Bonjour à tous,
Le KTB de l'UC 70 fait avancer les choses et je comprends mieux le jugement de 1923 qui déboute les propriétaires de la cargaison de leur demande d'indemnité de guerre.
Le commandant Fürbringer ne donne pas le nom du voilier, laissant planer un doute dans lequel se sont engouffrés les avocats de l'assureur.
En fait, c'est la découverte, à cette époque, du vêtement et du portefeuille du marin qui a fait penser au Boisdeffre. Vareuse et portefeuille étaient peu endommagés et avaient donc peu séjourné dans l'eau. L'avocat de l'assurance soutint donc la thèse suivante :
"Parti en Janvier du Chili (5 mois auparavant) le Boisdeffre aurait du avoir passé cette zone depuis longtemps. Pour expliquer cette trouvaille d'objets presque intacts sur les côtes de France, il fallait donc admettre que le Boisdeffre s'était perdu par fortune de mer longtemps auparavant dans les mers du sud. L'équipage, naufragé sur une côte quelconque, avait du être recueilli bien après par un autre navire, torpillé à son tour à l'approche des côtes françaises, comme cela arrivait chaque jour."
Le scénario était particulièrement tordu car le passage du Horn, même dans le sens Chili-Europe, n'était pas une partie de plaisir, et il fallait ensuite se sortir de la zone des calmes équatoriaux. 130 ou 140 jours de traversée n'étaient pas complètement hors norme.
Mais avocats et assureurs sont connaisseurs en raisonnements tordus et le juge du King's Bench Division, à Londres, refusa toute indemnité de guerre. Pourtant il ajouta, curieusement, qu'il y avait tout de même de grandes chances pour que le Boisdeffre ait bien disparu par fait de guerre!!
Le capitaine Lacroix, trompé par ce jugement de 1923, ne mentionne pas l'UC 70. Randier, qui s'est beaucoup inspiré de Lacroix et n'a sans doute pas eu accès au KTB du sous-marin en question, reprend en 2000, dans son superbe ouvrage sur les grands voiliers, la thèse de la disparition sans parler de torpillage.
Bref, aujourd'hui, grâce à un spécialiste

de la sous-marinade, nous avons le journal de bord de Fürbringer et je crois que le mystère est définitivement levé sur le sort de ce malheureux navire, de toute évidence torpillé le 27 Mai 1917.
Cordialement
Olivier