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Re: la police des champs de batailles

Publié : jeu. févr. 02, 2012 11:42 am
par lignard2
Bonjour à tous,

je viens de relever cette expression dans un JMO de la prévôté (1ère DI du 1er corps d'armée).
"faire la police du champ de bataille"?
L'un de vous pourrait-il m'en expliquer le sens et ce qui se cache comme missions derrière cette expression?
Merci

Cordialement

Lignard belge

Re: la police des champs de batailles

Publié : jeu. févr. 02, 2012 2:09 pm
par Achache
Bonjour,

Pourquoi donc cette question dans la rubrique du service de Santé ;) ?...

Pour répondre à votre question, vous pouvez entrer "prévôté" dans le moteur de recherche; vous trouverez notamment:

pages1418/forum-pages-histoire/origine- ... 0996_1.htm

Bien à vous,

[:achache:1]


Re: la police des champs de batailles

Publié : ven. févr. 03, 2012 6:47 pm
par MP 92
Bonjour à tous,

je viens de relever cette expression dans un JMO de la prévôté (1ère DI du 1er corps d'armée).
"faire la police du champ de bataille"?
L'un de vous pourrait-il m'en expliquer le sens et ce qui se cache comme missions derrière cette expression?
Merci

Cordialement

Lignard belge
bonjour au Lignard belge, à Achache et à tous les autres,

La Prévôté ou gendarmerie militaire, est chargée d'une façon générale de la police du secteur de la DI ou du CA concerné. Le terme police est suffisamment vague pour englober le sens que l'on peut lui donner habituellement en temps de paix mais en temps de guerre, on peut y ajouter un certain nombre de missions spécifiques.

A notre avis l'expression "police du champ de bataille" doit être comprise dans un sens large :
.surveillances et éventuellement aide des unités chargées de l'assainissement du champ de bataille en période d'accalmie (relève des cadavres ou des restes humains par les brancardiers ou les unités territoriales -RIT-, récupération des armes, vêtements, etc, épandage chimique sur le terrain afin d'éviter ou accélérer les putréfactions, essayer de réduire les odeurs pestilentielles à la ronde due aux décompositions, essayer aussi d'éviter le déclenchement d'épidémies ultérieures en laissant s'installer de véritables foyers putrides source d'infection, bouclage ou délimitation de certains périmètres considérés comme dangereux ...
Un peu à l'arrière, à 3 ou 4 kilomètres, selon la topographie des lieux:
.surveillance de la circulation en général, du contrôle des laisser-passer des véhicules mais aussi des piétons, des isolés ou de tout individu inconnu ou paraissant suspect; contrôle des gares ou autres points névralgiques dument répertoriés.
.contrôle du respect des interdictions de toutes sortes qui existent à proximité de la ligne de front: sens de circulation des routes, des horaires autorisés, de la couleur de feux et mise en place des caches sur les phares des véhicules, des barrières de dégel, etc.
.la nuit: de tous les mouvements suspects, les bruits, explosions, signaux lumineux inconnus,
.vérification du respect de la réglementation relative aux mercantis, aux ouvertures ou fermetures des débits de boisson, des estaminets où il y a présence de femmes connues, "habituelles" ou nouvelles ... Je n'insiste pas ! tout ceci afin d'éviter les abus vis à vis des troupes stationnant à proximité.
Cela peut donner lieu à des enquêtes afin de pouvoir renseigner utilement le commandement qui doit prendre les décisions surtout si en plus des sabotages répétés ont lieu dans la zone.
.particulièrement en période "agitée" ou d'offensives, la prévôté assure les barrages à l'arrière de la ligne de front de façon à:
-"éviter les fuites" de ceux qui tenteraient de se perdre, désertions, contrôle certains points,
-est chargée de canaliser et vérifier les évacuations des blessés dans la bonne direction, c'est à dire l'ambulance désignée pour le triage de telle DI. Ceux pouvant marcher doivent être regroupés, encadrés et acheminés en bonne ordre. Ce dernier point peut paraître surprenant mais plusieurs cas fâcheux se sont produits de rupture desdits barrages de la prévôté et on a assisté à des arrivages massifs, quasi ininterrompus, qui ont totalement désorganisé tel ou tel HOE pendant plusieurs heures ... Le cas de l'HOE de PROUILLY en avril 17 est à cet égard particulièrement éloquent et connu.

Je crois qu'il est inutile d'insister davantage. On comprend bien que pour toutes ces raisons, le rôle de la Prévôté est essentiel pour le commandement à proximité du champ de bataille et sur le champ de bataille après les combats ainsi que dans toute la zone de l'Avant de la ZA.

Bien cordialement,

Re: la police des champs de batailles

Publié : ven. févr. 03, 2012 7:10 pm
par lignard2
Bonjour MP 92,

et merci de toutes ces informations. Et de fait, en lisant les différents JMO, j'ai noté que la prévôté remplissait (entre autre) la mission de ramasser les armes sur un champ de bataille. J'ai lu également que ces prévôts " ou gendarmes" ramenaient des hommes isolés dans les environs de leur régiment et organisaient le trafic pour les convois de blessés. Ce sont des exemples qui cadrent bien avec votre propos. Cela devient plus évident et plus clair.
merci
Cordialement

Lignard belge

* je me suis trompé de rubrique... si la responsable désire déplacer ce fil et le remettre à sa juste place.....

Re: la police des champs de batailles

Publié : sam. févr. 04, 2012 11:19 pm
par Jean RIOTTE
Ce sujet a été déplacé de la catégorie Forum Pages d'Histoire : service santé vers la categorie Forum Pages d'Histoire par Jean RIOTTE

Re: la police des champs de batailles

Publié : dim. févr. 05, 2012 11:37 am
par Jean RIOTTE
Bonjour à tou(te)s,
Pour celles et ceux qui souhaiteraient mieux connaître les missions de la Prévôté aux Armées je rappelle l'ouvrage
Journal d'un gendarme 1914-1916, du capitaine Jules ALLARD - présentation d'Arlette FARGE historienne, directrice de recherche au CNRS-EHESS - Bayard Editions - 2010 - ISBN 978-2-227-48209-8.
Dans la présentation Arlette FARGE dresse un tableau très intéressant de la Prévôté (missions, effectifs etc...).
Bonne lecture.
Cordialement.
Jean RIOTTE

Re: la police des champs de batailles

Publié : lun. févr. 06, 2012 12:30 pm
par MONCEY
Bonjour a tous
Tout ou presque a été dit sur la Prévôté,cependant,il faut savoir que chaque division constituée comprenait obligatoirement un échelon prévotal en général commandé par un capitaine de Gendarmerie.Ce qui existe encore maintenant.

Bien cordialement à tous.MONCEY

Re: la police des champs de batailles

Publié : mar. févr. 07, 2012 2:57 pm
par lignard2
Bonjour,

Voici une illustration de ce qui a été expliqué sur ce fil par ceux qui se sont intéressés à la question. Merci à tous pour l'aide

Sources de l'information SHDGR__GR_26_N_262__009__0003__T.jpg[/img]



Image

Re: la police des champs de batailles

Publié : lun. juil. 02, 2012 10:04 pm
par jmn02

bonjour au Lignard belge, à Achache et à tous les autres,

La Prévôté ou gendarmerie militaire, est chargée d'une façon générale de la police du secteur de la DI ou du CA concerné. Le terme police est suffisamment vague pour englober le sens que l'on peut lui donner habituellement en temps de paix mais en temps de guerre, on peut y ajouter un certain nombre de missions spécifiques.

A notre avis l'expression "police du champ de bataille" doit être comprise dans un sens large :
.surveillances et éventuellement aide des unités chargées de l'assainissement du champ de bataille en période d'accalmie (relève des cadavres ou des restes humains par les brancardiers ou les unités territoriales -RIT-, récupération des armes, vêtements, etc, épandage chimique sur le terrain afin d'éviter ou accélérer les putréfactions, essayer de réduire les odeurs pestilentielles à la ronde due aux décompositions, essayer aussi d'éviter le déclenchement d'épidémies ultérieures en laissant s'installer de véritables foyers putrides source d'infection, bouclage ou délimitation de certains périmètres considérés comme dangereux ...
Un peu à l'arrière, à 3 ou 4 kilomètres, selon la topographie des lieux:
.surveillance de la circulation en général, du contrôle des laisser-passer des véhicules mais aussi des piétons, des isolés ou de tout individu inconnu ou paraissant suspect; contrôle des gares ou autres points névralgiques dument répertoriés.
.contrôle du respect des interdictions de toutes sortes qui existent à proximité de la ligne de front: sens de circulation des routes, des horaires autorisés, de la couleur de feux et mise en place des caches sur les phares des véhicules, des barrières de dégel, etc.
.la nuit: de tous les mouvements suspects, les bruits, explosions, signaux lumineux inconnus,
.vérification du respect de la réglementation relative aux mercantis, aux ouvertures ou fermetures des débits de boisson, des estaminets où il y a présence de femmes connues, "habituelles" ou nouvelles ... Je n'insiste pas ! tout ceci afin d'éviter les abus vis à vis des troupes stationnant à proximité.
Cela peut donner lieu à des enquêtes afin de pouvoir renseigner utilement le commandement qui doit prendre les décisions surtout si en plus des sabotages répétés ont lieu dans la zone.
.particulièrement en période "agitée" ou d'offensives, la prévôté assure les barrages à l'arrière de la ligne de front de façon à:
-"éviter les fuites" de ceux qui tenteraient de se perdre, désertions, contrôle certains points,
-est chargée de canaliser et vérifier les évacuations des blessés dans la bonne direction, c'est à dire l'ambulance désignée pour le triage de telle DI. Ceux pouvant marcher doivent être regroupés, encadrés et acheminés en bonne ordre. Ce dernier point peut paraître surprenant mais plusieurs cas fâcheux se sont produits de rupture desdits barrages de la prévôté et on a assisté à des arrivages massifs, quasi ininterrompus, qui ont totalement désorganisé tel ou tel HOE pendant plusieurs heures ... Le cas de l'HOE de PROUILLY en avril 17 est à cet égard particulièrement éloquent et connu.

Je crois qu'il est inutile d'insister davantage. On comprend bien que pour toutes ces raisons, le rôle de la Prévôté est essentiel pour le commandement à proximité du champ de bataille et sur le champ de bataille après les combats ainsi que dans toute la zone de l'Avant de la ZA.

Bien cordialement,

Bonjour à tous,

Je rappelle que la gendarmerie (qui est forcément force militaire, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle sert aujourd'hui encore dans les forces de projection intervenant à travers le monde, ou dans le cadre des missions de paix de l'ONU, contrairement à la police, force de l'ordre civile, qui n'a pas de pouvoir de police militaire) intervient aux armées, conformément au Décret du 20 mai 1903 portant règlement sur l'organisation et le service de la gendarmerie (toujours valable de nos jours) et au règlement sur le service de la gendarmerie en campagne (dont je n'ai plus la date en tête). L'historique de la Gendarmerie en 1914-1918, paru en 1920 chez Ch. Lavauzelle, explicite en des termes très clairs cette notion de "service du champ de bataille", qui effectivement, est très vaste, ainsi que le laisse entrevoir l'extrait qui suit :

Service du champ de bataille.

La prévôté n'assure pas seulement le maintien de l'ordre dans les cantonnements, la répression de l'espionnage, la surveillance des lignes télégraphiques et téléphoniques, la marche des multiples convois allant ravitailler les premières lignes en vivres et en munitions.

Pendant les combats, elle fait un service d'ordre pour l'évacuation des blessés, elle établit des barrages destinés à rappeler leurs devoirs aux soldats qui seraient tentés de s'enfuir.

Elle a eu parfois l'occasion de s'opposer aux incursions des patrouilles de renseignements ennemies.

Quand l'infanterie avance, la prévôté la suit et organise immédiatement la circulation sur le terrain conquis. Elle groupe et dirige sur l'arrière les prisonniers de guerre.

Si les gendarmes se trouvent en présence d'unités dépourvues de cadres, ils suppléent, au besoin, ces derniers.

Souvent, les généraux emploient les gendarmes comme estafettes et font appel aux officiers prévôtaux pour remplir les fonctions d'agents de liaison.

Enfin, les gendarmes pourchassent les pillards et les détrousseurs de cadavres.


En espérant que ces quelques lignes et ces orientations bibliographiques éclaireront vos lanternes...

Cordialement,

Jean-Michel.


Re: la police des champs de batailles

Publié : mar. juil. 03, 2012 4:06 pm
par MONCEY
Bonjour à tous,La Gendarmerie a dans ses attributions la prévôté.Il est bon de savoir que,dans le cadre de la prévôté,l'ensemble des Gendarmes
OPJ ou APJ sont systématiquement OPJFA (Officier de Police Judiciaire
aux Forces Armées).Attention,depuis la restructuration de 2008,les
OPJ de la Police Nationale peuvent exercer leur art au sein des Armées.
JMN02 a très bien résumé le travail des Gendarmes sur le champ de
bataille.La prévôté est mise en place dès le déplacement de troupes.
Cela sert à la protection des troupes aussi bien que la répression de
faits délictueux.
Bine cordialement MONCEY