Re: L'invention du camouflage
Publié : ven. juin 22, 2012 12:56 am
Bonjour,
Le camouflage continue de faire couler beaucoup d'encre!
Un livre, malheureusement peu documenté, vient de paraître sur le "Faux Paris" de 1918, sujet traité sur ce Forum "Faux objectifs en région parisienne".
Un autre éditeur nous annonce un livre sur le camouflage en précisant, je cite: "Contre toute attente ce sont des artistes et non des ingénieurs militaires qui trouvent des solutions et jettent les bases d'une nouvelle arme: le camouflage".
Encore une fois, force est de constater qu'avec des militaires, toujours stupides d'après un axiome bien français, il a fallu que des artistes s'y mettent pour apporter enfin une lueur d'intelligence dans ce monde de "brutes galonnées"!
Un coup d'oeil sur "l'encyclopédie universelle" wikipediatesque nous conforte dans cette croyance et certaines chroniques même de ce Forum nous apprennent que tout a commencé grâce à Guirand de Scevola.
Loin de moi est l'idée de dénigrer l'excellent travail de ce pionnier mais il faut rester objectif.
Je lis partout, car les auteurs ont une fâcheuse tendance à se copier les uns les autres, que Guirand de Scevola "a eu le premier l'idée de camoufler le matériel en le peignant...".
Ceci est une contre-vérité flagrante.
Je conseille donc à tous nos chroniqueurs du camouflage de lire ce texte:
"Note du 19 mai 1894.Peinture des matériels de côte", texte officiel de l'Etat-Major des Armées, repris dans différentes instructions , règlements et manuels, on lit dans cette note ces phrases qui ne laissent aucun doute sur les intentions:
En vue de dissimuler les canons des batteries de côte aux vues du large, la couche de minium prescrite par la note du 31 mai 1879 est recouverte d'une couche de peinture dont la couleur est choisie de façon que ces objets, vus du large, ne se détachent pas de l'ensemble de l'ouvrage.
La nuance varie avec les ouvrages; elle peut ne pas être la même pour les différentes pièces d'un même ouvrage.
A la mobilisation, on pourra, si cette mesure est jugée utile, appliquer une nouvelle couche de peinture dont la teinte sera mieux appropriée aux conditions du moment.
On constate donc que la recherche de l'invisibilité des matériels a été recherchée très tôt, on ne parle pas encore de "camouflage", terme créé en 1914, mais l'esprit est là, il est le fait de militaires.
J'ai volontairement choisi cet exemple car il ne s'agit pas de projets, comme ceux de la "nouvelle tenue de l'infanterie" mais bien d'une réalisation concrète, très précoce puisqu'elle date de 1894 et qu'elle a bien été appliquée puisque je possède une photographie d'un gros canon de côte de 24 cm, photographié en août 1914 au Havre et manifestement peint en deux couleurs pour améliorer son "invisibilité".
J'ignore malheureusement les noms des auteurs de ces réalisations précoces de camouflage, il est probable qu'il s'agisse d'officiers d'artillerie, peut-être assistés d'officiers du Génie, il faudrait trouver les approbations de cette note dans les archives.Si un lecteur a la réponse à cette interrogation, je serai très intéressé.
Cordialement,
Guy François.
Le camouflage continue de faire couler beaucoup d'encre!
Un livre, malheureusement peu documenté, vient de paraître sur le "Faux Paris" de 1918, sujet traité sur ce Forum "Faux objectifs en région parisienne".
Un autre éditeur nous annonce un livre sur le camouflage en précisant, je cite: "Contre toute attente ce sont des artistes et non des ingénieurs militaires qui trouvent des solutions et jettent les bases d'une nouvelle arme: le camouflage".
Encore une fois, force est de constater qu'avec des militaires, toujours stupides d'après un axiome bien français, il a fallu que des artistes s'y mettent pour apporter enfin une lueur d'intelligence dans ce monde de "brutes galonnées"!
Un coup d'oeil sur "l'encyclopédie universelle" wikipediatesque nous conforte dans cette croyance et certaines chroniques même de ce Forum nous apprennent que tout a commencé grâce à Guirand de Scevola.
Loin de moi est l'idée de dénigrer l'excellent travail de ce pionnier mais il faut rester objectif.
Je lis partout, car les auteurs ont une fâcheuse tendance à se copier les uns les autres, que Guirand de Scevola "a eu le premier l'idée de camoufler le matériel en le peignant...".
Ceci est une contre-vérité flagrante.
Je conseille donc à tous nos chroniqueurs du camouflage de lire ce texte:
"Note du 19 mai 1894.Peinture des matériels de côte", texte officiel de l'Etat-Major des Armées, repris dans différentes instructions , règlements et manuels, on lit dans cette note ces phrases qui ne laissent aucun doute sur les intentions:
En vue de dissimuler les canons des batteries de côte aux vues du large, la couche de minium prescrite par la note du 31 mai 1879 est recouverte d'une couche de peinture dont la couleur est choisie de façon que ces objets, vus du large, ne se détachent pas de l'ensemble de l'ouvrage.
La nuance varie avec les ouvrages; elle peut ne pas être la même pour les différentes pièces d'un même ouvrage.
A la mobilisation, on pourra, si cette mesure est jugée utile, appliquer une nouvelle couche de peinture dont la teinte sera mieux appropriée aux conditions du moment.
On constate donc que la recherche de l'invisibilité des matériels a été recherchée très tôt, on ne parle pas encore de "camouflage", terme créé en 1914, mais l'esprit est là, il est le fait de militaires.
J'ai volontairement choisi cet exemple car il ne s'agit pas de projets, comme ceux de la "nouvelle tenue de l'infanterie" mais bien d'une réalisation concrète, très précoce puisqu'elle date de 1894 et qu'elle a bien été appliquée puisque je possède une photographie d'un gros canon de côte de 24 cm, photographié en août 1914 au Havre et manifestement peint en deux couleurs pour améliorer son "invisibilité".
J'ignore malheureusement les noms des auteurs de ces réalisations précoces de camouflage, il est probable qu'il s'agisse d'officiers d'artillerie, peut-être assistés d'officiers du Génie, il faudrait trouver les approbations de cette note dans les archives.Si un lecteur a la réponse à cette interrogation, je serai très intéressé.
Cordialement,
Guy François.