Suite du récit donné au Consul de France à Rio
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proche, et en même temps le navire braque un projecteur sur nous. Mais toujours aucun ordre du capitaine et nous faisons toujours route à une bonne allure. L’équipage commence à s’impatienter. A 08h40, nouveau coup de canon. Alors cette fois, on diminue la vitesse du navire. Le grand phare avant est brassé carré et la grand voile carguée. Le navire de guerre ayant mis une embarcation à la mer et voyant qu’elle ne peut nous atteindre, tiré cette fois un coup de canon chargé et un obus siffle au dessus du bateau.
Alors, comme le capitaine ne donne toujours pas d’ordre pour s’arrêter, l’équipage décide d’un commun accord de carguer la voile, chose qui fut faite.
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Ordre fut donné d’aller préparer les embarcations. C’est alors que nous pûmes constater des moyens qui nous étaient donnés pour nous sauver s’il fallait évacuer le bord.
Point de biscuit, point d’eau. Le maître d’hôtel et le mousse étaient en train de remplir les barils qui, mal entretenus, laissaient fuir tout leur contenu. Heureusement pour nous, le croiseur était anglais. Quand la baleinière nous a accostés, les premières paroles de l’officier furent de dire au capitaine « - Vous auriez dû tout carguer. »
Le capitaine, d’ailleurs, ne tint par la suite aucun compte de la leçon que l’expérience venait de lui donner. Lorsque le corsaire allemand nous prit, nous fûmes plus d’une heure à mettre nos
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embarcations à la mer.
D’autre part, malgré que la distance du corsaire à notre bord fut très courte, nos embarcations arrivèrent pleines d’eau à bord de l’Allemand, nos affaires mouillées, et les hommes qui les montaient dans l’eau jusqu’aux genoux s’évertuaient presque en pure perte à les vider.
Nous espérons, Monsieur le Ministre, que vous voudrez bien tenir compte de notre déclaration.
Cdlt