Re: Secteurs calmes, "secteurs pourris".
Publié : mer. nov. 17, 2010 9:24 pm
par Gerard Laurence
Bonjour à toutes et tous ?
Tout au long des 750 à 800kms du front français, il y avait, hormis les lieux des grandes batailles, des "secteurs pourris" et des secteurs calmes. Sans doute cela a-t-il évolué. Mais y avait-il des permanences ? Par exemple,le front en Lorraine était réputé calme je crois.
D'avance merci pour vos réponses.
Gérard Laurence
Re: Secteurs calmes, "secteurs pourris".
Publié : mer. nov. 17, 2010 11:32 pm
par badon54
Bonsoir
Moi je n'en connais guère qu'un en Lorraine, de secteur calme, avec des tranchées bien éloignées : à l'Est de Lunéville.
Il faut dire qu'avec la Vezouze qui déborde à la moindre averse, il serait bien compliqué d'y maintenir des tranchées.
Voir par exemple les "Carnets de guerre" de Edouard Coeurdevey.
Bonne fin de soirée
Re: Secteurs calmes, "secteurs pourris".
Publié : jeu. nov. 18, 2010 9:20 am
par Cuchlainn
Bonjour,
Les Vosges sont, je crois, très calmes après les sanglants épisodes de 1915. Et Verdun passait pour un secteur plutôt tranquille avant l'attaque allemande...
Cdlt
Cyrille
Re: Secteurs calmes, "secteurs pourris".
Publié : jeu. nov. 18, 2010 12:03 pm
par Eric Mansuy
Bonjour à tous,
Avant de s’emballer, un coup d’œil aux données brutes, celles des chiffres, en l’occurrence ceux de la VIIe Armée, dans les Vosges et en Alsace, après 1915 (qui a certes été agitée dans les Vosges, mais que dire de 1914 ?). Il est évident qu’ils sont parfois extrêmement variables d’une semaine à l’autre au gré des secteurs et des opérations menées ou subies par les diverses divisions. Quelques exemples :
1er au 5 janvier 1916 : 149 tués, 428 blessés, 311 disparus
5 au 10 janvier 1916 : 275 tués, 555 blessés, 1397 disparus
10 au 15 janvier 1916 : 43 tués, 94 blessés, 57 disparus
15 au 20 janvier 1916 : 66 tués, 162 blessés
20 au 25 janvier 1916 : 28 tués, 80 blessés, 1 disparu
25 au 31 janvier 1916 : 48 tués, 168 blessés
20 au 25 février 1916 : 30 tués, 79 blessés, 5 disparus
25 au 29 février 1916 : 60 tués, 315 blessés, 145 disparus
5 au 10 mars 1916 : 78 tués, 239 blessés, 160 disparus
10 au 15 mars 1916 : 85 tués, 209 blessés, 18 disparus
15 au 20 mars 1916 : 54 tués, 191 blessés, 19 disparus
20 au 25 mars 1916 : 41 tués, 135 blessés, 10 disparus
25 au 31 mars 1916 : 33 tués, 112 blessés
21 au 25 décembre 1916 : 22 tués, 50 blessés, 10 disparus
26 au 31 décembre 1916 : 2 tués, 29 blessés, 1 disparu
1er au 5 janvier 1917 : 7 tués, 44 blessés, 1 disparu
5 au 10 janvier 1917 : 15 tués, 54 blessés, 3 disparus
11 au 15 janvier 1917 : 17 tués, 82 blessés, 11 disparus
16 au 20 janvier 1917 : 13 tués, 44 blessés, 7 disparus
21 au 25 janvier 1917 : 10 tués, 52 blessés, 3 disparus
26 au 31 janvier 1917 : 27 tués, 61 blessés, 50 disparus
1er au 5 novembre 1917 : 11 tués, 82 blessés
6 au 10 novembre 1917 : 80 tués, 290 blessés, 11 disparus
11 au 15 novembre 1917 : 26 tués, 87 blessés, 37 disparus
16 au 20 novembre 1917 : 31 tués, 151 blessés, 2 disparus
21 au 25 novembre 1917 : 19 tués, 70 blessés, 7 disparus
26 au 30 novembre 1917 : 31 tués, 78 blessés, 2 disparus
1er au 5 janvier 1918 : 11 tués, 75 blessés, 3 disparus
6 au 10 janvier 1918 : 12 tués, 61 blessés, 6 disparus
11 au 15 janvier 1918 : 13 tués, 49 blessés
16 au 20 janvier 1918 : 17 tués, 68 blessés, 6 disparus
20 au 25 janvier 1918 : 5 tués, 43 blessés, 1 disparu
26 au 31 janvier 1918 : 34 tués, 96 blessés, 8 disparus
1er au 5 juin 1918 : 55 tués, 150 blessés, 17 disparus
6 au 10 juin 1918 : 65 tués, 107 blessés, 113 intoxiqués, 7 disparus
11 au 15 juin 1918 : 207 tués, 1040 blessés, 6 intoxiqués, 1302 disparus
16 au 20 juin 1918 : 16 tués, 82 blessés, 38 intoxiqués, 22 disparus
21 au 25 juin 1918 : 16 tués, 67 blessés, 12 intoxiqués, 1 disparu
26 au 30 juin 1918 : 13 tués, 51 blessés, 109 intoxiqués, 6 disparus, 1 déserteur
1er au 5 août 1918 : 19 tués, 104 blessés
6 au 10 août 1918 : 26 tués, 46 blessés, 10 disparus
11 au 15 août 1918 : 30 tués, 80 blessés, 6 disparus
16 au 20 août 1918 : 18 tués, 62 blessés, 23 intoxiqués, 10 disparus
21 au 25 août 1918 : 21 tués, 97 blessés, 33 intoxiqués, 7 disparus, 1 déserteur
26 au 31 août 1918 : 36 tués, 198 blessés, 49 intoxiqués, 5 disparus, 4 déserteurs
1er au 5 octobre 1918 : 46 tués, 56 blessés, 60 intoxiqués, 3 disparus
6 au 10 octobre 1918 : 58 tués, 89 blessés, 10 intoxiqués, 10 disparus
11 au 15 octobre 1918 : 45 tués, 62 blessés, 4 intoxiqués, 8 disparus
Au final, voici les totaux de certaines des pertes énoncées ci-dessus :
Janvier 1916 : 609 tués, 1487 blessés, 1766 disparus
Mars 1916 : 291 tués, 886 blessés, 207 disparus
Janvier 1917 : 89 tués, 337 blessés, 75 disparus
Novembre 1917 : 198 tués, 758 blessés, 59 disparus
Janvier 1918 : 92 tués, 392 blessés, 24 disparus
Juin 1918 : 372 tués, 1497 blessés, 1355 disparus
Août 1918 : 150 tués, 587 blessés, 38 disparus
Dans le détail de l’état des pertes établi par le 1er bureau de la VIIe Armée, les différences flagrantes entre les diverses divisions – et donc les différents secteurs, dont celui de la Région Fortifiée de Belfort – permettent de saisir une situation d’ensemble et de distinguer, sur le front d’une Armée, les secteurs dits « calmes » et ceux que l’on pourrait considérer comme « actifs ». De toute évidence, si l’on compare les pertes éprouvées dans les Vosges et en Alsace (sur le front de ladite VIIe Armée) à des périodes de grandes offensives sur d’autres champs de bataille, il est très clair qu’elles sont moindres, voire bien moindres. Mais replacées dans le contexte du seul front allant de la Chapelotte à Pfetterhouse, la donne change. De fait, janvier 1916 correspond à la phase de terminaison progressive des récents combats de l’Hartmannswillerkopf ; en février et mars 1916, les combats de l’Entre-Largue, Seppois et environs causent des pertes sévères, essentiellement au 414e R.I. ; en novembre 1917, l’attaque du Schönholz par les chasseurs à pied fait soudainement grimper le total des pertes ; les totaux de juin 1918 prennent en compte les pertes enregistrées par la 53e D.I., qui pourtant n’était pas encore à ce moment sur le front de la VIIe Armée, mais à celles-ci s’ajoutent celles, non négligeables, du 338e R.I. à la Chapelotte ; août 1918 voit se dérouler la reprise de Frapelle par la 5e D.I. américaine, qui y connaît des pertes élevées en gazés ; octobre 1918, enfin, voit à nouveau les Américains s’activer, du côté d’Ammertzwiller cette fois (88e Division).
Au final, il semble certain qu’un secteur « calme » ne l’a pas été tout au long de la guerre, et la situation des Vosges après l’année 1915 pourrait certainement trouver son équivalent vers la Somme, le Chemin des Dames ou Verdun à tout autre moment que celui où ces champs de bataille ont eu « les honneurs du communiqué ». Mais je pense aussi avoir simplifié à l’extrême : ce ne sont là que des pistes de réflexion, et y ajouter des spécificités telles que la qualité des troupes occupant un secteur, sa topographie et son intérêt tactique, me semble être également important pour tenter d’expliquer pourquoi un point du front a été « calme » ou non.
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Re: Secteurs calmes, "secteurs pourris".
Publié : jeu. nov. 18, 2010 10:04 pm
par marpie
Bonsoir à tous
Je comprends aussi bien l'écriture du 59 que celle du 55 et remercie Nicolas de nous signaler qu'avant toutes les grandes batailles de la Grande Guerre ( Champagne , Verdun , Somme , Chemin des Dames , Argonne...) ces secteurs étaient réputés "calmes"par les Etatmajors .
Le calme précède et attire toujours la tempête ...
Bien amicalement
Marpie