bonjour,
je souhaiterai connaître l'organisation des cantonnements dans les villages,
qui prenait contact avec le maire et la population ?
Comment s'opéraient les réquisitions ?
les conflits étaient-ils nombreux ?
quelle autorité assurait l'arbitrage ?
les soldats français étaient-ils bien accueillis par leurs compatriotes ?
Cordialement.
Bonsoir gega, bonsoir à tous,
Au risque de provoquer une levée de boucliers, je pense qu'en ZA, le grand chef d'un cantonnement est le Major de Cantonnement avec une toute petite équipe et peu de moyens. C'est lui qui est investi de toute l'autorité militaire des lieux, assure les réquisitions, est tenu pour responsable des désordres ou autres faits imprévus et qui doit organiser le gîte et le couvert de toutes les troupes qui stationnent soit en fixe, soit le plus souvent de passage, surtout lorsque l'on approche de la ligne de front en zone de l'Avant. Il a donc autorité sur les chefs de toutes les unités pour tout ce qui touche au cantonnement.
Les populations sont minimes car elles ont fui le plus souvent ou ont été évacuées sur ordre du commandement et là, c'est le Gal cdt la CA qui donne les ordres en liaison avec le QG de son armée. Je pense par exemple au cas de
l'Argonne, lorsque devant un certain nombre de phénomènes troublants (sabotages répétés, présences d'individus suspects, signaux lumineux nocturnes, etc), le Gal Cdt le 5°CA a fait évacuer tout le secteur de CLERMONT, LES ISLETTES, FUTEAU, ... et a fait repousser tout le monde jusqu'au sud de BRIZEAUX.
Le major de cantonnement est en liaison avec le maire (ou plutôt c'est l'inverse !) à qui il donne les ordres qui le cas échéant, peuvent aller jusqu'à lui demander de diligenter des enquêtes ou la surveillance directe de la population ou d'éléments arrivés depuis peu et sujet à suspicion.
Au plan purement militaire, il est aussi sensé organiser tout le plan de circulation dans la commune et environs, les fléchages nécessaires, assurer les approvisionnements de tous ordres (bois de chauffage, eau, fonctionnement des puits ou au contraire leur fermeture, préparer les abords des abreuvoirs ...) et a un rôle de police sur les litiges (en cas de plaintes des administrés civils lésés par la troupe ou au contraire, inversement en cas d'abus de certaines pratiques de mercantis ou de cafetiers locaux). Il est sensé également rédiger des PV contradictoires avec l'officier responsable de chaque unité à leur départ ce qui est loin d'être facile car celles-ci, en transit (dans les 2 sens; à la montée et au retour des tranchées) n'ont aucun respect des logis, baraques, granges, cassent tout, brûlent n'importe quoi, etc ... ce qui donne lieu à des enquêtes après coup invraisemblables et très difficiles, ...
La question de l'accueil telle que soulevée, à mon avis est hors de propos, tout au moins dans des cantonnements de l'Avant.
Autant dire que pour ce métier qui n'était pas de tout repos, le commandement a choisi de préférence des cadres d'un certain âge, expérimentés, et au caractère "à poigne", souvent du grade de capitaine ou de lieutenant (des RIT notamment). Les majors de cantonnement étaient eux-mêmes chapeautés par un Major Supérieur des Cantonnements du grade de colonel généralement, qui supervisant tout un secteur, une douzaine de cantonnements, selon.
Voilà en gros, ce qui me paraît être l'essentiel sur l'organisation des cantonnements en ZA.
Il est évident qu'en ZI, la vie est certainement plus calme et facile.
Cordialement,