Bonjour à tous,
je viens de relever cette expression dans un JMO de la prévôté (1ère DI du 1er corps d'armée).
"faire la police du champ de bataille"?
L'un de vous pourrait-il m'en expliquer le sens et ce qui se cache comme missions derrière cette expression?
Merci
Cordialement
Lignard belge
bonjour au Lignard belge, à Achache et à tous les autres,
La Prévôté ou gendarmerie militaire, est chargée d'une façon générale de la police du secteur de la DI ou du CA concerné. Le terme police est suffisamment vague pour englober le sens que l'on peut lui donner habituellement en temps de paix mais en temps de guerre, on peut y ajouter un certain nombre de missions spécifiques.
A notre avis l'expression "police du champ de bataille" doit être comprise dans un sens large :
.surveillances et éventuellement aide des unités chargées de l'assainissement du champ de bataille en période d'accalmie (relève des cadavres ou des restes humains par les brancardiers ou les unités territoriales -RIT-, récupération des armes, vêtements, etc, épandage chimique sur le terrain afin d'éviter ou accélérer les putréfactions, essayer de réduire les odeurs pestilentielles à la ronde due aux décompositions, essayer aussi d'éviter le déclenchement d'épidémies ultérieures en laissant s'installer de véritables foyers putrides source d'infection, bouclage ou délimitation de certains périmètres considérés comme dangereux ...
Un peu à l'arrière, à 3 ou 4 kilomètres, selon la topographie des lieux:
.surveillance de la circulation en général, du contrôle des laisser-passer des véhicules mais aussi des piétons, des isolés ou de tout individu inconnu ou paraissant suspect; contrôle des gares ou autres points névralgiques dument répertoriés.
.contrôle du respect des interdictions de toutes sortes qui existent à proximité de la ligne de front: sens de circulation des routes, des horaires autorisés, de la couleur de feux et mise en place des caches sur les phares des véhicules, des barrières de dégel, etc.
.la nuit: de tous les mouvements suspects, les bruits, explosions, signaux lumineux inconnus,
.vérification du respect de la réglementation relative aux mercantis, aux ouvertures ou fermetures des débits de boisson, des estaminets où il y a présence de femmes connues, "habituelles" ou nouvelles ... Je n'insiste pas ! tout ceci afin d'éviter les abus vis à vis des troupes stationnant à proximité.
Cela peut donner lieu à des enquêtes afin de pouvoir renseigner utilement le commandement qui doit prendre les décisions surtout si en plus des sabotages répétés ont lieu dans la zone.
.particulièrement en période "agitée" ou d'offensives, la prévôté assure les barrages à l'arrière de la ligne de front de façon à:
-"éviter les fuites" de ceux qui tenteraient de se perdre, désertions, contrôle certains points,
-est chargée de canaliser et vérifier les évacuations des blessés dans la bonne direction, c'est à dire l'ambulance désignée pour le triage de telle DI. Ceux pouvant marcher doivent être regroupés, encadrés et acheminés en bonne ordre. Ce dernier point peut paraître surprenant mais plusieurs cas fâcheux se sont produits de rupture desdits barrages de la prévôté et on a assisté à des arrivages massifs, quasi ininterrompus, qui ont totalement désorganisé tel ou tel HOE pendant plusieurs heures ... Le cas de l'HOE de PROUILLY en avril 17 est à cet égard particulièrement éloquent et connu.
Je crois qu'il est inutile d'insister davantage. On comprend bien que pour toutes ces raisons, le rôle de la Prévôté est essentiel pour le commandement à proximité du champ de bataille et sur le champ de bataille après les combats ainsi que dans toute la zone de l'Avant de la ZA.
Bien cordialement,