Bonjour
Le 20 février au matin, un bataillon du 106 e (à droite), un bataillon du 67e (au centre), et un bataillon du 132e (à gauche), après une très rapide préparation d'artillerie, s'élançaient sur les tranchées allemandes et s'en emparaient. Au centre, le 67e dépassait même la fameuse crête et dévalait sur les pentes qui descendent vers Combres. Les Allemands qui, pendant la nuit, avaient massé, dans cette région des forces importantes, se lancèrent aussitôt à la contre-attaque et rejetèrent nos troupes sur leurs positions de départ. Le 67e, descendant vers Combres, est pris entre des barrages et, décimé, se replie ; Seul le bataillon du 132e put se maintenir, pendant quelques heures, dans un petit bois qu'il avait réussi à conquérir. Le 21, le Colonel Bacquet est tué. Le 132 reprend le bois de sapins, clef de la position. Des deux côtés l'artillerie entra alors en action et, jusqu'à la tombée de la nuit, arrosa copieusement les fantassins, qui organisaient les positions qu'ils occupaient.
En date du 4 avril :
Ordre à la 12e D.I :
Objectif : Partant de la base B, Sape 11, N et O, atteindre le Mamelon C et la crête D – X où ils s’installeront. Ces régiments auront en outre à assurer la garde des tranchées de première ligne…
Limite droite : boyau T et le point K zéro,
Limite Gauche : Corne Sud-est du bois.
Limite de l’attaque : au-delà de la dernière tranchée jusqu’à la crête militaire, afin de battre les pentes sur Combres.
Unités concernées : 24e brigade (106e et 132e R.I ). Aux ordres du Gal Cdt la 12e D.I : les deux bataillons restants du 67e R.I (tranchée de Calonnes) et le 25e B.C.P (Rupt en Woëvre)
Appui : La 24e brigade sera renforcée d’un bataillon du 67e R.I, en réserve à Montgirmont, du groupe d’artillerie de campagne du 46e R.A de la côte des Hures, et des Cies du Génie 6/4, 6/4 bis, 6/5 et 4/13.
Articulation:
106e R.I à droite, formation triangle pointe en avant, de B et Sape 11, ayant pour objectif du Mamelon C au Point D, crête militaire incluse.
132e R.I à gauche, même formation, à partir de la ligne N, i et O’, ayant pour objectif les points E’, K et X (point X en deuxième objectif).
Pivot des 106 et 132e R.I : point D2.
En date du 5 avril :
Articulation :
…..
132e R.I : Bataillon d’attaque : 1er bataillon (Cdt Rayer), 2ème bataillon (Cdt Girard) en appui et liaison avec le 160e R.I (Cies 2/6 et 2/7), 3ème bataillon (Cne Caillet) renforcé de la Cie 2/5, à la garde aux tranchées.
15h00 : Tirs de préparation
15h30 : Les régiments rejoignent les bases de départ
16h00 : début de l’attaque. Les 106e et 132e R.I débouchent. L’aile gauche (106e R.I) parvient à progresser. L’aile droite (132e R.I) dans un premier temps, reste cloué au sol, puis avance malgré la puissance du feu ENI (position allemande fortement renforcée dans la nuit du 4 sur sa ligne D, E, I, X). Les combats au corps à corps s’engagent sur le Point D, mais les 6e et 8e Cies, sur un terrain découvert, sont contraintes au replis et s’abritent entre les Sapes 10 et 11.
18h00 : les 6e et 8e Cies repartent à l’attaque, 6e Cie en tête.
19h30 : le 1er bataillon s’accroche toujours aux Point I et E. La 11e Cie est contrainte d’arrêter le combat (armement hors service à cause de la boue).
21h00 : forte contre-attaque allemande sur les Points I et E. Elle est dispersée par le 1er bataillon.
23h00 : (heure non précisée avec exactitude) deuxième contre-attaque allemande également repoussée, mais reste accrochée sur les position du 1er bataillon et reste au contact.
En date du 6 avril :
04h00 : les 11e et 12e Cies du 67e R.I renforcées à gauche par la 7e Cie du 132e R.I s’appuyant sur le 1er bataillon du 132 (Cdt Rayer), traversent les positions tenues et partent à l’assaut des Points X et I. Les 6e et 8e Cies (132e R.I) attaquent sur I, E et D. L’attaque est clouée par des tirs de mitrailleuse allemandes venant des Points X et K.
04h30 : Les unités françaises étant maintenues sur leurs lignes, violente contre-attaque allemande sur le Mamelon C et le Point D2 (jonction des 106e et 132e R.I). Les rapports de force étant trop inégal, les Allemands, au combat au corps à corps, reprennent le Mamelon C.
15h00 : Violents tirs de barrage de l’artillerie française sur les Points C, D, E.
16h00 : Contre-attaque française. Le 106e R.I reprend le Mamelon C, le 132e R.I (renforcé du 1er bataillon (Cdt Duffié) du 67e R.I reprend la ligne D, E, puis la ligne I, S. L’ENI recule, le 132e R.I avance jusqu’à D2. Le bataillon Rayer et les 6e et 8e Cies du 132e atteignent le versant Sud.
En date du 7 avril :
04h15 : Violentes contre-attaque allemande. Les deux R.I ne peuvent plus bénéficier de l’appui de l’artillerie française (les lignes de front sont trop imbriquées).
07h00 : Les Unités françaises sont contraintes au replis.
09h10 : ordre est donné au 25e B.C.P de monter en ligne.
13h15 : Tirs de barrage de l’artillerie allemande suivi, dans la foulée, d’une contre-attaque allemande face au 106e et 132e R.I. Débordé, le 106e R.I perd à nouveau le Mamelon C. Mais la contre-attaque est enrayée.
15h30 : les 106 et 132e R.I reçoivent l’ordre de repartir à l’assaut appuyés par le 25e B.C.P plus toutes les réserves des 106e, 132e et 67e R.I.
16h30 : le Lcl Barjonnet, commandant le 106e R.I est blessé au combat.
16h45 : l’heure de l’assaut est reporté.
17h15 : le Cdt Rayer est blessé au combat.
17h30 : l’assaut est définitivement reporté au lendemain.
19h00 : les français, le 7 avril, ont été presque ramenés sur leurs bases du 5 avril.
23h00 : le 106e R.I tente des contre-attaques, sans succès.
En date du 8 avril :
08h00 : l’artillerie française commence le pilonnage du Mamelon C, et des tranchées tenues par les Allemands.
09h00 : le 106e R.I et le 25e BC.P en 1ère ligne soutenues par le 132e R.I commandé par le Lcl Maurel. Reprise des combats. Les duels d’artillerie continueront toute la journée.
09h10 : Le Mamelon C est définitivement repris, puis les Points D, E, et I.
La tâche, si ardue, se termine dans la période du 5 au 12 avril 1915, par l’encerclement du point X., clef de la position de cette Crête des Eparges d’où chacun veut dominer et arrêter son adversaire. L’honneur de l’enlèvement de cette position revient à 4 compagnies du 132e et à 2 compagnies du 67e. C’est le 10 avril qu’une fraction de la 7e compagnie (compagnie de gauche) du 132e a atteint, au prix d’efforts inouïs, le but de sa mission et s’est jetée sur les derrières de la défense ennemie du point X., prenant pied dans les boyaux de communication menant à Saulx à leur intersection avec le boyau de Combres. Ces braves étaient au nombre de 40.
Sources :
· Histoire de la première Guerre mondiale, Gambiez (général), Suire (colonel), Histoire de la première Guerre mondiale, tome 1, Crépuscule sur l'Europe, Fayard, Paris, 1968, 386 pages, tome 2, Grandeur et Servitude d'une Victoire, 446 pages.
· Histoire illustrée de la guerre 1914. de Gabriel Hanotaux de l’Académie Française. Edition française illustrée, Paris. 1922 vol 13.
· La grande guerre vécue - racontée - illustrée par les combattants. Librairie Aristide Quillet 1922. vol 1 p.183
· Les grandes heures de 1915 – la guerre des tranchées, Général Mordacq, PLON, 1939
· de Fériet (commandant R.), La Crête des Éparges, 1914-1918, Payot, Paris, 1939, 210 pages.
· Les Eparges, Le calvaire des Eparges, H. Raymondaud in "Almanach du Combattant", 1970. [Souvenirs Février – Avril 1915]
· Les Eparges, soir de combat –le salut aux morts", H. Raymondaud in "Almanach du Combattant", 1965. [Souvenirs du 22 Février 1915]
· Ceux de 14 (Sous Verdun, Nuits de Guerre, La Boue, Les Eparges,) Maurice Genevoix Editions Flammarion, Paris, 1949.
pages1418/qui-cherche-quoi/capitaine-gu ... 4697_1.htm
Cdt
Armand