Re: Incorporation des Engagés Volontaires
Publié : dim. janv. 13, 2008 2:17 pm
Bonjour Evelyne,
(Suite et fin de l'article)
Confiscations et déportations. – Naturellement, dans ces persécutions systématiques, les Allemands n’ont pas négligé leur profit. Ils ont mis sous séquestre non seulement les propriétés appartenant à des nationaux français, mais aussi celles de habitants d’Alsace-Lorraine qui, n’étant soumis à aucune obligation militaire avaient usé de leur droit d’habiter en pays étranger. Ordre leur fut donné de réintégrer le territoire de l’Empire, ordre qu’ils n’avaient pas toujours la possibilité d’exécuter, mais qui fournissait au Gouvernement impérial un prétexte commode pour prononcer la dénaturalisation et procéder à la confiscation de leurs propriétés.
Dans ces derniers temps, les Allemands usent d’un autre procédé : après avoir placé sous séquestre les biens des Français ou des Alsaciens-Lorrains résidant en France, les autorités procèdent à leur liquidation, sans l’ombre d’une raison ou sans même essayer de donner un prétexte. Il s’agit pour elles de substituer à l’industriel ou au commerçant indigène un personnage allemand, et de poursuivre ainsi, à la faveur de la guerre, l’œuvre de germanisation économique. Ainsi le Gouvernement a-t-il fait connaître, en toute circonstance, et sans dissimuler ses intentions, qu’il désirait que les établissements en liquidation fussent cédés à des Allemands.
On a agi de la sorte notamment, lors des ventes de la fabrique d’automobiles Mathis, à Strasbourg, vendue à Lantz, de Mannheim ; de la maison de champagne Deutz et Geldermann, à Haguenau, vendue à la Société par actions Geiling et Cie, de Bacharach-sur-le-Rhin ; enfin, dix importants tissages du Haut-Rhin vendus, malgré l’opposition de la ville de Mulhouse à un groupe financier allemand dirigé par la banque Bleichroeder, de Berlin.
Dans cette dernière affaire, ainsi que dans la tentative de céder les établissement de Wendel, en Lorraine, à des capitalistes allemands, les intentions politiques du Gouvernement impérial ont été tellement évidentes et à tel point contraires à l’intérêt du pays que de très vives protestations se font entendre, jusqu’au sein de la Commission du budget du Reichstag
Mais les Allemands tiennent à leur plus récente méthode d’expropriation et de germanisation, à laquelle le Gouvernement français a déjà répondu en déclarant « nuls et non avenus » tous ces actes de spoliation.
Les personnes sont encore moins respectées que les propriétés. La loi sur le service auxiliaire national n’avait prévu, tout au moins jusqu’en avril 1917, que des enrôlements volontaires. Mais dès le mois de janvier de la même année, un grand nombre de civils de Mulhouse et des environs, âgés de dix-sept à soixante ans ont été rassemblés dans les casernes de la ville, pour être ensuite dirigés vers l’intérieur de l’Allemagne, où ils sont placés sous la surveillance de la police : digne couronnement du régime de terreur inauguré dès le début des hostilités.
Qu’on imagine après cela la vie des Alsaciens-Lorrains qui ont réussi, malgré les si graves dangers, à se maintenir en Alsace-Lorraine. Les nouvelles du dehors ne leur parviennent plus que par des feuilles allemandes. Les correspondances privées sont contrôlées et surveillées de la façon la plus sévère. Sortir d’Alsace est chose à peu près impossible. Chacun est rigoureusement parqué chez soi. Les parents des fugitifs sont traités en suspects : ils subissent de lourdes amendes et leurs biens sont mis sous séquestre, de façon qu’ils soient dans l’impossibilité d’envoyer quoi que ce soit au dehors.
Les Mobilisés. – Parmi les Alsaciens-Lorrains en âge de porter les armes, des milliers de jeunes gens surtout, ont réussi à s’enfuir au moment de la déclaration de guerre. Plus de 20.000 combattent aujourd’hui sous nos couleurs. Mais combien d’entre eux n’ont pas pu s’évader ou n’ont pas osé partir pour ne pas exposer leurs parents à des représailles ! Nombreuses sont les familles d’Alsace qui ont actuellement des leurs dans les deux armées en présence ! Les régiments allemands comptent encore sûrement des Alsaciens-Lorrains, mais qu’elles ne doivent pas être leurs souffrances matérielles et morales, car ils son traités en parias.
Cordialement.
J.Didier
(Suite et fin de l'article)
Confiscations et déportations. – Naturellement, dans ces persécutions systématiques, les Allemands n’ont pas négligé leur profit. Ils ont mis sous séquestre non seulement les propriétés appartenant à des nationaux français, mais aussi celles de habitants d’Alsace-Lorraine qui, n’étant soumis à aucune obligation militaire avaient usé de leur droit d’habiter en pays étranger. Ordre leur fut donné de réintégrer le territoire de l’Empire, ordre qu’ils n’avaient pas toujours la possibilité d’exécuter, mais qui fournissait au Gouvernement impérial un prétexte commode pour prononcer la dénaturalisation et procéder à la confiscation de leurs propriétés.
Dans ces derniers temps, les Allemands usent d’un autre procédé : après avoir placé sous séquestre les biens des Français ou des Alsaciens-Lorrains résidant en France, les autorités procèdent à leur liquidation, sans l’ombre d’une raison ou sans même essayer de donner un prétexte. Il s’agit pour elles de substituer à l’industriel ou au commerçant indigène un personnage allemand, et de poursuivre ainsi, à la faveur de la guerre, l’œuvre de germanisation économique. Ainsi le Gouvernement a-t-il fait connaître, en toute circonstance, et sans dissimuler ses intentions, qu’il désirait que les établissements en liquidation fussent cédés à des Allemands.
On a agi de la sorte notamment, lors des ventes de la fabrique d’automobiles Mathis, à Strasbourg, vendue à Lantz, de Mannheim ; de la maison de champagne Deutz et Geldermann, à Haguenau, vendue à la Société par actions Geiling et Cie, de Bacharach-sur-le-Rhin ; enfin, dix importants tissages du Haut-Rhin vendus, malgré l’opposition de la ville de Mulhouse à un groupe financier allemand dirigé par la banque Bleichroeder, de Berlin.
Dans cette dernière affaire, ainsi que dans la tentative de céder les établissement de Wendel, en Lorraine, à des capitalistes allemands, les intentions politiques du Gouvernement impérial ont été tellement évidentes et à tel point contraires à l’intérêt du pays que de très vives protestations se font entendre, jusqu’au sein de la Commission du budget du Reichstag
Mais les Allemands tiennent à leur plus récente méthode d’expropriation et de germanisation, à laquelle le Gouvernement français a déjà répondu en déclarant « nuls et non avenus » tous ces actes de spoliation.
Les personnes sont encore moins respectées que les propriétés. La loi sur le service auxiliaire national n’avait prévu, tout au moins jusqu’en avril 1917, que des enrôlements volontaires. Mais dès le mois de janvier de la même année, un grand nombre de civils de Mulhouse et des environs, âgés de dix-sept à soixante ans ont été rassemblés dans les casernes de la ville, pour être ensuite dirigés vers l’intérieur de l’Allemagne, où ils sont placés sous la surveillance de la police : digne couronnement du régime de terreur inauguré dès le début des hostilités.
Qu’on imagine après cela la vie des Alsaciens-Lorrains qui ont réussi, malgré les si graves dangers, à se maintenir en Alsace-Lorraine. Les nouvelles du dehors ne leur parviennent plus que par des feuilles allemandes. Les correspondances privées sont contrôlées et surveillées de la façon la plus sévère. Sortir d’Alsace est chose à peu près impossible. Chacun est rigoureusement parqué chez soi. Les parents des fugitifs sont traités en suspects : ils subissent de lourdes amendes et leurs biens sont mis sous séquestre, de façon qu’ils soient dans l’impossibilité d’envoyer quoi que ce soit au dehors.
Les Mobilisés. – Parmi les Alsaciens-Lorrains en âge de porter les armes, des milliers de jeunes gens surtout, ont réussi à s’enfuir au moment de la déclaration de guerre. Plus de 20.000 combattent aujourd’hui sous nos couleurs. Mais combien d’entre eux n’ont pas pu s’évader ou n’ont pas osé partir pour ne pas exposer leurs parents à des représailles ! Nombreuses sont les familles d’Alsace qui ont actuellement des leurs dans les deux armées en présence ! Les régiments allemands comptent encore sûrement des Alsaciens-Lorrains, mais qu’elles ne doivent pas être leurs souffrances matérielles et morales, car ils son traités en parias.
Cordialement.
J.Didier