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Re: Evavion de François Mitterrand

Publié : sam. avr. 21, 2012 9:47 am
par rslc55
Bonjour.

Dans ses mémoires, François Mitterrand écrit alors qu'il était prisonnier en Allemagne, qu'il a pu grâce à un livre de la maigre bibliothèque du camp, préparer ses futures évasions. Il s'agit d'un ouvrage écrit par un monsieur d'Harcourt qui racontait en détail ses évasions de la guerre 14-18.
Il n'y a pas d'autres indications quant à l'auteur. Un lecteur connaît-il ce livre ?

Merci.

Pierre

Re: Evavion de François Mitterrand

Publié : sam. avr. 21, 2012 10:56 am
par JeanMiche
Bonjour Pierre,

Un petit tour avec un moteur de recherche sur la toile et on trouve le livre de Robert d'Harcourt et une biographie succinte:

Souvenirs de captivité et d’évasion d’un camp de Bavière.

http://www.academie-francaise.fr/immort ... ?param=589

Je pense qu'il doit s'agir de cet ouvrage, mais je ne connais pas ce livre, je passe donc la main pour les détails.

Bonne journée

Re: Evavion de François Mitterrand

Publié : sam. avr. 21, 2012 11:03 am
par acesar55
Bonjour.

Dans ses mémoires, François Mitterrand écrit alors qu'il était prisonnier en Allemagne, qu'il a pu grâce à un livre de la maigre bibliothèque du camp, préparer ses futures évasions. Il s'agit d'un ouvrage écrit par un monsieur d'Harcourt qui racontait en détail ses évasions de la guerre 14-18.
Il n'y a pas d'autres indications quant à l'auteur. Un lecteur connaît-il ce livre ?

Merci.

Pierre
Bonjour Pierre, bonjour à tous,

L'auteur de ce livre est Robert d'Harcourt et son titre : Souvenirs de captivité et d'évasions 1915–1918, Payot, Paris 1935
Je ne sais pas si ce bouquin est encore disponible quelque part.
Juste pour info mais tu le sais probablement déja, lors de sa première évasion François Mitterrand a été repris dans un petit village près de la frontière suisse dont le bourgmestre était le père d'un ami commun. Ce village est Egesheim.

Cordialement,

Alain

Re: Evavion de François Mitterrand

Publié : sam. avr. 21, 2012 1:48 pm
par Achache
Bonjour,

Etonnant que le livre de ce grand germaniste, mais grand anti-nazi, se soit trouvé dans la bibliothèque d'un camp de prisonniers...

Ce livre est toujours disponible sur les sites de livres anciens:

http://www.google.fr/search?sourceid=na ... Paris+1935

A propos de 14 18, on peut aussi lire son discours sur le maréchal Franchet d'Esperey:

http://www.academie-francaise.fr/immort ... obert.html

Extraits du discours de Mgr Grente pour la réception de Robert d'Harcourt à l'Académie Française:
Quand surgit la guerre de 1914, votre myopie vous en eût écarté ; votre passé familial et votre conscience personnelle vous y introduisirent en volontaire. Nous venons de vous entendre excuser, avec bonhomie, un « simple sergent » de prononcer l’éloge d’un maréchal de France. Prix de la bravoure, vos galons se fussent vite changés en de plus brillants, si, dès le sixième mois, une grave blessure, puis la captivité, ne vous avaient éloigné du combat. Mais votre bref passage à l’armée vous a permis de noter les intuitions, les rapidités et les endurances de l’action militaire aux heures tragiques de la retraite et du redressement de la Marne, et nous avons nous-mêmes bénéficié de votre épreuve par vos Souvenirs de captivité et d’évasions.

N’est-ce pas un film pathétique que votre récit de l’attaque soudaine des Allemands dans le bois du Juré, par temps de neige, après une série de jours mornes en des marécages ? Les préparatifs haletants de nos soldats sur le point de mourir ; la fusillade qui en abat d’emblée une vingtaine ; vos dix coups de fusil, tirés crânement, debout, jusqu’à ce qu’une balle ennemie, vous brisant la mâchoire, vous couche à terre tout sanglant ; votre refus de secours, en faveur de vos camarades, et l’héroïsme du capitaine Jacques Cochin, votre ami, qui répond à la sommation de se rendre par la décharge de son revolver, autant d’inoubliables projections sur l’écran.

À l’hôpital de Metz, où l’on vous transporte, mi-évanoui, une sœur infirmière, ignorant votre connaissance de la langue allemande, s’écrie : « Il en a pour deux heures ! » Et vous nous décrivez, en termes touchants, votre acceptation chrétienne du sacrifice, puis la vision prodigieusement claire et dramatique de tout ce que vous aviez aimé, et qui affluait en torrent vers votre adieu.

Revenu à la vie, de quel regard incisif vous faites le tour du dortoir et de l’hôpital ! De quel impitoyable crayon vous dessinez les ridicules des gens et des méthodes, la brutalité, la duplicité et le servilisme, la passion du document, voisine de l’espionnage, et la joie pétillante de la plupart, après le torpillage du Lusitania !

Mais, prestement déclaré, guéri, vous êtes dirigé vers un camp de Bavière. Au départ, le général gouverneur de Metz, vous munit avec arrogance de ce viatique : « La France est un pays dégénéré, pourri. La grande Allemagne est saine, ordonnée, laborieuse. L’avez-vous vu ? » La question rebondit, plus impérieuse : « L’avez-vous vu ? » Sans abandonner l’attitude réglementaire, vous lui fîtes une réponse diplomatique : « Je ne connais que les murs de l’hôpital et ne puis en juger. »

Si nous vous suivions au camp d’Hammelburg, ce serait pour nous émouvoir, ou nous égayer, tour à tour. Car aux heures des sanglots refoulés, à l’annonce mensongère de la prise de Verdun, fêtée par des défilés ostentatoires et de bruyants orphéons, succédaient quelques épisodes de comédie. Je devine votre satisfaction, le jour où, à l’improviste, réputé docteur, vous avez, aussi sérieusement que Knock, prescrit aux Allemands accourus des cachets d’antipyrine et des bains de pieds très chauds.

Comment les barbelés eussent-ils retenu longtemps votre esprit de décision et d’aventure ? Vous postulez un vague emploi d’horticulteur, mais à la manière des princes chinois, arrivés à la cour de Louis XIV pour des études, et qui choisirent d’apprendre le métier de jardinier, parce qu’il consistait chez eux, dirent-ils au roi, à se promener dans les jardins. Sans retard, vous combinez votre évasion, et, aux coups fatidiques de minuit, avec une corde de mouchoirs, vous vous élancez de huit mètres.

Je ne ranimerai point, au détriment de vos autres ouvrages, le régime cellulaire qui vous en châtia, ni ne raconterai votre seconde évasion et ses suites dans « le camp de la faim » ; mais la troisième suscita un trait d’héroïsme que vous reprocheriez de taire. Vous traversiez le Rhin à la nage quand, moins fortuné que vos deux compagnons, vous eûtes le bras droit broyé par une sentinelle autrichienne. Que firent-ils, parvenu sur la rive libératrice ? Ils exposèrent leur vie à passer le fleuve pour vous secourir, et ils acceptent, derechef, magnifiquement, les hasards de la captivité.

C’est le 2 juin 1918 qu’un échange de grands blessés vous ramena en France. Vos Souvenirs s’achèvent par ces deux lignes : « Une silhouette, que reconnut mon cœur avant mes yeux, s’avança vers moi. Il y a des minutes que les mots ternissent. »


in: http://www.academie-francaise.fr/immort ... rente.html

Bien à vous,

[:achache:1]

Re: Evavion de François Mitterrand

Publié : sam. avr. 21, 2012 3:55 pm
par rslc55
Bonjour

Merci de cette réponse rapide et complète et de m'avoir fait découvrir Robert d'Harcourt qui visiblement connaissait bien le peuple allemand si je me réfère à sa bibliographie.
Je viens de commander son livre, je saurai ainsi les conseils que Mitterrand a pu en tirer lors de ses évasions.
Curieux qu'un tel bouquin se trouvait à disposition de prisonniers lors de la deuxième GM.

Cordialement

Pierre

Re: Evavion de François Mitterrand

Publié : jeu. avr. 26, 2012 6:29 pm
par garance.
Bonjour,

merci pour ce texte, surtout pour la dernière phrase, poignante !

bien cdt garance