soudain la Marseillaise.
Et la Jeanne-d'Arc reprend sa croisière. Pendant trente-six heures encore, toute la 3e escadre cherche sur l'eau. Cariou est bien l'unique survivant.

Le 15 février, le capitaine de frégate d'Adhémar de Cransac, sous-chef d'état-major de l'amiral Moreau, a pu interroger le quartier-maître et en obtenir tous les détails que j'ai dits. Lorsque, à la fin de l'entretien, le commandant d'Adhémar a essayé de savoir quelles visions, quelles pensées avaient pu, dans les heures cruelles, hanter le Breton doux et rêveur, Cariou a simplement répondu :
Commandant, j'ai prié tout le temps.
Lorsqu'il regardait vers l'est, appelant un secours invisible qui n'a cessé de venir à lui, les yeux de Cariou cherchaient la Terre sainte toute proche, Bethléem et la croix.

Sources :
Histoire Maritime de la Première Guerre Mondiale, Paul Chack et Jean Jacques Antier, France-Empire, 1992, pages 469, 470 et 471.


Cordialement,
Franck
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Ar Brav
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Re: LABORIEUX - Remorqueur

Message par Ar Brav »

Bonjour Malou,
Bonjour Sesouvenir,

Dans La guerre navale dans la Méditerranée, par le CV A. Thomazi, Payot, 1929, page 181, il est fait mention du maitre de manœuvre Phérivong, commandant le patrouilleur Vénus III en 1916, j'ignore s'il y a une relation quelconque.

Bien cordialement,
Franck
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Ar Brav
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Re: LABORIEUX - Remorqueur

Message par Ar Brav »

Re,

Toujours dans le même ouvrage, le Laborieux est signalé comme étant le seul dragueur disponible dans la division de Syrie, début 1917.
Pour info à Sesouvenir, il est fréquent que de petites unités soient reconverties dans d'autres activités pour les besoins du service (chalutiers en patrouilleurs et/ou dragueurs, remorqueurs en dragueurs, etc.).

Cordialement,
Franck
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Ar Brav
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Re: LABORIEUX - Remorqueur

Message par Ar Brav »

Re,

En juin 1917, le patrouilleur Laborieux est noté affecté sur les côtes de Syrie, à la Division de Syrie, escadrille de torpilleurs.

En ce qui me concerne, le sort final du Laborieux est inconnu, j'ai mis en ligne tout ce que j'ai pu trouver pour l'instant à son sujet. Aucune trace du bateau chez Miramar ou dans le Lloyd's Register après 1930.
En espérant que Klaus passe par là... :)

Bien cordialement,
Franck
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GENEAMAR
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Re: LABORIEUX - Remorqueur

Message par GENEAMAR »

Bonjour Malou,
Bonjour Sesouvenir,

Dans La guerre navale dans la Méditerranée, par le CV A. Thomazi, Payot, 1929, page 181, il est fait mention du maitre de manœuvre Phérivong, commandant le patrouilleur Vénus III en 1916, j'ignore s'il y a une relation quelconque.

Bien cordialement,
Franck
Bonjour Franck...

Merci pour vos recherches, mais il ne s'agit pas du même personnage, en l'occurence sur le VENUS III, il s'agissait d'Alfred PHERIVONG que l'on retrouve dans l'équipage du "PARIS-II" (combat du 13 décembre 1917).

Bien cordialement Malou :hello:
Cordialement. Malou
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IM Louis Jean
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Re: LABORIEUX - Remorqueur

Message par IM Louis Jean »

Bonjour à toutes et à tous,

Un article de "L'Univers illustré" du 11 septembre 1880 (n° 1329, source Gallica)

<< LANCEMENT D'UN NAVIRE, A SAINT-DENIS

Dans notre précédent bulletin, nous avions mentionné le lancement d'un navire en fer, à Saint-Denis, lequel a eu lieu, le 31 août, dans les chantiers de M. Claparède. Cette curieuse opération avait attiré de nombreux parisiens, profitant des invitations envoyées par M. Claparède. Il s'agissait de l'aviso à vapeur le Laborieux dont la machine développera une force de 550 chevaux.
Ce bâtiment, auquel on travaillait depuis un an, est entièrement construit en fer ; il mesure 45 mètres de longueur, 7 mètres de largeur moyenne ; la ligne de flottaison est à 3 mètres 20. Les cales voisines de celle du Laborieux sont occupées par deux navires en construction dont l'un a été commandé par la compagnie des chemins de fer et des ports de l'île de la Réunion.
On avait ouvert une large tranchée dans les berges de la Seine, et des traverses étaient disposées de distance en distance. Ces traverses étaient pourvues de galets, sur lesquels l'aviso, au signal donné, dès que l'on eut fait tomber les étais et chassé les cales, a glissé jusqu'au fleuve, à l'aide de chaînes de fer enroulées par deux treuils à vapeur.
Au moment où le navire entrait dans le fleuve, une dame qui s'était imprudemment approchée du gouvernail, eut les deux jambes fracturées par le choc de la barre. Il n'est pas exact, comme le bruit en avait couru, qu'une autre personne ait été blessée au même moment.
Ce n'est pas la première fois que l'usine Claparède réalise ce tour de force de lancer dans la Seine un bâtiment d'une telle dimension. Il y a deux ou trois ans, elle avait déjà mis à l'eau avec un plein succès l'Emilia, bâtiment à vapeur construit pour le service de l'Etat.

A. Brunet >>

Une gravure du lancement :
Image

Il aurait donc été conçu comme aviso et qualifié de "remorqueur" ultérieurement.

Cordialement
IM Louis Jean
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Edité pour resserrer le texte et préciser la dernière phrase
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
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IM Louis Jean
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Re: LABORIEUX - Remorqueur

Message par IM Louis Jean »

Bonjour à toutes et à tous,

Une gravure extraite d'Armée et marine : revue hebdomadaire illustrée des armées de terre et de mer du 5 juin 1909.
Sans certitude, je pense que le Laborieux -sa poupe plutôt- figure à droite derrière le "canot".

Image


Edité pour ajouter un épisode "hors 14-18" mais intéressant la vie du Laborieux :
<<
L'empereur Guillaume décore des marins français. — On se rappelle que les équipages des remorqueurs de l'Etat Haleur et Laborieux, de la direction du port de Brest, participèrent au sauvetage du vapeur allemand Milos, en feu dans les parages d'Ouessant. L'empereur d'Allemagne vient de décerner les décorations suivantes aux sauveteurs de ce navire : ordre de la Couronne de 4e classe, MM. Guillerme et Marchadour, adjudants principaux ; médaille d'honneur, MM. Laurent, Brélivet, Gegou, Jaoen et Rault, mécaniciens vétérans; médaille de l'Aigle-Rouge, MM. Manach, Tromeur, Guemeur et Mailloue, seconds maîtres vétérans ; Pelle, second maître mécanicien vétéran ; médaille de l'ordre de la Couronne, MAL Gourvès, Kerrien, quartiers-maîtres mécaniciens, et Cosset, matelot.
>>
Navigazette du 2 avril 1908

Cordialement
IM Louis Jean
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<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Rutilius
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Re: LABORIEUX - Remorqueur

Message par Rutilius »


Bonjour à tous,
JACOTIN Sylvius. Né le 9 février 1862 à RETHEL (Ardennes) - Décédé.

Enseigne de vaisseau de 1ère classe le 5 octobre 1884. Versé dans le cadre de réserve le 15 octobre 1884. Lieutenant de vaisseau de réserve le 10 novembre 1915; port TOULON. Cité à l'ordre de l'Armée navale en avril 1916 : " N'a cessé de faire preuve des plus belles qualités d'entrain, de courage et d'intelligence dans l'exercice de son commandement. A accompli de dangereuses missions sur les côtes de Syrie au cours desquelles il a montré une endurance exceptionnelle. A déjà assuré le sauvetage des survivants du YASAKAMARU coulé par un sous-marin et vient encore, par son intelligente initiative de sauver la vie de l'unique survivant de l'AMIRAL CHARNER.". D'avril à octobre 1916, Commandant le "TUNISIEN", 3ème Escadre, Division de SYRIE.
Avant d’être destiné au Tunisien, en Avril 1916, le lieutenant de vaisseau de réserve Sylvius Jacotin commandait le remorqueur Laborieux (V. ci-dessus le récit fait par Paul Chack du sauvetage du quartier-maître Cariou).

Sylvius Jacotin était le fils de Pierre Nicolas Jacotin, « fabricant de sucre », et de Marie Madeleine Warnesson, sans profession ; marié à Carmen de Lara, il est décédé à Paris (VIIe Arr.), le 24 octobre 1935.

Il avait été rappelé à l’activité le 2 août 1914 en qualité d’enseigne de vaisseau de réserve. Sa conduite lui vaudra d’être fait chevalier de la Légion d’honneur (Arr. du 15 juill. 1916) et décoré de la Croix de guerre avec palme. (Base Léonore, Dossier LH/1339/102 ; V. ici —> http://www.culture.gouv.fr/LH/LH091/PG/ ... 02v001.htm )

Le Temps, n° 19.997, Jeudi 6 avril 1916, p. 3, en rubrique « Marine ».


Image
________________________

Bien amicalement à vous,
Daniel.
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IM Louis Jean
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Re: LABORIEUX - Remorqueur

Message par IM Louis Jean »

Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour Rutilius et merci pour ces informations,

La remontée de ce fil me fait penser que l'extrait ci-dessous (placé dans le sujet : Douze mois au Service des Renseignements en Syrie) a toute sa place dans le fil du Laborieux.

<< Ayant trouvé une confirmation du récit par le biais du texte de la citation je retranscris cet épisode du cahier

<<Commandant une patrouille et surpris par une patrouille ennemie supérieure en nombre, a réussi à l'anéantir toute entière, sans aucune perte de notre côté, grâce à son habileté, son sang-froid et sa bravoure.>>
Trouvé sur http://www.netmarine.net/tradi/marins14-18/M-P.htm

<< 10 juin 1918
En mission, avant-hier, 8 juin, j'ai été surpris par une patrouille ennemie ; nous avons complètement anéanti les Turcs.
Je devais, cette nuit-là, reprendre à terre un agent déposé le mois précédent. Le point de rendez-vous était l'embouchure du Nar-Ibrahim quelques miles au nord de Bouard.
Le début de la mission s'opéra comme de coutume ; mais, cette fois, plus méfiant, avant de nous éloigner du Laborieux, je m'étais assuré moi-même que tout était bien à son poste ; que mousquetons et révolvers étaient chargés et que la mitrailleuse fonctionnait bien.
Il faisait beau temps, le youyou glissait sans bruit sur la mer calme.
Nous avions quitté le Laborieux depuis 25 minutes et nous nous trouvions à environ 200 mètres de terre, quand tout à coup, Sejean qui veillait devant, murmura : "une embarcation à tribord".
Il ne s'était pas trompé , mais notre youyou ayant de la vitesse, l'embarcation était déjà presque par le travers quand je l'aperçus.
Une salve d'une dizaine de coups de fusil ne me laissa aucun doute sur les intentions de ceux qui montaient l'embarcation.
Je mis aussitôt la barre à droite pour faire tête à l'ennemi et commanda : "Pasquier, Sejean, parés à la mitrailleuse - nage Milad - scie Davy." - Mon youyou s'évita et ma mitrailleuse se trouva en bonne position pour tirer.
Une seconde salve de coups de fusil crépita ; quelques morceaux de bois de notre youyou voltigèrent.
Je sentis un coup violent à la jambe droite ; entraîné par l'action je ne m'en inquiétais pas.
Pendant ces manoeuvres les deux embarcations s'étaient rapprochées ; je distinguais maintenant la forme de la vedette ennemie.
Je me mis debout pour mieux diriger la manoeuvre ; la barre entre les jambes , les jumelles aux yeux , le revolver à la main.- "Envoie dedans!! Le Bouif." Aussitôt tac-tac-tac.
"Bien! Une deuxième bande."
Rien ne bouge plus dans la vedette ennemie.
"Encore une bande"
Les embarcations sont maintenant à quelques mètres l'une de l'autre. Deux de nos ennemis se jettent à la mer ; une seule tête reparut ; quelques coups de mousquetons font comprendre au nageur qu'il n'a pas à essayer de gagner la terre. L'homme accoste le long du youyou, est hissé à bord, fouillé et, quelques bonnes bourrades et paroles énergiques de Simon lui démontrent qu'il n'a plus qu'à se tenir tranquille.
J'attendis quelques minutes, redoutant une surprise ; puis ne voyant toujours rien bouger dans l'embarcation ennemie et entendant des râles et gémissements, je manoeuvrais pour accoster la vedette.
Les Libanais rancuniers voulaient laisser "crever" les Turcs dans leur canot. Plus humain, j'accostai avec précaution.
Il faisait nuit noire! noire! Je reconnus cependant l'embarcation pour être une jolie vedette à moteur, d'une dizaine de mètres de long. Rien ne bouge toujours à bord.
Je pris la vedette à la remorque du youyou et : "nage au large".
Davy et mes autres matelots attrapèrent une fameuse corvée pour remorquer cette grande barcasse avec un petit youyou.
Enfin, après avoir souqué pendant trois quarts d'heure nous aperçûmes le Laborieux.
Le premier-maître du Laborieux voyant deux silhouettes d'embarcation se diriger vers lui nous prit pour des ennemis et se disposait à nous envoyer par le fond. J'eus de grandes difficultés à me faire reconnaître.
Aussitôt accostés j'embarquais dans la vedette muni d'un fanal. Onze hommes gisaient sans mouvement dans le fond du bateau. je les fis hisser à bord. Tous étaient morts!! percés de plusieurs balles!!
La mitrailleuse est une belle arme et Pasquier tire bien.
Je fis aligner les onze cadavres sur le pont l'un d'eux portait les galons d'enseigne de vaisseau turc, les autres étaient des matelots.
Le seul prisonnier que nous avions fut mis en lieu sûr. Quelque peu cuisiné par Simon il raconta que : nous avions été vendus par l'agent que nous venions reprendre, qu'il avait indiqué le jour, l'heure et l'endroit où nous devions venir...
Le commandant de la base turque de Beyrouth avait envoyé cette vedette sous les ordres d'un enseigne pour nous surprendre et nous ramener morts ou vifs!
Les Turcs sont braves, mais pas très malins. Si cet enseigne nous avait laissé accoster à terre et nous eût pris ensuite par derrière, nous trouvant entre la terre et la vedette je n'en serais probablement pas sorti.
Le Laborieux prit la vedette à la remorque. Criblée de balles, elle faisait eau ; nous l'étanchâmes tant bien que mal en enfonçant des cartouches dans les trous de balle. J'y laissai deux hommes pour gouverner et vider l'eau et je fis route sur Rouad. Par TSF je prévins le commandant de notre attaque et du résultat ; ainsi que de l'heure de notre arrivée.
Maintenant que l'action est passée je sens que ma jambe me fait mal et me semble lourde ; je regarde ; j'ai une balle dans le devant de la jambe - probablement un ricochet car la blessure ne traverse pas et parait légère. Je confie la route au premier-maître, lui recommandant de veiller à la vedette et vais m'allonger sur un des canapés du carré. après cette nuit agitée je ne tardai pas à m'endormir. 7h du matin - un timonier vint me réveiller, me prévenant que Rouad est en vue, que la vedette est dehors et se dirige sur nous.
Nous stoppons ; la vedette accoste. Le Commandant et le père de Martimprey montent à bord.
"Eh bien, Phérivong! Que vous est-il arrivé, Je n'ai pas pu déchiffrer entièrement votre télégramme" "Commandant, en allant à terre, j'ai été attaqué par une vedette turque montée par treize hommes."
"Que sont devenus les Turcs, Je vois bien la vedette à la remorque, mais les hommes?"
"Les voilà!!!" Et je montrai au Commandant les onze corps alignés sur le pont.
Le Commandant qui m'aime bien m'embrassa :
"Tu es un brave petit."" me dit-il et se tournant vers le père de Martimprey
"Cinq contre treize, dans un petit youyou contre une grande vedette! C'est admirable."
"j'en ai aussi un de vivant." Je fis venir le prisonnier et le présentai au Commandant.
"Bon cela, pour les renseignements ; Père, voilà de la besogne pour vous."
Le Commandant, comme Gouverneur de l'île de Rouad, décida d'immerger les corps à cause des habitants de l'île. Je fis amarrer un barreau de grille aux pieds de chacun des morts . Le pavillon en berne. L'équipage réuni, le bonnet à la main, une garde de quatre hommes rendant les honneurs et :
"Envoyez"
L'enseigne, le premier disparut dans la mer qui fut notre champ de bataille.
Les dix matelots le suivirent - - Puis nous rentrâmes à Rouad. >>

Je posterai bientôt l'attaque du port de Beyrouth par le Laborieux.

Cordialement
IM Louis Jean
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