Re: le grade de caporal
Publié : dim. avr. 09, 2006 5:41 pm
Bonjour à toutes et à tous,
Je me permets de réactiver cette rubrique à la suite de la lecture du livre de Pierre Chaine, "Les mémoires d'un rat" qui mérite vraiment (je me répète, je sais...)de figurer dans la bibliothèque de tout " foromeur de Pages 14-18 ".
Ses réflexions sur le grade de caporal étaient encore valables lorsque j'étais en activité...
" Ainsi, mon maître gravit, après trois ans de guerre, le premier échelon de la hiérarchie.
Humble grade!...diront certains, peu familiers des moeurs militaires.Oui, mais grande et redoutable fonction, la plus importante dans l'armée.
A tous les autres échelons, les gradés s'imaginent commander parce qu'ils transmettent des ordres!...Le caporal seul ne trouve pas d'intermédiaire sur qui se décharger de l'exécution; il traduit en actes des paroles ou des écrits qui resteraient, sans lui, des sons inutiles ou des chiffond de papier. La vérité, c'est que les soldats n'obéissent jamais qu'à un caporal: c'est à sa voix qu'ils se lèvent, mangent, combattent, travaillent et se reposent. Tâche d'autant plus ardue que les hommes avec qui doit traiter directement le caporal ne sont responsables que de leur personne et que chacun d'eux garde sur son chef la supériorité de n'avoir pas de galon à perdre.Aussi, commander une corvée est-il plus malaisé que de faire sortir une vague de la tranchée.
Les civils s'imaginent qu'il est facile de se faire obéir quand on a des galons sur les manches, et il en était peut-être ainsi pendant la paix.
Par une distribution réglée de jours de consigne, je conçois qu'il est aisé de tenir une troupe en main,car cette légère punition touche le soldat à un point sensible et peut être renouveleée indéfiniment à la moindre faute. Mais la guerre n'est pas la caserne, et contrairement à ce que l'on pourrait croire, les sanctions y sont plus anodines.Aussi, en campagne, la consigne et même la prison deviennent-elles illusoires."
Cordialement.
Jean RIOTTE.
Je me permets de réactiver cette rubrique à la suite de la lecture du livre de Pierre Chaine, "Les mémoires d'un rat" qui mérite vraiment (je me répète, je sais...)de figurer dans la bibliothèque de tout " foromeur de Pages 14-18 ".
Ses réflexions sur le grade de caporal étaient encore valables lorsque j'étais en activité...
" Ainsi, mon maître gravit, après trois ans de guerre, le premier échelon de la hiérarchie.
Humble grade!...diront certains, peu familiers des moeurs militaires.Oui, mais grande et redoutable fonction, la plus importante dans l'armée.
A tous les autres échelons, les gradés s'imaginent commander parce qu'ils transmettent des ordres!...Le caporal seul ne trouve pas d'intermédiaire sur qui se décharger de l'exécution; il traduit en actes des paroles ou des écrits qui resteraient, sans lui, des sons inutiles ou des chiffond de papier. La vérité, c'est que les soldats n'obéissent jamais qu'à un caporal: c'est à sa voix qu'ils se lèvent, mangent, combattent, travaillent et se reposent. Tâche d'autant plus ardue que les hommes avec qui doit traiter directement le caporal ne sont responsables que de leur personne et que chacun d'eux garde sur son chef la supériorité de n'avoir pas de galon à perdre.Aussi, commander une corvée est-il plus malaisé que de faire sortir une vague de la tranchée.
Les civils s'imaginent qu'il est facile de se faire obéir quand on a des galons sur les manches, et il en était peut-être ainsi pendant la paix.
Par une distribution réglée de jours de consigne, je conçois qu'il est aisé de tenir une troupe en main,car cette légère punition touche le soldat à un point sensible et peut être renouveleée indéfiniment à la moindre faute. Mais la guerre n'est pas la caserne, et contrairement à ce que l'on pourrait croire, les sanctions y sont plus anodines.Aussi, en campagne, la consigne et même la prison deviennent-elles illusoires."
Cordialement.
Jean RIOTTE.