Bonjour a tous,
mon aieul est decede a mondement le 08/09/1914, suite de blessure de guerre.
Une ambulance a elle été dressée dans le chateau de mondement.
Quid de l'ambulance de congy ou ont été fait prisonniers les soldats du 164° Hanovrien? Y a t-on également soigné des soldats français ayant participé a la bataille de mondement et des marais de st gond?
merci d'avance
Pascal.
ambulance de congy
- Terraillon Marc
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Re: ambulance de congy
Bonjour
Voici un extrait de la Bataille de Mondement - Elie Chamard (1939)
NUIT DU 9 AU 10 SEPTEMBRE
... C'est une nuit noire, sans étoiles, avec de gros nuages. Dans l'allée principale, tout au bout de laquelle rougeoie, sinistre, derrière les peupliers, l'incendie du château, le colonel EON, commandant la 30e brigade, assis à même le fossé, dicte son rapport à la lueur d'un flambeau. Près de lui, les hommes du 2e bataillon sont groupés; quelques-uns, couchés sur le sol tapissé de feuilles mortes. Sans pensée, le corps brisé, ils causent à peine et à voix basse, hébétés d'être sortis vivants de l'enfer. Ils ne réagissent pas encore comme leurs camarades du 3e bataillon, moins éprouvé d'ailleurs, et qui campent dans la cour du château.
Tout à l'heure, on a fait l'appel dans les compagnies. Les pertes sont sérieuses et attristent les soldats, particulièrement la mort des officiers. Le commandant DE BEAUFORT était un père et un chef que sa valeur destinait aux plus hauts grades. Le capitaine DE MONTESQUIEU, adoré de ses hommes, aurait conduit sa compagnie n'importe où.
Les brancardiers, chaque équipe précédée d'une lanterne, parcourent les abords du château et ramassent les derniers blessés. Dans la nuit épaisse et le silence impressionnant, leurs voix appellent : « II n'y a plus de blessés ? » Les lanternes vont, viennent, s'entrecroisent. A la lueur fugitive de toutes ces lumières, des visions effrayantes surgissent : visages terreux, noirs de poudre ou d'une pâleur de cire ; yeux sortis des orbites ; mâchoires grimaçant un rictus horrible ; mains encore crispées dans une suprême convulsion ; plaies du ventre et de la tête dont l'aspect épouvante. Les corps mutilés gisent partout. Et il faut les toucher pour savoir s'ils sont morts. « II n'y a plus de blessés? » interrogent toujours les brancardiers.
Les trous d'obus gênent la marche ainsi que les arbres coupés, les branches jetées à terre et les fils de fer des clôtures qu'on n'a pas cisaillés. Il faut aller prudemment. Nous apercevons, couché dans un cratère, un petit chien qui nous regarde sans bouger. La nuit est froide, pluvieuse. Par bouffées, le vent apporte l'odeur atroce des cadavres en putréfaction et la senteur acre des feuillages déchiquetés en pleine sève. Nous relevons les corps du commandant DE BEAUFORT, du capitaine DE MONTESQUIEU, des autres officiers et des soldats. Le commandant DE BEAUFORT a la figure souriante; il n'est nullement défiguré ; un peu de sang souille son arcade sourcillière droite ; la balle a déchiré le képi rouge à quatre galons dorés.
Quel spectacle aussi dans l'intérieur du château ! Par la galerie des tableaux, nous pénétrons dans le grand salon. Les lampes ont été allumées aux quatre coins. Sur les coussins, les canapés, les draps fins brodés, parmi les meubles de style, les tentures, les bibelots, les objets d'art, sous le regard d'ancêtres en toilette de soirée, perruque poudrée, et qui se font des grâces en leur cadre doré, dans toute cette luxueuse et délicate décoration Louis XV, les blessés reposent, douloureux. Il en arrive à chaque instant.
Le sous-lieutenant NOËL agonise entre les bras du P. GALLARD et du capitaine BEZIERS LA FOSSE qui lui fait embrasser son chapelet. Un soldat, dont la jambe est cassée, crie terriblement pendant qu'un infirmier lui place une attelle. Les médecins major JOURDAN et GAGNARD ne cessent de couper, de tailler dans du rouge. Le sang coule partout sur le parquet, les tapis. Un grand gaillard, tout blond, de la Garde prussienne, qu'on est allé chercher du côté des marais, râle, couché dans la galerie des tableaux. Son souffle, puissant et saccadé, remplit le couloir. Un major s'approche, lève les épaules d'un geste sceptique : « C'est la fin, dit-il. Cependant pour ne pas se faire de reproche... » Et il applique un pansement sur la poitrine trouée. Tout près, un autre Allemand, du 164e, est étendu, celui « qui se débattait avec la mort » et que ses camarades ont laissé; il vient de rendre l'âme d'ailleurs et, sur le corps encore chaud, on a posé son casque noir orné de l'inscription : Waterloo et de l'aigle doré aux ailes déployées. Les brancardiers ne cessent d'apporter leurs douloureux fardeaux. Les Français, les Allemands ont subi des pertes énormes. Des zouaves, des tirailleurs étaient blessés depuis deux jours. Le corps du médecin BAUR, de la division marocaine, est trouvé dans une chambre de l'aile nord des dépendances.
De lourdes charrettes, réquisitionnées à Broyes, entrent à grand bruit, à tout instant, dans la cour. Sur de la paille, étendue sommairement, les blessés sont chargés. Les médecins auxiliaires BONVALLET et LAMY les conduisent à Sézanne où le train sanitaire les attend. Les chevaux, que conduisent des civils, caracolent, en passant devant les flammes de l'incendie. Et les ombres déformées se silhouettent, fantastiques, sur la façade violemment éclairée du château.
L’animation, aux abords du poste de secours, demeura grande toute la nuit. Et jusqu'au jour le canon français tira à de longs intervalles...
Il ne gêna guère la petite troupe allemande des survivants de Mondement. Une bonne partie de la nuit, harassés, affamés, désabusés, ils marchèrent lentement, péniblement, à cause de leurs camarades blessés qu'ils portèrent jusqu'au bout. A un certain moment, le capitaine PURGOLD ne pouvant plus avancer, deux soldats, de la 5e compagnie, DÖRNTE et BRÜGGEMANN, prirent leur chef sous les bras.
A Oyes, le lieutenant-colonel VON HERZBRUCK attendait pour saluer la vaillante garnison. Il se fit donner, sur-le-champ, « en vue des récompenses », la liste de tous les officiers et soldats qui venaient de participer au combat de Mondement. Les blessés les plus atteints furent placés dans des charrettes et dirigés sur l'ambulance de Congy (1). Quelques soldats aidèrent les artilleurs à retirer les caissons des batteries anéanties dans la matinée. Mélancoliquement, les sous-officiers firent l'appel dans les compagnies. Les pertes étaient sévères. Le capitaine GRAVE rassembla les hommes valides. Puis, après seulement quelques minutes de pause, tristes et silencieux, avec à peine un regard en arrière sur le château qui brûlait — torche sinistre au-dessus des marais — les survivants de Mondement se remirent en route, dans la nuit noire, « vers le nord » (Nordwârts).
La « fatale retraite de la Marne » (Der verhängnisvolle Rückzug von der Marne) était commencée pour le 164e hanovrien.
(1) « Nous nous dirigeâmes vers l'ambulance de campagne qui était installée à Congy, à peu près à 5 kilomètres derrière le front. J'y arrivais à minuit, épuisé totalement par la perte de sang et les efforts inouïs nécessités par les quatre jours de combats précédents. Sans que moi et mes autres camarades de combat blessés nous nous y fussions tant soit peu attendus, je tombais, le 10 septembre, dès le matin, avec quatre autres officiers du régiment et avec environ 300 à 400 hommes appartenant pour la plupart au 164e, aux mains des Français. Ma captivité de quatre ans fut pour nous la conclusion de ce fait d'armes glorieux. » (Lieutenant NAUMANN : Correspondance personnelle.)
A bientot
Voici un extrait de la Bataille de Mondement - Elie Chamard (1939)
NUIT DU 9 AU 10 SEPTEMBRE
... C'est une nuit noire, sans étoiles, avec de gros nuages. Dans l'allée principale, tout au bout de laquelle rougeoie, sinistre, derrière les peupliers, l'incendie du château, le colonel EON, commandant la 30e brigade, assis à même le fossé, dicte son rapport à la lueur d'un flambeau. Près de lui, les hommes du 2e bataillon sont groupés; quelques-uns, couchés sur le sol tapissé de feuilles mortes. Sans pensée, le corps brisé, ils causent à peine et à voix basse, hébétés d'être sortis vivants de l'enfer. Ils ne réagissent pas encore comme leurs camarades du 3e bataillon, moins éprouvé d'ailleurs, et qui campent dans la cour du château.
Tout à l'heure, on a fait l'appel dans les compagnies. Les pertes sont sérieuses et attristent les soldats, particulièrement la mort des officiers. Le commandant DE BEAUFORT était un père et un chef que sa valeur destinait aux plus hauts grades. Le capitaine DE MONTESQUIEU, adoré de ses hommes, aurait conduit sa compagnie n'importe où.
Les brancardiers, chaque équipe précédée d'une lanterne, parcourent les abords du château et ramassent les derniers blessés. Dans la nuit épaisse et le silence impressionnant, leurs voix appellent : « II n'y a plus de blessés ? » Les lanternes vont, viennent, s'entrecroisent. A la lueur fugitive de toutes ces lumières, des visions effrayantes surgissent : visages terreux, noirs de poudre ou d'une pâleur de cire ; yeux sortis des orbites ; mâchoires grimaçant un rictus horrible ; mains encore crispées dans une suprême convulsion ; plaies du ventre et de la tête dont l'aspect épouvante. Les corps mutilés gisent partout. Et il faut les toucher pour savoir s'ils sont morts. « II n'y a plus de blessés? » interrogent toujours les brancardiers.
Les trous d'obus gênent la marche ainsi que les arbres coupés, les branches jetées à terre et les fils de fer des clôtures qu'on n'a pas cisaillés. Il faut aller prudemment. Nous apercevons, couché dans un cratère, un petit chien qui nous regarde sans bouger. La nuit est froide, pluvieuse. Par bouffées, le vent apporte l'odeur atroce des cadavres en putréfaction et la senteur acre des feuillages déchiquetés en pleine sève. Nous relevons les corps du commandant DE BEAUFORT, du capitaine DE MONTESQUIEU, des autres officiers et des soldats. Le commandant DE BEAUFORT a la figure souriante; il n'est nullement défiguré ; un peu de sang souille son arcade sourcillière droite ; la balle a déchiré le képi rouge à quatre galons dorés.
Quel spectacle aussi dans l'intérieur du château ! Par la galerie des tableaux, nous pénétrons dans le grand salon. Les lampes ont été allumées aux quatre coins. Sur les coussins, les canapés, les draps fins brodés, parmi les meubles de style, les tentures, les bibelots, les objets d'art, sous le regard d'ancêtres en toilette de soirée, perruque poudrée, et qui se font des grâces en leur cadre doré, dans toute cette luxueuse et délicate décoration Louis XV, les blessés reposent, douloureux. Il en arrive à chaque instant.
Le sous-lieutenant NOËL agonise entre les bras du P. GALLARD et du capitaine BEZIERS LA FOSSE qui lui fait embrasser son chapelet. Un soldat, dont la jambe est cassée, crie terriblement pendant qu'un infirmier lui place une attelle. Les médecins major JOURDAN et GAGNARD ne cessent de couper, de tailler dans du rouge. Le sang coule partout sur le parquet, les tapis. Un grand gaillard, tout blond, de la Garde prussienne, qu'on est allé chercher du côté des marais, râle, couché dans la galerie des tableaux. Son souffle, puissant et saccadé, remplit le couloir. Un major s'approche, lève les épaules d'un geste sceptique : « C'est la fin, dit-il. Cependant pour ne pas se faire de reproche... » Et il applique un pansement sur la poitrine trouée. Tout près, un autre Allemand, du 164e, est étendu, celui « qui se débattait avec la mort » et que ses camarades ont laissé; il vient de rendre l'âme d'ailleurs et, sur le corps encore chaud, on a posé son casque noir orné de l'inscription : Waterloo et de l'aigle doré aux ailes déployées. Les brancardiers ne cessent d'apporter leurs douloureux fardeaux. Les Français, les Allemands ont subi des pertes énormes. Des zouaves, des tirailleurs étaient blessés depuis deux jours. Le corps du médecin BAUR, de la division marocaine, est trouvé dans une chambre de l'aile nord des dépendances.
De lourdes charrettes, réquisitionnées à Broyes, entrent à grand bruit, à tout instant, dans la cour. Sur de la paille, étendue sommairement, les blessés sont chargés. Les médecins auxiliaires BONVALLET et LAMY les conduisent à Sézanne où le train sanitaire les attend. Les chevaux, que conduisent des civils, caracolent, en passant devant les flammes de l'incendie. Et les ombres déformées se silhouettent, fantastiques, sur la façade violemment éclairée du château.
L’animation, aux abords du poste de secours, demeura grande toute la nuit. Et jusqu'au jour le canon français tira à de longs intervalles...
Il ne gêna guère la petite troupe allemande des survivants de Mondement. Une bonne partie de la nuit, harassés, affamés, désabusés, ils marchèrent lentement, péniblement, à cause de leurs camarades blessés qu'ils portèrent jusqu'au bout. A un certain moment, le capitaine PURGOLD ne pouvant plus avancer, deux soldats, de la 5e compagnie, DÖRNTE et BRÜGGEMANN, prirent leur chef sous les bras.
A Oyes, le lieutenant-colonel VON HERZBRUCK attendait pour saluer la vaillante garnison. Il se fit donner, sur-le-champ, « en vue des récompenses », la liste de tous les officiers et soldats qui venaient de participer au combat de Mondement. Les blessés les plus atteints furent placés dans des charrettes et dirigés sur l'ambulance de Congy (1). Quelques soldats aidèrent les artilleurs à retirer les caissons des batteries anéanties dans la matinée. Mélancoliquement, les sous-officiers firent l'appel dans les compagnies. Les pertes étaient sévères. Le capitaine GRAVE rassembla les hommes valides. Puis, après seulement quelques minutes de pause, tristes et silencieux, avec à peine un regard en arrière sur le château qui brûlait — torche sinistre au-dessus des marais — les survivants de Mondement se remirent en route, dans la nuit noire, « vers le nord » (Nordwârts).
La « fatale retraite de la Marne » (Der verhängnisvolle Rückzug von der Marne) était commencée pour le 164e hanovrien.
(1) « Nous nous dirigeâmes vers l'ambulance de campagne qui était installée à Congy, à peu près à 5 kilomètres derrière le front. J'y arrivais à minuit, épuisé totalement par la perte de sang et les efforts inouïs nécessités par les quatre jours de combats précédents. Sans que moi et mes autres camarades de combat blessés nous nous y fussions tant soit peu attendus, je tombais, le 10 septembre, dès le matin, avec quatre autres officiers du régiment et avec environ 300 à 400 hommes appartenant pour la plupart au 164e, aux mains des Français. Ma captivité de quatre ans fut pour nous la conclusion de ce fait d'armes glorieux. » (Lieutenant NAUMANN : Correspondance personnelle.)
A bientot
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- Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am
Re: ambulance de congy
merci marc pour ce texte, j'avais celui de "asker ?" mais pas celui la.
La ou je m'interroge encore, c'est de savoir pourquoi mon aieul qui est mort de blessure de guerre, qui a vu son certificat de deces notifié par son lieutenant, et qui n'est donc pas disparu au combat, n'a pas eu de tombe repertoriée, ni individuelle, ni en ossuaire avec noms.
Il doit se trouver dans un ossuaire en temps qu'inconnu alors qu'on aurait semble -t-il pu l'identifier a son inhumation.
a++
pascal
La ou je m'interroge encore, c'est de savoir pourquoi mon aieul qui est mort de blessure de guerre, qui a vu son certificat de deces notifié par son lieutenant, et qui n'est donc pas disparu au combat, n'a pas eu de tombe repertoriée, ni individuelle, ni en ossuaire avec noms.
Il doit se trouver dans un ossuaire en temps qu'inconnu alors qu'on aurait semble -t-il pu l'identifier a son inhumation.
a++
pascal