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Re: Langue Bretonne en 1914

Publié : mar. nov. 28, 2006 8:02 pm
par garnier jean pierre
RE

JPierre : les estaminets que tu décris se trouvaient au début du siècle (le XXe) plus particulièrement Rue de la Tannerie à Vannes, cours de Chazelles à Lorient et quai de la Fosse à Nantes.
Florent : trop tard, je suis définitivement froissé
Merci Jean Yves.
Tu n'as pas de photos d'époque ?
Cordialement
JP

Re: Langue Bretonne en 1914

Publié : mar. nov. 28, 2006 8:16 pm
par RIO Jean-Yves
J-P :
Des photos des établissements ou du petit personnel ?
Les établissements de Vannes , logés dans une rue un peu discrète, se situaient à quelques centaines de mêtres des casernes des 28e et 35e Régiments ... d'Artillerie :whistle:. Véridique !
J-Y

Re: Langue Bretonne en 1914

Publié : mar. nov. 28, 2006 8:20 pm
par Gilles ROLAND
Bonsoir,

De mémoire, Barthas fait une sacrée description des Bretons !

Cordialement

Gilles [:gilles roland]

PS je ne suis ni Occitan, ni Breton :lol: :lol: :lol:

Re: Langue Bretonne en 1914

Publié : mar. nov. 28, 2006 8:45 pm
par garnier jean pierre
En allant aux archives à VINCENNES ayez une petite pensée pour tous ces artilleurs (Bretons ?) qui prenaient la toute petite rue face à la grande porte d'entrée du chateau.

Bonne soirée.

Je retourne au bar, ce soir GAS oil (çà c'est Breton).
JP

Re: Langue Bretonne en 1914

Publié : mar. nov. 28, 2006 9:11 pm
par claude chanteloube
Bonjour,

Je dirai, sur la pointe des pieds pour ne froisser personne, que tout n'était pas aussi idyllique qu'on veut bien le laisser croire...En janvier février 15, Daudet et les journaux ultra-nationalistes -ceux d'action française en tête- ont mené une violente campagne contre les civils de Bretagne et de Provence. Cordialement CC


Re: Langue Bretonne en 1914

Publié : mar. nov. 28, 2006 9:52 pm
par los
bonjour a tous
felicitation a Jean yves pour ses quelques commentaires "linguistiques" ,je n'aurais pas fait mieux.

comme pour le 116e,aucun prénom breton "originel" parmi tous ceux des MplF du 19e ri relevé a ce jour (cotes d'armor,finistere,et le morbihan qui est en cours de relevé)
comme le dit jean yves,tous sont "francisés" et "christianisés".

d'autre part,voici quelques lignes trouvées je ne sais plus ou sur le net:

La guerre réunit des soldats de diverses origines géographiques,et si des bretons ont pu se trouver genés de ne pas savoir le francais,l'inverse s'est egalement produit,ainsi que le rapporte S.Audouin-Rouzeau,d'apres le journal"l'echo du boqueteau " de juin 1918.
Des provencaux viennent d'etre versés dans un regiment de bretons:
"Nous sommes au 19e.C'est un fait.Et si nous n'avons pas a discuter si nous preferions etre tombés dans un régiment de marseillais,de limousins ou de "chetits gars".quelque soit notre préférence personnelle,nous sommes devenus bretons...Vivons donc en bonne harmonie avec les bretons qui sont de braves gens et qui nous ressemblent par plus d'un point(...)Mais les bretons parlent une langue à laquelle nous n'entendont rien ?...
Est ce a nous de les en blamer?(...)Tout comme le provencal,le breton est une langue vénérable qui mérite d'etre sauvée(...)



kenavo

amicalement
sophie :hello:

Re: Langue Bretonne en 1914

Publié : mar. nov. 28, 2006 10:01 pm
par Gilles ROLAND
Bonsoir,

Jean-Pierre, en face la sortie du château, c’est l’avenue du même nom (Chateau). Vous faites certainement allusion à la petite rue sur la droite, rue Raymond du Temple, ou il m’était interdit de passer quand j’étais gamin. C’était sous Louis IX la rue des bordels et la prostitution a continué jusque dans les années 1980.

Cordialement

Gilles [:gilles roland]

Re: Langue Bretonne en 1914

Publié : mar. nov. 28, 2006 10:23 pm
par CTP
Bonsoir

Paille, Foin
Paille Foin
Cest à dire
Gauche Droite
Gauche Droite
pour ceux dont les chaussures avaient été spécialement préparées.

Enfin c'est ce que l'on m'a appris sur la latéralisation militaire accélérée des originaires de campagnes.

Cordialement

Re: Langue Bretonne en 1914

Publié : mar. nov. 28, 2006 10:30 pm
par Yves Thoer
Bonsoir.

Pour le Finistère les prénoms régionaux représentent 2 à 3% : Corentin, Tanguy, Clet, Guénolé, Thénénan, Edern, Tudy, Trémeur ... . Mais de toutes façons quand on s'appelle Pierre pour l'état civil on est Per pour son village, Yves devient Youn, Jean devient Yan .....
Pour la langue au 19 comme au 118, au début de la guerre les sous officier sont presque tous bretonnants, ils servent donc de traducteurs lorsque c'est nécessaire, surtout pour les classes anciennes.
Pour mon cas famillial mon grand-père paternel, paysan des Monts d'Arrée, classe 1901 au 19 RI, parlait très médiocrement le français. mon grand-père maternel, paysanes Monts d'Arrée, classe 1907 au 28 RAC, était titulaire du certificat d'étude primaire.

Ce déficit linguistique doit être plus important à l'écrit pour les témoignages.

Jusque dans les années 60 le monde rural du Finistère parle le bretons dans ces activitées journalières.

Cordialement.

Yves Thoër.

Re: Langue Bretonne en 1914

Publié : mar. nov. 28, 2006 11:44 pm
par Ar Brav
Bonsoir à tous,

(TRES) PETIT HISTORIQUE DE LA LANGUE BRETONNE

Le breton fait partie des langues indo-européennes et est classé parmi les langues celtiques.

Le celtique ancien, langue de base,a dérivé en 3 ensembles plus ou moins distincts : le gaulois (continent), le brittonique (île de Bretagne) qui a donné le breton, le goïdélique (Irlande, Ecosse).

- En 50 av. J.C., date de la conquête romaine, ces langues sont proches cousines et l’on se comprend sans doute entre Gaulois (d’Armorique) et Bretons (de l’île de Bretagne) d’un côté et de l’autre de la Manche.

- Vers les Vè-VIIè siècles, une partie des Bretons de l’île de Bretagne, harcelés par les incursions des Angles, saxons, Pictes, Gaels, migre progressivement vers l’Armorique : ils s’établissent dans cette région peu peuplée, où la langue gauloise, vraisemblablement encore présente, est mise à mal par la progression du bas latin. La langue gauloise est revivifiée par ces cousins émigrés. On parle alors breton en Armorique.
Le breton est la langue du peuple, mais aussi la langue de la cour. On conserve des traces de versification très complexe.

- Vers le Xè siècle. Les invasions normandes bouleversent la société bretonne. Les élites (prêtres et noblesse) bretonnes fuient vers les capitales européennes. Les bibliothèques des abbayes sont dispersées. Il ne subsiste que peu de traces écrites d’une langue qui se révèle tout aussi savante que poétique.

- XIè siècle. La limite linguistique du breton se stabilise le long d’une ligne allant de Guingamp à Vannes, et Guérande, ligne sensiblement identique à celle qu’a évoqué Jean Yves un peu plus haut. Les élites bretonnes, parlant encore breton, se fixent à Rennes et Nantes. Ils abandonnent progressivement le breton au profit du français. La langue officielle du duché sera le français.

-XIIè – XVIIIè siècles. Le breton est majoritairement cantonné à un usage populaire et oral malgré une production littéraire composée de vie de saints, pièces de théâtre, dictionnaires. Il survit d’une manière remarquable.

-XIXè siècle – 1914. Sous la IIIe république : L'enseignement publique est gratuit et obligatoire, mais doit se faire en français. La langue bretonne est interdite. À la campagne, parler français c'est se faire remarquer et passer pour un étranger. De fait, c'est en breton que le recteur (curé) prêche, confesse, donne ses instructions, en breton que sont faites les annonces à la fin de la grand'messe, en breton que se traitent les affaires au marché, en breton que délibèrent la plupart des conseils municipaux {...} le breton reste la langue du foyer. 23 septembre 1902 : Emile Combes, président du Conseil, adresse aux préfets des départements du Finistère, Mor-Bihan et Côtes du Nord, une instruction interdisant aux curés d'enseigner le catéchisme et de prononcer leurs sermons en breton dans les églises. Le breton fait les frais de la guerre idéologique que mène l'état républicain contre le clergé catholique.
• Le soldat François Laurent, de Melioneg, est fusillé pour n'avoir pas obéi à un ordre, que bretonnant, il n'avait pas compris. Certains y voient l'absurdité de cette guerre, d'autres la nécessité de franciser les bretons pour l'efficacité de l'armée française.
L’augmentation de la population dans les campagnes, donne plus de 1 200 000 locuteurs à la langue bretonne, au plus fort de sa pratique. Mais, délibérément exclu de l’enseignement, de l’administration et de la vie publique par une République « une et indivisible », le breton prend alors les stigmates du sous prolétariat. C’est la période de l’anecdote bien connue « ici, il est interdit de cracher par terre et de parler breton », panonceau que l’on pouvait lire à l’entrée des établissements publics,notamment des écoles, anecdote du reste transmise jusqu’à nos jours, et qui rejoint celle des sabots narrée par Jean Yves. Ce qui n’a pas empêché ma grand-mère de continuer à parler breton et de pratiquer un français –disons exotique- et de ne jamais cracher par terre, n’ayant pas attendu les directives jacobines pour apprendre les règles élémentaires de bon usage.

Inutile et honteuse, vécue comme un handicap plutôt que comme une richesse ou une chance, le nombre des locuteurs baisse à un demi-million après 1950. J'ai souvenir d'une discussion familiale pour le moins houleuse à la maison à ce sujet (je souhaitais apprendre et parler le breton avec ma grand mère). Les revendications des militants bretons qui remontent au début du XXè siècle, resteront lettre morte face au tourbillon de l’histoire moderne et la rigidité de l’Etat, qui, de nos jours, refuse toujours un soutien volontariste, malgré une demande de plus en plus marquée, un retournement d’image (Ah ! Bécassine !), et une adhésion populaire soutenue.

Sources: F. Favereau. Skol Vreizh.

Voilà, j’espère ne pas avoir été rasoir ni trop long. J'imagine que les Basques, les Corses, etc. ont été confrontés au même problème.

Cordialement,

Fanch Ar Brav