Forum PAGES 14-18

Le terme de "désinfection du champ de bataille" figure-t-il dans un document officiel ?

Bonjour
Il est question de l'assainissement dans ce document récemment mis en ligne sur Gallica : Service de santé en campagne. Notices. Volume mis à jour au 1er septembre 1917 p123 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6240607r/f127 et de désinfection p129
Cordialement
Alain

Bonjour à tous,

« Le terme de " désinfection du champ de bataille " figure-t-il dans un document officiel ? Pour ma part, je n'ai jamais rencontré que celui d' " assainissement ", et suis curieux d'en savoir plus. »

● Journal des marches et opérations du Groupe de brancardiers du Corps expéditionnaire d’Orient (C.E.O.) – 9 juill. 1915 ~ 11 févr. 1916 – : Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote 26 N 73/13.

—> http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html


« 13 août [1915]. — Chaque jour, une demie-section est envoyée dans les tranchées de la 2e Division pour des travaux de désinfection et enterrement de cadavres (en exécution des prescriptions de la note du 12 août, n° 1.379, de la Direction du service de santé).

La demie-section part à 4 h. ½ du matin et rentre pour le repas du soir.

Dr. Colson. » (op. cit., p. num. 6)

« Le 13 août, aux tranchées de 1re et 2e ligne, simultanément avec un nombre égal d’hommes, les brancardiers divisionnaires (2e division) procède[nt] à la désinfection des tranchées, des feuillées, à la recherche et à l’enterrement des morts laissés sans sépulture des précédents combats (Réveil pour cette ½ section, 4 h. 30 du matin. » (op. cit., p. num. 7)

Et les risques de cette corvée :

« 15 septembre. — A la corvée d’enterrement des cadavres au Haricot, le brancardier divisionnaire Pouche et le brancardier de corps Valéry, en train de fouiller un cadavre, reçoivent des coups de fusil. Pouche est blessé mortellement. Valéry ramène le corps dans la tranchée et le remet au sergent commandant la corvée. » (op. cit., p. num. 8 et 9)

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Bien amicalement à vous,
Daniel.

Bonjour,

Le terme de "désinfection du champ de bataille" figure-t-il dans un document officiel ? Pour ma part, je n'ai jamais rencontré que celui d'assainissement, et suis curieux d'en savoir plus. Merci d'avance !

Bien cordialement,
Eric Mansuy

Bonjour,

Eric Mansuy : Pour rebondir sur vos propos, la plupart du temps c'étaient les brancardiers qui, en fonction des accalmies et de l'afflux des blessés, allaient relever les morts. L'opération se passait
généralement la nuit et ne concernait que les cadavres transportables...
Les dépouilles ainsi évacuées étaient ensuite rassemblées en arrière des premières lignes, dans l'attente d'une corvée pour les enterrer. Le rôle des brancardier s'arrêtait ici après avoir fouillé les corps dans le but d'une hypothétique identification...

En ce qui concerne les restes humains définitivement intransportables car étant complètement disloqués et souvent en état de putréfaction avancée ; ceux qui se trouvaient au fond d'un trou d'obus étaient généralement ensevelis en l'état. Quant à ceux qui se trouvaient en surface, ils étaient recouverts de chaux, souvent à l'initiative de la troupe qui ne supportait les odeurs épouvantables...

Pour ce qui est "l'assainissement" et du "nettoyage" du champs de bataille à proprement parler, cette opération avait lieu après une reconquête significative de terrain et relativement à l'abri du danger. Elle était mise en oeuvre par un médecin responsable de l'hygiène et exécutée par des corvées désignées aussi bien dans les rangs de l'active que ceux des territoriaux.
A ce stade là, il n'y avait plus de respect pour les victimes ni de souci de leurs localisations postérieures, le but étant clairement de débarrasser le terrain des morts en décomposition. Pour accomplir cette pénible besogne était abondamment utilisé du "crésil". Ce fameux "crésil", on le retrouve aujourd'hui orthographié "crésyl" du nom d'une marque désormais tombée dans le domaine public et pour donner une petite idée : il s'agit d'un puissant agent chimique (bactéricide, fongicide, pesticide et désherbant, rien que ça...) à base de crésol qui, se présente sous forme de granulés où de liquide brun clair, et sert aujourd'hui à désinfecter (...) les poulaillers, les clapiers ainsi que le matériel d'élevage. Sans précautions particulières, le "crésil" où "crésyl" est également un important polluant des nappes phréatiques et des cours d'eau mais je pense que ce n'était pas vraiment le souci de l'époque...

Enfin, de manière marginale, la crémation était également utilisée pour "nettoyer" et "assainir". A Paris, une proposition de loi avait même été votée par la Chambre des députés le 18 juin 1915 précisément, afin de faire de l'incinération une règle générale et absolue pour les cadavres ennemis...

Bien cordialement !!!

Bonjour,

Un exemple de désinfection proprement dite, ici:

http://contentdm.unl.edu/cdm/singleitem ... /93/rec/96

Bien à vous,

[:achache:1]

Bonjour

Ayant eu l'opportunité, cette semaine, de me promener avec des amis du forum, un peu plus loin que la Meuse
j'ai découvert cette pancarte à la Crouée... visiblement on laissait beaucoup sur le terrain.
Cordialement
JL Kaluzko

Bonsoir,

Dans le JMO du groupe de brancardiers de la 72 D.I, le terme "désinfection" est aussi employé :



Source : JMO 26 N 398/8 page 3/33.

Bonjour,

Une autre illustration des corps abandonnés sur le champs de bataille mais ici, à l'été 1918 dans la région de Coeuvres, il est plutôt question de moisson et non de désinfection...

Voici ce qu'écrit le Général Mangin en date du 27 juillet 1918 (Charles Mangin, lettres de guerre (1914-1918)) : "Je viens de passer ma matinée sur le terrain. Le médecin de l'armée chargé de l'hygiène du champs de bataille enterre neuf cadavres boches pour un français. Beaucoup de terrain intact, moissons prêtes à être coupées, et pas trop abîmées. Matériel énorme. Nous renvoyons aux Boches quantité de leurs projectiles."

Et ce qu'écrit en parallèle Albert Bertier de Sauvigny le 23 août 1918 (Albert Bertier de Sauvigny, Pages d'histoire locale, 1914-1919) : "L'Armée n'a pas perdu de vue que les magnifiques récoltes qui couvraient le sol de toute notre région, au moment de l'attaque inopinée du 27 mai, ne doivent pas être abandonnées. Elles ont été, sur certains points, partiellement détruites ou très abîmées mais il n'en ai pas de même partout. Des équipes de militaires sont donc organisées pour faire cette tardive moisson, besogne parfois assez lugubre, car à tout instant, les faucheurs rencontrent, au cours de leur travail, des bras et des jambes, et même des cadavres qui ont échappé, après la bataille, aux recherches des brancardiers."

Bien cordialement !

Plus proche des Vosges, voici une photo prise à la fin du mois de septembre 1914. Il s'agit d'un groupe de territoriaux du 92e RIT, vraisemblablement de la 6e Cie. La scène se passe à Gerbeviller, juste derrière la chapelle Palatine. Ces hommes sont affectés depuis le 15 septembre (et ce jusqu'au 26 novembre 1914) à l'assainissement du champ de bataille dans le secteur de la Mortagne. Le 1er Bat de ce régiment travaillant dans le secteur Ramberviller - Saint Benoit, tandis que le 2ème était plus sur le secteur Gerbeviller -Moyen. Ce sont les hommes de cette Cie qui édifièrent le monument à la mémoire des soldats du 36e RIC tombés entre Gerbeviller et Fraimbois.

http://i1266.photobucket.com/albums/jj5 ... viller.jpg


Cordialement Sébastien

Bonjour,
C'est la 1ère fois que j'interviens sur un forum, quel qu'il soit, je vous remercie d'être indulgent !
Si je me suis inscrit, c'est parce que j'ai eu la chance, au hasard de mes recherches sur internet, d'être dirigé sur une de vos photos représentant les Territoriaux à Gerbéviller.
Nouvel habitant de cette commune depuis le mois d'août dernier, je réunis avec motivation tous documents, surtout photographiques et originaux si possible, relatifs à cette commune qui a énormément souffert fin août 1914.
Cette photo a cela de particulier que c'est la vue que j'ai de chez moi sur la chapelle palatine, à quelques mètres près.
Est-il indiscret de vous demander l'origine de cette photo et surtout savez-vous s'il en existe d'autres et comment y accéder ?
En ce qui concerne les règles d'intervention sur les forums je ne suis donc pas très au fait des choses, peut-être les questions trop personnelles n'ont-elles pas lieu d'être ?
Merci en tout cas si vous pouvez me renseigner et le cas échéant m'indiquer un meilleur moyen pour ne pas encombrer inutilement le forum.
Cordialement
Hervé Serrière

Bonjour Hervé Serrière

Bienvenu sur le forum

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En passant... autres photographies trouvées, entre autres, grâce au moteur de recherche (en haut à droite):
pages1418/photos-14-18/photographies-fr ... et_6_1.htm
pages1418/photos-14-18/divers/touristes ... .htm#t8042

Salutaions
Michel

Bonjour Michel,
Merci pour votre réponse.
J'avais déjà utilisé le moteur de recherches et pu voir certaines photos. Ces points de vue apportent vraiment un plus par rapport aux CPA que l'on connaît presque toutes.
Je pense qu'après quelques échanges le forum n'aura plus (beaucoup) de secrets pour moi !
Salutations.
Hervé