La prise du bois des Buttes
16, 17, 18 avril, ces trois journées seront les « Trois Glorieuses » du régiment. Après le bois de Buttes, avant-hier, la Ville-aux-Bois, aujourd’hui, vient d’être prise dans une deuxième attaque ou plutôt non : c’est la même bataille, le même assaut qui s’est poursuivi, sans arrêt ni trêve.
Aujourd’hui seulement on commence à comprendre les phases de cette bataille faite de mille combats épars et à voir le lien qui a fait de ces mille succès une victoire.
Aspect général de l’assaut :
Le matin du 16 avril a été brumeux. A l’aube, par un temps maussade, le tir des mortiers de tranchée reprend ; ce jour se lève, semblable pour l’ennemi aux jours précédents.
5h30 : les nerfs sont tellement tendus que l’on voudrait pouvoir avancer d’une heure l’aiguille trop lente qui marque inexorablement des minutes dont chacune paraît un siècle.
5h45 : au tir des canons de tranchée, se superpose le barrage de l’artillerie de campagne, précis et rapide.
5h50 : Et tout à coup, quelques minutes avant l’heure, sur toute la ligne, nos soldats se dressent, sortent des parallèles : l’assaut est commencé. Singulier tableau pour ceux qui rêvent encore des charges épiques, en rangs épiques, en rangs épais baïonnette au canon, drapeau déployé. Ici, rien de semblable. Disposés en minces colonnes, chargés de grenades, de cartouches, de fusées signaux, nos soldats avancent au pas à travers le fouillis des tranchées bouleversées et des réseaux arrachés. Comme un flot mouvant, les petites files bleues s’élèvent peu à peu, plongeant, puis reparaissent dans les replis du terrain, derrière le rideau de feu que tendent devant elles nos canons.
La surprise.
La première ligne dépassée en quelques minutes, les nôtres abordent la deuxième ligne bouleversée, surprennent dans leurs trous les occupants et poursuivent aussitôt leur course. Le barrage ennemi commence à cet instant, hésitant, mal réglé : il est trop tard, les compagnies de réserve ont déjà passé, sans perte. Mais l’ennemi se ressaisit ; dans les créneaux à fleur de terre des blockhaus, des mitrailleuses crépitent ; les abris dégorgent un flot d’Allemands qui garnissent la troisième ligne ; la bataille commence : il est 6h15.
La bataille aux mille combats.
Tout de suite le combat se morcèle. Sur ces buttes au relief tourmenté, la cohésion des unités d’assaut est impossible à maintenir. L’action des chefs de bataillon, des commandants de compagnies s’affaiblit : ce sont les chefs de section, de demi-section ou d’escouade qui mènent la lutte avec un courage et une abnégation qui coûte la vie à beaucoup d’entre eux. Souvent même, c’est un simple soldat qui s’improvise chef pour entraîner et guider ses camarades hésitants. Grâce à la préparation minutieuse de l’attaque, l’idée directrice de la manœuvre est ancrée dans l’esprit de tous et au milieu des péripéties multiples de la bataille, malgré les arrêts, les reculs momentanés, inlassablement, les groupes avancent vers l’objectif.
La troupe des nettoyeurs.
Derrière les premières vagues, les nettoyeurs de tranchées suivent pas à pas la progression. Leur tâche est difficile : ils doivent protéger leurs camarades contre les retours offensifs et les surprises des Allemands qui, devant les sections de tête, par prudence et par tactique, se réfugient au fond de leurs innombrables abris, aux sorties multiples, mal connues des nôtres. Le long des boyaux, les équipes de nettoyeurs s’égaillent, accompagnées de lance-flammes. A chaque issue, une grenade, un jet fulgurant de liquide enflammé et les cadres s’embrasent d’un seul coup, tandis que se répand dans l’abri la fumée âcre des grenades incendiaires. Parfois, des clameurs s’élèvent du fond de la sape :
_ Kamerad ! Kamerad !
Et vingt ou trente allemands, blêmes d’effroi, défilent devant la petite troupe des nettoyeurs ; souvent aussi, l’ennemi s’échappe par une sortie inconnue des nôtres et prend ceux-ci à revers.
Ailleurs, c’est un blockhaus qui résiste opiniâtrement et arrête sur ce point la progression ; il faut attendre les sapeurs dont les lance-flammes sont d’un puissant secours.
Le combat s’éparpille ainsi dans tout le bois des Buttes.
De l’observatoire, il est difficile de suivre les phases de la bataille. Peu de bruit : quelques éclatements de grenades, des rafales de mitrailleuses, rapides et saccadées ; les mortiers de tranchée se sont tus et la canonnade semble avoir faibli. Que se passe-t-il ? où sont nos soldats ? Et l’on se sent honteux de ne pouvoir discerner dans cette lutte gigantesque de quel côté penche le sort.
Peu à peu, cependant, les renseignements parviennent au colonel ; des coureurs arrivent en même temps qu’apparaissent les premiers prisonniers, preuve tangible de notre succès ; les grandes lignes de la bataille se dessinent.
Le bataillon FLEURIOT.
Le bataillon Fleuriot attaquait de l’Ouest à l’Est, avec les 10ème et 9ème compagnies en première ligne, celle-ci à droite, celle-là à gauche, et la 11ème compagnie en réserve. Nos tranchées, situées en ce point à 200 mètres de la lisière du bois, subissent un terrible bombardement ; aussi, avant même que l’assaut fût commencé, des pertes sérieuses nous sont infligées. Le sous-lieutenant Poncinet est tué par un obus au moment où, debout sur le parapet, il encourageait ses hommes et leur montrait le chemin à suivre dans le bois ; en même temps que lui tombent une quinzaine de soldats. Ces pertes ne font qu’exaspérer l’ardeur du bataillon qui, à l’heure d’arrivée, bondit d’un élan tel qu’il devance le tir de barrage dont quelques coups tombent à la hauteur de la première vague ; une fusée lancée par la compagnie de réserve fait aussitôt allonger le tir.
La 9ème compagnie dans les bois.
Lancée au milieu du bois, dans le chaos des taillis, des arbres et des tranchées bouleversées, et prise sous le feu des mitrailleuses de la cote 92, la 9ème compagnie est bientôt disloquée. La section de l’adjudant-chef Senut et le peloton du sous-lieutenant Tessier foncent droit devant eux. Les ennemis résistent d’abord mais, redoutant le choc, ils s’enfuient bientôt vers la Ville-aux-Bois où ils savent devoir trouver des renforts et un point d’appui solide. La 9ème les poursuit et une demi-heure après le départ de l’attaque, ayant traversé dans un élan furieux toute la partie nord du bois des Buttes, parvient à 20 mètres des premières maisons du village. Telle a été la rapidité de sa course que des Allemands, surpris dans leur sommeil, se sauvent en bras de chemise.
Mais à ce moment, la compagnie subit un feu terrible de mitrailleuses et de mousqueterie parti de la Ville-aux-Bois et des pentes de la cote 96. En même temps apparaissent, venus de la partie est du village, des groupes nombreux qui se disposent à contre-attaquer ; d’autres groupes, descendant de la cote 96, menacent le flanc droit de la compagnie. Le lieutenant Bossard, qui la commande, se voit sur le point d’être cerné ; il n’a auprès de lui qu’un petit nombre de soldats mais, il le sait, sa résistance peut décider du succès de la journée : il donne l’ordre de tenir sur place et, debout au milieu de ses soldats, il les enflamme par son exemple.
Pendant une heure c’est une lutte acharnée. Des deux côtés la bravoure est égale : à découvert dans les tranchées comblées, Français et Allemands se fusillent à trente mètres. L’ennemi lance sans trêve ses grenades à long manche, les « manches à gigot », dont il est abondamment pourvu ; ses mitrailleuses, abritées dans des blockhaus bétonnés, forcent nos soldats à se jeter dans des trous d’obus. De notre côté, les munitions commencent à manquer ; les coureurs envoyés au chef de bataillon ne reviennent pas. N’importe, assaillie de face, de flanc, près d’être tournée, la 9ème tient tête aux Allemands avec un tel courage que ceux-ci renoncent enfin à contre-attaquer et se terrent dans la Ville-aux-Bois.
Pendant ce temps, la section de droite de la 9ème, chargée d’établir sur la cote 92 la liaison avec le 1er bataillon, soutenait de durs combats. Une troupe ennemie se présente devant elle les bras levés ; les nôtres se laissent approcher sans défiance lorsque, tout à coup, ils reçoivent des Allemands une volée de grenades qui, heureusement, ne blessent personne. Exaspérés par cette traîtrise, les nôtres cernent la troupe ennemie et l’extermine jusqu’au dernier homme. Pendant plusieurs heures, la section commandée par le sergent Léon tient en respect les Allemands qui l’ont presque entourée ; enfin, les camarades du 1er bataillon surgissent sur la cote 92 et, sa mission remplie, la section rejoint devant la Ville-aux-Bois le gros de la 9ème compagnie.
La 10ème compagnie dans la plaine.
Différent, mais tout aussi acharné, avait été le combat soutenu par la 10ème compagnie. Tandis que la 9ème luttait dans le bois où la bataille s’émiette en corps à corps, la 10ème toute entière se battait dans la plaine, sa droite longeant la lisière nord du bois des Buttes. Dans ce terrain découvert, les mitrailleuses allemandes avaient beau jeu. Aussi, dès le début de l’action, les pertes sont lourdes. Une balle blesse mortellement le sous-lieutenant Lefebvre au moment où, debout, il cherchait à repérer une mitrailleuse ennemie. Le lieutenant Le Hir, commandant la compagnie, est blessé d’une balle à la cuisse ; il refuse d’abandonner le combat et continue à diriger sa compagnie jusqu’à ce qu’une deuxième balle lui brise le bras. Mais sa disparition ne diminue pas l’élan de la compagnie ; l’adjudant Michot en prend le commandement et continue la marche sur la Ville-aux-Bois : à 6h40 il parvient à la lisière nord-ouest du village, suivi d’une douzaine de soldats seulement. Le reste de la compagnie le rejoint homme par homme, sous le tir ininterrompu des mitrailleuses.
La 11ème échappe à l’encerclement.
Pendant un moment, le succès semble compromis. Les 9ème et 10ème compagnies, clouées devant la Ville-aux-Bois, ne reçoivent aucun renfort ; la compagnie de réserve qui les a suivies à 200 mètres de distance, aux prises avec les Allemands descendus des cotes 92 et 96, ou sortis de leurs terriers dans le dos des 9ème et 10ème compagnies, est elle-même menacée d’encerclement. Le capitaine Rouleau envoie deux gradés au chef de bataillon pour le mettre au courant et demander des munitions ; les deux français sont saisis par une troupe d’Allemands, injuriés et frappés à tour de bras. A ce moment un obus arrive en ronflant : les boches s’écartent vivement de leurs prisonniers, courbent l’échine ; les nôtres profitent du désarroi, bondissent hors de la tranchée et parviennent à rejoindre leur compagnie, mais sans avoir pu remplir leur mission. A force de fouiller dans les abris, on découvre par bonheur un dépôt de ces petites grenades que nos poilus –douce ironie- appellent des « œufs de Pâques » ; elles sont aussitôt renvoyées vigoureusement à leurs propriétaires.
Au bout de trois heures de lutte, l’apparition du bataillon Lagorce, qui dévale les pentes nord du massif, dégage enfin la 11ème compagnie ; elle reprend alors sa marche sur la Ville-aux-Bois et vient s’intercaler devant le village, entre les 9ème et 10ème compagnies. Privé de munitions, sous le feu de nombreuses mitrailleuses, le 3ème bataillon doit renoncer à pousser plus avant ; son avance rapide jusqu’aux lisières du village avait jeté le désarroi chez les ennemis et sa résistance farouche les avait empêchés de porter tous leurs efforts sur le 1er bataillon. Momentanément arrêté, le 3ème bataillon reçoit l’ordre de se fortifier sur place en attendant la reprise de l’attaque.
Le groupe LAGORCE- L’assaut à 96.
Plus favorisé que le bataillon Fleuriot, le bataillon Lagorce n’a pas eu à souffrir du tir de barrage ennemi. La 2ème compagnie, à droite, commandée par le capitaine Poitevin, traverse rapidement les marécages de la région du lavoir où les hommes enfoncent jusqu’à mi-jambe et, après avoir traversé la première ligne, aborde la longue tranchée « Pontavert-Graben » qui va du Pied-du-Boche au sud de la Ville-aux-Bois. Les mitrailleuses allemandes crépitent déjà, tuant l’adjudant-chef Lefrançois et blessant à mort le sous-lieutenant Moretti, mais les fortins sont réduits à coups de grenades et la compagnie poursuit sa marche parallèle à la route de la Ville-aux-Bois.
Le dur combat de 92.
Plus à gauche, la 3ème compagnie, sous les ordres du lieutenant Hervet, et la 7ème compagnie avec le capitaine Paillard qui, pour faciliter l’action du commandement, a été mis sous les ordres du commandant Lagorce, enlèvent d’un élan le premier étage de la position ennemie : le Pied-du-Boche et le Nez-du-Boche. Les fusées de jalonnement déploient leurs gerbes d’étoiles, annonçant ce premier succès. Devant la troisième ligne, tranchée profonde qui court autour des deux crêtes et nommée par les Allemands du nom d’un de leurs généraux « Tümpling Stellung », nos soldats sont arrêtés par un feu terrible de mitrailleuses : le sous-lieutenant Franceschini est tué, l’adjudant Scoquart grièvement blessé ; le capitaine Paillard reçoit une balle dans la cuisse et se voit forcé de quitter sa belle compagnie qu’il exaltait par sa vaillance et sa foi ardente en la victoire. Le sergent Imbert parvient bien à encercler un blockhaus et à le réduire au silence, d’autres fortins résistent toujours et clouent sur place notre ligne. De la Butte-Villars, on aperçoit les mitrailleurs allemands qui pointent leur pièce tour à tour sur le premier bataillon et sur le bataillon Fleuriot, déployé au nord-ouest de la cote 92.
L’enlèvement des sommets.
Enfin, les renforts arrivent. Derrière les 3ème et 2ème compagnies, survient la section de renfort du sous-lieutenant Dubois ; par une habile manœuvre, il réussit à prendre d’écharpe la tranchée ennemie, se découvre brusquement et fait une véritable hécatombe de Bavarois ; les autres sections profitent de cette diversion pour faire un bond en avant, se rapprocher de la ligne ennemie. Brusquement un cri retentit, poussé par on ne sait quel obscur héros :
_ Allons-y ! et, entraînés par cette voix anonyme, nos soldats sautent dans la tranchée que les Allemands ont vaillamment défendue.
Pour renforcer la 7ème compagnie, le commandant Holtzscherer envoie un peloton de la 5ème compagnie, commandé par le lieutenant Auriche, tandis qu’une section de mitrailleuses du 2ème bataillon va s’établir au Nez-du-Boche et prend d’enfilade les mitrailleurs allemands. Ce renfort opportun fait pencher la balance : la 7ème compagnie, dont le lieutenant Auriche a pris le commandement, force la troisième ligne allemande et les ennemis, pressés de toutes parts, détalent vers la Ville-aux-Bois ou, se rendant par bandes, courent à toutes jambes vers la Sapinière.
Il est sept heures, le bataillon Lagorce est à cheval sur les deux cotes. Une épaisse nappe de balles, tirées de la Ville-aux-Bois, rend inabordables les deux sommets et les pentes nord-est. Aussi, les sections de la 3ème compagnie et celles de la 1ère compagnie qui, sous les ordres du lieutenant Contard, a mis fin aux résistances locales surgies sur les derrières des compagnies de tête, évitent la zone dangereuse et traversent prudemment le col, pendant que la 2ème compagnie s’infiltre dans les boyaux parallèles à la route Pontavert-Ville-aux-Bois.
Avance éparpillée.
Les pentes nord et nord-est de la cote 96 sont semées d’embuches : dans cette partie cachée à nos vues et difficilement battues par notre artillerie, les Allemands s’étaient creusés de vastes tunnel, véritables casernes souterraines, amplement pourvues de munitions et de vivres. Aussi la lutte est-elle farouche à l’entrée du principal de ces abris, le « Regiment’s Tunnel III », occupé par deux compagnies et où se trouve un poste de commandement de bataillon. Une mitrailleuse tient sous ses feux le débouché du boyau, les Allemands sont en train de mettre deux autres pièces en batterie, lorsque surgit le sous-lieutenant Dubois avec sa section ; nos grenadiers forcent les Allemands à se réfugier dans le Tunnel ; Dubois laisse quelques hommes pour surveiller les issues en attendant l’arrivée des nettoyeurs et reprend sa marche vers la Ville-aux-Bois.
Trois Français font 72 prisonniers.
Au détour d’u boyau, le voilà en présence d’une troupe nombreuse d’Allemands : il se retourne pour crier :
_ En avant !
Seuls deux de ses hommes l’ont suivi. Reculer ? Hésiter ? Dubois n’y songe même pas et fonce, revolver au poing, tandis que ses deux soldats arrosent le boyau de grenades habilement dispersées. Un boche se rend, puis un deuxième, et bientôt toute la troupe mettant bas les armes défile devant les trois français : ils étaient 72 !
La reddition du Régiment’sTunnel III.
Derrière lui, la garnison du Tunnel III a réussi à sortir par une issue inconnue de nos soldats et, lorsque les nettoyeurs arrivent, ils sont accueillis à coups de grenades et de fusils. Très crâne sous les balles, un officier bavarois fait mettre en batterie deux mitrailleuses. Vite on appelle les lance-flammes ; les sapeurs s’approchent, dardent leur jet enflammé : l’officier et deux de ses hommes se roulent sur le sol, les autres, épouvantés, lèvent les mains. 150 prisonniers sont ainsi capturés. Les nôtres pénètrent alors dans le Tunnel. Dans leur désarroi, les Allemands ont tout abandonné : des vêtements, des ceinturons, des porte-cartes ; sur le bureau du commandant, le cahier de secteur est ouvert et, dans le mess, les couverts semblent attendre nos soldats.
Les deux groupes réunis. Attaque de la Ville-aux-Bois.
Jusqu’à la Ville-aux-Bois, la marche du 1er bataillon n’est qu’une série de sièges et d’assauts toujours renouvelés ; enfin, vers 11 heures, le gros des compagnies est établi aux lisières sud et sud-est du village, en liaison avec le 3ème bataillon et le régiment de droite.
Pendant toute la matinée, on se bat encore dans le bois des Buttes. Les nettoyeurs débarrassent d’ennemis, l’un après l’autre, les vastes abris, vrais dédales où de nombreux Allemands se terraient encore.
Fin de journée.
Presque tous les objectifs du régiment sont atteints à la fin de la journée du 16 avril. Le bois des Buttes est pris en entier. Seule, la Ville-aux-Bois résiste encore, mais, encerclée du 3ème et du 1er bataillon, elle ne peut tarder à tomber. Toutefois, la situation est moins claire à droite, dans le Bois-des-Boches, où ont eu lieu des alternatives d’avance et de recul.
Le colonel redoute une contre-attaque, dispose en échelons face à l’Est, les 5ème et 6ème compagnies, restées à la Sapinière en réserve de division, et les renforce des mitrailleuses et des canons de tranchée enlevés à l’ennemi. Heureusement, cette précaution reste inutile.
Les trophées de cette journée sont imposants : 843 prisonniers valides, dont 23 officiers, 30 mitrailleuses lourdes, 25 mitrailleuses légères, 15 minenwerfer, des lance-grenades en grand nombre, un approvisionnement énorme en munitions, vivres et matériel. L’ennemi a laissé, en outre, sur le terrain de nombreux morts et blessés.
La nuit est tombée. Partout c’est une activité fébrile ; les chefs remettent l’ordre dans les compagnies désorganisées par les plus rudes combats de la journée. Des corvées portent en ligne des munitions anxieusement attendues. Les pionniers relient notre ancienne ligne aux positions conquises. Les brancardiers parcourent le champ de bataille à la recherche de blessés.
Plan d'attaque

Dédaigneux des grenades allemandes, nos soldats s’élancent, divisés en deux groupes qui vont encercler le blockhaus.


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Emplacement de mitrailleuses au sommet de la cote 92.
(A suivre : Le siège de la Ville-aux-Bois)